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vengeâtes de cette longue Jnjuftice, 8c vous hrh-
fûtes en môme temps tous tes anneaux de là chaîne
féodale fous laquelle il vivoit cpprcffé. L’orgueil
avoit féparê les hommes, vous cherchâtes, fi les
réunir. L’égalité étoit tellement altérée qu’on re-
gard'oit même comme un privilège la défenfe de:
la patrie : tous les citoyens font devenus foldats,j
8c ce qui fut le patrimoine: du hafatxl deviendra
celui du travail &- du courage.; Vous rendîtes plus j
vénérable le miniftère des autels , tour à tour dégradé
par l’indigence des pafteurs & la- rïcheftè
des pontifes. Vous affranchîtes le commerce, l’agriculture
, l’induftrie , la penfée. Peu contens
enfin d’avoir établi la plus belle cbnftitûtion de
l’univers, vous vous livrâtes à des travaux fi im -
menfes fur les loix, que ceux qui afpiroient à la
gloire de vous imiter un jour ont peut - être dit
quelquefois , dans l’élan jaloux d’une ambition honorable
, ce qu*Alexandre difoirde Philippe : Une
me laifftra rien à conquérir.
Cependant , Meilleurs , une grande carrière
s’ouvre encore devant vos fticceffeurs. Vous fondâtes
la liberté , ils en feront les gardiens ; ils
veilleront fur ces finances publiques qui ne font
qu’une portion des propriétés particulières : leur
epuifement concourut à hâter la révolution ; leur
embarras pourroit, non la détruire, car rien n e .
détruit l’empire de la raifon , il eft éternel irômme
Dieu même, mais en retarder les effets , en troubler
les jouiffances ; ils fonderont l’ordre1 publie ,
6 achèveront de comprimer l’anarchie ; car la
liberté conftitutionnelle n’eft pas la liberté de
quelques-uns, mais la liberté de tous ; & ce n’eft
pas l’abfence des loix, mais leur fageflë qui eonf-
titue cette liberté.. Si on leur fafeite des orages,
comme vous ils les vaincront toujours. Périffe
l’homme facrilège qui fe biffant égarer par la
crainte ou avilir par la corruption , oferbit trahir
un inftant la caufe du peuple dont il fera îed é -
pofitaire 1 Des remparts de citoyens briferontles
efforts des ennemis de la patrie ; & fi lesfoldats ;
étrangers pénétroient dans nos villes , ils ne pref- !
feroient pas en vain la terre hofpitalière de la liberté.
Plus d’une nation commence à fe réveiller
de Pefclavage ; par-tout on va fentir cette grande •
vérité révélée par la philofophie , que la force
des tyrans eft toute entière dans la patience des.
peuples. ( On applaudit ).
M. le préfident. L’importance du département
dont vous portez le voeu , & l’avantage que vous
donnent vos fondions pour apprécier le réfultat '
des travaux de YaJJcmblét nationale, ajoutent un •
nouveau prix au fentiment que vous venez d é primer.
Elle a voulu la profpérité publique ; voustom- ■
blez fes voeux, en lui apportant un témoignage j
de la fatisfa&ion générale ; elle a rempli1 lé voeu ’
de la nation françoife, en lui donnant une confti-
tution libre. C’eft maintenant aux adminiftrateurs
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dignes, comme yohs, de la million dônt ils font
honorés, à joindre aux premiers bienfaits celui de
l’exéçùtioii èxafté' dû* régime conftitutionnèl. L ’af-
femblée vous' iriyitè , Meilleurs’,“ à affifter à fa
féan'Ce. ( On applaudit ).
L ’affemblée Ordonne l'irri preftion ' & • l'infertiOn
au prOceS-verMl , du'dhcoiirs.dll département. &
de la répoîlfe du préfident.
Sur fa propofition de M. Goupilleau, l’aftemblée
décide qu’elle île fe fépàrera- qu’après ’avoir entendu
la iëéïüre du,procès-verbal de faféance.
: M. le préfident faitleifturé du décret renfermant
les formes à; obfervér , .lorfque le roï fe rendra‘à
T ajftmblèe nationale. '
M. Bailly. Avant, que l’affembiée fe fépare, au
moment où elle donne des témoignages de fatis-
. raéiion & des remercîmens à ceux qui ont fervi
la pâme, aux troupes de ligne, aux gardes na-
-tionales du royaume, & particulièrement à la garde
nationale de Paris ; je prends la liberté de lui recommander.
lès .militaires qui- ont bien fervi la
,-çhpfe publique,;: M. la Salle , M. Défatidrais ,
tous deux commandans, de la garde nationale v
dans les jours les plus périlleux de,la révolution. M.
.la Salle a penfé être, la vi&ime de la fureur du
peuple. M. Oéfaudrais; a-reçu un coup de, fabre
en voulant fauver la vie à un- citoyen. Les électeurs
de 1789,. à qui la patrie a tant d’obligations
nous ont chargés, M. Lafayette; & moi, de fol-
liciter pour ces deux militaires,les récompenfes
qu’ils méritent. La ville de Paris né petit s’en
acquitter ; les fervices qui lui ont été rendus, ont
été réellement rendus, .à la nation , & ne peuvent
être dignement payés que par elle. M. Lafayette
& moi , nous fupplions 1 l’affemblée de faire leur
fort, & ce dernier decret fera encore un a&e de
bienfaifance & de juftice. J’exhorte tous MM. les
éie&eurs qui font membres de cette affemblée,de
joindre leur témoignage aux nôtres.
Plufieurs membres fe lèvent pour appuyer la
propofition de M. Bailly,
L ’affemblée, décide qu’il fera fait mention au
procès-verbal des fervices de MM. Lafalle & Dé-
îaudrais , & qu’il fera accordé une pehfion de
200b, liv. au premier , & une de 1000 liv. au
fécond.
Sur la. propofition de M. Lavie , l’affemblée
vote au milieu de grands àpj^aüdîlfenieps, des
remercîmens à la municipalité dé Paris., & à M.
Bailly fon chef.
M. Bureau de Puçy, Vous avez décrété que le
roi auroit une garde , & vous a'vèz pofé les bafes
•de l’organlfation générale de cette gardé dans là
conftitution même. A&uellement le roi propofe
l’organifation de fa garde. • Le comité militaire, à
qui cette propofition a été renvoyée , n’ayant
trouvé rien qüi ne fût conforme à vos principes
conftitutionnels, a rédigé, fous forme dé décret,
la propofition du roi, & c’eft celle que je vaisavoiç
A S S
l’honneur de vous1 foumettre. .Elle eft décrétée.
Roi.
AL Cerdon. M;. Baudouin s’étoit engagé à imprimer
le procès-verbal in-8°. , & en remettre un
exemplaire' à chacun des membres de Yajfemblée
nationale. Depuis il en a entrepris une'édition
in-40. dont il a encore pris l’engagement de remettre
ün exemplaire à chacun dés députés1. Il a
rempli avec foin & activité le premier engagement.
I l «’■ éfi: déjà acquitté en partie du fécond.
Il- avoit- promis encore décompter de cl ère1 à ritâîtrè
avec i’aftèmblée -pour tout autre travail c’eft
de cet objet ;qùe votre comité; m’a principalement
chargé de vous rendre compte/ "
Jè vous. rappellerai encore la conf|mè-é ,,ayee
laquelle M. Baudouin a avancé fes propres fonds ?
l’exaCtitude avec laquelle il a' rempli, ;îes ;e,ngage-
mens qu’il contraCtoit pour vous, lôrfqu’il impn-
moit' tout cè dô'rft vous ordonniez ‘ l’îmjifeftioil,
fans ^avoir d’aiitr& érigageaient de.v'otrë part ‘ qiie
■ l’èfpérance qii’il fonU'ôitfur le‘Compte qué je viens
vous préfenter, lorfqué les’ cphtrëfaçdns, lorfqtiè
les -journaux' qui ‘le dévançoient,1, ahéàntïftbient
fouvent les bénéfices qu’il pouvoir attendre. Jamais
cependant MJ‘Baudouin n’a fait de réclama-
tibriS;' 1 J .
* ••Le procès - verbâl avoit dé^Tbufcripfeurs qüe
fon volume & les journaux eh ont dégoûtés peü, à
peu. M. Baudouin n’en a pas moins continué fes ;
envoie. I l avoit 2700 abonnés ; ils ont été réduits
à 900 : il pouvoit réclamer.; il ne l’a point
. fait.
Le fécond objet qui pouvoir légitimer les réclamations
de M. Baudouin , étoit le travail fur
les penfions , dont vous aviez décrété l’impreflion.
Il fit cette impreflion en effet ; mais ces liftes de
penfions ont eeffé de fe vendre. 1
Aujourd’hui les obligations que vous avez à
remplir envers M, Baudouin , peuvent s’étendre
à tous les objets étrangers au procès-verbal, comme
les nombreux projets de décrets , les rapports ^ les
tabléaiix^des finances, lès adreffesles opinions;
particulières, les affiches ; enfin, tout ce qui con-
cernoit le fervice de; l’affemblée. Vos commiffai-
res ont examiné le compté détaillé , article par
article , que M. Baudouin leur a!remis. Us l’ont
vérifié. Il réfùlte que M. Baudouin eft créancier ,
de '33^0*00 liv. , & ce. réfultat a été calculé à,
tant la feuille d’impreffion.' Sans doute' cette manière
de calculèr eft la plus modérée. ide toutes , :
fur-toitt lqrfqù’ort a été obligé de . faire des im-
preflîohs pendant là nuit, de faire des envois* à
■ domicile. Je répète que l’on nè comprend point
dans le compté dont'je'vôùs entretiens:,'le procès-
verbal que M. Baudouin a toujours fourni gratùi-
- teipent.1 . '
M. Baudouin a aufti préfenté fon compte par
dépenfes & par recettes. Il en réfulte qu’il a dépenfé
1,174,000 liv. il en ôte la recette qui eft . de
A S S 599
1,069,000 liv. I l y a donc dans fes affaires un
déficit , de 105,000 liv. entre fes recettes & dépenfes
, qui , joint à la propriété. qu’il avoit'antérieurement,
& qu’il a verfée toute .entière dans
fes affaires, forme précifément la fomme que vous
lui devez.
La troifième opération par laquelle Baudouin a
voulu .convaincre vos, commiffaires de la légitimité
de fa créance , eft la remife de fon bilan:
il réfulte- de la cemparaifon, de l’évaluation de
fon imprimerieavec l!état de fes dettes. Il eft
encore prouvé, par-là. que-M. Baudouin fera au
pair; d^ns-, fes, affaires. en- ; rempliffant les engage-
mens qu’il a faits. Il eft donc bien . prouvé, que
vous;.devez,à M .. Baudouin ,33 6,000 liv. Sur cette
fommç,..ij3â»<t^çu du ^pmité,,flës■ finances à'diïFé-
rentes -reprifes ,119,000 liv. : il fefte donc à lui
p<vyer^217,90© liv. 8c c’eft la fomme que vôtre
comité. yo,us propofe? de; lui faire payer.
. ^ ’ajemidéédécidçqû’il/erapaÿeà Ml Baudouin
une fomme, de 217,000, liy.
M. Barnave. Je demande qu’il' foit accordé à
M. Baudouin une gratification de 40,000 liv. J’ob-
ferve. qu’il réfulte parfaitement, du rapport du co-
mitpj, qn.on. met M. Baudouin à couvert des en-
^agemens qu’il a pris pour Yajjemblêé nationale ;
mais qu’il n’y a aucune efpèce de proportion entre
ie. profit qui lui appartient & les travaux &
les, peines très-réelles qu’il a eus. L ’entreprife de
,M. Baudouin paroiffoît devoir être extrêmement
lucrative , extrêmement avantageufé dans fon ap-
perçu. I l » eft arrivé enfuite que \ par les lenteurs
néceffairement attachées à une entreprife aufti
vafte , lenteurs que l’affemblée même a fouvent
néceffitées dans • fon travail , tous, les journaux
ont pris les devants fur lui ; tellement qu’il a
conftamment été chargé du travail forcé par l’af-
femhlée pour les diftributions journalières, & que
les produits qui réfultent des. ventes au-dehors
n’ont pas été pour lu i, mais pour les journaliftes
qui le devançoienti En conféquencè, il eft de la
juftice de l’affemblée de récompenfer l’aâivité , le
défintéreffement très - marqué & très - noble que
M. Baudouin a mis dans fa conduite envers elle.
Je conclus donc à une gratification de 40,000 liv.
L ’affemblée adopte la propofition de M. Bar-
nave. .
M. Montefqüiou. Conformément aux intentions
de l’affemblée , le comité des finances a nommé
hier des commiffaires pour fe tranfporter aujourd’hui
au tféfor public, & pour y vérifier l’état
des caiffes. Nous nous y fommes rendus ce matin.
Nous avons dreffé le procès-verbal que je remettrai
fur le bureau ; & je vais avoir l’honneur
de vous lire l’état des fonds & de toutes les'
efpèces qui font dans les caiffes, & que nous avons
vues. La balance de la recette & de la dépenfe
au tréfor public , y laiffe aujourd’hui un fonds