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tion bien prononcée, la première'ayant pour but
les opérations que je viens de citer , 8c qui font
infèparables du corps du génie par fa compétence;
& la fécondé, abfolument liée à la confiance &
aux connoiffances particulières de chaque arme ,
vous verrez qu’il eft plus convenable de laiffer aux
généraux la liberté de choifir leurs coopérateurs
dans toute Vannée. ; ces officiers rentreront dans
.leurs corps après la guerre, & le roi auquel vous
avez laifle la faculté d’une partie, d’avancement
•hors de ligne , pourra , s’ils l’ont mérité, les élever
-à un gracie fupérieur. Les feâateurs de la créa-
• tion d’un corps d’état - major, s’appuient principalement
fur [’inconvénient qu’il y auroit de tirer
ces officiers des différens corps militaires, à caufe
du vuide que cela y feroit ; vuide contraire au
• fervice, 8c fâcheux pour des camarades qui font
■ obligés d’y fuppléer. Analyfors cette obje&ion,
puifque , malgré fa foibleffe, elle devient l’arme
principale qu’on nous oppofe. Dix officiers d’état-
major, en les fuppofant réduits à leurs véritables
fondions, doivent fuffire à une armée dé cent mille
hommes ; fur- ces dix officiers on doit préfumer
qu’il pourra s’en trouver de pris dans des corps
à talens, tels que ceux de l'artillerie 8c du génie,
. ainfi que dans les autres corps qui ne feront pas
à l'armée ; ainfi ce nombre peut être réduit à quatre
ou cinq : o r , je le demande,, ce vuide peut - il
être compté pour quelque chofe dans une armée
de cette force, lorfque le moindre événement
peut en faire un bien plus confidérable, auquel
on fait bien peu d’attention ?
Le corps de l’état - major de Y armée a befoin ,
pour juftifier fa préexiftence, de s’attribuer une
partie des fondions du corps du génie ; mais peu
familier.aux opérations topographiques, ileftné-
ceffité d’avoir à fa fuite un corps d’ingénieurs-
géogrâphes militaires , qui fait le bouclier de fa
fcience & de fes opérations; d’où il eft aifé de
conclure que ce fécond corps ne peut pas p[ps fub-
Jifter fans le premier , que le lierre qui grimpe
fur l’Ormeau, fi cet arbre eft déracinée Quoique.
■ l ’état-major ri’ait jamais exifîé que d’une manière
précaire, malgré la vérité des faits que j’ai avancés ,
je me plais à rendre juftice à pluûeurs de fes
• membres, dont j’apprécie le mérite & les talens,
mais qui ne peuvent que me fournir une preuve
de plus de la néceffité d’une inftru&ion préliminaire
, & qui ayant fait leur apprentiffage ailleurs,
. .démontrent évidemment qu’ils auroient poffédé,
en temps de guerre , la place qu’ils occupent par
le choix & la confiance des généraux. Le comité
militaire voudra bien fe rappeller qu’il a été décidé
unanimement , dans deux de fes féances extraordinaires,
auxquelles ont été appellésun grand
nombre d’officiers - généraux, & autres officiers
des différentes armes, que la partie topographique
des camps & a r m é e s appartiendroit exclufivement
au corps du génie ^ aux ordres & fous la direction
du jnar£chal-général-des-logis de Y a rm é e, ou
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de tout autre officier fupérieur} faifant ; nar
les ordres du général , les fondions d’adjudant,
général. D’apres cette fage déterminatiofi, n’efl-il
point poftible encore que ce corps d ’é ta t -m aîor :
devienne inutile en temps de g u e r r e ? Je réfnirie :
ce premier article , & je dis : En 1 a id a n t a u corps I
du génie les fondions qui lui appartiennent par I
e lî'e n c e , & en rendant tous les officiers de Yarmit I
habiles à remplir les autres, on fait une opération
fimple, fûre, très-économique. déjà éprouvée par
l'expérience, on donne un puinant véhicule d’ému-
la tio n à Y armée ; d’où je conclus que l’état-major
permanent, p r o p o f é par le décret du com ité eft
évidemment inutile. Je crois que vous me dif-
p en f e r e z de tout raiformement tendant à v o u s prouver
, en fécond lieu , qu’une dépenfe déplacée
de plus de 50,000 livres , e f t diamétralement op-
pofée à. l’intérêt de vos finances. Je paffe donc
à la troifième p jro p 'o fitio n . '
L’état-major de Y armée eft. un corps purement
minîftériel , auquel on tient fortement, parce qu’il I
offrit de tout temps une porte ouverte à la faveur
& à l’intrigue ; nulle hiérarchie n’y fut jamais ob-
fervée ; il fut toujours un corps rmpolitique, immoral,
diftingué par des promotions illimitées &
par des grâces arbitraires. Jepenfe, d’après cela,
pouvoir avancer à jufte titre qu’il eft contraire à
la conftitution de Y armée.
Il me refte à dire un mot fur lès aides-de- amp.
Les raifons que j’ai alléguées contre les ad udans-i
généraux, s’appliquent à fortiori à ces officiers. Il
mut laiffer un libre choix aux généraux , ou fi
vous les obligez à recevoir ceux que vous leur
donnerez , ils pourront bien les admettre dans leurI
fociété, les charger de faire les honneurs de leur
table ; mais dans un jour d’affaire, ils vous prouveront
leur inutilité, en choififfant un officie^dans
la ligne pour porter & faire exécuter leurs ordres; 8c fi quelque objeôion leur eft faite à cet égard,
ils vous rappelleront les batailles perdues, non
pas celles cependant qui Pont été par des ordres
mal donnés , mais celles qui ont été perdues par
des ordres mal rendus. Les aides-de-camp font
donc-une branche parafite de l’arbre militaire.
Je conclus à ce que l’afïemblée nationale rende
le décret fuivant.
L’affemblée nationale, délibérant fur te plan eut
miniftre, relativement aux adjudans - généraux ot
. aux aides-de-camp ; confàdérant que les fondions!
effentielles à ces officiers ne peuvent être rempli»!
que d’après le choix 8c la confiance des généraux
d'armée ; confidérant qu’il feroit nuifible au M
du fervice de ne point faciliter ce choix générale*)
ment dans, toutes les armes & fur tous les fujtfsj
qui en feront fufceptibles par leurs talens ; apres
, avoir oui fon comité militaire , a décrété,que le
officiers de toutes les armes feront admis a M
concours, d’après le mode d’inftruéfion qui ‘er^
déterminé ultérieurement ceux qui auront monirf]
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u plus de. talens;. dans les examens & dans les
■ -'«ions des. officiers d’état-major , que les géne-
' ni’X leur auront fait remplir dans les raffcmblemens
i;e troupes qui auront lieu en temps de paix, fe-,
Lont inferits fur une lifte, fur. laquelle les officiers-
; généraux employés à la guerre choifironr. Ces
officiers n’âuront un traitement extraordinaire que
lorfqu’ils feront tirés de leur corps pour être 1 employés dans l’état-major de Y armée.
[ Quant aux aides-de-camp, l’affembfëe nationale
décrète qu’il n’y a lieu à cjélibéreiv
\ Alexandre de Lamithé De tous les temps , le
[corps du génie a defiré envahir les fonétiôns de
l’état-major. Le projet que vous propofe aujour-
I d’hui votre comité a été unanimement adopté par
cinquante officiers préfèns a nos féances, parmi
[ lefquels fe trouvoient dix-fept officiers du génie.
M. Alexandre'de Beauharno'is: Comme il faut croire ■
[que dorénavant les troupes/françoifj* feront foù-
Ivent raffemblées, foiivent capipées '8c habituées, ’
dans de grandes manoeuvres , aux grands effets [
qu’elles font deftinées à produire devant l’ennemi,
[il ne paroît pas douteux qu’il' foit avantageux j
f d’établir , même pendant la p a ix d e s officiers qui, ; I
par la nature de leurs fon&ions, font utiles dans J
des raffemblemens,. font indiïpenfables dans les j
[grands mouventens.- : .: ; r; ■ ' j|
| Il fuffit d’avoir vu un affez grand nombre de j
[troupes manoeuvrant, pour reconnôître l’utilité des j
[officiers chargés de- diriger les colonnes, chargés j I
[de les introduire dans de nouvelles lignes de di-
! reéHon, plus fpécialement tenus d’acquérir le ta- :
rient du coup-d’oeil, 4e talent d’apprécier les- obf-
Itacles, & de vaincre les difficultés locales.
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rapporteur , fournis au même mode d’avancement
que joute Y année, ce genre de fervice nc/crà plus,
comité ci-devant, une carrière où la faveur of-
froit une route, facile à l’ambition. Comme il eft
enfin raifonnable de ne pas appeller à l’étai-major
de l’armée 1 feulement les gens riches, & comme
il eft jtifte que ies officiers yfoient payés à raifon
de leurs grades, je demande la priorité pour l’avis
du comité , 8c la qneftion préalable fur la demande
de M. Elbecq.
M. Millet. J’ai parlé comme repréfentant de la
nation 8c non comme officier du génie.
On demande l’ajournement du projet de décret
& la queftion préalable fur l’ajournement.
M. de Noaillés infifte fur l’amendement propofé
par M. Elbecq.
Après quelques difeuffions , l’amçndement eft
rejetté , 8c lé ;projet du comité) adopté.
Les bafes & les principaux articles de l’organi-
' fation de Y armée une fois décrétés dans les féances que nous venons de rapporter , les autres déci-
fions relatives à la police militaire. & à la difei-
• plirie des foldats , n’ont donné lieu à prefqu’au-
cunes difeuffions; la plupart de ces détails d’ail-,
"leurs étant de la compétence du pouvoir- exécutif,
on ne s’en eft prefqùe. pas occupé -dans l’affeni-
blée conftituante. Nous terminerons donc ici les
débats fur Y armée en général, en rapportant une iettre
de M. Duportail, miniftre de la guerre, lue dans
la féance du 11 mars 1791. Pour le refte, voyez
♦ Recrutement , C onscription militaire , Régiment,
A rtillerie.
Lettre de M. Duportail, miniftre de la guerre à Varmieé
Meilleurs, lorfque Y armée réçoit une nouvelle
formation , lorfqu’elle va fe régénérer avec toutes
les autres claffes de l’empire , fon chef fuprême
daigne approuver que je développe à vos yeux
lés principes qui doivent déformais la régir; que
je vous préfente le tableau des avantages iinpor-
tans qui viennent de vous être affurés par la conftitution
, & en même temps celui des devoirs fa-
crés’ qu’elle vous impofe.
C ’eft fur-tout en ce moment qu’avant d’offrir à
la patrie la continuité de fes fervices , chacun doit
réfléchir mûrement aux obligations qu’il contrarie
avec elle , fe repréfénter tout ce qu’elle exigera
de lui déformais, pefer enfin les mots de ce ferment
folemnel qu’il doit renouveller toutes les
années : qu’il fon de en fuite les difpofitions de fon
ame & qu’il s’affure d’y trouver les fentimens qui
lui feront remplir avec joie les engagemens qu’il
aura formés ; car je ne fuppoferai jamais qu’un
militaire, en faifant un ferment, médite le projet
| de lui être parjure,, ce feroit commettre la plus
infigne lâcheté, & fe rendre le plus méprifable
des hommes,