
confèrver ; jfoyez Çdèles à l’efprit, à la lettre des
décrets de vos repréfentans , acceptés ou faric-
tionnés par le roi ; diftinguez foignèufement les
tiroirs abolis, fans rachat , & les droits rachetantes,
mais encore exiftans. Que les premiers ne foient plus exiges , mais que, les féconds ne foient point
jefufes. Songez aux trois mots facrés qui garantif-
lent ces décrets : \ a n a t io n , l a l o i ., le r o i .
La nation , c’eft vous : la loi , c’eft encore vous.;
ec’eft votre volonté : le roi 3 c'eft le gardien de la
loi. Quels que foient les menfonges qu'on prodigue,
comptez fur cette union. C'eft le roi quon trom-
-poit : c'eft vous qu'on trompe maintenant; & la
àionté du roi s'en afflige : il veut préferver fon peu- '
pie des flatteurs qu'il a éloignés du trône ; il en
défendra le berceau de fon fils; car au milieu de
vos repréfentans j il a déclaré qu'il faifoit de l'héritier
de là couronne le gardien de là conftitution.
Qu'on ne vous parle plus de deux partis. I.
n'en eft qu'un 3 nous l’avons tous juré ; c'eft celu1
de la liberté. Saviéfcoire eft sûre -, atteftée par les
conquêtes qui fe multiplient tous les jours. Laif-
ie z d’obfcurs blafphémâteurs prodiguer contre
nous les injures 3 les calomnies; pénfez feulement
que ,' s’ib nous louoient , la France feroit perdue.
Gardez-vous fur-tout de réveiller leurs efpérances
par des fautes 3 par des défordres 3 par l'oubli de
la loi. Voyez comme ils.triomphentdeqnelques délais
dans la perception.de l'impôt! Ah ! ne leur préparez
pas unejoiecruelle ! Songez que cette dette...
Non 3 cen'ëft plus une dette : c'eft un tribut facré,
& c'eft la patrie maintenant qui le reçoit pour
vous 3 pour vos enfans ; elle ne le laifîeraplus prodiguer
aux déprédatéurs qui voudroient voir tarir
pour l'état3 le tréfor publie , maintenant tari pour
eux ; ils afpiroient à des malheurs qu'a prévenus ,/
qu'a rendus impofïibles ,. la bonté magnanime du
roi. François 3 fécondez votre r o i , par un fàint •
& immuable refpeét pour la loi ; défendez contre
eux fon bonheur , fes vertus , fa véritable gloire ;
montrez qu'il n'eût jamais d'autres ennemis que
ceux de la liberté ; montrez que pour elle & pour
lui votre confiance égalera vôtre courage ; que
pour la liberté dont il eft le garant0 on nefblaffe point 3 on eft infatigable. Votre laffitude étoitle
.dernier efpoir des ennemis de la révolution ; ils le
perdent : pardonnez-leur d'en.gémir ; & déplorez,
fans les haïr , ce refte de foibleffe, toutes ces mi-
leres de l'humanité ; cherchons , difons même ce
qui les exeufe. Voyez quel concours de caufes
a dû prolonger, entretenir, prefque éternifer
]ëur illufton. Eh ! ne faut-il pas quelque tems pour
chafferde famémoireles fantômes d'un Ion g rêve,
les rêves d'une longue v ie ? Qui peut triompher ,
'en un moment, des habitudes de l’efprît, des
opinions inculquées dans l'enfance , entretenues
par lés formes extérieures' de la fociété, long-
tems favorifées par la fervitudè publique qu'on
«toyoit éternelle, chères à Un genre d'orgueil^
qu'on irapofoit comme un devoir, enfin mto
fous la protection de l'intérêt pèrfonnel qu'elle*
flattoient de tant de manières ? Perdre à-la-foisfe*
illufions, fes efpérances, fes idées les plus ché
ries, une partie de fa fortune*; eft-il donné à beat
coup d'hommes de le pouvoir fans quelque^
grets j fans des efforts*, fans, des réfifhnces dï.
bord narutellles , 8c qu’enfuite un faux poinj
d’honneur s’impofe quelquefois, à lui - même ?
Eh ! fi dans cette claffe naguères fi favorifée
il s'en trouve quelques-uns qui ne peuvent &
faire à tant de pertes à-la fo is , foyez généreux-
fongez que, dans cette même clafte, il s'eft trouvé
des hommes 'qui ont 'tefé s'élever à là dignité de
citoyens, intrépides défenfeurs de vos droits 8c dans le fein même de leur famille , oppofanti
leurs fentimens les.plus tendres, le noble enthot-
fiafme de la liberté.
Plaignez, François, les viétimes aveugles de
tant de déplorables préjugés ; mais, fous l'empire
des loix , que le mot de -vengeance ne foit plus prononcé.
Courage, perfévérance, générofité, ta
vertus de la liberté ; nous vous les demandons an
nom de cette liberté facrée, feule conquête
digne de l'homme, digne de vous, paries efforts*
par les facrifices que vous avez faits, pour elle,
par les vertus qui fe font mêlées aux malheuo
mféparables d'une grande révolution : ne retardei
point, ne déshonorez point le plus bel ouvrage
dont les , annales du monde nous aient tranfini*
la mémoire. Qu'avez-vous à craindre / Rien,non
rien, qu'une funefte impatience : encore quelques
mornens.........C'eft pour la liberté ! Vous avez
donné tant de fiècles^au defpotifme ! Amis, citoyens
, une patience génereufe au lieu d'une
patiehee fervile..Au nom de îh patrie , vous en
avez une maintenant ; au nom de votre roi,vois
avez un roi : il eft à vous ; non , plus le roi de
quelques milliers d'hommes, mais le roi desfran-
çois .. . . .d e tousle,s françois. Qu'il doitmeorifer
maintenant le defpotifme ! qu'il doit le haïr !
Roi d’ un peuple libre , comme.il doit reçoit*
noître l'erreur de ces illufions menfongères,
qu'entretenoit fa cour qui fe. difoit fon peuple!
preftiges répandus autour de fon berceau , enfet'
mes comme à deffein dans l'éducation royale»
& dont on a cherché , dans tous les tems, à cofflr
pofer l'entendement des rois pour faire , des erreurs
de leurs penfées, le patrimôine des cours,
Il eft à vous : qu’ il nous eft cher ! Ah ! depuisque
fon peuple eft devenu fa cour, lui refuferez-yon5
la tranquillité, le bonheur qu'il mérite ? Déformais,
qu'il n'apprenne plus aucune de ces feenes
violentes , qui ont tant affligé fon coeur ; <P
apprenne au contraire, que l'ordre renait > <F
par-tout les propriétés font refpeéfcées, defeiy
dues ; que vous recevez, vous placez sfous U*
gide des loix , l'innocent, le coupable.»
coupable ! il n'en eft point, fi la 4oi ne l’a P1*
Boncé. Ou plutôt, qu’ il apprenne encore , votre
llrt'ieux monarque , quelques-uns. de ces . traits
généreux, de ces nobles exemples qui déjà ont
jjjiiftré le berceau de la liberté françoife.
f|tonnez-le de vos vertus, pour lui donner plutôt
ié prix desfiennes-, en avançant pour lui le moment
de la tranquillité publique 8c le fpe&acle de
B)tre félicité.
■ Pournous, pourfuivant notre tâche laborieufe ,
i ués , confacrés au grand travail de la conftitu-
tjon, votre ouvrage autant que le notre , nous
le terminerons, aidés d éb o u té s les lumières de
la France" & vainqueurs de tous les ôbftacles.
■ Iitisfaits de notre confcience', convaincus , 8c
d’avance heureux de votre prochain bonheur,
nous placerons entre vos mains ce dépôt facré
de la conftitution , fous la garde des vertus nouvelles
, dont le germe, enfermé dans vos âmes ,
.lient d’éclore aux premiers jours de la liberté.
migné / B U R E A U X de PU S, Y , prêtent.
Laborde de Mereville , l’abbé Expilly , le
pcomte de No aillés , Guillotin , le baron de .
Marguerites , le marquis de la C oste , Secré- -
|mires.
( V o y e i C on st itut ion ).
Adresse de l ‘~ajfemblée nationale, aux françois ,
fur l'êmijfion des ajfîgnats-monnoie.
3 Mai 1790.
B L’afTemblée nationale vient de faire un grand
pas vers la régénération desmnances. Elle s’eft déterminée
à de grands facrifices ; elle n’a été arrêtée
far aucun obftacle, par aucun préjugé : le falut de
Béiat lui en impofoit le devoir. Efpérànt tout de
i: îefprit public, qui chaque jour femble acquérir
de nouvelles forces, l'aflernbléé nationale eût fm
ne craindre aucune fauffe interprétation de les
?#otifs, & fe repofèr fur leur pureté ; mais cette
; |onfcience d'élle-même ne lui fuffït pas. Elle veut
|ae la nation entière ppiflé la juger, & jamais de
flus grands intérêts n'ont été fournis à un tribunal
Plus impofant.
B Donner une conftitution à l ’empire, affurer par
file le deftin de la fortune publique , 8cr par 1^
.fortune publique le maintien de la conftitution :
Me fut la miffton de l'afTemblée nationale.-
^François, les bafes de la conftitution font po-
|ées ; le roi, que vous chériflèz, les a acceptées.
Wos fuffrages ont accueilli ce premier fruit ae nos
travaux;,& dès ce moment, c’ eft avec la certitude
que nous allions travailler pour un peuple lib rè ,
Èue uous avons entrepris de rétablir l'ordre dans
les financés.
m va âbîmp étpit ouvejrç d e^ a î no^sj des impôts
à-la-foisexceflTifs S^oppreffeurs devoroient en vain
la fubftamce du peuple, ils étoient infiûHfans X
l'immenfité des charges publiques ; 60 millions-
de nouveaux fubfides les, euftënt à peine acquittées
, 8c tandis que les dépenfes les plus nécef-
faires étoient arriérées, tandis que les créanciers,
les plus légitimes étoient fournis à d'injüftes délais,
les reffources mêmes de l’avenir n'avoient pas été
refpeôfcée's.
L'afTemblée nationale n'a oppofé à tant de
défordres que votre autorité , fon courage & fes
principes. Jufte 8c inébranlable à-la-fois, ce que
chacun de vous eût d it, elle l'a dit en votre B&m.
Fidélité pour tous les engagemens, foulagemenc
pour l'e peuple^ tel étôit votre voeu , tel a été-
fon ferment.
Une recherche févère fur les dépenfes lui a
prouvé que la fomme des.anciens revenus ferait
plus que fufflfante-, lorfqu'ils cefferoient d'être
prodigués. Elle a ordonné auflï-tôt toutes les éco*
nomies qui pouvoient s'opérer fans délai, elle a
tout prépare pour les autres*
L’examen des anciens' fevenus lui a montré que
le peuple pou voit être' fort foulage, fans que le
tréfor public fût appauvri ; déjà le plus défaftreux
des impôts a été remplacé par un fubfide que
n’accroiffent plus des frais immenfes de perception,
& cette première opération n’eft que l ’effat
d’un plan général.
L ’arriéré des dépenfes étoit incalculable, 8c le
défordre fe perpétùôit à la faveur des ténèbres-
qui l’enveloppoient. L’afTemblée a porté la lumière
dansrette obreurité, elle a fournis à une liquidation
- rjgoureufe tout ce qui étoit du.au premier janvier
dernier, & à un paiement régulier toutes les dé-»'
penfes à partir de ce jour#
Les anticipations abforboient une grande, partie
des revenus ae l’année , & leur renouvellement
eût continué, dans les années fuivantes, de mettre-
au hafard d’un ci édit incertain & ruineux les be-
foins les plus urgens 8c les engagemens les plus
facrés. L’afTemblée n’ a point voulu facrifier plus
! long-tems l’avenir au prélent ; 8c3 fans autre calcul,,
elle a dérendu tpute anticipation nouvelle.
Elle employoit en même tems tous fes coopérateurs,
lès uns à approfondir la dette publique ,
en en préparant la liquidation ; les autres à méditer
un fyftême d’impofiti.on établi fur les bâfes defja
liberté , & réglé d’après les . véritables convenances
de la chofe publique ; d’autres à combiner les
befoins de l’état avec ceux de ^agriculture & du
commerce j d.’autres enfin à connoître la valeuv
des domaines que, dans des tems plus, heureux-ou
moins éclairés, nos pères ayoient alignés à l’acquittement
d’une partie des charges publiques ;
1 affemblée nationale préparoit ainfi les, matériaux
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