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même tems. que le roi a donné des ordres pour
faire informer des-faits relatifs à cette infurrec-
tion & pour rendre la liberté aux officiers détenus.
M ......... membre du comité du rapport. Il eft
arrivé depuis quelques jours une députation de
la commune de Toulon ; elle apporte des pièces
qui ne font mention d’aucun des évènemens indiqués
dans la lettre de M. le garde des fceaux ,
mais qui le rapportent à des faits antexieurs , 8c
qui peuvent avoir une grande connexité avec la
détention de M. Albert de R iom s fa n s doute
que l’affemblée jugera convenable d’entendre le
rapport de ces faits avant de prononcer fur ceux
qu’a annoncés la lettre de M. garde des fceaux. Je
demande donc que cette lettre Toit envoyée au
comité des rapports qui comparera les évènemens
qui s’y trouvent confignés avec ceux du
17 & 18 novembre auxquels fe rapportent les
pièces de la députation de la commune ae Toulon,
& en fera fon rapport à i’affemblée , qui fans ce
rapprochement ne peut être inife dans le cas de
prendre un parti.
M. Malouet. Il n’y a aucune identité entre
l’ affaire du 18 novembre & celle du premier décembre
; ce feroit expofer le port & la ville de
Toulon que de différer de prononcer fur cette
dernière'} je demande qu’ il fok fait leéture des
pièces jointes à lettre de M. le garde des fceaux
afin d’éclairer fur le champ Taffemblée* & de la
mettre à portée de prendre les mefures qu’exige
la fureté d’ un des premiers ports du royaume.
Quelques membres demandent que les pièces
foient envoyées au comité, & la difcuffion ajour-v
née.
M. le comte de Mirabeau. L'on ne peut fe décider
fur le renvoi & Tajoumement qu’après .
avoir entendu la le&ure des pièces , puifqu’on
ignore la nature 8c l’urgence.des evènemens qu’elles
contiennent.
Un des fecrétaires ( M.Dubois de Crancey )
fait le&ure des pièces.
(opie de la lettre de M. de la Roque-JDourdan , a
M. le comte de la Luzerne , en, date du J. décembre
. b h -
Monfeigneur., c*eft avec le coeur navré 8c plein
d’amertume , que j’ai l’honneui de vôus rendre
compte , de là part de M. le comte d'Albert 3
de la féditfen la plus cruelle qui foit jamais arrivée,
& qui met dans la défeiation tout le corps de
la marine.
Le 30 au fo ir , le général fe décida à renvoyer
de l’arfenal, deux maîtres d’équipage
fion-entretenus , ayant depuis long-tems à fe
plaindre de leur conduite. Le premier décembre.
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craignant quelques mouvemens dans le peuple
il avoit donné l ’ordre de.tenir toutes les trounJ
de la marine armées , prêtes à marcher. A fa?
Heures 8c demie du matin, il entra dans TarfetiaL
i A fept heures trois quarts, il ordonna qu’iln’»
eût plus que cinquante hommes prêts à marcher
A huit heures 8c demie il rentra dans l’arfenal'
A neuf heures on lui annonça qu’ il y avoir une
députation du confeil permanent à la porte d»
Tarfenal. Il envoya M. Paquier , lieutenant de
p o r t, pour les engager d’entrer. Le peuple s>
oppol'a. Cet officier vint en rendre compte al
général. En même tems M. de Martignan, ljeu,,
tenant de vaiffeau , eut ordre d’ aller dans h
caferne de la marine, p'our que les troupes ordonnées
fuffent prêtes à marcher, & il envoya
dire à çes Meilleurs, qu’ il ailoit fe rendre à fin
hôtel pour y recevoir la députation. Sur le champ
les officiers de là marine ôc des directions, qui
écoiept dans le p or t, l’ accompagnèrent, & trouvèrent
à la porte MM. les députés, entourésd’iin
peuple étonnant, qui les fuivît avec des huées 6c des menaces. Heureufement alors que M,
Roubaud, Cqnful , ayant déjà apperçu cette ef-
fervefcençe , précipita le pas pour joindre le
general,. 8c un officier de la milice nationale
fit fonner la trompette pour annoncer M. le
Conful} ce qui fit diverfion & donna le moyen
de fe rendre à Thôtel. Dès qu’ils y furent rendus,
ces Meffieurs réclamèrent la grâce des deux
maîtres renvoyés du port, promettant qu’à cette
condition tout rentreroit dans la tranquillité. Le
général fit abferver le danger d’une pareille grâce, 8c ne fe rendant pas tout de fuite, M. Barthelemi,
membre du confeil permanent, prit M. le Conful
par le bras & lui dit: MonÇieur, r&irons-ms
allons Jauver la. ville qui eft en danger y dans et
moment-ci je change de caractère. Mais M. Roubaud
préféra d’infifter 8i obtint la grâce de ces hommes,
qu’ il fit publier auffi-tôt dans la ville. En mémo
tems le général donna ordre de faire rentrer cinquante
canonniers fous les armes au champ de
bataille. M. de Broves, major de vaiffeau, <ji)i
les commandoit, avoit été infulté. On avoit mis|,
la main fur fon épée, mais il s’en éteit rendu maître.
Il avoit ordonné au même moment à fa troupe
de porter les armes. Le premier rang les porta i
mais une grande partie des autres fe pofa fur
fes armes. Dès-lors il fut accufé par le peuple,
d’avoir fait le commandement de faire feu, ce
qui n’étoit pas} mais mal-accueilli par la popu?
lace ; il rentra avec peine dans l’hotel du commandant.
M, de Vilfaron , fous-Aide-major de
la fixième efçadre , reçut ordre du général de
fe rendre à l’hôtel-de-ville, pour réclamer h
loi martiale. M. le Conful répondit qu’il ne le
pouvoit pas , 8c il envoya en même tétns & luC*
ceffivement, des compagnies de la milice nationale
, qui entourèrent Thôtel ; ce qui n’empeen*
pas M, de Bonneyal de recevoir un co.up de Tabr®
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M ... oj j la main, & plufieurs officiers blef-
î ! s tetfl nuantité de pierres qu’on leur jettoit
de la loi martiale, le général avoit fait ■
W M M fûreté de l’hôtel, un piquet de;
S a n » hommes du régiment de Bartois. Le
, € “! ,e la milice' nationale lui obferva que.
Trj,inutile fe même dangereux; qu’iï rêpon-- f 01 I la fdreéï: t e ’ général fe décida a les
r ”r M de S'aint-Julien*, major de vaiffeau, •
porteur d'un ordre .du général/-fur attaque. & L on épée cafféedans le fourreau. 11 .fut chet;-
i - r une autre arme., & voulant fe.rendre, a.
■ L du commandant,, il fut attaque ;dénou-
■ ' &: n’eut que le tems de fe rallier aux foldats
de l/marine affemblés pour la garde du p o r t ,
erthe-iir difant : pas
Muer un officiera votre te te. Ils 1 afiurerent q u il
S o i t rien à craindre-,fe neanmoins dans le
■ ne moment il fut affailli par la populace R
fins que cette troupe f it aucun mouvement pour
le fecourir, & il ailoit être affaffine fans le fecours
de MM. Donde & Vàquier, officiers dedamilicë
nationale T qui l’ont traîné, à Thôtel dans l’etat
lô plus déplorable. Dans ce tems -critique M.
le comte XAlbert étoit ferti accompagné d une
lointaine d’officiers, pour le fecôurir ,\ & ils renièrent
tout deTuiteiLe-cri du peuple-contre
i cet officier > eft de l’accufer d’avoir bleffe a la
^ main un garde national avec fon épée. Il donne
fi parole 'd’honneur qu’ il ne s’en eft pas fervi.
Depuis ce moment jufqu’a deux heures après-
Eiidi, il yeu t allez de tranquillité pour permettre
à quelques officiers de la marine , de fortir
de l’hôtel pour 'quelques inftans. Dès qu’ils fe
Ipréfentèrent pour rentrer , la garde nationale
[ lçur refufa la porte, 8c il n'y en eut qu’.un petit
ijombre qui put rentrer. Vers les trois heures ,
M. de Broves Tut demandé par le major de la
[ milice nationale, pour le conduire au palais', avec
^omefTede n’être pas. maltraité. Cet officier,
l qui étoit fur dé. n’avoir pas fâit le commande-
Iment qu’on lui imputoit, fe livra généreufement.
[ Alors arriva une députation du confeil permanent,
Bccompagnée de M. de Carpillet, -commandant
la.garnifori, qui annonça que le peuple étoit fa-
tisfait, qu’ on ailoit faire rentrer les troupes na-
f fionales, à la réferve d’une garde de cinquante
■ gommes que le général accepta , demandant qu’il
y Tût joint un détachement de pareil nombre du
Bpcond bataillon de Barrois à Tes ordres. Alors
| çes Meffieurs dirent qu’ ils âvoîent befôin du con-
feil permanent, 8c qu’ils fe flattoient de Tobte1-
nir j mais la milice nationale s“y oppofa. Le major
Çt batve un ban devant chaque compagnie j pour
Hjgager lès troupes à prendre lT ô te l & le s fof-
p g j qui s’y trouvaient fous leur fàuve1 gardé:'
n’en obtint que des murmurés,■ Tana'rcliie
| .lut. c°mplettë , & Thotel futf fbr'cé par là milice'
^honalê', qui entrant èn Tbülë , ; fe ïkifit ,fud£
cmvement de M. le éoriite d’Albe/tt/dé M .‘le
marquis de Caftellet, MM. de Bonneval & 'de
Villages, qu’ils conduifirent au palais, ou chacun
de ces Meffieurs fût mis féparément dans un
cachot j mais le Conful les en fit fortir dès
qu’ il fut inftruit, 8c les fit palier enfemble dans
une .chambre. On chercha long-tems M. Gauthier
dans Thôtel, pour le conduire également dans
les prifons du palais, 8c les recherches furent
vaines,. Il eut le bonheur d’échapper à leur
projet.
Il me feroit impoffible, monfeigneur, de vous '
rendre la fîtuation aêtuelle du corps de la marine j
j’entreprendrois vainement de vous en faire le
tableau ; cependant Tordre eft établi dans l’a r - .
férial. Nous femmes au moment de recevoir la
i rëponfé ' de , M. comte de Caraman , à qui un
couriér a été expédié. Nous nous flattons tous que
vous daignerez prendre les mefurès les plus efficaces.
pour rendre la liberté à nos malheureux
généraux, à MM. de Bonneval, de Villages _ 8c de Broves,
Je fuis,ii&c. Signé l a R oque-D o.u rd a n .
Copie de la lettre de M. le comte de la Luzerne, miniftre.
de la marine, a M. le garde-des-S ce aux ,
en'date du 6 décembre.
Monfeigneur , j’ai l’honneur de vous envoyer
copie de la dépêche que m’a adreffée M. le mar- -
quis de là Roque-Dourdaa , capitaine de vaiffeau,
commandant maintenant la marine royaLe. à T o u - :
Ion, par l’emprifennement qui a eu lieu le premier
aë ce mois , de M. le comte d "Albert de
Rioms, l’un des officiers généraux les plus prô-;
près à commander nos armées navâles: dans une "
guerre future, de M. le marquis de Caftelet ,
C h e f d’efeadre diftingué , & neveu de feu M.'
le Bailli de Suffren ; ainfi que de deux autres cà-
pitaines de vaiffeau, de chefs de divifion.
Les faits expofés par M. de la Roque-Dourdarr
parlent d’eux-mêmes, 8c jè m’abftiens de toute
réflexion.
Je me bornerai à vous rappeller qu’en ce moment
vingt vaiffeaux de ligne , plus du quart de
dé nos forces , de nos munitions navales«, 8c, de
nos approyifennemens. en tout genre > , le trouvent
raffemblés' dans le port; dans Taifehal., dans
les magàfiris de Toulon. 11 eft aifé,de fentit qu’elles
alarmes peut infpirer cedepôtprëç'ieux à la France^ 8c combien il eft urgent dé faite renaître dans
■ .'-la- place dé'guerre qui le renfermé , le ^efpeét
des lo ix , celui des chefs, Tordre ,Ta' concorde
& Ta ' tranquillité publique.
CTeft par ces confidétations !i8c p ar l’intérêt
< qiv oril.'lës ' offièiéârs de la marine royalé à faire
; côrinmtr'ë' la vérité , que je vous prie de' Vouloir
J bien ’ adrefter ;à Tàffembléé hati'ôfîaie ’ : à varie U
M m