
On demande que tous les articles qui concernent
l ’infàptcrie fu ifîe, foient décrétés en même temps.
M. Alexandre Lameth en fait le&ure. —- Les articles
I X , X , X I , X II & X I II font décrétés. Voyc^
la troifième Partie,
La difcuflion s’ouvre fur les articles relatifs à la division
de la mafle de Y armée en divifio ns, régimens,
bataillons & compagnies,
A/» Bureaux. Cette opération eft purement du
pouvoir exécutif, & je demande qu’elle lu i foit renvoyée.
M. le rapporteur propofe d’ajourner cette clifcuf-
fion jufqu’après la fixation du traitement des individus
de chaque grade.
M. de Cabales. Je demande qu’auparavant on décide
la queftion du doublement des régimens.
Cette proposition efi rejettée.
M. Alexandre Lameth fait leâure de ^article V II.
Après une difcuflâon affez longue fur les appoin-
temens des divers grades, il efi adopté en ces termes :
A rt. V II. Le colonel aura 6000 liv . d’appointe-
mens par année, les quartiers-maîtres 1400 liv ., les
capitaines de la première clafle auront 2700 liv .,
ceux de la féconde 2400 liv ., ceux dé la troifième
2,200 liv . ; ceux de la quatrième 1700 liv ., & ceux
de la cinquième 1500 liv . Les lieutenans auront
% oqq liv ., k s fous-lieutenans 800 liv . les adjudans
auront 668liv ., les tambours-majors 443 liv ., les caporaux
tambours 335 liv« , les muficiens 353. liv .,
les fergens-majors des grenadiers 480 liv .
M. Duchâtelet. Je demande qü’on détermine anfli
une proportion dans la paie du foldat & de Fap-
jpointé, eu égard à l’ancienneté de fervice.
Cette propofition eft ajournée.
Béance du 2 août- ijgo-.
M. de Sinetti, aprèsd’affez longs développement,
Conclut à ce que les régimens ne foient pas doublés,
à'ce qu’ils foient compofés de 2 bataillons de 10
compagnies, chacune de 50 hommes; à ce qu’il n’y
ait qu’un lieutenant-colonel, & que les majors foient
confervés.
M. Touftain combat auffi le fyfiême de l’incorporation.
M . d’Haramhurt. Je dois rappeller à l’aflemblée que
le comité militaire a confulte des officiers de tout
grade, & qu’il a été jugé que le doublement étoit
néceflaire.
M. de Rojlaîng. D e peur qu’on ne s’égare dans la dif-
euffion, je àemaade que la queftion foit ainfi pofée,
Y aura-t-il une incorporation & un doablem«J
O u i, ou non. .
M . de JeJJe. J e n e chercherai point à atténuer les rai.
fons prèfemées par le comité ; je fais que l’ufaoè fa.
ç ro s corps eft adopté dans toute l'Allemagne, S?nous
étions placés dans, des circonftances moins difficiles
le doublement des troupes feroit encore une opéra!
tion délicate. On ne fe détermine point aifémentà
rompre les habitudes des militaires, quand on cou- !
noit toute la force de ces habitudes. Vous vous expo.]
foriez à faire de la place d’arme un champ de bataille.
O11 fait^me chaque régiment a fon opinion politique.
Je crois qisi’il feroit dangereux de mettre avec des
foldats fidèles à la difeipline, la partie d’un corps dé-
forganifé. II ÿ a fix mois, peut-être auriez-vous pJ
hafarder cette entreprife ; encore n’aurois-je pas
voulu répondre des chances. Frédéric, qui concevoir
la pofiibilité de retirer quelques avantages des
doubJemens , difoit cependant que les meilleures
améliorations ne compenfoient pas les grands incon-
véniëns des nouveautés. Si vous réuffiffez, vous!
perfoéHonnerez de quelque chofe votre fyftême mi- !
litaire ; mais fi vous 11’avez point de fuccès, vous,
l’anéantifiez totalement. Je conclus à ce que, fans
adopter les projets de tiercement ni de doublement
les corps foient confervés dans leur forme aéiudle. 1
M de NoaîllesJe ne me préfente, ni pour défendre
le plan du comité, ni pour appuyer celui du mi*
nîflre : j’éviterai toujours de changer une queftion ]
d’utilité générale en difeuffion d’amour-propre. Je
chercherai à préfonter les motifs qui ont déterminé le
comité & le miniftre. J’inviterai l’aflemblée à conlîJ
dérer que la queftion du doublement & celle de maréchaux
de camp attachés aux régimens, font ind-l
; mément liées. Si le doublement n’a pas lieu, je!
m’oppoferai à ce que les officiers-généraux foient i
placés à la tête des corps. «. . .
M . D u ch â te le t. Répondez aux obje&ions.
u M.deNoailles. L ’opinanta toujours commandé us]
régiment de quatre bataillons ; il étoit officier-généra
l: il a fenti que cette qualité étoit liée à ce commandement.
Je m’autorîforai de fon exemple & de
fon opinion, L a dépenfe de Varmée étoit de 106 min
lions : vous avez, augmenté-la paie des foldats & le I
traitement des officiers. L ’une de ces augmentations
eft de 8 millions , l’autre de 2 millions 500 milieli?.;
ain fi, Y armée confervée dans l’état où elle eft, coûte*
roit 10 millions 500 mille liv . de plus. Vous avez cependant
fixé la dépenfe à 84 millions. I l falloir donc
réformer 30 mille foldats & officiers. Toutes les proportions
étant détruites, une nouvelle organifation1
devenoit indifpenfàble. Le réfuhatde la première
réduéHori n’étant que de 6 m illions, le befoin de
réconomie vous commandoit. une plus grande ré-1
forme. Vous avez recherché qu-Jle armée vous étoit
néceflaire pour vous oppofer aux attaques de
l’ennemi, foit en France , fbit dans les Colonies.!
A in fi, il y avoir deux difpofitions à. prendre ;.aÆra*
]-s f f t n . f i & avoir des bataillons pour vosgar-
jjjfons & pour vos vaiflfeaux. Le miniftre a dit : il
;fiut faire une opération indifpenfable, puifque tou-
ies jes proportions font rompues ; il faut procéder à Lie incorporation , élever les corps à une hauteur
fûffifante & néceflaire. Il avoit cru, en liant à deux
bataillons, un bataillon de garnifon , faire ce que de- Landoit la paix, pour les manoeuvres de lig n e , &
ia guerre pour fournir aux befoins des colonies &
de l’armée. Ilrépondoità l’obje&ion de cet homme
de guerre, Je prince Henri, qui, en examinant vos
bataillons & vos efeadrons, d ifo it: « vous avez
des hommes & point àé armée; vous préfentez un
iront & point de mafTe ?\ Je pane à d’autres
jobiervations.
! Si le nombre des officiers eft trop grand, la
difeipline fera pénible & difficile à établir. Ce
in’eft pas par une furveillànce continuelle, mais
par l’intérêt qui lie les officiers aux foldats &
les foldats aiix officiers, qu’011 fait de bons fol-
[dats. Obligés d’obéir à des intentions , à des manières
de v o ir, à des ‘idées différentes, ils ne
l'ont pas heureux. L ’armée la plus parfaite feroit
peut-être celle où il n y auroit qu’un ch ef, 6c
des fubaltemeS qui pourroient obéir- à un feul
tordre , à un feul chef,* à un feul coup - d’oei'.
Ainfi la difeipline & l’économie èxigent également
la diminution du nombre des officiers. Quant
à Tincorporation, fi ç’eft une chofe décidément
bonne, îe patriotifme l’adoptera ; & les officiers,
[quand ils y verront l’intérêt général, feront taire
[j’intérêt particulier. Dans le plan que propofe le
jminiftre, on ménage un intérêt bien cher , on
me fépare pas des individus qui compofoient la
[même famille. Si l’on blefle quelqu’intércr ou
! d’amour - propre, ou d’argent, ne font-ils pas ,
pour des François, au nombre de ceux qu’on
abandonne fans regret, quand la patrie eft en
[danger ? On fait qu’on va avec plus de courage
[contre l’ennemi, quand on marche avec fon frère,
avec fon ami. V o ila le but de notre fyftême. Il
éfl calqué for les idées d’un grand nombre de
pniniftres recommandables , fur ce qu’avoit fait le
pnfeil de guerre, fur ce qu’auroient accompli les
miniftres, fans ces ménagemens de cour qui obli-
jeoiènt à maintenir un grand nombre de régimens
pour avoir plus de grâces à donner. E n fin , c’eft
p qu’avoît en vue le maréchal de Muy , qu’on
Pote, & dont j’honore la mémoire. Il avoit con-
prve des régimens de quatre bataillons; ces bataillons
facrés 6c grands par le fouvenir de leurs
|ftions, dévoient, prêfentés à l’ennemi, renverfer
put ce qui leur feroit front. M. de Muy ne les
r Pas confervés , pour les donner à des jeunes
l ens fans expérience. Le doublement réunit les.
jjjorPs fons déchirement.; ïl rafle mbl'e ceux q iii
lèvent marcher enfemble à la guerre. Ce que
|aiu(,.u , ce que j’ai dû érablir & ce que j’ai
_c’cft que le plan du miniftre, appuyé par
r eoflfité , eft bon. On dit que le roi de Pruife
n’a rien changé dans l’organifariori de ion armée,
parce qu’il fentoit qu’il étoit dangereux de rompre
d’anciennes habitudes. Mais pourquoi créez-vous
un nouveau fyftême ? C ’eft parce qu’en fuppri-
mant trente mille foldats & dix officiers par régiment
, vous avez rompu toutes les proportions
établies ; vous devez donc oublier ces ufages que
le temps fembloit avoir confacrés.
I l refte à reconnoître un principe inconteftable :
non , vous ne penfez pas confier à de jeunes o ffi-
ciers fans expérience , le fuccès des batailles.
Donnerez-vous le commandement de corps nombreux
a des militaires inexpérimentés comme moi.
& qui n’ont que du zè le, plutôt qu’à des officiers’-
généraux confommés comme M. d’Am biy i Le régiment
du roi , la gendarmerie , les carabiniers
ont dû la gloire qu’ils ont acquife , à leur
nombre, à leur fo rce, à leur capacité attaquable,
& aux talens des anciens militaires qui les-com-
mandoiem. Le comité a donc dû .penfer qu’il
fàlioit faire une organilàtion militaire . nouvelle.
Le miniftre a fenti qu'il devoit diminuer les corps ,
& ftterifier lavantage d’attacher un grand nombre
de perfonnes a fon fort j il a fenti que i’intérét
publie devoit ic i l’éniporter fur les intérêts particuliers
, & fur les circonftances dont on tire les
feuls arguinens contre une organifation conftitu-
tio u h ellc, & fur iefquels, je ne me permettrai aucune
réflexion. Je rêfume ; & je dis qu’il eft avantageux
, etf cas de guerre , comme en cas de p a ix,
de mettre a ia tête, des corps, des hommes qui
foient d’un âge entre quarante & foixante an s;
qu’on donne ces corps à des c a p ita in e sfi l’on
veu t, mais non a des colonels de vingt-trois anst
on en a nommé dernièrement au-deifous de cet
âge. L a queftion nette à pofer, fauf à revenir fur
les details, eft ceile-ci : Y aura-t-il une incorporation
> O ui ou non. ( Une partie de i’aflèmblée
applaudit. )
M. d’Elhecq. Plufieurs officiers-généraux qui ont
blanchi fous ies-armes, & qui jouiftent a jufte
titre, de l’çftime de Vannée, vous ont indiqué
quelques imperfeélions dans le pian d’organifatton
de l'armée arrêté par le roi, & qui vous eft pré-
fenté par votre comité militaire. Je fuis de leur
avis fur l’article IV du projet de décret, & je
penfe qu’il feroit impolitique & contraire à tous
les bons principes militaires, de ne point biffer
le's^ régimens à deux bataillons ; mais je crois en
même temps qu’on pourroit ajouter à chacun de '
ces regimens, un bataillon de garnifon, compofe
comme le propofe votre comité. Je ne vous répéterai
pas, Meilleurs , toutes les raifons qui militent
pour mon opinion ; les honorab’es membres
qui ont pris la parole avant- hier ,. vous les ont
affez détaillées. Je demande donc que ies régi-
meiis reflet.t à deux bataillons , & qu’on ajoute
à chacun d’eux un bataillon de garnifon.