
Non. Vous ne devez donc pas l’entreprendre, &
vous êtes dans la cruelle alternative de compromettre
l’autorité nationale par des ordres inexécutables
, ou de manquer à vos engagemens. —
,Vous êtes entrés en poffeffion d’un domaine im-
menfe ; vous avez l’intention d’en tranfmettre la
valeur* à vos créanciers. On vous propofe de leur
diftribuer en paiement des lettres-de-change payables
à vue , en terres. Ceux qùi vous les pro-
pofent, prétendent qu’èn prenant ce parti vous
êtes loyalement acquittés, oc que par cette me-
fure vous épargnez à la nation la honte qui la
menace , à vos. créanciers le dèfefpoir, & au
peuple 120 millions d’impôt. A cette grande &
ialutaire idée, on oppofe une foule d’objeélions;
je vais les reprendre toutes & les analyfer avec
ordre. — Je m’expliquerai d’abord fur un point de
fait, dont on fe fervira pour combattre mes- calculs :
on dira que le revenu des biens ci-devant ecelé-
fiaftiques , doit balancer une partie de la dette
exigible, & ce revenu doit être déduit des cent-
vingt millions que j’ai délignés comme une charge
à faire fupporter par le. peuple. Ce n’eft point
par inadvertance que je ne fais pas cette fouf-
traâion : quelque parfait que foit le fyftême des
impôts de 1791 ». il aura le fort des meilleures
inftitutionS, quand elles font nouvelles. Il eft donc
d’une prévoyante. fageffe\ d’accumuler pour cette
première année de grandes refïournes , & je crois
néceffaire d’y deftiner le revenu des biens nationaux
qui feront encore dans vos mains $ & toutes
nos relations antérieures font affez fentir que nous
devons nous montrer l’année prochaine, d’une
manière digne de nous, à nos amis & à nos
enilemis. . .
Je paffe à la qucftion. L’argent, vous a-t-on
d it , difparoîtra entièrement vis-à-vis des - ajfîgnats,
lorfqu’ils; feront multipliés comme on vous propofe
de le faire ; & déjà il s’eft caché devant
ceux qui exiflent, au\point de rendre très-em-
barraffant le fervice du "tréfor public, & celui de
tous les atteliers qui exigent des paiemens de fa-
laire.
Cette objection , la première de toutes , préfente
un fait équivoque & une prophétie alarmante.
Après avoir examiné le fait, je parierai
au mérite de la prédiélion. Pour juftifier les ajjî-
gnats du reproche qu’ils effiiient, je prouverai
qu’il étoit impoffible de s’en pafler. Il fuffira de
vous rappeller qu’avant leur émifïîon, le numéraire
étoit de la plusexcefîive rareté; les revenus
de l’état n’étcient pas pa; és ; les anticipations,
ce fruit empoifonné de l’induftrie miniiîérielle &
financière , ne pouvoient être renouvellces ; le
trefor public ne fubfiftoit que par une monnoie
fictive , qui ne circuloit que dans la capitale ,
dont la fomme s’élevoit au-deffus de fon capital
réel. Vous avez décrété des ajfîgnats , & ils vous
ont tiré de la crife la plus épouvantable. On les
acçufe d’avoir prolongé la rareté des efpèces $
c’eft ce que nous allons examiner.
L’argent eft le premier befoin des nations formées
en fociété, puifqu’il eft l’intermédiaire con-
venuAde tous les échanges ; dès-lors , . comme
toute* les denrées de première nécefïité , Il devient
un objet de follicitude , toutes les fois que
des circonflances alarmantes font naître des craintes,
ou réelles ou imaginaires. Ces craintes & le ref-
ferremeiit qui en eft la fuite , ont été remarquables
dans tous les temps de révolution. Une
conftitution 'nouvelle , des haines de parti, l’ef-
poir ou l’intrigue des mécontens, l’inquiétude des
fimples fpe&ateurs , l’incertitude des évènemens,
tout concourt à infpirer des précautions dont
l’effet eft de receler ce qui, d’un moment à l’autre,
peut devenir néceffaire. L’alarme doit être bien''
plus grande & bien plus générale, lorfque la fortune
d’une grande partie des citoyens , fe trouvant
liée à la fortune de l’état, les .affaires publiques
ne préfentent que défordre & pénurie.
Ainfi ^ ’argent devient nécefiairement rare dans
un pays où la conftitution eft vivement combattue,
& où l’on voit en même temps le tréfor' public
épuifé, le peuple aux abois, oc les créanciers de
l’étât juftement effrayés. Telle eft malheureufe-
ment notre pofition. Peët-on s’étonner de l’effet,
lorfque la caufe eft fi évidente ? Cette caufe eft
très-indépendante de l’exiftence des ajfîgnats. Ainfi,
pour rétablir l’abondance, il s’agit d’affermir la
conftitution , d’ôter toute efpérance à fes ennemis,
deTes enchaîner au nouvel ordre de chofes par
leur propre intérêt, & en même temps de diminuer
le malheur du peuple, les embarras du tréfor
public, & l’inquiétude des créanciers'. Alors
l’argent reparoîtra , parce qu’il exifte. Il étoit rié-
cefiaire de remplacer, dune manière quelconque,
le numéraire qui chaque jour fe déroboit à nos
befoins. Les plus petites pièces étoient de 200 liv. ;
la monnoie, rare depuis long-temps , eft devenue
un objet de fpéculation.- On a fait tout ce que
les ennemis de la révolution euffent confeillé pour
décréditer les ajfîgnats.
Ils n’ont pas été plutôt créés , que dans toutes
les caiffes , on a défendu de les recevoir, dès
qu’on aurôit un prétexte de les refufer; de forte
que le peuple a pu croire que le gouvernement
mettoit une grande différence entre cette monnoie
& les écus , qu’il ne s’en fervoit même que
pour lui enlever fon argent. Vous avez été pôur-
fuivis ici par un projet de décret qui transfor-
moit ces abus en loi. Votre fageffe s’y eft conftam-
ment refufée, & certes fi vous l’èuffiez adopté,
le mal étoit fans- remède. Que l’on faffe donc le 1
contraire de ce qui a été fait jufqu’ici ; que les
ajfigmts jouiflent paf-tcut de b plus grande faveur.;
qu’une divifion nouvelle les rende plus-propres
aux différens échanges & à tous les appoints ;
qu’une forte émifîion de petite monnoie'aille, au
fecours du peuple, & alors l’inquiétude fe calsj
frieraalo/s bri verra diminuer fenfibleittent un
mal qui n’a pour origine que le défaut de prévoyance,
ou les plus fauffes combinaifons.
Les premiers ajfgnats étoient donc indifpen-
fables. Les nouveaux le font-ils ? Produiront-ils
le mal qu’on préfage , le bien qu’on vous promet''?
Le premier befoin du peuple eft la diminution
des impôts : il eft impoffible de les diminuer
fans décharger le tréfor public d’une grande
partie des intérêts dé la dette & des rembourfe-
mens promis.
- Il eft impoffible de modérer les intérêts fans
rembourfer. Pour être en état de le faire, il faut
lin moyen .qui fupplée à l’argent qui vous manque.
Ce moyen, fe trouve dans la valeur des immeubles
dont la nation peut difpofer. Cette valeur
n’eft pas de nature à être diftribuée réellement
, mais elle peut être repréfentée par un
ligne de convention q u i, d’un moment à l’autre,
deviendra la même chofe. Les immeubles appartiendront
d’avance aux. p.offeffeurs de ces valeurs ;
il ne s’agira- pour eux que de procéder à un partage
par la voie de l’adjudication, & rien n’eft
plus eftèntiellement fimple. Mais de femblables
valeurs, dérivant d’une propriété publique, ne
peuvent pas %txe. bonnes pour quelques citoyens,
fans- l’être également pour tous. C ’eft de la loi
qu’elles, tiennent leur caraâère. La loi appartient
a tous , & ne peut favorifer exclufivement personne,;
il faut donc que ces valeurs foient tranf
mifes fans négociation & fans rifque; elles doivent
donc être une monnoie, & c’eft fous ce
rapport qu’il faut les conftdérer pour en juger
l’effet.
, Examinons d’abord s’il eût été poffible d’arriver
au même but en fuivant la route ordinaire, c’eft-
■ à-dire, en vendant pour payer, au lieu de payer
pour vendre. On vous a dit' qu’avec deux milliards
de numéraire, qu’avec quatre cents millions $ a jfgnats
exiftant, & qu’avec ceux qu’il faudra créer
encore, on aura affez de numéraire , foit réel,
foit fiétif, pour acheter des biens nationaux. Mais
a-t-on penfé qu’il faut prélever fur cette fomme
celle dont les befoins journaliers de vingt-ûx millions
d’hommes exigent l’emploi, & dont on ne peut,
fous peine de la vie , changer la deftination?
A-t-on fongé aux capitaux que la culture, le commerce
& les manufà&ures emploient? A - t -o n
confidéré que la feule circulation des peuples au
tréfor public par les impôts, & du tréfor public
aux citoyens par mille verfemens divers, met
en mouvement 600 millions , qui ne peuvent ceffer
un.inftant d’y être? peut-on affurer qu’il exifte
un fuperflu,, dont il foit poffible de détourner-le
cours, pour le porter vers des âcquifitions ? Depuis
plus de vingt ans 10 mille terres font à vendre,
perfonne ne les achète. Pourquoi ? Parce que nous
manquons de la denrée avec laquelle on fe procure
des biens-fonds ; il faut une furabondance, fans
aquelle les ventes fe feront mal, fe feront lente r
rient,pour vendre ne fe feront eft donc peut-le êfteruel jiapmoyaiesn. Rdeem dbéocuidrfeerr; felfatt de hâter tdeoronict les dd’u’yn ventes.e funpépceléffeirt La nouvelle é, abefno luaed.émiffion m Veattiannetm leenst d'a jfg oenff n a eftes ts ppuobfflèicdse ndta nfso nlte sa cpcaoieumtuemnéss: àle su nceap ijt.aoluiifftfeasn cqeu ip aleis- fài bulne ; rielsv enneu r etnroonpc ecroonnfti dquér’àa blal ed ,e rntrioèpre ceoxmtrémmoidtéé lfeusr - etnoguatg. erL aà .sfe’eunle dcérfaainirtee, d&e bcaentqteu ercqrcafifnet ep equuti anvoeucs eaufxfi.è gLee sp toitrrtees àd else s cheanrfgoeusi r noe up, ràé fdeinfpteanrto îptares léécsh amngêem nes’e xmigoetirfosi t; pmasa !i sq uqeu de’ ednetr avfoersm, aqluiteé-sd leemur
dboamrraasin ! es& ? pendant ce temps que deviendront ’nos
lesL persé va ijfegnnnaetus tp ;a rilesn tf oàn tto duosn cce isn dinifcpoennvfaébnlieesn. sU, noue foenu lfee ocbrjoeictt ion m’a paru à être repréfienncteér tpaainr ldees la avoir valeur quelque du gage folidité:deftiné dant les états complets qaiij’faîgunraotise n; t mdaûi s neonu sa tpterné-
nfeonutse ra lveo ncos mdietés eacpcpléefriçauftsi qauuef f&i v crealiufei md’ballaiébnleast ioqune ;' lfeàsti sbfauirfeaanus.x Je’accil'véfuia,f tdiqeupeusi,s ruenn dtur avpaairl d’évaluation &qu ej’laqiu eesn trjeo ulerss ,m daainnss le Cambréfi1s2, 86n omn uenn icFilpaanlditréess,, fait d’après , pnriif edsa n, le s nloesn compte andtarness - epcroclvéifnicaeftsi qcuoens,n mueasi pdoaunrs êlet red épfia rtreicmheens dene Pbaireins s l&a vdeil leS eeixncee &pt éOe i,f e•&.s Idla nrés fcuelutex ddee Sceei nceo t &m pMtea runnee tqruèes -gler arnedvèe npur otbearrbiitloitréia, lp odeusr ndeo rmieanin deisr en adteio pnlauusx dmainllsi otnosu. t Ill efa urot yaajouumteer, às ’céelèttvee foamu-mdee llàe pdreix 1d3e2s apuotfrfeesff igornasn dqeuse vriellnefse r,mlae nvta lleau rv idllees bdâet iPmaerinss & hlae.s- bluiatatitoionn n, ’eleft rpeavse ncuo matptraicfhe éd aanusx lc’éutaret sd,o dnot jnet pl’aérvlea d’&
Jeen fcirno isle sd oAnncc iennes domaines capital dont nous avroienns elax adgiéfrpeorf déjà i,t ioenn couronne. p oarut a-n dt elleà dpeo rtqiouna trdeu m qiullaiartr dasu; lceisn qbuoiiès mye font dans ,la pro:\
ainfi nous poumvoilnlisa,
r des.n E lta v roéufse Lrvaavenzt, qcuoem ppoteurr aauc qmuoiitntesr fluar dtreotties’ feaxuigt ipbales,, 8àc bpeoauucr ouapb foprrbèes r, leasu taanjftî.g nUa tns ,e ilr anif’oenn cqaulic uml. eS if enmoubsle ntoruèss -ftorormtep, iovnies ndt eà ble’aapupcuoiu pd ed ances nnoqus sé vpaalsu aatciocnabs,l édse pcoamr bleiesn ndoem pbrereuuvxes inneté freerfifoéfnrs à-
lbai ecno nqfeurev antioosn cdaelcs ublise nfso nect clcéhfiiamftéirqiuqeuse ?s , I«lsm daiisf einlst- ntief sl,e s& ré cfeoprmenednatn pta isls p afor ndt’ aàu ltar efso ucraclceu. l(s Upnlues p paortfiie- de iafleinblée applaudit.) S'ils avoient des faits à