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fe furpaiTer , s’il: était poffible , Pim Fautre j ên
talent, femblent annoncer, dans ce moment, des.
prétentions oppofées ; le zèle dont ils font également
animes , en eft la fource commune. L ’un
veut conferver , afin de ne perdre aucün de Tes
moyens de fervir avec diftinétion ; l’autre ne veut
acquérir que pour fe procurer des reffources pou» !
fervir encore davantage 8c avec plus d'utilité.
L ’embarras de les accorder, a fait croire que la
réunion de deux, corps également diftingués,
dont l’éducation première doit être à peu près pareille
, & dont les fervices même fe trouvent en
rapport à la guerre , pourroit parer à toutes, cës
difficultés. Sans être retenus par le peu. de fuccès
qu’àvoit eue cette opération déjà tentée en 1755 ,
& à laquelle on avoit été forcé de renoncer en
1758 ; fans être arrêtés.par la diverfitè d’opinions
à ce fujet, plufieurs officiers, également diftingués
dans chacun de ces, deux corps , ont pente qu’en
adoptant un autre mode de réunion ,. en ne la
faifant qu’éventuellement ,. & en laiffant toujours
marcher l'artillerie & le génie fur. deux lignes différentes
, qui fépareroient leurs fondions refpec-
tives-, il en réfulteroit un avantage réel, pour le
fcrvice , fans aucun des inconvénients qui auroient
é té, en 1755 la fuite d’une réunion trop fubite.
C ’eft dans, cet efprit de conciliation que ce projet
vous a déjà été préfênté , comme un apperçu
poffible , par votre comité militaire.v Pour y.ous
mettre en état de prononcer aujourd’hui , quatre
queftions- doivent être foumifes à. votre d if-
cufllon.
La réunion des deux corps, du génie & de ^artillerie
peut-elle être utile ‘
E ft-il néceflaire pour le génie d’avoir une troupe
direftement attachée à fa-fuite l
Les mineurs.tiennent-ils effentiellement k.Y artillerie?:
Leur réunion au corps du génie feroit-elle.nuifible
à-leur fervice ou i leur inftruètion ?.
La réunion des deux corps produiraitdeux ré-
fùltats bien précieux pour l’état. L ’économie de
finances & le bien du fervice. \J économie de.finances,
parce qu’il ne faudrait plus à l’avenir ,.pour l’exécution
du fervice de Y a r t ille r ie& celui des fo rtifications
dans les places, que moitié du nombre
des; officiers qui y font, employés dans, l’état de
réparation. Le bien du fervice., parce que le but des
principaux travaux de ces. deux, corps, étant presque
toujours commun à la guerre , ils ont bel’oin
de. les concerter enfémble , & que ,, quelque parfait
que. puiffe être c.e concert, il'n e peut: jamais j
équivaloir à l’unité d’intention d’un feul. chef : cette
réunion empêcherait entre les deux corps toute
efpèee de riyalité nuifible au fcrvice qui ne fe.
manifefte que trop fouvent. entre eux.,’ lorfque dès.
fonctions rapprochées à la-guerre obligent les uns
à. diriger des travaux , & les , autres a préparer les I
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moyens de lès défendre ou. de les protéger. N’exîf^
tât-elle d’abord que de nom & d’uniforme, le
ferait en partie remplie
D u moment que l’opinion publique ne pourroit
plus féparer les officiers du génie de ceux de ]\!r,
tillcric , le fuccès des-travaux confiés aux uns
intéreflèroit aufii les autres , & des deux côtés
chacun concourrait. avec le même empreflèment
au fuccès des opérations dont la gloire ou la honte
feroient dans Le cas de rejaillir fur le corps entier,
Tous les hommes ne font pas. tous également propres.
aux mêmes occupations ;Tes uns , plus aélifr
de cara&ère, fe plaifent dans le mouvement ; les
autres , plus réfléchis par inclination , préfèrent
les études du cabinet,. Le corps dè Yartillerie pré.
fente dans fon enfemble ces deux genres d’occu.
pations, & donne ainfi des facilités,* en diftinguant
le génie & le cara&ère des individus qui le compo-
fent ,. d’employer chacun d’eux à la partie qui
peut leur convenir davantage., le génie au con»
traire , dans fa conftitution actuelle , fe trouve
borné, pour ainfi dire , aux études & aux travaux
modefies & paifibles du cabinet ; tous les
fujets qui fe deftinent à ce fervice n’ont point
à choifir le genre d’oeciiparion qui leur feroit propre.
Leur, activité-, s’ils en o n t, fe trouve perdue
pour eux , & ne fert fouvent qu’à les détourner
de l’étude réfléchie à laquelle ils- font forcés de fe
livrer, par état.; S i les deux corps étoient réunis,
tous ceuxqui fe deftinent. aujourd’hui, à fervir dans-
l’un ou ’dans Fautre y ayant, acquis par. leur éducation
première les. connoiffances préliminaires né-
ceffaires, aux différentes parties de ces deux (er-
vic.es , pourvoient être employés- dans celles qui
conviendraient le mieux, à- leur caractère le fervice
y gagneroitpuifque fôn véritable intérêt,,
fur-tout dans les corps qui demandent la réunion
des connoiffances & des talens., exige que chacun
foit employé fuivant la 'nature de fon génie,&
conformément à fes moyens..
En adoptant le mode, de réunion fans.confunoft
des fervices des deux corps ,.( le feul pnuica’le
dans- le moment d’un b'ouleverfement général,,
pendant, lequel il feroit peut-être imprudent d’accroître
le chaos, en rapprochant de force deséle-
mens dont l’affinité n’eft pas encore fuffifamment.
démontrée ) , on n’exigeroit d’aucun de ces deux
corps de nouvelles études , puifque chacun relie-
roit toujours chargé dès mêmes détails clans li.
ligne fur laquelle il feroit placé. Cette réunion,,
en ne préfui tant, pas les mêmes inconvéniens &
les: mêmes caiifes de défordre ,. que là réunion:
trop fubite effayée en 175-5 5! donnerait poux le
préfent la. facilité de pouvoir, placer, foit fur ufl&
ligne ,.fo it fur l’autre ,. fuivant leur aptitude, p
nombreux fujets ,.en fortant des* écoles & pof
F-aver.ir la poffibilité des réductions que cette réunion
pourroit occafionner en fimplifiant ou en reu*
niffant plufieurs fondions aujourd’hui fépared)!
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{ont les détails font les-mêmes. Un confcïï com-
ôofé d’officiers des deux corps , & chargé de leur
adminiflratiori , fous les ordres du miniftre,. pourroit
en préparer les détails, l’exécuter fuccefiive-
ment fans fecouffes. de fans commotion., fuivant
le plan dont on pourroit convenir dans un comité
cotnpofé d’officiers inftruits & expérimentés, comité
que vous pourriez demander au ro i cPaflem-
bler à cet effet. T e ls font les avan tages que produisit
cette réunion ; tels pourraient etre les moyens
'â employer pour y parvenir. . ^ f H
. Les deux queftions de favoir s’il eff néceffaire
Ipour le génie d’avoir une troupe à fes ordres,
& fi les mineurs peuvent, fans inconvénient ,.êtr©
déimembrés de Yartillen, pour être attachés à la
Lite du génie, fubfiffent encore en leur entier.
Le corps du génie , par la nature de fon fervice
, eft deftiné à fortifier nos places, à les mettre
à l’abri des.efforts de nos ennemis ; il doit veiller
à leur entretien & à leur confervation pendant la
paix. 11 eft chargé de toutes les conftru étions de i
bâtünens m ilitaires ; enfin c’eft: à. lu i, pendant la
guerre, à diriger les travaux, d’attaque ou de dé-
fcnfe dans les fièges que l’on aurait à entreprendre
>011 à foutenir. Uniquement cotnpofé d’officiers faits
pour commander, iL manque de bras pour exécuter.
Pour fes conftru&ions , pour fes plus petites
réparations pendant la paix , il eft obligé de
recourir à des entrepreneurs-, dont le bénéfice né- 1
cdTaire augmente toujours les dépenfes ; & lo rsque
ces officiers, par l’importance des travaux qui
leur font confiés , ne peuvent pas en furveiller
eux-raênaesla totalité, ils font forcés d’employer
des piqueurs,, des conduâeups d’attelier , foldés
:& fournis par les entrepreneurs même,. par con-'
fëqr.cnt peu propres à- affurer l’économie^ ou la
folidité des ouvrages , contre la négligence ou la J
cupidité des hommes qui-les- ont défignés & qui
les paient-. S’ils font chargés, à l’année ,. de con- j
(luire les fapes , ou de diriger les travaux des 1
tranchées, iis fe voient contraints d’emprunter les ■
(apeurs à l'artillerie, 8c de demander à l’infanterie ,
lés travailleurs nécefiaires à cet effet :. dirigeant
ïinfi des hommes qui ne font pas- habitués à leur
commandement, & qui n’y font fournis quemomentanément
, ils. ne peuvent avoir fur eux là.
àisme prépondérance.
Les hommes les plus fûrs & lès plus, intelligens
jpour conduire ces travaux , ne leur font pas toujours
envoyés par l?infànt’e rie ,q u i, s’èn voyant privée
avec peine ,,ne met pas une grande exaéf.tude
lans le choix de ceux qu’elle a< à fournir...Enfin ,. !
'quelque bons qu’ils puiffent être ,-ils ne font que
puagérement'avec eux r ils arrivent neufs à ces.
prêtions ,, 8c les abandonnent- fouvent à.. d’autres
faut encore former-, dans le moment où ils
pourroient, inftruits par l’expérience , s’en acquitter,
pvec le plus d’utilité. L ’économie des travaux pen-
pnt la paix, demanderoit donc que les ingénieurs
piiffent.. à. leur, fuite une. troupe capable de leur I
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fournir dès bras pour exécuter & fiirveiller leurs
travaux. Le bien du fervice,. à la guerre, exige-
roit qu’ils enflent une troupe dire&ement à- leurs-
ordres , & avec laquelle ils puiffent r riorï-fèule-
ment diriger d’une manière plus certaine les fapes ,,
les tranchées , & autres travaux de ce genre confiés-
à. leur exécution , mais encore fortifier les camps,,
les poftes & les pofitions- acceflbires , fouifler dès-
localités compliquées , pour en découvrir les accès
, ouvrir des communications , intercepter des-
. paffages , former des abattis , rompre des chemins
, procurer des inondations & les gouverner'
à volonté ; ouvragés utiles & intéreflans; , pour'
l’exécution defquels iis n’ont jamais que des refo
fources- d’emprunt , toujours fatigantes pour ceux
qui les fourniflent, 8c pour lesquelles ils font fou-
vent réduits à l’inutile .faculté de les concevoir r
fans pouvoir les entreprendre, faute-de moyenSi.
.IVLde Vauban , ce général célèbre 8c dont l’opinion
doit être fi prépondérante fîir tout ce qui:
peut intérefler le fervice du génie, avoit fi bien
fend tous les inconvéniens refultans de ce cléfàut-
de moyens inhérens à ce corps , qu’il écri-voit à-
M. de Louvois ,'le 2 novembre r68-8 ,-après le fiège-
de Philisbourg «. J’âi? encore plus- de peine ài
trouver des* fapeurs dans les fu filie rsd on t je:
puiffe m’accommoder-. li_feroit à. propos-, ajoute--
"t-il, de former une compagnie de fapeurs de deux:
cens hommes,. dans lefquels j’introduirois- tous*
ceux qui me font nécefiaires pour fervir à la tran--
chée , foit pour la fape , foit pour pofer à découvert
& faire les paflàges des fofles , régler les gabions.,
fafchies 8c autres minuties' qui font abfo—
liiment nécefiaires à la conduite des fiè g e sq u e je;
ne faurois réduire à la perfèâion, faute d’un corps-
dépendant de moi,; dont je puiffe difpofer-, &c0.
Pour conclufion , fi vous voyez de grandes ap-*
parencesde paix, ne formez pas eetté compagnie,,
parce que ce ne feroit. qu’un furcroit de peine;
pour moi , dont , je me pafferai-bien;. mais fi . vous*
croyez que la guerre puiffe continuerne perde»:
pas un moment, de temps à prendre les réfolu-
tions nécefiaires à;la mettre fur p i*d , du moins:
fi vous vqulèz que je puiffe continuer- à fervir.'
dans les fièges de la nature- de celui- de Piiilif—
bourg,qui m’a donné tant dè peines , que je renonceras
plutôt à. toutes lesfonunes du monde
que. de me commettre dans, un fèmblable1. fans'-
fecours , n’êtant pas> poffible d’y pouvoir tenir autrement
;. 8c dès-à-préfent je m’exeufé par' avance:
de tous-ceux- qui pourroient lui- reffembler-'. fii
■ vous ne mettez pas cette compagnie fiir pied
| Une autorité fi refpea«-.blè doit fàns ■ doute être;
d’un grand- poids 'pour appuyer la demande: que-
fait, le. corps du-génie d’une troupe direftement- ài-
fes ordres. - Pour l-avoir bonne. àla-goerreypeut-iÛ
dire encore , iî faut pouvoir la former pendant lat
paix;; en créer une nouvelle à> cet effet,, feroic;
une augmentation de d-’penfe inutile lorfqu’ilt
exifte un. corps de. mineurs qui, par la-natuiml*;