
par m ilices, mais il retarde d’une campagne l’emploi
de ce moyen, & l’on fait que du fuccès de la
première campagne dépend fouvent le fuccès de
la guerre. Je demande donc que M. Emeric foit
entendu.
M. Cabales. Quelque defir que j’euffe de relever
difFérens paflages du préambule du rapport qui vous
a été fait le 13 de ce mois, je me conforme aux
ordres de Paffemblée & je pafie à l’objet plus particulier
de la difcufiion. L ’aiTemblée a décrété que
le plan du miniftre feroit préalablement difcuté. J’ai
examiné ce p lan , & il ne ma préfenté aucunes
vues fur la dépenfe, & quoique foldat depuis vingt
an s, je n’ai trouvé aucun détail fur l’organifation
& fur les proportions de l’armée. Cependant on vous
propofe d’en décréter les bafes avant que nous
ayons été éclairés fur les motifs qui ont déterminé
les difpofitions de ce p lan , avant que. le plan de
M. Enteric ne nous foit connu. Cette marche n’eft
nullement convenable à la fageffe de l’affemblée
nationale. Il eft néceffaire de combiner les différentes
parties du plan. Je demande donc que le miniftre
donne les motifs du nouveau .modèle d'armée qu’il
propofe & l'état de Y armée a&uelle , afin qu’on
puiffe en faire la comparaifon. Je demande que
les neuf rapports annoncés par le comité militaire
foient également imprimés , fur-tout le neuvième,
qui eft le plus important ; car, félon M. Noailles ,
il comprend la fuppreflion des emplois inutiles, la
difpofition des forces militaires dans l’intérieur du
royaume, le fyftême de défenfe, les moyens d’exécution
pour le plan propofé & les avantages qui
peuvent en réfulter pour l’état & pour les individus.
On reprendroit lundi la difcuflion en cojmoiffance
de càufe, 8c après avoir faifi l ’enfemble de ce
plan.
M. Duqucfnoy. Sur le nombre d’hommes, le comité
eft d’accord avec le miniftre de la guerre, & c’eft
fans doute un préjugé favorable pour cette opinion
; mais je voudrois que la difcufiion s’établît
de manière à porter fur le plan du m iniftre, fur
celui du comité & fur celui de M. Emeric : il me
paroîtroit aufii convenable d’ordonner au comité de
développer les motifs de fon opinion.
M. Emmery. Je fens qu’il' ne m’appartient pas
d’avoir une opinion perfonn elle" fur Y armée; c’eft
après avoir profité des difcuftions que j’ai entendues
au comité m ilitaire, & des différentes idées qui y
ont été développées, que je fuis parvenu à m’en
faire une fur la force année, néceflàire pour les
befoins de la p a ix, pour ceux de la guerre, &
proportionnée à nos finances. Avant que l’afiemblée
nationale eût pris la glorieufe réfolution de ne point
entreprendre de guerre pour faire des conquêtes,
avant qu’on fe fût afluré que l’intrigue des cours
ne détermineroit plus les déclarations de guerre,
Y armée étoit de 184,000 hommes de troupes de
lig n e , & de 60,000 hommes de milice. 2.40,000
hommes étoient donc l’état de notre année en pa’lx s.
en guerre. On faifoit de nouvelles levées quand de
befoins preffans l’exigeoient a in fi, au- delà de
240,000 hommes : on n’avoit aucune reffource affu.
rée ; vous avez maintenant les gardes nationales habi*
tuées à marcher enfemble, remplies de zèle pou!
la défenfe de la liberté & de leurs foyers. En ne
les confidérant que comme des citoyens-foldats i
vous pouvez vous attendre qu’elles défendront les
frontières, qu’elles fendront comme les milices à
tenir les garnifons, tandis que les troupes de ligne
agiront contre l’ennemi au-dehors ; & fi ces troupes
étoient repouffées, la valeur des gardes nationales |
les appuieroit vigoureufemeat dans leur retraite
& -l’on devroit tout attendre de leur courage lor{-|
qu’elles combattroient fous les yeux de leurs femmes
de leurs enfans 8c de leurs concitoyens. (Une*
grande partie de l’aftemblée applaudit, les applau-
difiemens des tribunes 8c des galeries , remplies des
députés des gardes nationales du royaume | font unanimes.)
C ’eft . d’après cette confédération, très-influente
fur tout fyftême militaire, que j’avoispuifé,ou
plutôt recueilli delà penfée de plufteursbons militai-
re s, qu’une force aéfive de 150,000 hommes occa-
fronneroiMine dépenfe confidérable, qu’augmente-
roient encore les befoins de la guerre ; j’avois penfé
que nous avions d’autant moins befoin de troupes pendant
la paix , que le fervice des garnifons ne fera
pas déformais auflj confidérable : il y aura-un moins
grand nombre d’hommes de garde, on ne mettra
pas des fentinelles à chaque coin de rue ; il faudrait,
permettez-moi cette expreflion , un officier muni-j
cipal à côté de chaque fentinelle pour le requérir,;
A in fi le foldat moins nombreux d’un tiers, ne
feroit pas un fervice aufii fatiguant ; ajoutez encore i
• que, pour toutes les opérations de l’ordre civil,1
les gardes nationales feront employées. J’avois penfé
que cent vingt mille hommes fous les armes fuffi*
roient pour l’infiriiéfion des troupes auxiliaires. Je
ne comprends , dans mon plan, ni la cavalerie,
ni l’artillerie, ’parce que l’inftruéfion de ces corps eft
plus longue, & que c’eft à l’inftruéfion que je tends.
Je ne comprends pas les officiers dans les 120 mille j
hommes qui compoferont l'armée aéfive, parce que
ce n’eft pas au moment de la guerre qu’il faut
chercher des officiers inftruits, 8c que les officiers
font la véritable force de Y année aéfive. Ainfi Vomit •
aéfive , y compris les officiers, feroit de 130 mille
hommes. On ne recevroit, dans Y armée auxiliaire,
aucun individu qui n’eût fervi pendant fix ans dans
Y armée aéfive ; ils ferviroient chaque année pendant
un mois , pour faire la répétition de ce qu’ils au-
roient appris. Je vois.,.dans ce projet, l’avantage
de ne pas avoir à redouter une mafle de 150 mille
hommes pendant la p a ix, entre les mains des mi*
niftres. Si'vo u s aimez la conftitution & la liberté J
vous reconnoîtrez que cette confidération eft pmi
fante, fur-tout quand on vient de faire une reyo-
liitio n telle que la nôtre. La fécondé obfervation
porte fur l ’économie. Je propofe de donner une
m’a dit que pendant la paix il falloit être prêt à
la guerre ; j’ai répondu que c’étoit précifément
alors que mon plan étoit convenable. Vous aurez,
aifément 120 mille foldats aéfifs ; les trois quarts
de ceux qui feront réformés prendront parti parc- î
les auxiliaires ; il en fera de même des foldats répandus
dans les campagnes, & qui fouffrent du fiir -
Jiauffement des denrées & de la perte de leur travail.
En cas de guerre, vous trouverez donc des foldats
qui marcheront avec les autres , qui , auffi-tôt
qu’ils ne feront plus néceflaires, rentreront dans
l’ordre d’un fyftême arrêté. S i vous donnez quel-
qu’attention à mes idées, je demanderai à réfuter
les objeéfions qui pourroient m’être faites. (U n e
grande partie de l’afTemblée applaudit.)
M. Mirabeau le jeune. I l vient d’être préfenté tin
nouveau plan , dont il eft impoffible de faifir
aufii rapidement l’enfemble. L ’opinant paroît
Pavoir très-bien développé; mais il convient lu i-
même' qu’il n’étoit point préparé. I l feroit donc
préfomptueux de le combattre en improvifânt. Il
y a dans ce plan beaucoup de chofes qui m«
paroiflent devoir être adoptées. L ’autre projet
n’a pas été développé de même ; il préfente fim--
plement une échelle de proportion dont il feroit
aifé de démontrer l’irrégularité. Je veux-
feulement faire une obfervation , qui vous p ro u vera
la néceffité de rendre un décret explicatif de
celui que vous avez rendu il y a quatre, jours.
Le plus grand reproche qu’on ait fait aux m ili-'
' litaires de France , c’eft leur inconftance dans
l’état qu’ils avoient embraffé. En effet, leur fort
étoit tellement incertain, que depuis 1766, on a
cinq à fix fois changé de manoeuvres & de coutumes.
Après un long fervice, l’officier fe trouve-
toujours écolier. C ’eft cette inftabilité qu’il faut
détruire pour attacher le militaire à fon métier.:
- Cependant votre dernier décret a fait naître la
crainte d’une inftabilité plus forte. I l porte que j
tous les ans, le b ill de Vannée fera porté à la lé -
giflature. S i vous ne décrétez pas que le nombre
des corps de lig n e , des officiers & dés fous-
officiers ne variera jamais, que le nombre dés
foldats fera feul fournis'à des variations, vous
mettrez tous les officiers comme l’oifeau fur la
branche ; il fuffira de l’éloquence d’un orateur
pour leur' faire perdre leur état. I l eft néceffaire
de décréter ce principe avant toute autre chofe. •
M. Cabales. Quelqu’importantes que foient ces
confidérations , elles doivent céder à un plfis;
grand m otif, à l’intérêt de la liberté publique-.
Cet intérêt exige que chaque légiflature puiffe-
réduire ou cafter Varmée ; je cite l’exemple de
de l’Angleterre, qui fe conduit ainfi; (L a partie
gauche de l’afiemblée applaudit. )
M. Mirabeau le jeune. On fait aufii ce qu’eft le
militaire chez les A nglois. I l me femble que la
p p p