
I
[f ’|m
5 t o A R M
M. Fournès 3 colonel du régiment de Roy aï-Champagne.
Je dois vous dire que les faits contenus dans
l’extrait de cette prétendue lettre , font inexaéîs ; je
demande qu’on la porte au comité m ilitaire, pour
qu’il vous en foit rendu compte.
O n demande l’ajournement à jour fixe de la motion
de M. Mirabeau l’aîné , & le renvoi au comité
du récit lu par M. Dubois; de Crancé.
M. Mirabeau Vaine. Il me femhle qu’on oublie la
manière dont a «té introduite la communication de
la lettre de M. Dubois de Crancé ; je l’ai demandée
en preuve de la complication de la maladie de
Y armée ; elle ne peut être l’objet d’une motion, C ’eft
ma motion qui doit être délibérée ou renvoyée à
un comité, félon le \defir de 1 affemblee.
M. Robertfpierre. I l eft évident que M. Mirabeau a
préfenté fa motion, comme effëntiellement attachée
à l’affaire de Toulon........
M. Alexandre Lameth. I l me femble, fans examiner
au fond la motion de M. Mirabeau , qu’elle
renferme, deux mefures, dont l’une peut être adoptée
à l’inftant,'tandis que le moment de décréter 1 autre
n’eft point encore arrivé. Il refte au comité militaire
deux rapports à faire ; l’un fur les tribunaux
militaires , l’autre fur l’avancement. Ce n’eft que
quand les militaires connoîtront l’avancement qu’ils
peuvent efpérer & les peines auxquelles ils feront
fournis, qu’on pourra exiger d’eux le ferment qu’on
veut, leur foire prêter. C ’eft alors que la rnefure
très-importante , qu’on vous préfente & qui mérite
un grand examen , pourra êtr,e difcutée. Quant a
l’adreffe à Yarmè&r je n’y vois aucun inconvénient.
Varmée eft trompée, elle préfente donc un très-
grand avantage.
M. Mirabeau. Je me range à l’avis du préopinant.
Le comité eft plus en état que qui que ce foit de
déterminer le moment où le travail fera affez avancé
pour l’explofion de cette forte rnefure. ^ J ’adopte
également une obfervation qui vient de m’être faite,
6 je prie de fubftituer le mot lettre à celui d’adr&jje.
M . Regnaud. Cette lettre ne fer vira à rien ; elle
peut arriver à un régiment en infurreâion. Les
mal-intentionnés, foutiendront que vous avez des
raifonnemens & point de puiffance. Au moment
où la fécondé propofition de M. Mirabeau fera
adoptée , il fera utile de foire une adreffe pour
accompagner cette grande rnefure. L ’infubordina-
• tion ne vient pas des gens à qui s’adrefferont votre
lettre. Les mal-intentionnés la dédaigneront ; il ne
. fout leur oppofer -que la force publique ; les autres
■ ne la comprendroient pas. Je demande qii on ajourne
en entier la motion_de M. Mirabeau l’aîné.
L ’affemblée délibère, & la première propofi-
* tion de M. Mirabeau eft renvoyee au comité m ilitaire,
'
A R M
M. de Foucault. Quand on démolit avec violence1
il faut rétablir avec célérité. Quelle eft la lettreH
qu’on doit envoyer à Y armée ? La loi, l’in ftru ftio ^ l
fur la loi. Le comité dit qu’il fera bientôt prêfl
qu’il pafle les nuits à fon travail. Il n’y a pas ur
bon citoyen qui , dût-il y périr, ne redoublât!
d’efforts, quand il s’agit de fauver la cliofe pU,|
blique. "
L’ordre judiciaire eft achevé ; donnons tous les I
jours au comité militaire , & terminons cetimpor-l
tant travail.
On demande le renvoi au comité , de la fécondé!
propofition de M, Mirabeau l ’aîné.
M. de Noailles. Je crois la propofition de M. Mira-I
beau l’aîné d’autant plus néceffaire , qu’il y a à Paris!
douze ou quinze députations de régimens avec des il
prétentions différentes. On fixera dans la lettre à fl
Y armée les prétentions qui doivent naître & celles!
qu’on doit abandonner fur le champ. 11 faudra pi
fieurs féançes pour achever le travail du comité!
militaire , & chaque jour un régiment fe détraqi
Les foldats trompés croient foire une chofe utile en fl
envoyant une députation à l’affemblée. Je demande [
donc qu’une lettre foit écrite fur le champ-, & quel
M. Mirabeau l’aîné foit chargé de la préfertter aul
comité & à Faffemblée.
On fe difpofe à mettre cette propofition aux voix,!
M. de Toulongeon. Je demande la parole fur la ma-l
nière depofer la queftion. Il fout fimplement charger|
le comité militaire de cette réda&ion , &n’atracher!
à cette lettre aucun nom particulier; je crois quel
je me fais entendre.
M. Mirabeau Vaîné. Je foutiens l’avis de M. Tou-H
longeôn , quoique je fois obligé de me rappj
avecreconnoiffançe qu’une fois l’affemblée m’a
l’honneur de me charger , par décret, d’écriHH
tout le royaume cette lettre à Y armée fera entie-BI
rement l’ouvrage du comité, & M. de Toulongeoa J
a toute raifon. .
L’affemblée décrète que le comité militaire pré*|
Tentera une lettre, à adreffer à Y armée.
Obftrvatians de M. de la Tour-du-Pin, minijh't Ail
la guerre , relatives au plan d’organifation «I
farinée.
- Meflieurs, par votre décret du a i de cemoiSiH
vous avez arrêté qu’il ycms feroir rendu compte*
des motifs qui ont déterminé à vous propofci'hB'|
tretien d’unê armée de cent'cinquante mille liom-BI
mes. Dans un délai auflî court, je ne puis TlllT|
diquer rapidement tous les objets qu’il faut conli*|
dérer pour fe former un réfultat de la force ne'P
ceffaire à la fureté d’un empire.
C’eft de la nature de fon gouvernement j
fo pofition géographique, de fon étendue, P ,J|
population, de fies alliance», des ennemis <p|
A R M
Leiit avoir, des forces qu’ils peut employer, que
i | s compofe le fyftême de la défenfe d’un état.
Telles font les importantes confidérations d’a-
!crès lefquellss vous avez à fixer quelle armée peut
Etre néceffaire à la France pour la guerre.; il
[s’agira d’examiner enfuite jufqu’à quel point cette
manie peut , fans inconvénient , être réduite à la
mâ ;
R Sans doute il appartenait aux reprefentafis de
Ha nation frariçoife de confocrer les, premiers, ce
■ grand principe de juftice , que la force militaire
In’eft créée que pour la confervation de l’état, 6c
inon pour fon agrandifferaent mais ce fyftême
Bulle & modéré n’en néceflîte pas moins de grandes
lamiées : s’il faut ne pas vouloir la guerrè, il faut
mouvoir la repouffer avec vigueur ; il faut fur-
■ out, - autant qu’il eft poflible , chercher à en
»porter le théâtre chez nos ennemis.
■ Défions-nous, Meflieurs', de cette politique
■ timide & trompeufe qui diroit qu’il fuffit-de bien
■ garnir nos frontières ; nous avons befoin ,.au con-
R a ire , à"armées fortes & manceuvrières qui, agif-
Efant avantageüfement au-dehors , éloignent de
[notre pays les maux de tout genre qu’entraîne la
(guerre avec elle ; nous devons chercher à faire
■ vivre nos troupes aux dépens des états qui nous
^auront déclarée ; alors nous obtiendrons à la
i, repos pour le peuple, & foulagement pour
Ile tréfor public;
■ Si vous confidérez la force des armées qui peuvent
nous être opp'ofées , vous verrez que l’état
fie paix du roi de Hongrie eft de deux cens trente
ïplle hommes , & que la confcription établie dans
l es états peut les porter facilement au-delà de trois
|ens mille.
j L’état de paix du roi de Pruffe eft de deux
lens mille hommes, &une confcription d’un genre
llus rigoureux encore peut les porter également à
pès de trois cens mille.
J Le contingent de l’Empire eft de trente mille
pommes, & doit , félon les circonftances, pouvoir
fe porter au triple de Cette force.
■ C’eft contre une ou plufieurs de ces forces
^auxquelles peuvent fe joindre des puiffances du
IM , que nous devons fonger à nous défendre.
j Mais il fout ajouter à la lifte de nos befoins
|la c°nfervation de nos colonies dans les deux
| "des, & la garnifon de nos vaiffeaüx ; les puif-
■ uces maritimes nous obligent à de grands efforts
■ on-ieulement pour garantir ces importantes pof-
V IOns, mais pour la proteélion que nous devons
I J. notre commerce : c’eft donc à une guerre de
*T re. & nier tout à la fois, qu’il fout que nous :
Pngions à faire face ; & je penfe, Meflieurs, que
IPusenconcluerez que-, dans une telle pofition,
K n eft pas trop d’avoir un état militaire conf-
A R M y 11
tituéfur le pied de deux cens cinquante mille hommes,
c’e ft-à -d ire , fur un pied plus foible que
celui de chacune des puiffances avec lefquelles
nous pourrions avoir la guerre , quoique nous
foÿons prefque toujours ^affûtés d’avoir à la foire
& fur mer oc fur terre.
f Aufli , Meftieurs, eft - ce à l’heureufe pofition
géographique de la France , au nombre & à la
liaifon de fes fortereffes , à la nature de fes alliances
, que nous devons de n’avoir pas befoin
de plus nombreufes armées pour défendre d’auflî
vaftes poffeffions , une aufli grande étendue de
côtes & de frontières.
Je yais indiquer maintenant l’emploi des deux
cens cinquante mille hommes que je crois nécef-
faires à la défenfe de ' l’état. On ne peut pas couvrir
nos frontières , depuis Bâle jufqu’à la Meufè ,
avec une armée moindre de quatre - vingt mille
hommes ; on ne peut pas en avoir moins de
foixante mille pour pénétrer dans les Pays-Bas ,
& s’y maintenir ; la frontière des Alpes demande
trente à quarante mille hommes, parce que la nature
du pays donne aux ennemis que nous pour-
prions avoir dans cette partie , plus de facilité qu’à
ta. France pour furprendre le paffage des montagnes
; la garnifon de nos vaiffeaüx exige au
moins dix-huit mille hommes ; celle de nos colonies
en demande à peu près autant.
En récapitulant ces differentes forces , vous
trouverez deux cens feize mille combattans , &
cependant il n’en eft pas encore un feùl employé
à la gardé de nos places & de nos côtes.
J’ajouterai donc, Meflieurs, au nombre ci-deffus
de deux cens feize' mille tombattans une réferve
de trente-quatre à. trente-fix mille hommes, formant
à peu près le fixième de Varmée , tant pour
en„réParer ,les pertes ,• que pour garder nos fcrte-
réffes & défendre nos côtes.
L’hiftoire .des guerres paffées devient ici , Mef-
fieurs , un témoin précieux & irréciffable’ de la
néceflité de cette force militaire ; confultez - la
vous nous verrez , fous les règnes précèdens ?
avoir cpnflamment en armes un bien plus grand
nombre de troupes. 5. ■ •
En bornant donc à deux cens cinquante mill«
hommes les armées françoifes , je n’ai point fait
la fuppofition de la réunion de toutes les puiffances
contre la France ; je n’ai foit que prévoir des
evenemens ordinaires , & dans l’ordre de la vrai-
femblance ; & j’ai cru qu’il folloit abandonner aux
efforts du patriotifme le foin de furmonter les
obftacles extraordinaires.
Maintenant , Meffieurs , s’il vous eft prouvé
quune armée de deux cens cinquante mille hommes
eft mdifpen fable pour faire fece aux Befoins
de la guerre,;je vais indiquer fufqidà quel point
cette armée peut etre réduite pehdant la paii