
Les Anglois font ufage de bouées autrement
COnftruites. Elles ont la forme de deux cônes réunis
par leur bafe vers le milieu. On a fait de
ces bouées en France, & on a cru s’apercevoir
qu’elles étoient par un gros tenis moins apparentes
que les autres.
Les vaiffeaux marchands, au lieu de bouées,
font ufage d’un morceau de bois léger qui flotte
fur l’eau.
Les dimenfions des bouées font proportionnées
& réglées fur la force des angles. Une ancre de
fept milliers porte une bouée de trois pieds neuf
pouces de longueur, fur une bafe de trois pieds
de diamètre.
Les dimenflonsdes autres bouées fontauflîfixées,
& les tonneliers ont des règles auxquelles ils
doivent fe conformer.
VIL Dljférens ouvrais du rejfort du tonnelier.
A Paris ,r& dans les villes où les caves, font
profondes , les tonneliers font chargés par les propriétaires
& les marchands de vin de defcendre
& de placer dans les caves les tonneaux de v in ,
de cid e , &c. Ce font eux aufli qui -font pour
1 s épiciers la defcente de l*eau-d.--vie , des
huiles , &c. Cette manoeuvre demande quelques
précautions , & des expédient que nous
croyons à propos de décrire.
La defcente d’une pièce de vin dans une cave,
exige an moins deux garçons tonneliers, fouvent
trois. Ii faut éviter les trop fortes fccoufles qui
pourroient (aire rompre les cercles, & occafion-
ner la perte de la liqueur.
Voici les moyens qu’ils emploient pour prévenir
cet inconvénient. Ils établiflent en travers de
]a porte de la cave une longue pièce de bois ,
à laquelle ils ont arrêté un ou deux forts cordages
par le moyen de deux boucles dans lefquelles
entre la pièce de bois. Deux garçons roulent le
tonneau'; & lorfqu’il eft parvenu à la porte de
la cave , un garçon fe met devant la pièce pour
la retenir. L’emploi de celui-là eft de diriger le
tonneau le long de l’efcalier, tandis que deux autres
prennent la corde qu’ils ont fait pafler par-
deflùs le tonneau, & qui l’entoure ; & ils occa-
fionnentun frottement , en la faifant couler dans
leur tablier, qu’ils retiennent encore avec leur
main, ou en la tournant autour d’un poteau,
& en faifant porter le cordage contre le mur.
toujours, en s’appuyant fur le tonneau ; & à
l’aide de fes genoux , il le conduit jufqu’à ce qu’il
foit parvenu au bas de l’efcalier# Pour lors le
gatçon tonnelier roule le tonneau dans la cave
jufqu’à l’endroit qui lui eft defiiné, & le met
fur le chantier.
Quand les tonneliers fe propofent de defcen-
dre dans une cave des tonnes d'huile, ou des
pipes d’eau-de-vie, comme les pièces font forts
groffes , il faut qu’ils prennent d’autres précautions.
Ils font ufage de deux machines peu com*
pofêes, qu’ils nomment poulains.
L’une eft conftruite avec deux fortes pièces de
bois , dont les extrémités font abattues. Elles font
longues de douze à quinze pieds , aflemblées &
jointes enfemble par quatre traverfes , deux en
haut, & deux en bas. Les deux montans font
arrondis.
Une extrémité de ce bâtis doit porter fur le
ter.ain ; l’autre taillée en bifeau, doit s’appuyer
te long de la muraille devant la porte ou l’entrée
de la cave.
Le petit poulain eft une efpèee de traîneau com-
pofé de deux pièces de bois équarries , de quatre
pieds de long, dont les extrémités font relevées,
pour que le poulain puifle mieux couler fur les
marches.
Les tonneliers donnent du pied au grand poulain
, & l’appuient, comme nous venons de le
dire , le long de la muraille devant la trappe ou
la porte de la cave. Us arrêtent le cable au traîneau
, & retiennent la pièce qu’on veut defcendre
fur le traîneau : ils tournent la corde deux ou
trois fois autour d’un des montans du grand poulain
, & ils lâchent doucement la corde qui tft
attachée au traîneau, tandis qu’un autre qui précède
la pièce la dirige & la conduit jufqu’en-
bas de la cave, où plufieurs la roulent jufqu’au
lieu où elle doit être placée.
Il va de l’intérêr des tonneliers , & particulièrement
de celui qui précède le tonne :u, de vi-
fiter le cable avant de s’en fervir, pour qu’il ne
vienné pas à rompre en defcendant le tonneau.
Pour remonter des pièces d’huile, d’eau-de-vie,
&c. de .dedans les caves, les tonneliers emploient
encore un bâtis à peu près femblable au grand
poulain que nous venons de décrite, excepté que
les montans de celui-ci font équarris, & qu’ils
portent au quart de leur hauteur, du côté qui
doit appuyer fur le terrain, un treuil ou moulinet
qui eft retenu par lune & l’autre de fes extrémités
dans les coches- ou échancrures faites à
chacun Celui qui defcend avec le tonneau, le foutient des deux" montans du bâtis.
On l’appelle le moulinet. Le ckiblc, par Çorrup- |
lion fans doute du mot du câble, s entortille fur
le treuil ; & plufieurs ouvriers appuyant lur les
leviers, parviennent ainfi à monter par les trappes
les pipes ou tonnes d’huile que l’on a affu-
fetties fur un petit poulain auquel on attache 1 au-
tre extrémité du cable.
On fe fert encoré, pour monter les pipes d eau-
de-vie ou d’huile par la trappe des caves des
épiciers, de deux poulies mouflées, chaque moufle
porte deux rouets. | L un des moufles eft attaché
au plancher par un gros crochet de fer ;
une extrémité de la corde eft attachée au bas du
premier moufle. Elle va.pafler fur un rouet du
fécond moufle ; de-là elle revient s’entortiller fur
le premier rouet du premier moufle ; elle roule
fur le deuxième du iecond mouHe ; enfin elle
retourne au fécond rouet du premier moufle ;
& cette extrémité de la corde ou du câble defcend
jufqu’à l’endroit où un ou plufieurs hommes
tirent deflus , pour faire monter le fécond
moufle auquel eft attaché le tonneau, & le faire
approcher jufqu’auprès du premier moufle.
Cette extrémité de la corde tient au tonneau
par le moyen de deux crochets. La corde retient
l’un & l’autre de ces crochets, en paffant dans
une ouverture qui eft à l’extrémite oppofée au
crochet.
Cette extrémité de la corde forme une porte ,
& la corde paffe dans cette porte ; & par cet
arrangement , elle peut former un triangle plus
ou moins grand, fuivant la longueur de la pièce
qu’on veut monter. Et comme la corde forme un
noeud coulant , la pefanteur du tonneau oblige
les deux crochets à ferrer la futaille qu’ils tiennent
par les jables, tandis que les hommes tirent
fur l'autre extrémité de la corde quand ils
veulent l’élever, ainfi que nous l’avons décrir.
C’eft un ancien privilège des maîtres tonneliers
de Paris , qui leur a été accordé fous Louis XI en
1467, confirmé par François Ier. en » &.
confirmé par Louis XLV > en 167a , d’être feuis
en droit de décharger les vins de dedans les bar
teaux qui les ont amenés. Ils doivent les fortir
des bateaux, les placer fur le port ; & ils en répondent
jufqu’à leur fortie.
On imagine bien les moyens qu’ils emploient
pour les remonter des bateaux. Iis font quelquefois
ufage d’un ou deux cables qui embraflent les
tonnea ix , & que deux garçons tonneliers tirent,
tandis que deux autres fou tiennent le tonneau,
& aident à le monter fur des madriers placés
en plan incliné jufqu’au haut du bateau, &. de-là
ils le eotiduifent fur d’autres madtiers, & ils le
roulent fur le port.
Ces madriers en plan incliné fervent aufli a
placer fur des çhariots de tranfport des pièces de
vin plus fortes que les pipes d*eau-de-vie. Cinq
ou fix hommes élevent ainfi à force de bras des
tonneaux de quatre cents pots , mefure de Suïfle ,
dont chacun contient à peu près deux pintes, me-
fure de Paris.
Quelques tonneliers s’adonnent à cette partie ,
tandis que d’autres ne s’occupent que de la fabrique
des tonneaux , ou de leur réparation.
Enfin , fouvent dans les villes on charge encore
les tonneliers de tirer le v in , & de le mettre en
bouteilles.
Us percent le fût qu’on veut tirer. Ils fe fervent
pour cela d’une efpèce de villebrequin appelé
perçoir. Us placent l’ouverture pour mettre la candie
dans une planche dans la partie inférieure
d’un de fes fonds à deux pouces du jable, au-,
deflus de la lie.
Souvent les tonneliers fe fervent pour tranfvi-
\ dèr ou tirer le v in , ou ne point perdre celui qui
s’échappe des bouteil.es qu’on emplit, d un petit
vafe ou baquet dont le fond eft plat , qui eft
circulaire d’un côté, & qui fe termine en pointe
de l’autre. Ce dernier côté eft deltiné à fervir de
gouttière au vin que contient ce v afe , quand
on veut l’entonner dans un autre propre à le
conferver. Nous n’avons point parlé de fa conftruc-
| tion, parce que nous avons cru n’avoir rien de
particulier à en dire, & que fa figure dépendent,
- comme celle des brocs, de différentes formes qu’on
donne aux petites douves qui fervent à les former.
Ces vafes n’ont qu’un fond, & les douves
en font retenues par plufieurs cercles.
Pour vider une pièce de vin , & tranfporter
ce vin dans un autre tonneau, on fe fert fouvent
d’un fiphon , compofé de deux branches parallèles
ou tuyaux de fer-blanc joints à un troifième tuyau
qui réunit ces deux-ci.
On doit avoir attention qu’une des deux branches
du fiphon foit plus longue que l’autre, fans
quoi l’effet en feroit- nul. Sur la troifième partie
de ce fiphon', celle qui doit être placée fupérieu-
rement & horifontalement, on a établi un petit
ti-v n , par , quand une des branches eft
pofée dans la liqueur qu’on v eu tp o irp ir , & l’au-
ue dans le v.i e que l'on veut remplir, on attire
l’air que renfeime une des branches du fiphonî