
roit fupporter une aufli longue ceflation de f e u i
fans durcir plus qu’il ne faudroit, mais je puis af- I
furer que mon expérience ne m’a jamais fourni
d’obfervations femblables, & que je n’ai rencontré
aucune circonflance, où un temps beaucoup
plus court ne m’ait fuffit : au refte, je n’ai jamais
été dirigé , pour tenir le fourneau margé
plus on moins long-temps, que par l’état aéluel
du verre, & je ne penfe pas qu’on puifle'donner
fur cet objet de règle fixe & invariable.
M. Dantic, au lieu cité , dit que la précaution
d’arrêter le feu, & de marger le fourneau , contribue
beaucoup à la perfeâion de l’affinage » non
i> en donnant au verre la facilité de chafTer l’air
» de fes interftices , par fon affaiffement, & par
w là d’être exempt de bulles, comme on le croit
jj communément, mais pour donner aux matières
» étrangères, & principalement au fel de verre,
» dont le verre pourroit encore être chargé, le
n temps de monter au haut des creufets. » Il efi
fans doute difficile de concevoir, que l’air contenu
dans le verre puifife s’échapper au travers d’une
iùbftance rendue plus denfeparle refroidiffement,
mais la même raifon parôit aufli s’oppofer au dégagement
de toute autre matière. Il efi donc très-
probable que la cefiation du feu fait difparoître
les bulles, qui, par l’ébullition, fe montrent à la
furface du verre, à-peu-près, fi l’on me permet
cette comparaifon , comme la furface de l’eau
bouillante, agitée, & montrant des bulles qui fe
fuccèdent, devient calme & unie en la retirant
du feu. L’affinage a l’apparence de fe perfectionner,
en marge a nt le fourneau , mais la mafle totale
du verre n’y gagne rien, & l’aâion d’arrêter
le feu fe borne à procurer au verre une* confifi-
tencequi le rend propre à être travaillé.
P o t s o u c r e u fe ts .
Les vafes dans lefquels on enfourne la matière,
pour la foumettre à la vitrification, font connus
lous le nom de c r e u fe t s ou de p o t s . On les fabrique
en moule ou à la main ; nous avons difcuté
& comparé dans notre article g la c e s c o u l é e s , les
avantages de l’une & l’autre de ces manières.
Quant à la matière dont ces vafes doivent être
faits, il faut qu’elle foit très-réfraâaire, & os
employé à cet ûfage un mélange d’argille bien
pure, & de ciment de la même efpèce. On peut
v o ir , dans l’article g la c e s c o u lé e s , déjà cité, la
manière de travailler l’argille, de la compofer, &
de la mettre en oeuvre : nous ne répéterons pas
ici les détails dans lefquels nous fomfnes entrés
à cet égard.
La forme des pots ou creufets varie fuivant le
genre de fabrication auquel on s’adonne, & nous
difcuterons cet objet plus particulièrement, dans
l’article fuivant, en traitant des diverfes fortes de
t verreries. Nous nous contenterons d’établir ici
comme principe général, que, toutes chofes éga.
les d’ailleurs, la forme du creufet doit être telle
que le Verre préfente au feu réfléchi du fourneau
la plus grande furface pofîïble.
Les pots que l’on voit exprimés dans l’art de
la verrerie de Nery commenté par Merret &
Kunckel , portent fur une bafe affez petite , font
renflés vers le milieu, & leur orifice fupérietir eft
d’un moindre diamètre : il eft évident qu’il eftdif-
ficile de donner aux pots une femblable forme,
en confervant par-tout une égale épaifleur, &
conféquemment la foliditè de tels vafes eft fort
incertaine ; les creufets de forme angulaire, foit
qu’on les faffe triangulaires , foit qu’on leur donne
une figure quarrée ou un plus grand nombre de
côtés , ne font pas non plus d’un ufage bien fûr :
on ne peut guerres éviter que les angles ne foient
fufceptibles d’un défaut d’union qui abrège la durée
du vafe. Ce font ces confidéra rions qui ont
ramené les pots à la forme d’un cône tronqué
placé fur fon petit cercle, telle à-peu-prés qu’on
peut la voir dans les creufets de glacerie. Cette
forme, aflVz généralement adoptée , reçoit cependant
quelques modifications , relativement aux diverfes
fabrications, comme nous le verrons , en
nous occupant de chacune d elles en particulier.
F o u r s d e f u f io n •
Les fours de ftifion, font, en général, des lieux,
dans lefquels on place les creufets qui reçoivent la
matière à fondre ; ces fourneaux font deflinés à
être violemment échauffés, ils font munis des ouvertures
néceffaires au travail, & couronnés d’une
voûte qui réfléchit la flamme fur les creufets: ils
font dans la claffe des fourneaux de reverbere.
Leur forme eft fujette à beaucoup de variation ,
eu égard , non feulement à l’efpèce de verre qu’on
fabrique, mais encore au degré d’intelligence de
l’artifte qui les fait conftruire, & à la qualité du
combuftible qu’on eft obligé d’employer. On
ne peut chauffer un fourneau de verrerie qu’avec
du bois, ou avec du charbon de terre : cette condition
établit néceffairement une diftinétion entre les
fourneaux J en fourneaux à bois, & fourneaux à
charbon.
Il eft encore une divifion générale, qui, avec les
modifications que chaque verrier peut apporter à
la forme de fon four , pour fon ufage & félon fes
lumières , femble renfermer tous les fourneaux
pofiibles & connus. Certains fours n’ont qu’une
chaufferie ; tels font ceux que l’on trouve décrits
dans l’art de la verrerie , ceux dont les verriers
en verre vert commun fe fervent le plus communément
, fur-tout en Languedoc : ces fours
qui paroifîent avoir été autrefois les plus ufités 5
miifque N ery, Merret & Kunckel, quoique habitant
des contrées bien différentes, &bien éloignées
l’une de l’autre, les décrivent à peu près de même,
ces fours, dis-je , font défignés affez communément
par le nom de fourneau à la françaife : on
en trouve un de ce genre au frontifpice de l’art
de la verrerie, fous le nom d*ancien fourneau à
l'italienne. D’autres fourneaux ont deux chaufferies;,
ou chauffes par deu* tifars ; ce font dans ce moment
les plus généralement employés; tel eft le
four de fufion , dont on peut voir le plan géomé-
tral & les différentes coupes dans les planches
relatives à notre article glaces coulées. On défigne
ces fortes de fours par la dénomination de four~
neaux à l'allemande. Le four à glaces fuffit, dans
cet inftant, pour donner au lefteur une idée générale
des fours allemands : nous nous contenterons
de décrire ici un four à la françaife , pour en faire
au moins connoître l’efpèce.
Four français.
On voit ( pl. 1 , T. 7 des gavu.res , verrerie,
Supplément ) , le plan géomètral A A A A , d’un
tour à la françaife ; il eft rond , fon diamètre intérieur
eft de dix pieds ; les murs qui le forment
ont environ quinze pouces d’épaiffeur. Il eft échauffé
par un tifar BB , qui règne dans toute la longueur
du diamètre du four. Ce tifar qui a environ dix-
huit pouces de largeur ou d’ouverture, eft formé
par une grille qui fupporte le combuftible ; au-
deffous de laquelle eft un cendrier creufé dans le
fol de l’attelier d’environ trois pieds de profondeur
, deftiné feulement à recevoir les cendres :
nous parlons ici d’un fourneau chauffant en bois.
La grille doit être à peu près à niveau de l’aire
de la halle, nom générique qui défigne les ateliers
de verrerie. La maçonnerie eft fortifiée extérieurement
par plufieurs contreforts C , C , C, C ,
qui entourent circulairement la voûte même du
fourneau.
La partie du fourneau dans laquelle on fait le
feu, & dont la grille du tifar occupe le milieu,
eft voûtée à la hauteur de trente pouces , comme
on le voit en A B C , ( pl. a , fig. 1 , qui repréfente
la coupe du fourneau, félon le diamètre
DE de la pl. 1 ). La forme de la voûte eft circulaire
, & fa coupe A B C , préfente un arc de cercle
dont la corde A C eft de 10 pieds; au milieu
de la voûte qui couvre la chambre inférieure du
fourneau , ou le lieu de la chaufferie, eft un trou
rond exprimé en coupe en BD , ( pl. 2 fig. 1 ) , &
en géométral en D ( p). 3 ) , qui laiffe paffer le
feu du tifar dans un efpace $ qu’on peut appeler
chambre fupérieure du fourneau , & qui eft deftiné
à recevoir les creufets dans lefquels s’exécute la
fùlion.
La maçonnerie E F, G H ( pl. 2 fig. 1 ), qui
fépare les deux chambres du fourneau a dix-huit
pouces d’épaiffeur, à l’endroit où fe trouve l’ouverture
de communication B D , y comprife l ’é-
paifleur de la voûte inférieure A B C , & on forme
fur cette maçonnerie un pavé droit & uni I K ,
LM (fig. 1 pl. 2 ) , ou A B C E F G , ( pl. 3 ,
où eft exprimée la coupe horizontale du fourneau
à la hauteur des ouvreaux ).
Les ouvreaux font des ouvertures, par lefquelles
on introduit les creufets dans le four, du moins
dans l’efpèce de fourneaux que nous décrivons ,
par lefquelles aufli on enfourne la matière dans
les creufets, & on y prend le verre fondu, pour
le travailler. Pour le 1 " . de ces ufages , il eft
néceflaire que la largeur, & la hauteur des ouvreaux
foient proportionées au dimenfions des
creufets qui doivent y être introduits : or,comme
ces vafes ont environ dix-huit pouces de diamètre,
fur vingt-quatre pouces de hauteur, on donne aux
ouvreaux de vingt à vingt-deux pouces de large
( H I , pl. 3 ) , & environ vingt-huit ou trpnte
pouces de hauteur, ( N O , fig. 1 & 2, pl. 2 ) ,
( N O , pl. 4 ) , ( NO , pl. 5 ). On peut monter les
pieds droits des ouvreaux , jufqu’à vingt-quatre
pouces, & les terminer par un ceintre qui éleve
leur milieu jufqu’à la hauteur défirée, de vingt-
huit ou trente pouces ; mais, comme d’auffi grandes
ouvertures multipliées , refroidiroient néceffairement
le four 9 en préfentant un trop libre accès
à l’air , que d’ailleurs le creufet placé devant l’ouvreau
, ne pourroit jamais être entouré par la
flamme; on bouche les ouvreaux avec une maçonnerie
, ou encore mieux avec des plateaux da
terre cuite, au haut defquels on forme des trous
exprimés en P , P ( pl. 2 , fig. 1 ) , qui fervent à
introduire les outils dans les creufets, pour prendre
du verre, & à échauffer les ouvrages dans l’inf-
tant delà fabrication : on proportionne le diamètre
de cet ouverture, au volume des pièces , qu’on
fe propofe de fabriquer.
Les creufets font arrangés fur le pavé de la
chambre fupérieure du fourneau , comme on le
voit en K , K , K , K , K , K ( pl. 3 ) , chacun vis
à-vis de l’ouvreau correfpondant, & autour du
trou de communication de la flamme.
La couronne ou voûte de la chambre fupérieure
du fourneau s’élève de quatre pieds au defîùs du
pavé de ladite chambre. On donne communément
à ces fortes de fours, avec dix pieds de diamètre,
dans le plan géométral, une hauteur de huit pieds
de Y , en R , ( fig. 1. pl. 2 ) , divifée ainfi qu’on
peut le déduire des mefures détaillées ci-deflùs,
comme il fuit : B Y =2 trente pouces, B D = dix
huit pouces, ôc D R = quarante-huit pouces, de
forte que le four entier reffembleroit affez à un
demi-ellipfoïde, dont l’ellipfe génératrice auroit
feize pieds de grand diamètre , & dix pieds de