
fable que j’avois joint au verre opaque trouvé
dans l’arche.
La trop grande abondance du fel de verre jette
la plus grande incertitude dans les dofes des com-
pofnions; une quantité d’alkali, qui âuroit procuré
la fufion d’un poids donné de fable , n’eft
plus fuffifante , .fi les Tels neutres forment une
partie confidérable .du fondant. Dans les fabrications
délicates , où l'on s’applique à donner au
verre une belle eau, ou diverfes couleurs recherchées,
on ne peut plus compter fur l’effet des
fubftances qu’on a ajoutées pour colorer le verre ,
lorfque le fuin eft très-abondant ; il entraîne avec
lui dans fon évaporation , une portion plus ou
moins confidérable du principe colorant. Enfin la
diffipation du fel de verre exige un temps qui eft
perdu pour la fabrication , l’artifte-voit languir fon
travail, et la reffource d’enlever avec la ‘poche
une partie du fuin , ne fuffù pas pour ramener
dans les opérations, la diligence qu’on dcfire.
Les dangers auxquels expofe l’abondance du
fuin ont dû infpirer aux maitres de verrerie, le
defir de s’en débaraffer, & les déterminer à chercher
les moyens d’en hâter la diffipation ,_ lorf-
qu’il eft trop tenace & en trop grande quantité.
On met en oeuvre plufieurs procédés ; ils.ont vrai-
femblablement été tous diélés par la routine ,
mais tous font fondés1 fur les propriétés connues
du fel de verre. On agite vivement la maffe vi-
treufe, en la rq/nuant , en la retournant dans le
creufet avec des pilons , ou des barres de fer ;
c’eft ce qu’on appelle piloner ou démaclcrj le verre
foulevé par ce mouvement , permet au fuin de
fe dégager , & de fe porter au haut du creufet
d ’où on feniève, ou , d’où l’a&ivité delà chauffe
le diffipe en fumées. On remplit encore plus efficacement
le même objet, en occafionnanrune vive
ébullition dans la maffe vitreùfe , par le burgeage ;
cette opération confifte à agiter le verre , juf-
qu’%u fond du creufet, avec des bâtons de bois
vert & poreux. L’humidité contenu dans le bois,
cherchant à fe diifiper, fouleve le verre , & favorife
le dégagement & l’évapoiadon du fuin. On peut
suffi introduire, dans le fond du pot , de l ’ar-
fenic ou tout autre fubftance volatile , qui , en
fe réduifant en vapeurs , entraîne le fuin aveç
elle , l’addition de quelques fubftances phlogif-
tiques , telles que la pouffière de charbon aug-
menteroit la fluidité du verre, & hâteroit la diffipation
du fuin : enfin l’extindion du yerre dans
l ’eau feroit peut être le moyen le plus fûr; le
fel de verre étant diffout par l’eau , le verre
refondu en contiendroit néceffairement moins , &
on parviendroit à l’en purger de plus en plus , en
répétant l’extinélion. Tous ces procédés peuvent
être employés ; on doit même s’en fervir, lorf-
qu’une malheureufe néceffité y oblige , mais aucun
d’eux n’eft fans inconvénient, ni d’une efficacité
parfaitement reconnue. Tous font perdre un
temps précieux , retardent considérablement le
travail : dans le pilonage ou le démâclage , la
couleur du verre eft altérée par l’attouchement
répété du fe r , ou par lçs fcories , qui -, à la longue
fe détachent des outils calcinés pendant l’opération
; les creufets peuvent encore être offenfés
dans la manoeuvre. Il faudroit auffi, pour que
ces moyens euffent un fuccès complet, que toutes les
parties du verre euffent participé au mouvement que
l’on s’eft propofé de donner à la malle vitreùfe.
Le burgeage a une grande partie des mêmes incon-
véniens ; à la vérité la vive ébullition excitée
dans le çreufet, rend l’agitation imprimée au verre
plus générale , mais auffi le pot eft encore plus
fatigué par l’aétion en tout fens de fon . contenu.
L’introduétion de l’arfenic dans le fond du
vafe, ne fçauroitêrre parfaitement efficace, qu’au-
tant que toutes les parties du verre éprouveroient
1 aélion de la fubftance introduite, & comment
s’en flatter ? L’addition des fubftances phlogiftiques
feroit peut-êire le procédé dont on obtiendroit
le plus de fuccès, mais la couleur du verre prend
communément une nuance défagréable. Enfin l’ex-
tinâion, dans l’eau , du verre en incandefcènce
feroit un moyen fûr , mais il faudroit que le verre
fe réduifit*en très petites parties, & , pour ainfi
dire, en pouffière ; il eft certain, qu’alors tous
les tels neutres feroient diffous, & on n’auroità
refondre que du verre pur ; ou c’eft ce qui n’arrive
jamais par la firçiple extinélion ; on feroit
obligé à piler le verre après le refroidiffement,
& à le laver à plufieurs eaux , lorfqu’il feroit
pulvérifé & tamifé, mais qu’elle augmentation de
frais n’entraîneroit pas ce nouveau procédé ? Il
réfulte de tout ce que nous venons d’expofer ,
que les moyens connus, pour hâter la diffipation
d’un fel de verre trop abondant , ne peuvent
être regardes, & ne doivent l’être en effet, que
comme des „palliatifs , qu’ils ne font pas d’une
e®eaClte abfolue, qu’il eft toujours très fâcheux
d’être obligé à y avoir recours , & qu’il eft plus
prudent à l’artifte de prévenir le danger d’une
trop grande abondance de fuin, par le choix de
fes fondans, relativement à la fabrication, dont
il s’occupe , que de s’expofer à lutter continuellement
contre un ennemi redoutable. La violence
de la chauffe, qui,.toutes chofes égales,, donnera
plus de fluidité au verre , & diffipeta plus puif-
famment le fuin , & la jufte proportion des dofes
dans les compofitions , font encore des moyens
à ajouter aux choix fcrupuleux des fondans.
Si la trop grande abondance du fel de verre
entraîne de grands dangers dans prefque toutes
les fabrications, plufieurs artiftes, & notamment
M. Dantic ( pag. 119 , T. 1 ) , en avouant, qu’il
feroit très-avantageux qu’il n’en reftât point dans
le verre , penfent qu'il ferQit tres-facheux qu'il riy
en eut pas une petite quantité dans le fe l alkali fixe*
Il difpofe les matières à la fufion, ( dit ce der-
„ nier auteur au lieu cité ) , en facilite le
„ parfait mélange , contribue^ infiniment à la
„ déouration du verre., entraîne avec lui les
„ matières hétérogènes , fur-tout le principe colo-
,) rant groffier ». S i, n’entrant pour rien dans la
confe&ion du verre , il produit ces divers effets ,
il eft à „préfumer qu’il le fait d’une manière .en
quelque forte mechanique. Yolatililè par l’aélion
du feu, il cherche à s’échapper des parties du
verre , fo$ j foulève, & qu’il rend par là plus
perméables aux parties ignées : de cette forte ,
fl peut accélérer la fufion , & , en augmentant le
1 mouvement dans le verre , contribuer au mélange
plus intime des matières ; fon affinité avec le principe
colorant ne permet pas de douter , qu’il
se puiffe auffi fe combiner avec lu i, & l’entraîner
dans fon évaporation.
Nous terminerons ce que nous avions à dire
du fel de verre , en communiquant un moyen
indiqué par M. Dantic ( pag. 4 4 a , T . 2 ) , de
purger des fels neutres, i’aikali fixe végétal. Il
place fur un tonneau défoncé , une couverture
de laine en quatre doubles ; il met fur cette ef-
pèce de filtre , deux cents livres de potaffe, fur
laquelle il répand autant d’eau chaude qu’il en
faut , pour remplir le tonneau : l'alkali fixe eft
aufli-tôt diffout, & la liqueur alkaline paffe dans
le tonneau, tandis que le tartre vitriolé, fel neutre
le plus abondant dans l’alkali végétal, & beaucoup
moins foluble, demeure en grande partie fur
le filtre. On obtient l’alkali par l’évaporation , &
on répète la même opération une a*. & 3e. fois,
pour s’affurer d’autant plus de la pureté du fondant:
après trois diffolutions, filtrations , & évaporations
, il ne refte prefque plus de fuin. Ce
procédé dont l’auteur attelle l’efficacité , feroit
vraifemblablement infuffifant, pour purger l’alkali
minéral de fels neutres, parce qu’il contient fur-
tout du fei marin & du fel de glauber , qui font
l’un & l’autre .beaucoup plus folubles que le tartre
vitriolé.
Des Compofitions
Il eft très difficile de donner des règles fixes .
fur la dofe des diverfes matières dans les compofitions
: les proportions doivent néceffairement
varier , en raifon de la fufibilité des fables qu’on
employé, de la qualité connue des fondans, de
l’inteniité du feu dont on peut difpofer , de la
forme plus ou moins favorable des fours, & toutes
ces conditions font tellement liées , qu’elles doi-
. vent être également l’objet de l’attention du verrier.
Il ne remplireit pas fes vues , f i, obligé à
fe fervir d’un feu peu aélif, il cherchoit à fondre
une compofition dure , c’eft-à-dire, trop peu
abondante en alkali, ou qui contînt trop de fels
neutres , pour que le feu pût diffiper le fel de
verre qui en réfuiieroit. Si le fondant contient peu
d’alkali, la dofe de fable devra être moindre ; fi
Je fable eft dur à fondre , on ne pourra éviter
d’augmenter la proportion du fondant. Il eft cependant
poffible de partir d’un point fixe, pour établir
les combinaifons néceffaires.
L’expérience prouve qu’en général l’alkali fixe
procure la fufion du double dç fon poids de fable ,
c’eft-à-dire, que cent parties d’alkali fondent environ
deux cents parties de fable ; en regardant
cette dofe, pomme une donnée, il reftera à la
modifier , relativement & à la qualité du verre
que l’on veut obtenir, & à l’efpèce des matières,
& aux autres moyens qui font au pouvoir de l’ar-
tifte. S i , par exemple, on n'employoit pas d’autres
fondans que les cendres de nos foyers, on
confidereroit d’abord que les cendres ne contiennent
guéres que de fept à dix pour £
d’alkali ; & par conféquerit en fuppofant , un feu
ordinaire de verrerie , on ne donneroit à
fondre à cent livres de cendres qu’environ quinze
de fable , quitte à en augmenter la quantité , fi ,
à l’eflai, on trouvoit le verre trop fluide, pour
l’ufage auquel on le deftine. Les mêmes principes
dirigeroient, fi l’on employcit de la rochette
ou de la barille d’Efpagne , ou des cendres de
Sicile , ou du falicorne de Languedoc , matières
qui toutes ont beaucoup de rapport entr’elles ,
comme nous l’avons dit ci-devanr. Elles contiennent
de quarante-cinqàcinqnante-cinq pourcent d’alkali,
à la vérité mêlé de quelques fels neutres ; on
peut donc efperer d’obtenir une bonne fufion , en
donnant à ce fondant cent livres de fable à fondre
, & l’on compofera avec parties égales de
fable & de foude en nature fimplement pulvé-
rifée. Si on doit fe fervir du falin extrait , foit
des cendres , foit des diverfes foudes de bonne
qualité , on mettra cent livres de fondant pour
deux cent livres de fable, & , fi l’on veut avoir
un verre plus tendre & plus promptement fondu ,
on augmentera de quelque chofe la dofe de l’al-
kali. Il eft même à obferver, qu’il vaut mieux
en général employer un peu plus de fondant ,
lorfqu’on commence à Te fervir d’une matière,
qui n’a pas encore été effayée , parce que l’on eft
du moins fûr de la fufion , & il eft plus aifé
de tirer partie d’un verre trop tendre , & de parer
pour la fuite à ces inconvéniens , que d’employer
utilement un verre trop dur.
Si quelque circonftance obligeoit un artifte à
fe fervir pour fondant des mauvaifes foudes
dont nous avons donné l’analife d’après M, Chap-
ta l, & qui font défignées fur les côtes de Languedoc
par les noms de S oudClav els , Blanquette
. Douàette , il compoferoit encore, relativement
à la qualité connue des matières. La foude
contient environ ^ d’alkali, donc en l’employant
en nature , on ne pourroit guères ajouter que cinquante
livres de fable par quintal. La cendre de
clavels ne fournit que §7 ou environ neuf livres