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Inèônvémens du moyen ci-dejjïis, & raifohs dé ne
le point pratiquer dans les villes Ou les maifons
fçnt très-ferrées.
L e moyen propofé peut être utilement employé
pour des foffes d’aifance & des puifards,-à
Fond perdit, c ’ëft-à-dire quç l’on creule dans la
. terre, telles font les foffes de la campagne. Une
quantité de neige jetée dans une pareille foffe,
peut aifément fufpendre la formation des matières
excrémentitieUês, en détruire la vifcofité, & leur
rocurer affez de liquidité pour en faciliter l'im-
ibition dans les terres. Rien de plus aifé à concevoir
que cet effet. Il y a plus, c’eft; que l’odeur
infeéfe que donne la foffe eft fouvent détruite
par la prôjeéfion de neige ; un moyen bien plus
efficace encore pour détruire cette odeur, c’eft de
la chaux v ive récemment éteinte ; en peu d’heures
Todeur eff détruite, & elle ffèft pour long-temps.
Mais cette projeftion de neige eft-elle applicable
dans une ville ? Non., fans doute : fi la foffe
eft conformément aux loix des bâtimens, c’eft-à-
dire , fi le fond en eft folidement p av é, s’il y
a un muf & un contre-mur féparé par un bon
corroi de glaife ; fi enfin la foffe eft, comme elle
doit l’être, imperméable aux eaux, l’intérêt du
propriétaire s’oppofe à la projeéfion d\ la neige,
car, que fera-t-il ? 11 augmentera la maffe du
liquide de fa foffe, 8c bâtera le moment de la
vuidér.
La foflTe eft-elle conftruife à fond perdu? ce
qui eft contraire ayx lo is , à la chofe publique,
cl ce dont les architeéLs & les entrepreneurs honnêtes
ne fe rendent jamais complices, alors il y
aura infiltration , mais auffi les puits du voifinage
feront înfeéfés; il s’élèvera de vives réclamations,
le propriétaire deviendra refponfable du dommage
qu’il aura caufé, il aura des procès à foutenir,
des réparations très-difpendieufes à faire, & dans
ce cas fon intérêt s’oppofe à l'emploi d’un pareil
moyen.
Nota. Il y a , hors des villes, un emploi profitable
à faire des matières fécales ; au lieu de les
faire confommer ou entra ner. par les eaux de
neige, c’eft d’en préparer ce que les Anglais appellent
des compofts pu eonlpofittons d’engrais, en les
mêlant avec de la terre.
Moyen de neütrâVifer à peu de frais tes foffes d'aï-
fance, afin d en faire la vuidange fans inconvé-
nient & fans danger^ ; par M. Mär cor elle*
■ Si l’accident funeftè , qui’ arriva le 16 avril
17 79 , dans un^ foffe d’àîfapce de Narbonne,
jeta d’une part le deuil & la 'confternation dans
cette ville , il a procuré de l'autre des avan*
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tages inappréciables à l’humanité. [C'eft cet accident
dont-je rendis compte , le 5 mai fuivant,
à l’académie royale des fciences de Paris, qui a
déterminé cette compagnie à définir exa&ement
1 afphyxie & l’apoplexie, à bien établir les caractères
conftirutifs & diftinéfifs de l’une & de l’autre
de ces maladies, que l’ignorance ne confond
que trop fouvent, & à expofer d’une manière
claire & précife ,1a méthode qu’il faut füivre dans
le traitement des afphyxies. C’eft cet accident qui
a porté les favans à publier divers écrits, qui ont
répandu le plus grand jour fur.le méphinfme, à
découvrir les fourcés les plus cachées de la vie,
& â les rouvrir, pour reffufeiter des citoyens
fauffement réputés morts , & les rendre à la
patrie, dans le moment même où leur mort apparente
lui faifoieitf verfer des larmes fur eux,
C’eft cet accident enfin qui a engagé les phyfi-
ciens & les chimiftes à chercher des moyens pour
prévenir les effets terribles des vapeurs méphiti-
ques, empêcher que leurs miafmes n’altèrent la
pureté de l'air, ât parvenir à les diffiper & à les
neutralifer.
La découverte de la neutralifation des réfervoirt
de corruption , d’où s’élèvent fans ceffe des volcans
putrides, qui portent par-tout l'infeâion & la mortj
étoit réfervée à ce fiècle. Quand on en confidère
l ’importance, on eft étonné qu’elle ait été ft tar*
dive. Ce n'eft pas que dans les temps antérieurs,'
la phyfique & la chimie réunies ne fe foient occupées
de la recherche des moyens de faire, avec
le moindre danger poflîble, la vuidange des foffes
d’aifance ; mais ceux que ces fciences ont trouvés
jufqu’à ce jour, font compliqués, difpendieux, &
fouvent infuffifans & inefficaces. Entre ces moyen«!
on difiin^ue ceux du feu & du ventilateur. Je vais
effayer d en donner une idée, d’après celle qu’eu
ont donnée MM. Laborie, Devaux, Cadet & Pat-
mentier.
Le feu eft un fourneau de réverbère afpirant paf
fon fond , placé au milieu de f atelier des vuidan-
geurs, fur un trépied élevé de terre d’un ou deui
pieds ; le dôme du fourneau eft furmontéde tuyaux
de tôle, qui ont leur iffue en dehors.
Le ventilateur confifte en un cabinet de menu!-
ferie, placé fur l’ouverture de la foffe, dans l’intérieur
duquel le vent de plufieurs fouffiets, qui
jouent en dehors, fe rend par trois tuyères ,doni
deux horizontales aboutiffent à l’orifice du réfer*
veir^ l’autre tuyère pari de la partie fupérieure
du cabinet, fouffle du haut en bas, & perpendiculairement
au même orifice. On bouche toutes
les ouvertures qui répondent à la foffe. à l'exception'de
celle qui eft la plus voifine du toit. Sur
celle-ci on établit un entonnoir de fer-blanc; fer*
vant de bafe à plufieurs tuyaux placés les uns
dans les autres 3 & prolongés jufqu’au-deffus des
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f maifons. Par cet arrangement & le jeu des fouffiets,
|on établit, du cabinet à l’extrémité des tuyaux,
|un courant d’air, qui fe charge fans ceffe des va-
Ipeurs méphitiques de la foffe , & les porte dans
Ile vague deTaimofphère. Le ventilateur eft aujpur-
Id’hui fi connu, qu’il feroit luperflu d’en faire une
■ plus ample defeription.
I Quoiqu’on donne dans la vuidange des foffes
lia préférence aux moyens dont je viens de parler,
ili ne laiffent-pas, que d’être fujets à des incon-
ivéniens d’une dangereufe conféqence. Les auteurs
■ que j’ai déjà cités en ont relevé & publié quelques-
uns; en voici un aperçu.
I i*. Le feu, de quelque manière qu’on en faffe
I ufage, fait éprouver aux vuidangeurs une chaleur
I très-incommode.
I 20. Il ne fauroit empêcher les émanations per-
Imcieufes des matières fétides, lorfqu’après avoir
■ été tirées des foffes, on les tranfporte en plein air.
I 30. Le ventilateur eft; un appareil très-com-
Ipliqué. Le cabinet dont dépendent fes avantages,
■ trouve fouvent dans le local des foffes des empê-
chemens qui ne permettent pas de s’en feryir.
! 4*. Le courant d’air que détermine l’appareil
■ du ventilateur dans les foffes, eft fi fuperficiel,
qu’il laiffe la maffe méphitique dans l’état de ftag-
I nation qui fait le danger, des vuidangeurs.
i 50. La vapeur des foffes chaffée par le jeu
Ides fouffiets, n’en exifte pas moins dans l’atmof-
Iphère. Il eft des cas où elle retombe & produit
Ides accidens fâcheux, même à de grandes diftances
I de la. foffe d’où elle: s’eft élevée.
I 6°. Enfin, tous ces. moyens fie font que des
R palliatifs, & ne fauroient détruire le principe du
I méphitifme.
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bares qui foient capables delà faire. Il feroit plus
difficile de les changer & de les neutralifer, que
quelqu’amas de corruption que ce fût.
^ Celui des foffes d’aifance eft le produit des dé-
je étions groffières des parties animales & végétales
, & des fubflances gazeufes décompofées ,
atténuées & miles en aétion par la chaleur fouter-
raine. Les vapeurs méphitiques qui s’en exhalent
étant d’une nature acide , il étoit naturel de pen-
fer que les alkalis feroient les agens qui pourraient
le mieux les neutralifer & les détruire. C ’eft
d’après cette idée qu’a été réglé le plan des expériences
dont je vais rendre compte. Je ne me fuis
déterminé à les publier , qu’àprès les avoir vérifiées
avec M. Calmettes, chirurgien , qui les avoit déjà
faites. La vérification & la répétition de ces expériences
ont fait voir que parmi elles, il y ën a dont
la réuffite n’eft pas heureufe. Je ne fais aucune
difficulté de les rapporter avec celles que le fuccès
a couronnées, parce qu’elles peuvent épargner des
tentatives à ceux qui voudraient les répéter ou en
faire de nouvelles,
i°i Une partie du gypfe, jetée fur detfx parties
de matières fécales, abforbe leur humidité fans
détruire leur odeur.
m
2°. Une partie de chaux réduite en poudre par
l ’aâion de l’air, ayant été jetée fur quatre parties
d’excrémens & d’urine mêlés enfemble, il s’éleva
du mélange une grande quantité d’alkali volatil ;
mais l’odeur putride n’en fut pas entièrement dif-
fipée.
3p. Une partie de lait de chaux, rendu cauftique
par une leffive ordinaire, étant jetée fur quatre
parties d’excrémens & d’urine mêlés, détruit fur
le champ'le principe odorant de ce mélange : quelque
mouvement qu’on lui imprime, il eft toujours
inodore. Dans cette expérience, il ne fe. dégage
pas d’alkali- yolatiL
I II étoit temps qu’on ne livrât pas au hazard une
lopèration autant importante & dangereufe que l’eft
Icelle de la vuidange des foffes d’aifance. De ce t e
■ operation dépendent la fanté , la vie des hommes,
|& principaiement de ceux de la çlaffè qui en eft
Ifpécialement chargée ; daffe fi utile & pourtant
Ifi dédaignée; claffe; que fes fonftions rebutantes
fes périls imminens rendent fi déplorable ; clafle
I ^ui rifque de perdre la vie pour fauver celle des
I autres, & de trouver à chaque inftant fon tom-r
■ beau dans fon laboratoire. .
I Qu’il eft affligeant d’entendre dire enfuite frôi-
I dement, qqç cette claffe n’eft compofée que de
Ëporte-rfaix accoutumés à vendre la force de leurs:
1 epeules à leurs concitoyens ! réflexion inhumaine &
I meprifable ! 11 n’y a que des âmes viles & bar-
40. Une partie de lait de chaux, rendu également
cauftique par la lie de vin calcinée, ayant été
projetée fur deux parties de matières fécales, d’ urine
& du foin haché, qui, depuis neuf mois, éioient
enfermes enfemble dans une cucurbite de verre
bien lurée, détruifit , au moment même de la
projeâion , leur principe odorant, fans qu’il s'en,
dégageât aucun atome d’alkali volatil.
- 5°. Le mélange de la précédente expérience fut
mis dans un baquet de vendange, où il s’éleva à
la. hauteur de quatre pouces : on y ajouta fix livres
de chaux en poudre & neuf livres Jefangd« boeuf:
on y jeta encore chaque jour d’autres excémenf
& dé Turifie. Ce. nouveau compofé qui remplit
prefque le baquet, ne rendit ; daps l’efpace de deox
mois, aucune mauvaife odeur.
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