
fe fert que de celles de Sainte-Menehoult les
verreries de Givors & de Pierre-Bénite fourniffent
principalement le Languedoc & la Provence. En
rendant juftice aux talens de ceux qui dirigent ces
établiffemens , dont les iuccès méritent toute con-
fidération , l’homme défintéreffé doit s’élever contre
ces préjugés qui s’oppofent aux progrès de l’art;
car l’opinion publique , qui fe décide Touvent fans
examen , met un obRacle invincible aux efforts les
mieux entendus de ceux que leurs lumières porteraient
à faire mieux que leurs concarrens, (k
il n’eft pas rare que , dans une fabrication coû-
teufe , l’artifte le plus éclairé & le plus inftruit foit
écrafé par les frais avant d’être connu.
Les qualités des bouteilles font la folidité, & la
belle couleur d’un noir q u i, en confervant cependant
quelque tranfparence , ne laiffe , à une
forte épaifîeur, apercevoir décidément aucune autre
nuance : on leur demande auffi, fur-tout pour
la confommation de Paris, lexaâitude de la jauge
& la beauté de la forme. Pour parvenir à la première
de ces qualités, qui eft en même temps la
plus précieufe, la folidité , le verre doit être d’une
compofition affez dure pour n’être pas attaqué par
l ’acide du vin ou des autres liqueurs qu’o a y renferme
; j’ai vu des bouteilles noires, qui, pour
avoir contenu de l’acide vitriolique, étoient percées
à jour , de nombre de/petits trous ; elles
contenoient fans doute une furabondance de fondant
ou de charée que l’acide avoit-mis en diffo-
lution. On a auffi cherché à s’aflurer de la folidité,
en affignant aux bouteilles contenant une pinte de
Paris, le poids d’une livre & demie, poids de marc.
Nous verrons dans la fuite 4e cet article, que le
poids des bouteilles ne produit pas efficacement
leur folidité, puifqué des bouteilles très-légères,
compofées avec certaines matières, ont réfiftéà
des épreuves décrives que n’ont pu fubir avec
' fuccès des bouteilles pefantes, compofées d’une
autre manière.
Les fourneaux des verreries en bouteilles noires
font communément à l’allemande, ou chauffent
par deux tifars. Ceux dans lefquels on -brûle du
bois, font chauffés comme le four à glaces. Les
tifeurs manoeuvrent de même ; le bois eft également
façonné en billettes ou pivèttes, & on l’employé
fe c , en le dépofant fur la /eue, avant de
le brûler.
Les fours font quarrés jufqu’à la hauteur des ouvreaux,
leurs parois font jufque-là montées perpendiculairement.
Au feuil des ouvreaux commence
la voûte ou couronne que l’on peut conftruire félon
les procédés indiqués., (art. glaces coulées'). Les
dimenfions du fourneau dépendent du nombre des
creufets que l’on fe propofe d’y placer; dans les
verreries nombreufes, mais peu importantes de
h Lorraine , on ne met dans chaque four que quatre
pots, deux fur chaque liège, & comme ces
pots ont environ vingt-quatre pouces de diamètre
avant leur recuiffon, c’eft-à-dire, un peu moins
après, il fuffit, que le four ait cinq pieds de long
fur autant de large; on pourrait donner aux fiége
vingt-quatre 'pouces de large en la partie fupé-
rieure-, pour que les pots fuffent bien affis, &
vingt-huit pouces dans leur bafe pour augmenter
leur folidité. La voûte dans fon milieu s’élève de
cinq pieds & \ au-deffus de l’âtre.
Les creufets s’introduifent par les. tonelles qu’il
faut faire par conféquent d’une grandeur propre
à les recevoir, & telles que Ton puiffe librement
les porter entré les fiéges , ( voyez.la defcription
du four à glaces). L ’introdu&ion des creufets dans
le four peut s’exécuter, comme celle des creufets
à glaces , ou par le procédé moins facile» que
nous indiquerons en traitant des fours à bouteilles
chauffant en charbon.
Le four eft entouré de quatre arches fituées,
une à chacun de fes coins , & qui communiquent
' par des lunettss au feu du fourneau ; ces arches
qui dans d’autres ufines ne fervent qu’à la recuiffon
des pots, fervent ici à la»recuiffon des ouvrages.
On pourrait recuire les creufets dans une arche
ou carquaife féparée , mais rien n’ empêche,
lorfqu’on a un pot à remplacer, de recuire lecreu-
fet neuf dans une des arches du four, parcequ’a-
lors on a un pot de moins dans le four, & par
conféquent trois arches fuffifent pour la recuiffon
des bouteilles fabriquées.
Au-deffus _de chaque glaye , eft une arche
communiquant au four par une lunette : on y calcine
les cendres & autres matières. Ces deux arches
prennent de cet ufage le nom d’arches cen-
dri'eres- ; l’exa&e defcription; que nous donnerons
du four à bouteilles noires chauffant en charbon,
î & les figures qui y ont rapport éclairciront fuffî-
famment ce que nous pourrions avoir préfenté
trop fuccintement , en parlant du four en bois,
- fauf au leâeur intelligent à proportionner les di-
verfes parties du four à fa grandeur totale, fi l’on
imaginoit d’en conftruire de dimenfions plus étendues
que celui de cinq pieds cité ci-deffus.
Il eft affez inutile de rappeler ici que dans les
verreries en verre noir, les pots ou creufets,
• ainfi qwe les fours, doivent comme dans les autres
ateliers de ce genre, êrre çonftraits en argile
bien pure, & mélangée, pour les pots, avec
du ciment, & pour les fours, ou avec du ciment
ou avec un quartz très-réfra&aire ; nous avons
déjà annoncé que les verriers de Lorraine , employant
à la conftruétion de leurs fours un grais
très-dur.
Nous nous étendrons fur la defcription du four
en charbon pour le verre noir , fur les précautions
avec les quelles on le conllruit, fur la maniéré
dont on le fert, foit pendant la fufion, foit pen-
dant,le travail., ces objets étant communs à toutes
les verreries chauffant en charbon.
Le four que nous allons décrire varie un peu
dans fes dimenfions, félon la qualité connue du
coflibüftible què l’on doit employer ; fi le charbon
donne beaucoup de flamme fans que la braife,
qui réfulte de la combuftion, ait une ardeur bien
vive , on donnera plus de hauteur à la-voûte,
pour que la flamme ait îèfpace ncceffaire a fon
■ développement ; fi au contraire le charbon fournit
peu de flamme & une braife très-ardente , comme
l’intérieur du four fera principalement échauffé
par la chaleur de la braife, il conviendra de faire
la voûte moins élevée. Voici dans les deux cas;
les dimenfions que l’on peut donner au four ;
nous ne nous arrêterons fas, à définir les diverfes
parties du four ; elles portent les mêmes noms,
que les parties correfpondantes du four à glaces,
& nous les fuppoferons connues, d’ailleurs elles
feront exactement définies dans le vocabulaire que
nous aurons loin, d’ajouter à la fuite de nos articles
verrerie.
En fuppofant un charbon rendant beaucoup'de
flamme, le plan géométral d’un four deftiné à
recevoir fix creufets , aura en quarré fëpt pieds
quatre pouces fur chaque face. La grille fur laquelle
doit être dépofé le combuftible, occupera
le milieu du four d’une tonelle à l’autre, comme
on le voit en CG (PI. VIII. Tom. V , dès
gravures). La grille fera fituée à la partie la plus
baffe du tour, & elle aura outre la longueur de
celui-ci, celles des tonelles avec une largeur de
feize pouces. Les tonelles G G ont trente pouces
de long fur une égale largeur, & elles font cein-
trées à trois pieds trois pouces au-deffus de la
grille ; cette largeur & cette élévation leur font
néceflàires pour la facile introdu&ion des pots dans
le four. La hauteur totale de l’intérieur du fo ir
eft de neuf pieds depuis la grille jufqu’à la c k f
de la couronne. Deux fiéges ou banquettes font
difpofés, un de chaque coté de la grille; leur fur-
face fupérieure eft à deux pieds neuf pouces au-
deffus de la grille ; cette furface fupérieure fur
laquelle pofènt les pots , a connue le grand diamètre
de ceux-Jçi, de trente à trente-tro.s pouces de
large. Le four-payant fept pieds quatre pouces de
largeur, il s’enfuit que les fiéges font diftans iun~
de l’autre en leur bord fupérieur de vingt-deux à
vingt-quatre pouces, tandis qu’à leur pied , ils ne
font féparés que par la largeur de la grille = feize
pouces, donc la bafe de chaque fiége a trente-fix
pouces de large. Cet efpace contenu entre les fiéges'
& dont la grille fait le fond eft ce qu’on appelle
le foyer du four. Les ouvreaux font élevés au-deffus
de la furface fupérieure des fiéges , de manière
que leur feuil ou leur âtre, domine un peu
fur lé pot correfpondant ; ainfi , fi le pot à trente
pouces de hauteur, il faut placer l’ouvreau à trente
un’pouces au-deffus du fiége ; il y a autant d’ouvreaux
que de pots & ils font fitués chacun au-
deffus d’un pot. Dans le four que nous décrirons
il y aura donc trois ouvreaux de chaque côté du
four. ( Voyez la pi. déjà citée, ). Les ouvreaux
ont dix pouces de hauteur & dix pouces de large;
la voûte commence au feuil des ouvreàux , Ôt
s’élève jufqu’à la hauteur donnée de neuf pieds.
On peut, en la formant, ou conferver les coins
du quarré du four, ou les faire difparoître ; ce
dernier parti me paraît préférable, en ce qu’il procure
plus de facilité à la circulation de la flamme.
Au four de fufion font joints fix petits fourneaux
appelés arches; ils font conftruits, fimplement en
bonnes briques ordinaires. Quatre de ces arches
font difpofèes aux quatre coins du four de fufion ;
deftinés au même ufage que les arches à pots du
four à glaces, elles ont la même forme & des dimenfions
à-peu-près femblables, ce qui nous difpenfe de
nous arrêter à les décrire. Les deux arches defti-
nées à calciner & fritter les matiè. es, font placées
au-deffus des glayes, c’eft-à-dire, au-deffus de
l’intervalle que laiffent ehtr’elles deux arches à
pots, jufqu’a la tonelle : on a feulement l’attenrion.
de tenir la voûte conftruite entre les deux arches à
pots, & fur laquelle pofe le pavé de l'arche cen~
dri'ereyaffez élevée; pour que letifeur puiffe palier
librement par dtffuus, <k parvenir fans trop de
gêne au tïfar ou tifùnier, ouverture pratiquée
pour le tifage, à la maçonnerie dont on bouche
la tonelle pendant le travail, & tant que l’on n’a
pas de creufets à introduire dans le four. L’arche
cendrière a une forme quarrée de huit pieds fur
cinq , & la voûte dont eile eft couronnée eft circulaire,
& a deux pieds & f de rayon, comme
on le voit en F. (Pl. IX. Tom. V des gravures).
Ces fix arches communiquent au four de fufion
par des lunettes ; celles des arches à pots, ont
fept pouces en quarré, elles fon: fituées aux quatre
coins du four, à deux pieds onze pouces au-deffus
des fiéges,& on appelle cornlers la portion des coins-
du four, çomprÜe depuis le fiége jufqu’à la lunette
de i’àrche à pots. Les lunettes des arches cen-
driëres font auffi quarrées , & elles ont fix pouces
& | de largeur, & autant de hauteur; elles font
fituées à fix pieds fept pouces de la grille , exactement
au-deffus du milieu du ceintre ffe chaque ton elle.
Les arches cendrières ont une gueule G ( pl.
IX. Tom. V ) d’environ douze à quinze pouces
de large, ceintrée.à une hauteur fembiable, par
laquelle on jette les maf.è.-es fur le pavé des arches
avec une' pelle ; on les y remue avec un
râble, & on les détourne après une calcination
fuffifante avec la pelle à enfourner ou ejlraquelle.
Au-deffus de la gueule G , eft un petit conduit
H. qui donne palfage aux fumées d'e l’arche.
Le four eft revêtu jufqu’un peu au, deffous des