
leur bleue ; tandis que la matière tourbeufe qui
y eft mêlée , conferve toujours le même afpeâ
qu’atiparavant.
Ce*te fuftance eft friàbîe , fe brife facilement
en la ferrant dans les doigts ; la partie bleue fe
réduit en poullière impalpable.
Lorfqu’on la fouille , elle rend une odeur ful-
phureufe : pour la fèparer de la^ tourbe L on • l’agite
quelque temps dans l’eau qu’on laifi'e re-
pofer ; bientôt après on trouve au fond la partie
noire ; on retire la bleue en verfant l’eau avec laquelle
elle s’eft mêlée , mais dont elle fe féparc
promptement, en fe précipitant au fond : cependant
il refte toujours, quelque foin qu’on y prenne,
quelque chofc de la partie noire.
Cette couleur toute préparée dans le fein de
la terre , ne peut fe lier avec l’huile ; mais elle
fe didout paffablemenr dans l’eau, & à l’aide de la
gomme elle peut fervir pour la détrempe.
V o y e z , dans ce Dictionnaire, les arts du charbon
de terre , & de la houille, qui ont beaucoup
de rapport avec la tourbe.
Nous ajouterons ici un excellent Mémoire de
M. P. Pfeiffer, Chimifte Allemand , qui enfeigne
la méthode d'épurer le charbon de terre & la tourbe ,
p ar un procédé chitniqu -, 6» d \n employer avec utilité
& avantage les drjférens produits.
P o ur m eux p rvenir à mon b u t, d it A f. de P feiffer,
je diviferai ce p etit traité en quatre feilio n s.
D a n s la première , je développerai les principes fur
lesquels j'éta blis ma méthode d épur. r le chai bon de
terre 6* la tourbe , & je répondrai a u x objections qu'on
y a fa ite s.
D a n s la féconde , je parlerai des p-océdés qu ’il
fa u t Ju iv e dans La méthode a1 épurer ces combujlibles.
D a n s la troifièmz , il fe>-a q uefion de la manière
d'employer avec utilité & avantage les dijferens produits
qdo n obtient de ces combujlibles a in fi épurés.
D a n s la quatrièm e. j e ni arrêterai à déduire, d'après
des fup putations exaEles & des calculs J id tL s , les
a vantag.s réels qui résultent de ces procédés , ta n t pou ■
l ’E t a t , que p ou r les ent/epnneurs.
ƒ_ ta her.iï de traiter ces quatre a -ti:’es d u n e m anière
aujji concife, a ufficlair e & aujji com plète, que
Im p o rta n ce de La matière l'exige & le permet.
I . Principes fu r le fq u ls il fa u t établir la m et1,ode d é purer
& a ’améliorer Le chai bon de terre & LA t o u r b e .
Tous les arts & toutes les fciences utiles doivent
être fondés fur des principes généraux, dont il
n’eft pas permis de s’écarter dans leur développe;
ment, fi l’on veut les porter à la perfeétion ; & \\
faut que ceux qui prétendent les améliorer, les
aient confidéfés fous tous les afpeCis poffibles, &
qu’ils en connoiffent tous les défauts , pour les démontrer
d’après des principes naturels ou déjà
connus , Si pour combattre les vices des procédés
que d’autres voùdroient employer pour opérer
cette amélioration, afin de rendre leur, enfeigne-
merst d’une utilité générale, & de garantir contre
l’erreur ceux qui cherchent à s’inftruire.
Si je ne veux pas moi-même m’écarter de ces
règles dans ce traité fur la méthode d’épurer le
charbon de terre & la tourbe, il faut que j’examine
d’abord ;
i°. Quelles font les parties intégrantes qui com-
pofent ces deux combuftibles ; ce qui me conduit
a rechercher ;
- 20. Si le charbon de terre & la tourbe contienne
t.t des parties qui rendent l’ufage de ces com-
büitibies difficile ou même impoflible pour certaines
opérations qui fe font par ie moyen du feu,
& quelles font ces parties.
3°. Je dois enfin examiner s’il y a des moyens
par lefqutls on peut parvenir à corriger les défauts
naturels au charbon de terre & à la tourbe ,
ôt en rendre l’ufage plus généra!.
Quoiqu’il y ait une grande différence entre la
nature du charbon de terre & celle de la tourbe;
ainfi que dans le mélange primitif de leurs parties
intégrantes , il n’eft pas moins vrai que ces deux
efpèces de combuftibles donnent par l’analyfe
chimique beaucoup de parties terrèufes, qui con-
fiftent ordinairement en argille, & de tels qui
font un compofé de fel ammoniac & de fel admirable
de Glauber, & quelquefois auffi, mais
rarement néanmoins, de fel commun; de plus,
une eau ftyptique, puis un acide fulfureux, &
enfin de l’huile effentielle & de l’huile empyreu-
marique.
Outre ces parties dont le charbon de terre &
la toùrbe fon t, en général, compofés , il y a
quelques efpèces de ces combuftibles où l’on
trouve de l’ardoife & d’autres pierres ( mais jamais
de pierres calcaires ) , des métaux, des demi-
métaux , & quelquefois auffi des pyrites fulfu-,
reufes.
Ces parties intégrantes du charbon de terre &
de la tourbe, qu’aucun bon chimifte ne révoquera
en doute, font apercevoir facilement que
toutes les efpèces de ces deux combuftibles , ne
doivent pas être également bonnes pour l’ufage,
& qu’elles demandent, en général, à être épurées.
Les défauts ordinaires du charbon de terre &
de
<le la tourbe conf.ftent: i \ en ce que la grande
d’aruille ou de terre grade qui.s y trouve,
rend dans bAonte'du fer. la réduaion fort diffi-
■ V & produit beaucoup de mauvaifes tcories ;
en ce que l’acide vitriolique ou fulfureux dont
ce's combuftibles font chargés ; rend le fer aigre
& pailleux. 3°. en ce que la mauvaife odeur de
l’huile empyreumatique nuit à la. fante, & que
Ces défauts , qui ne font pas communs à toutes
les efpèces de charbon de terre & de tourbe en
général, mais feulement à quelques-unes en particulier,
doivent être attribués à l’alliage de 1 ar-
doife , des cailloux , des pyrites & des métaux ;
& ces impuretés font fi nuifibles dans plufieurs
travaux, & particulièrement dans la fonte du fe r ,
qu’elles rendent l’ufage du charbon de terre & de
la tourbe - totalement impoflible dans quelques
Si, comme je l’efpère , j’ai bien détermine les
différens principes qui compofent le charbon de
terre & la tourbe ainfi que les défauts qu’offrent
ces combuftibles , il s’agit maintenant de favoir
de quelle manière on peut remédier à tous ces
défauts.
Ma réponfe fera courte. Qu’on change la qualité
naturelle de l’argille par une fuffifante igni-
tion , & fa cendre fera enlevée auffi facilement
par le foufflet, que celle du charbon de bois,
fans qu’il en refte des feories. Q u’on dépouille
le charbon de terre de fon acide vitriolique , fa
préfence, airift que le mauvais effet qui en résulte
, n’auront plus lieu. Qu’on purifie de même
le charbon de terre de fes huiles, il ceffera aufli-
tôt do jeter de la fumée & de répandre une
mauvaife odeur , & par conféquent de nuire à la
fanté.
Les ebimiftes conviendront fans peine qu’ il eft
poflible de purifier les combuftibles en queftion
xle ces mauvaifes qualités ; il s’agit donc feulement
de favoir comment on peut parvenir à opérer
cette amélioration en grand, de manière que cela
n’en augmente pas confidérablement le prix, &
dans qu’ils fe trouvent privés de leur aâivité ou
de leur matière phlogiftique , & par conféquent
de leur effet. Voilà, dis-je , des difficultés qu’on
xegafde comme infurmontables : cependant ces
procédés ne feroient que de fimple curiofité , fi
l’on ne pouvoit pas les employer en grand , &
en tirer un avantage réel pour la fociété.
La manière dont on peut opérer en grand, fans
augmenter le prix du charbon de terré & de la
tourbe, fera le fujet des fe&ions fuivantes. Je me
bornerai ici à examiner & à réfuter l’objeéfion
qu’on fait, en général, qu’en enlevant à ces combuftibles
leurs parties grades & fulfureufes^ on les
prive en même tems de leur activité , & que par-
conféquent l’ufage en devient nul.
On auroit de la peine à croire que de pareilles
idées puiffent entrer dans l’efprit de gens qui ont
vu des fours à goudron, ou feulement des fourneaux
à charbon de bois ; mais lorfque de célèbres
chimifte,s ofent les avancer, il eft permis de leur
reprocher qu’ils ne fe rappellent plus les premiers
principes de leur art. Ils fa vent, ou du moins de-
yroient favoir, que le phlogiftique ou la propriété
de brûler, ne dépend point du foufre & de l’huile.
Le zinc contient beaucoup de phlogiftique
ainfi que le fer & l’acier ; une corde de chanvre
même renferme de la matière inflammable, comme
le favent les bergers qui s’en fervent pour faire
du feu pendant qu’ils gardent leurs troupeaux.'
Enfin, il y a , en général, peu de fubftances
o 11 il n’y air pas une plus ou moins grande quantité
de phlogiftique, que l’on peut auffi faire paffer
d’un corps dans un autre, ainfi que cela a lieu,
par exemple, en fondant le fer & l’acier. Il n’eft
donc pas d’une conféquence abfolue, qu’en enlevant
à une fubftance fes parties oléagineufes &
fulfureufes , on la prive par là de fon inflammabilité.
Si l’on pouvoit douter de cette vérité, on n’a
qu’à jeter les yeux fur la manière dont on cuit
le charbon de bois , pour en être convaincu.
Toutes les efpèces de bois contiennent des parties
terreufes, aqusufes , acides, fulfureufes & oléagineufes
ou réfineufes. En devenant charbon, le
bois fe trouve privé de tout ce qu’il renferme de
fufible , & par conféquent aufli du foufre végétal
& des matières graffes. O r , il faudroit être bien
hardi pour ofer prétendre que le bois converti
en charbon, ou le charbon de bois ne contient
point de matière inflammable , & pour ne pas
convenir que le charbon de bois a d’autant plus
de vertu & d’aéfivité, que le bois a été mieux
garanti du contaél de l’air pendant la cuiffon , &
que le phlogiftique en a été moins volatiliflé.
On accordera donc auffi fans peine, que dans
toutes les efpèces de charbonifations, le principal
foin doit être de tenir le feu bien concentré, ou
d’empêcher l’approche de l’air , fi l’on veut que le
charbon conferve fa propriété inflammable ; que
par conféquent l ’objeéfion qu’on fait contre la
méthode d’épurer le charbon de terre & la tourbe,
relativement aux matières graffes diflipées , eft
tout-à-fait déftituée de fondement : mais malgré
cela, cette explication fi convaincante ne parut
pas fatisfaire certains chimiftes qui jouiffent d’une
grande réputation.
On propôfa un effai ; favoir , de mettre ea