
à 18 kreuzers la pinte.. . . . . . . . . . . . 1200
Total de la recette annuelle.............. 21000
La dépenfe annuelle monte à .............. 14280
Il refie donc de bénéfice net f l ......... 6720
Dans le devis ci-deffus, j’ai fuppofé qu’on fe
fert de charbons de terre gras , qui fe gonflent
au feu , & dont un quintal de charbon de terre
brut donne environ une mine de charbon de terre
épuré. J’en ai calculé l ’achat & la vente d’après
le prix de ce combuftible à un certain endroit
qui m’eft connu . Les calculs doivent donc changer
î uivant le local & les cireonfiances ; mais on s’aperçoit
facilement que , malgré toutes les variations
qui peuvent avoir lieu à cet égard , le profit
qui réfulte de l’épure me :.t du charbon de terre ,
doit toujours être fort confidérable.
Quand on emploie pour cette opération une
qualité inférieure & même impure de charbon de
terre , ainfi que de la mauvaife tourbe , on ne peut
nullement elpérer que le charbon de terre fe gonflera
, & il faut qu’on s’attende aufli à recueillir
une moindre quantité d’huiles. Mais, d’un autre
côte, on jouit de l’avantage de pouvoir remplir
les fours à comble; & l’on Jera, en quelque forte,
dédommagé par l’abondance des efprits acides,de
la perte qu’on fera.fur l’article des huiles. Quant
à l’eau ftyptique, il n’y aura qu’une légère différence
dans la plus ou moins grande quantité
qu’on en obtiendra , fuivant la nature bonne ou
mauvaife des charbons de terre.
Il paroît donc d’une vérité inconteftable , que
la découverte du procédé d’épurer le charbon
de terre & la tourbe, eft de la plus grande importance
poür le public & pour les entrepreneurs,
en rejetant feulement pour cela les plus mau-
vaifes efpèces de charbon de terre & la plus légère
tourbe.
Il faut néanmoins que j’ avertifle les' entrepreneurs
qu’ils doivent toujours vendre les combuf-
tibles épurés à la mefure, & jamais au poids;
ce qui feroit fur-tout préjudiciable à la vente du
charbon de terre pierreux, qui perd au moins
un quart de fon poids fpécifique : la tourbe fouffre
encore un plus grand déchet.
La rareté du bois devient plus grande d’année
en année. Il y a même déjà des endroits où il fe
vend au poids ; & cette difette doit augmenter
progreflivement àyec la population d’un pays.
Explication de la Planche de l'A r t de la T ourbe Tonie I V des
Gravures,
T première vignette représente une prairie
basse, plus ou moins anciennement marécageuse,
où est un atelier en travail de tourbage à la bêche
ou au louchet, avec épuisement de l’eau à la bascule
et à la vis d’archimède.
M M M. Trois bêcheurs en travail jetant,
l’un à droite , les deux autres à gauche.
N N N. Trois jeunes filles , brouéteuses, servant
les bêcheurs ou jeteurs.
O. Quatrième fille qui brouète les tourbes
qu’elle vient de recevoir, et qu’elle va ranger
en pïl et te , ou petite pile.
On voit par cette manière d’opérer que pour
entretenir les jeteurs dans un travail continué
; il faut à chacun au moins deux broué-
teufes et plus à proportion de la difiance
de la fo lle , à l’emplacement des pilettes.
P. Divers monceaux de tourbes en pi.Uttes,
chacun formé du quart de la moitié d’une
brouétée entière. Us sont écartés pour que
l’air y circule librement. '
Q. Divers monceaux de tourbe en câtelets,
chàteuts ou petifs châteaux , écartés d’un
pied au moins pour qu’on puifle paflef entre
deux , et avoir la facilité de les mettre en
lanternes.
R. Divers monceaux de tourbes en lanternes.
Dans le cas présent, comme dans les précédens
où il eft queftion de varier ces formes , on a
foin de prendre les tourbes du sommet des
unes , comme les .plus sèches, pour faire la
bafe des autres’, afin que le sèchement soit
uniforme et parfait : toujours on fait entrer
plusieurs câtelets dans une lanterne, quelquefois
jusqu’à trois.
S. Bafcule Trique-bale ou bilbac où trois
- hommes , ordinairement quatre, appliq^5
au*
aox cordes, forment la puiffance èt un cinquième
homme efi en place pour vider le
fceau lorfqu’il’eft élevé au -deflùs du niveau
de la prairie , fur laquelle on facilite un écoulement
au loin.
T. Vis d’archimède qui n’exige pas moins de
trois hommçs pour un travail continu. On
empêche l’eau de retomber dans la foffe,
et oh la rejette du côté de la rigole, au
moyen d’un batardeau en planches ou en
terre , placé au-deffous de la gorge de la
vis , entre elle & fon point d’appui, tour
proche du haut de la courfière.
Cette v isa 15 pouces de diamètre en dedans
et 17 pouces en dehors , elle a 17 pieds de longueur
, non compris les parties de l’axe cxcé-
dentes du corps de la vis. Elle eft plus ou
moins inclinée jusqu’à l’angle de 45 degrés
suivant la difpofition des lieux, ou la profondeur
des eaux La pente commune eft déterminée
fur une hauteur verticale , du tiers à
la moitié de fa longueur , & du tiers à la
moitié de fa hauteur prife du plan horizontal
de la partie inférieure, mais toujours d’autant
moins que les eaux tont plus élevées : trois
hommes peuvent iervir la machine inclinée
au tiers de fa hauteur, mais ils ne peuvent
que très-difficilement continuer un travail
qui demande beaucoup d’action et de vigueur
; il vaut mieux y en employer quatre.
V V V . Foffes formées par l’extraction de la
tourbe, a&uellement remplies d’eau & défi-
gnées par l’expreflion de creux ou trous à
tourbe.
X. Maifon où l’on retire les outils pendant la
nuit. Lorfqu’il n’y a point de bâtiment à
portée du marais qu’on tourbe , fi l’exploitation
eft en grand, on en conflruit un pour
le temps de fa durée, qui eft quelquefois
de 5 à 6 ans, & qui peut être prolongé à
▼ olonté. Si l’objet n’eft pas confidérable
pour chaque particulier, les uns & les autres,
tous les foirs, remportent chez eux leurs
uftenfiles , excepté les pièces que leur poids
préferve d’un enlèvement furtif.
Y Y . Repréfentation des coteaux qui forment
les vallées de la Picardie , prefque par-tout
crayeux, souvent très-maigres , & généralement
découverts. On y voit quelques bouquets
de bois , fur les hauteurs , à des distances
allez éloignées, peu d’arbres d’ailleurs
qui même dans la plupart des cantons ne
(emblent végéter qu’à regret.
Bas de la Planche,
Fig. a. Bêche ordinaire ou de déblai ; celle qui
fert à ouvrir une fofle.
Fig. b b. Bêche à tourber , autrement connue
fous le nom de Louchet à aileron ; car
on défigne aufli la bêche ordinaire fou«
le nom fimple de loucher.
La première repréfentation de ce louchet, vu
de face , préfente dans fon plan un angle
^ obtus, dont les côtés , fur une longueur de
cinq pouçes , donnent un écarrement de deux
pouces en fus de 90 degrés. Cet évafement
eft pour faciliter l’échappement de la tourbe.
La fécondé repréfentation eft le même louchet
vu de profil, quant au fer de la bêche, & va
de face , quant à l’aileron.
Fig. b , nm. 2. Plan du fer du louchet, où eft marqué
par une ligne pon&uée de combien l’angle de
fes côtés excède 90 degrés.
Fig. c. Pâlot ou Epuchette, fervant foit à l’épuife-
ment de l’eau,lo. iqu’il en refte peu au fond de
la fofle ; foit à nettoyer le plancher que les cou-,
peurs ou jeteurs viennent de découvrir.
A chaque hauteur , ou plutôt à chaque lit de
tourbe, de la hauteur du fer de la bêche
on élève avec l’épuche les morceaux de tourbes
, de rofeaux, ou autres matières brifées t
qui fe font détachées pendant l’opération.
Vepiiche ne diffère de Vèpuchette , que par fa
grandeur qui eft double de la grandeur de
celle-ci ; elles fervent au même ufage.
Fig. d. Brouette, pour voiturer les tÔurbes fur le
champ où elles doivent fécher. On en met à
la fois 1 5 , 2 1 , 28 , fuivant la diftance des
lieux & la force de laperfonne.
Fig.e. Riais , P dette ou petite pile.
Fig. f . CâtAct , Châtelet ou petit château.
Fig. g. Lanterne. Ce»<r pyramide polygone a plus
ou moins de côtés , fuivant fa grandeur; elle
eft en effet vide au centre.
Fig. h , h. Vis d’Archimede vue en grand , de face
& par côté, avec le développement de fon
axe , de fon armure , du tafleau qui lui fert
de pointd’appui, de fon cou J< & de fa manivelle.
On remarque fous le chevalet du point
d’appui, une vue de la coupe de la courfière
qui indique fa dispofition.
Arts & Métiers , Tome VIII• D d