& ne retombe. Lorfqu’il eft à-peü-près droit, deux
ouvriers, par l’ouvreau auquel on place le pot ,i
l ’un avec un grand crochet de dix pieds de long
qui faifit le bord du pot, & l’autre avec une {impie
barre de fer un peu courbée, appuyée contre la
flèche du creufet, retiennent & foutiennënc celui-
ci dans fa pofition. La grande barre l’abandonne,
& fe place fous fon fond ; ou enlève le p o t,
jufqu’à la hauteur du fiége fur le bord duquel on
i e pofe ; le grand crochet continue à l’attirer en
fa place, tandis que la grande barre fait effort,
pour le porter plus avant fur le fiége, ou pour
l’y pouffer par le j-able, lorfqu’il eft déjà allez
l° g é , pour qu’il ne foit plus poffible de le prendre
fous le fond. Pour aider à tous cès mouve-
mens de la bûche, le rouleau a dans fon milieu
un bouton , contre, lequel la grande barre appuyé
dans fes efforts, & qui l’empêche de gliffer le long
du rouleau.
Après que l ’on a mis ainfi, le pot ou les pots,
que l’on avoit à placer, on refait l ’arcade du ti-
fonnier, ou , ce qui eft la même chofe, on bouche
la tonelle, comme il convient pour la chauffe,
& on marge la lunette de l’arche , pour qu’elle
fe rèfroidiffe.
Pour retirer du four des pots caffés, ou les èloche,
c’eft-à dire, on les détache du fiége, en les fou-
levant par le jable, avec un levier qu’on introduit
par la chambre correfpondante, & on employé
enfuite les manoeuvres que nous venons de
décrire, mais en fens contrairé.
Si l’on veut fe donner la peine de comparer la
mife des pots , telle que nous venons de l’expofer,
avec celle que l’on trouve dans l’Art glaces coulées,
on obfervera aifément l’identité des procédés,
mais on ne pourra fe refufer à reconnoitre, combien
les moyens de la glacerie font plus faciles
& moins pénibles-
Nous avons eu affez d’occafions de parler du
tifage des fours à l’allemande en bois , pour ne
pas nous en' occuper davantage' à l’avenir. Le tifage
en charbon de terre entraîne des différences
à raifon de celle des combuftrbles ; le réfidu de
la combuft'ion du charbon forme des matières dures
, moicffes , ou crayers , qui font très fufceptibles'
d’engo: gcr la grille , fur laquelle brûle le charbon ,
daçs ce cas , le courant drair, que fournirent
les caves , fëroit iutercepté, & la combuftion per-
droit tome fon a&ivité ; il faut donc, r°. que la
conftryiâîon de la grille fourniffe des moyens faciles
de la dégager dans le befoin , V . que lés manoeuvres
du tifar ayentpour but de la tenir conf-
tamment libre, plus ou moins à la vérité, feloti
les circonftances , mais toujours à volonté.
Des barres de fer qui compofent la grille, il
y en a quatre ou cinq placées d’un fiége à l’antre ‘
ce font les plus fortes. Elles font deftinées à fup.
porter les autres, & , à raifon de leur poids qui
les retient en leur place , on les appelle dormans.
Les'autres barres beaucoup plus minces font dirigées
d’une tonelle à l’autre, & elles font fuppot-
tées par les dormans :. elles font mobiles, pour
que l’on puiffe plus aifément dégager la grille.
Le tifeur jette avec une pelle du charbon fur la
grille par les deux rifonniers; la quantité, qu’il en
met à chaque fois , eft déterminée, par l’état de fon
four, & par l’a&ivité -aéhielle de la chauffe ; mais,
comme le charbon s’enflamme, en petite dofe,
avec moins de rapidité que le bois, & qu’en plus
forte dofe, il brûle plus long-temps, il s’enfuit,
que le tifeur en charbon n?eft pas affujéti, comme
le tifeur en bois, à aller conftamrrient, &
fans interruption d’un tifar à l’autre, &, à cet égard,
fon travail eft moins pénible. Il exige auffï d’autres
foins ; le tifeur en charbon doit avoir une attention
continuelle, à ce que le courant d’air, fourni
par les caves, a gifle toujours efficacement, tant
pendant les fontes , que pendant l’affinage : lors
donc qu’il s’apperçoit, que le charbon forme , en
brûlant, une croutte qui bouche les interftices de
la grille, il s’empreffe à percer cette croûte, &
l’air, fe portant avec vivacité par les trous qu’il
y aura faits, accélérera la combuftion des charbons
dont on aura foin de les couvrir ; & fi
l’abondance des crayers vient à engorger la grille,
le tifeur aura l’attention de la dégager. Il employé,
pour ces manoeuvres , des ringards ou barres de
fer qu’on appelle barres à dégager. Il en a une
grande de onze pieds de long \ elle eft quarrée
vers le bout qui travaille à la grille, d’une longueur
de vingt-deux pouces, 8t elle eft ronde pendant
le refte de fa longueur; elle a environ de douze
à quatorze lignes d’épaifleur. Outre cette grande
barre, il y en a une petite de fept pieds de long:
le tifeur fe fert de l’une ou de l’autre , fuivant le
befoin; il defeend dans la cave, 8c, placé fous
la grille, il la dégage avec fa barre. Il eft affez
commode pour aider le tifeur dans fa manoeuvre,
de placer , au deffous de la grille & à chacune de
fes extrémités , deux -barres de fer arrêtées par
les deux bouts, dans la maçonnerie des piiliers
qui foutiennent les fiéges , l’une à vingt pouces
au-deffous de la grille, & l’autre dix pouces plus
bas : ces barres, qu’on appelle perchés, fervent à
appuyer & foutenirles barres à dégager, lorfque
le tifeur les- emploier
Si-quelque barre de la grille vient à fe déranger,
le tifeur la remet en place, l’avance , la recule à
volonté avec une tringle de fer d’environ fix pieds
de long & dix lignes de diamètre, défignée fous
le nom de fourche de tifeur g elle fe termine en
effet affez commodément en une efpèce de petite
fourchette à deux fourchons très-courts.
Matières,
Le verre noir ne demande des matières, ni très-
recherchées, ni très-foignées : le fable qu’on Y em-
nloie, peut, fans inconvénient, être Jaune &-un
S § terreux ; lafufion en eft plus prompte, & le
verre obtenu eft plus aifément de la couleur qu on
dèfire. Quant aux fondans, on préfère ceux qu d
eft le plis aifè de fe procurer; mais il faut qu ils
foient aifez puiffans pour qu’on ne fou pas oblige
d’en forcer la dofe. La principale qua ue du verre
noir eft la folidité; & comme on y renferme des ■
liqueurs qui contiennent de l’acide, il convient
qu’il n’entre pas, dans fa compofition, une trop
grande quantité de fubftances alkalines.
Compofitions,
Les fondans les plus ufltés dans les verreries à
bouteilles, font les cendres , la foude ou le vareck, ,
félon les lieux où l ’on eft établi : on emploie auili
lacharée. Nous ofons croire qu’en fe guidant d apres
ce que nous avons expofé dans l’article précédent, ;
on parviendra aifément à faire de bonnes compo-
fitions avec les fondans donnés & connus; mais !
voici une méthode de tâtonnement, qu’on trouve
dans l’encyclopédie in-folio, et qui peut être utile
aux artiftes qui croiront pouvoir négliger les principes
pour fe livrer à la routine. On la uippoie
mife en ufage dans un établiffement nouveau &
dénué de toute expérience. '
En recuifant le four, on place fur chaque fiége
un creufet fêlé , tel que l’on en trouve fouvent de
rebut en fabriquant les pots : on les renverfe, de
manière qu’ils préfentent leur fond à la hauteur des
ouvreaux : on met fur le cul des deux pots , fix ou
huit petits creufets nommés pe ins ou patelins,.
auxquels on fait une queue percée» par le trou de
laquelle- on puiffe les prendre & les retirer du
four, en y introduifant un ferret : on a foin de les
numéroter. Les grands pots , ainfi que les petits
creufets, fe recuifent avec le four; cependant, des
que le four commencera à devenir chaud, 8ç que
les arches cendrières rougiront, on mettra dans
celles-ci des cendres à recuire & calciner. On fera
de même fâcher du fable après l’avoir lavé on
fera enfuite autant de compofitions differentes que
l’on aura de petits creufets d’effai , variant les
«lofes avec foin. Dans l’encyclopédie in-folio, il
paroît que l’ on a combiné ces compofitions, fim«-
plement en affujettiffant les matières à une mefure
commune ; mais comme ces diverfes matières ont
différentes pefanteurs fpécifiques, qu’une mefiire
de fable, par exemple , n’eft pas d’un poids fem-
blable à celui- d’une mefure de cendres frittées,
en. paniroir, ce femble , d’une donnée plus exa&ê,
en pefant les matières, & c’eft ainfi que je con-
feillerois de. compofer.
Dans le petit creufet n°. 1 , on ne mettroit que
de la cendre pure, pour voir comment, en particulier
, elle fe comporteroit au feu ; elle feroit fans
doute un verre, à raifon de la partie terreufe qui
forme fa bafe, mais un verre trop tendre & trop
fluide; il eft feulement intéreffant d'obferver le
degré de fufibilité de la cendre. Dans le creufet
n°. 2 , on mettra huit parties de cendres & une
de fable ; dans le n°. 3 , fept parties de cendres
fur une de fable ; dans le n°. 4 , fix de cendres &
une de fable ; dans le, np. 5 , cinq parties de cendres
& une de fable ; dans le creufet n°. 6 , quatre
parties de cendres & une de fable ; dans le creufet
n°. 7 , trois de cendres & une de fable ; enfin ,
dans le creufet n°. 8 , deux parties de cendres Sc
une de fable. On remplira les creufets, on pouf-
) fera enfuite à /la fufion, & on affinera. On aura ,
foin de tirer de temps en temps, de chaque creu-
fe t, des larmes d’effai ; & lorfqu’on fera content
de l’affinage, on fera prendre fucceflivement, fur
chaque creufet, avec une canne , deux ou trois
coups de verre, & l’on.fera une paroifon. On fa
décidera alors pour la compofition qui aura été
plus tôt fondue , mieux affinée, & dont la couleur
remplira plus parfaitement les vues de l’artifte.
S i, âu-lieu de cendres ^ on employoit pour fondant
, du vareck ou de la foude, &c. on agiroit
de même pour faire des effais décififs. Si on fe dé-
terminoit à mêler divers fondans ou à mettre de
la charée dans la compofition , on varieroit,. de
la même manière , les dofes des diverfes matières,
dans differentes compofitions. L’auteur de l’article
verrerie, dans l’encyclopédie in-folio, dit que quand
le verre , tiré au bout de la canne , des p.tits-
creuifets, & applatti sur le marbre, n’eft pas blanc
après fon refroidiffementn c’eft figne qu’il eft
j,. bon, 8c peut-être qu’on y peut ajouter un peu
» de fable ; mais s’il eft blanchâtre, c’eft une mar-
», que qu’il y faut abfolument ôter du fable, 8c
» qu’il y en a trop. » J’obferverai d’abord qu’il eft
affez difficile d’aider les artiftes 8c de les éclairer
par des peut-être ; il paroît d’ailleurs que l’on ne
doit pas entendre , par ces expreflions , blanc-,-
blanchâtre, la qualité du veire tranfparent, era-
ployé à la gobeleterie, défigné fous le nom de
verre blanc; car il eft abfolument impoffible dé
l’obtenir des compofitions ci-deffus défignées &
détaillées; j’entends donc par blanc , blanchâtre r
l’opacité, le laiteux le défaut de tranfparence :
dans ce cas , ii faut confidérer à quelles caufes on
doit ce défaut. Si le verre eft mal fondu,- qu’on
n’ait obtenu qu’une demi-vitrification, il faut a fluoré
ment diminuer la dofe du fable ou augmenter
celle du fondant ; mais fi, comme c’eft' plus ordinaire
encore, l’opacité eft due à un fel de verre
trop abondant , à une trop grande quantité de
terre alkaline ou de charée : on réuffiroit mal en
diminuant la dofe de fable, puifqu’alors ce feroit
augmenter la dofe du fuin ou de la terre alkaline r