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Cette rèfiftance émit égale à trente livres, & |
cependant elle n’exigeoit pas qu'on augmentât J
de beaucoup la force néceffaire pour mouvoir le .
levier, parce que les deux réfiftances étoient en
équilibre : d’où il efl aifé de çonclute que deux
paires 'de ces foufflets , fitués horifôntalement,
font plus faciles à mettre en jeu , qu’une feule
paire.« •
Il eft très-important de faire les foupapes aufii
légères qu’il fera poffible; car celles qui pefoiént
deux livres', &que j’avois fait faire de fapin roug
e , de demi-pouce d’épais', ne. «’ouvraient pas
allez pour donner un libre paffage à l’air. Mais
celles qu’on fera de fapin blanc, du plus léger,
auxquelles on ne donnera, qu’ un quart de pouce
d’épaiffeur, & qui ne peferont que quinze onces,
feiont foulevées par l’air qui fe préfente avecim-
pétuofité, & formeront une ouverture^ d’environ
quarante-cinq degrés, c’eft- à-dire , quelles s ouvriront
à demi ; & alors les diaphragmes feront
hauff,s & baillés avec allez d’aifance.
Pour éviter que ces foupapes minces ne fe coffi-
nent ou déjettenr, il eft néceffaire de les fortifier,
en collant en. travers quelques .petits morceaux
de bois , favôir , un à chaque bout, & un au
milieu. Si l’on a l’attention de les faire de^ manière
que le bord inférieur qui eft la partie la
plus mobile , foit plus mince que le bord fupé-
rieur, qui doit avoir un demi-pouce d’épais pour
y atrachïr la charnière, on pourra par ce moyen
en diminuer confidérablement le poids; & fi l’on
fait les charnières avec du cuir de cheval, elles
feront très-fortes & dureront long-temps.
•S’il étoit néceffaire que les foupapes s ouvriffent
davantage & plus facilement, on pourrait en
venir à bout par le moyen d'un contre-poids qui
les feroit fermer avec une force égale , feulement
au quart de leur pefanteur , ou même moindre,
ce que l’expérience m’a appris être facile à faire.
Mais il paroît inutile que leur mouvement fort
fi libre, quoique la rèfiftance de la machine dépende
principalement d’elles ; car quand on les
rient toutes ouvertes, on a beaucoup plus de facilité
à hauffer & baïîler les diaphragmes.
Lorfque la boîte avec fon tuyau, étoit placée
devant les foupapes, de façon à recevoir 1 air
qui en fortoit, on s’apercevoir alors fenfible-
ment qu’ il falloir un plus grand effort pour mouvoir
les diaphragmes : d’ou il eft aifé de conclifre
que le tuyau n’étoit pas affez large , quoiqu il y
eût un pied en quatre dans oeuvre.
J’ai fait à cette occafion la remarque fuivante ;
favoir, que lorfque je donnois plus de foixante
coups de foufflets dans l ’efpace d’une minute ,
j = n’augmentois pas à proportion la quantité d air
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que j’en faifois fortir : car. quand j al lois jufqua
quatre-vingt coups dans cet efpace de tèmps,
alors l’air ne pouvant paffer allez vite par le
tuyau, fe trouvoit beaucoup comprimé dans les
foufflets ; & cet air venant à fe raréfier de riou-
_vesu, à mefure que les foufflets fe dilatoienr,
il arri voit qu’à chaque dilatation, ils recevoient
d’autant moins d’air; & qu’il en fortoit par conséquent
d’autant moins.
fcette circonftance mérite d'être remarquée,
autrement on pourroit fe donner une peine inutile
, en faifant aller les foufflets trop rapidement,
dans Tefpérance de faire fortir l’air d’autant plus
vite. Si les foufflets font amples, ils chafferont
une grande quantité d’air fans qu’il foit nécel-
faire de les faire aller avec précipitation, & on
diminuera beaucoup par-là la peine de les mettre
en mouvement.
Il eft facile de fupputer la grande quantité d’air
que peuvent chaffer ces foufflets : car fuppofons
qu’à chaque coup, les diaphragmes fe hauflent &
fe baillent d’un pied , ce qui eft affez, & que
cela arrive foixante fois dans une minute , la
quantité d’air chaffée dans cet efpace de temps fe
montera à foixante & quinze tonneaux , ce qui
fera quatre mille cinq cents tonneaux par heure , *-
& cent huit mille tonneaux par jour. Mais le
tuyau ayant un pied en quarré , la viteffe de
l’air, à mefure qu’il paffe par ce tuyau , fera à
raifon de trois mille pieds par minute , c’eft-3-
dire, que fa viteffe fera telle , qu’il parcourra
un efpace'de trente-quatre milles par heure.
Il eft vrai que , dans cette fupputation, j’ai
fuppofé qu’il né s’échàppoit point d’air par les
bords des diaphragmes, à mefure qu’ils font élevés
ou abaiffès, non plus que par les jointures des
bo tes, & qu’il faut diminuer quelque chofe pour
! ce qui s’en perd par ces endroits là. En ôtant
donc huit mille pour cette perte, ce qui eft a1-
furément beaucoup , il fe trouvera que la viteffe
de l’air fera à peu près égale à celle d’un courfier
qui parcourt quatre milles en neuf minutes , ce
qui revient à 26, 6 milles par heure, & qu’elle
fera plus de tfois fois aufli grande que celle que
les vans communiquent à l’air, en vannant du
blé , lorsqu’ils font tournés de manière à faire
foixante & dix révolutions par minute.
M. Mariotte a trouvé qu’un vent affez fort parcourt
un efpace de vingt-quatre pieds dans une
fécondé, ce qui fait mille quatre cent quarante
pieds dans une minute, c’eft-à-dire qu’il parcourt
un efpace de douze milles & demi dans une heure :
c’eft environ la moitié de la viteffe avec laquelle
le vent fort des Ventilateurs dont il s’agit.
J’ai fait vo ir , dit M. Haies , dans mes EJfaisfia-
tiques, que l’-iir qui étoit chaffé par les foufflets des
-forgerons,
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en fortoit avec une viteffe telle, qu’ il pouvoit
parcourir un efpace de 68, 73 pieds par fécondé ;
ce qui révient à foixante & dix-huit milles par
heure, lorfqu’ils étoient comprimés avec une force
égale, au poids d’une colonne de mercure qui au-
roit un pouce de hauteur; & pour bafe la fur-
face Supérieure des foufflets.
Mais il y a une autre manière d’évaluer la vîtef-
fe avec laquelle l’air chaffé, paffe par une ouverture
quelconque : c’eft ce que j’ai éprouvé en
fufpendantà l’embouchure du tuyau des foufflets,
& par le moyen d’une bande de peau fouple,
une foup.ape légère , qui avoit fix pouces de long
fur trois pouces & demi de large. Cette foupape
étoit repouffée & foulevée en s’éloignant de la
perpendiculaire, & s’élevoit au-deffus de la ligne
horizontale par la force de l’air chaffé. Au lieu
que dans une autre machine à vent, compcfée
d’une roue & de volans, le tout enfermé dans
un tambour, telle qu’on en trouve une décrite
dans Africola de Re nïetalUcâ ; & dans, les Transitions
philofophiqu.es , une femblàble foupape
n’étoit mue que très-foiblement, par la force de
l’air qui en étoit chaffé; ce qui montre évidemment
la grande différence qu’il y a dans les vîteffes,
& par conféquent dans les grandes quantités d’air
que pouffent l’une & l’autre de ces machines.
Selon la différente pofition des foupapes -, on
peur., par le moyen des Ventilateursou attirer
dans la chambre un air nouveau, qui en chafférà
l’air mal fain aux endroits convenables , ou pomper
l’air échauffé de la chambre , qui fera remplacé
par-un air plus fain.
Je remplis de fumée la chambre ou. étoient
ces - Ventilateurs ^ en y brûlant du foin & des
copeaux humides, Après quoi, ayans ôté. les
matières fumantes , je mis les Ventilateurs en jeu ,
& par leur moyen la fumée paffa en peu de minutes,
delà petite chambre dans le grenier attenant
, par oii l’on voit quelle eft l’efficacité de cet
infiniment, pour purifier l’air d’une chambre.
J’ai obfervé qu’un mouchoir fufpendu près de
l’ouverture du tuyau des. Ventilateurs , voltigeoit
& étoit agité de côté & d’autre avec beaucoup
de force ; & qu’ une chandelle qu’on préfentoit
à cette ouverture, y étoit non-feulement fubite-
ment éteinte, mais que fa flamme en étoit aufli
agitée à la diftanee de vingt - cinq pieds ; en
effet, on fentoit d’une manière fenfible le mouvement
de l’ air à cette diftanee.
Dans les cas où il faut tranfporter une grande
quantité d’air dans les mines, dans les maga-
fins ou aux endroits où l’on fait fécher la drèche,.
le houblon, &c. on peut faire aller ces Ventilateurts, ;
foit qu’ils foient dans une fituation horizontale
Arts & Métiers, Tome VIII. .
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ou perpendiculaire, par le moyen d’un cheval
ou par celui de l’eau, qui, à l’aide d’une roue
à dent, fera tourner une double manivelle.
Lorfqu’on voudra porter de nouvel air dans une
mine ou en attirer l’ air mal fain, car on peut
faire l’un & l’autre, félon que les vapeurs nuisibles
feront fpécifiquement plus légères ou plus
pefantes que l’âir ordinaire , il faudra pour lors
placer la boîte au-devant des foupapes, avec fon
tuyau qui doit être alongè par d’autres tuyaux,
jufqu’à ce qu’il foit parvenu à l’endroit le plus
profond de la mine. Peut-être même q u e , dans
certains cas, il fera à propos de boucher entièrement
l’ouverture fupérieure du puits avec des
planches, & quelquefois aufli ion ouverture
inférieure, lorfqu’ils fera néceffaire de conduire
l’air par de grands tuyaux, dans plufieurs conduits
& recoins de la mine.
Il y a dans Agricola de Re metqllica , non feulement
une defeription de la roue à volans renfermée
dans un tambour, dont j’ai fait mention
ci-deffus , mais il parle aufli de grands foufflets ,
qu’on fait aller par le moyen de l’eau ou de
chevaux, & qui font deftinés à conduire de l’air
dans les mines : cependant comme ces foufflets
font femblables à ceux des forges , 8c que les
côtés en font de cuir , ils font plus difficiles à
mettre en jeu , que ceux que je propofe , qui
ont des diaphragmes & qui chaffent l ’air tant en fe
hauffant qu’en fe baillant, ce que ne font pas
les autres. ■
S’il étoit néceffaire de conduire dans quelque
endroit , une beaucoup plus grande quantité de
nouvel air que n’en pourroient fournir des Ven-
tilateurs, on pourroit aifément en venir à bout,
en en plaçant plufieurs femblables les uns fur les
autres , de manière que tous les diaphragmes puf-
fent être hauffés & baiffés par les mêmes verges
de fer prolongées.
Quand les Ventilateurs font fitués horifonta-
lement, il vaut mieux en avoir deux , parce qu’il
eft plus facile de les mettre en jeu , que d’en faire
aller un feul, à raifon du poids des diaphragmes ,
qui fe contre-bàlancent l’un l’autre, en pefant
également fur lé levier, au lieu qu’un feul fatigue
roi t la perfonne qui le mettroit en mouvement
, par la rèfiftance de fon diaphragme, qui
eft égale à trente livres.
Quand les Ventilateurs font placés dans une
fituation perpendiculaire, alors, comme le poids
du diaphragme portera fur le bas de la boîte, on
peut n’en employer qu’un ; 8c le faire plus ou
moins grand félon le befoin.
Si l’on met les Ventilateurs debout, comme
1 Y y