
avec de Tor précipité par l’huile de tartre, & il
obtint un beau verre pourpre ; il fe contenta en-
fuite d’humeâer du verre blanc pulvérjfé avec la
diffolution d’or , & à la fufion le réfultat fut le
même. Il eut le même fuccès, en faifant fondre
du verre blanc hume&é avec de la diffolution
d’argent dans l’eau forte. Enfin il eut toujours du
verre de couleur de rubis , en hume&ant fon
verre blanc, pulvérifé avec de l’eau forte, dans
laquelle il avoit fait diffoudre du plomb, ou du
fer, ou du cuivre, ou de l’étain, même après
avoir , dans fes différentes expériences , précipité
ces divers métaux, par l’efprit de fel ammoniac
ou par celui de fel marin * ou par l’huile de tartre :
il conclut de ces tentatives que la couleur pourpre
, dont le verre eft teint, n’eft pas due à l’or j
puifqu’il l’a obtenue, en diffolvant d'autres métaux
, & il l’attribué à l’a&ion de la manganèfe
contenue dans le verre blanc , dont la couleur
êft redevenue fenfible , comme nous avons vu
cj-devant que cela arrivoit, ' par l’addition du
hitre qui fe formoit dans les précipitations qu’il
avoit • opérées. Pour confirmer cette opinion, il
fait fondre, fans employer aucun métal, le verre
blanc avec du nitre, ik il a encore un beau verre
rouge. Enfin il prépare du verre fans manganèfe,
& il obferve que ce verre refondu avec ou fans
or . ne devient jamais rouge.
Voilà donc deux opinions bien contradiâoires,
que leurs auteurs ont également taché détablir fur
l’expérience. Grummet prétend que l’or . ne donne
pas la couleur rouge au verre , mais qu’elle eft
tjue à la manganèfe déjà contenue dans le verre:
Caflius, & après lui Orfchall penfent félon l’opinion
commune, que le beau pourpre eft du à la
çhaux d’or. Nous obferverons à ce fujet, i.°. que
le rouge violacé fourni par la manganèfe, eft bien
différent du rouge qu’on obtient , en employant
le pourpre de Çaffius , & que les yeux feuls fuf-
fifent pour s’en convaincre; 2°. Grummet, en
employant l’or précipité par l’huile de tartre, ne
nous dit pas, qu’il ait eu foin de bien laver fon
précipité, & s’il a négligé cette précaution, il ne
feroit pas étonnant que la couleur, qu’il a fournie
, participât de celle de la manganèfe , que
l’acide nitreux,dont le précipitéétoit encore imbibé,
trouva-nt aifément, dans la compofition même du
verre, de quoi former du nitre, aura fait repa-
roître ; 3 °. la couleur du verre coloré par le pourpre
de Caflius , étant de la même efpèce que celle
de ce précipité, il eft allez naturel de penfer que
c’eft l’addition de ce précipité , qui la produit.
40. Orfchall, dans fa huitième expérience déjà
citée, fait fondre la pierre ponce qui avoit fervi
à polir de l’o r , avec des, cendres gravelées, du
nitre , & du borax ; parmi ces ingrédiens , il n’eft
nullement queftion de manganèfe, & cependant
la fufion de çes diverfes matières produifit du verre
d’un beau rouge; 5.? enfin d’autres expériences
fubféquentes , fur-tout celles de M. Fontanieuw
viennent achever de détruire l’opinion de M. Grum.
met ; dans les cinq compofitions de criftal blanc, que
M. Fontanieu nous donne fous le nom de fondans
& que nous avons citées ci-deffus, il ne met point
de manganèfe; il fe contente de dire que l’on pour-
roit en mettre un peu, en avertiffant que la pré-
fence de cette fimance eft nuifible en quelques
occafions; c’eft cependant ces mêmes compofitions
fans manganèfe, qu’il colore avec le précipité de
Caflius ; dans certaines compofitions de fes verres
colorés, il ajoute , comme nous le verrons bientôt
de la manganèfe au précipité de Caflius , mais c’tft
en comptant fur l’effet combiné des deux fubftances
colorantes: il eft aufîi des circonftances où il ne
les mêle pas. Nous fommes donc fondés à regarder
le pourpre tiré de l’o r , ou la chaux d’or
comme la- fübftance propre à colorer le verre en
pourpre.
L 'a r g e n t.
L'argent n’a pas été jufqu’ici d’un bien grand
ufage dans la verrerie. Ce fécond métal parfait
paroît indeftruéfible comme l’or , de forte que c’eft
de même improprement qu’on appelle chaux d'argent
, le précipité qu’on obtient des diffolutions d’ar-
genr. Juncker dit néanmoins que l’argent réduit
en petites parties, & expofé pendant long-temps,
à la réverbération de la flamme, c’eft-à-dire, à une
forte calcination , fe change en une poudre vitref-
cente, ce qui indiqueroit une vraie deftruâion du
métal; mais M . Macquer, dans fon diâionnaire de
chimie, ne paroît pas accorder une grande confiance
à cette expérience, dont Juncker ne cite
pas l’auteur.
M. Fontanieu, fè fert de l’argent, fous forme
de lune cornée , & dans cet état, il paroît donner
au verre une couleur jaune , fans lui ôter fa tranf-,
parence.
L e cuivre.
Le cuivre, ainfi que les autres métaux imparfaits
& même les demi-métaux , ne colore le
v erre, que lorfqu’il eft en état de chaux ; il lui
donne alors communément une belle couleur verte,
& M. Fontanieu remployé à cet ufage, en ob-
fervant néanmoins, que lorfqu’il n’eft pas affez
calciné , il fournit une couleur d’un rouge brun :
j’ai »même éprouvé , que dans ce cas , moins il
demeure éloigné de l’état métallique, moins le
verre, auquel il eft combiné , conferve fa tranf-
parence, & plus il eft opaque ; combiné avec les
divers acides , le cuivre forme avec eux divers fels
neutres , & comme la feule aciion du feu fuffit
pour déeompofer ces fels , & dégager leur acide,
je vitriol bleu, le verd de gris , les cristaux de venus,
le bleu de montagne, &c. font propres à colorer le
,y.erre. :■
On trouve daris le diàionnaîre de chimie de
M. Macquer; une manière fort fimple de calciner
le cuivre ; elle confifte à faire rougir le métal
iufquà l’incandefcence avec le concours immédiat
de l’air, & à le tenir quelque temps à cette température
; la furface du métal fe ternit, perd fon
brillant métallique , fe brûle enfin , & devient,
pour l’apparence extérieure^ femblable à une terre.
Qu’on retire enfuite le cuivre du feu, & qu’on le
laiffe refoidir, la croûte extérieure fe détache , &
le métal paroît au deffous très-brillant; en répétant
cette opération , on parvient à réduire tout
le morceau de cuivre en écailles calcinées, ce
font ces écailles qu’on appelle cuivre brûlé ou ces
ufium.
Différentes préparations & divers degrés de calcination
, peuvent rendre la chaux de cuivre propre
à produire diverfes couleurs , s’il faut s’en rapporter
aux expériences de Né ry, & de Kunckel fon
commentateur. On trouve dans leur ouvrage , plu-
fieurs procédés pour opérer, par l’aâion du feu,
la calcination du cuivre, & Néry paroît croire,
que par une calcination bien faite du cuivre , ( ch.
X IV .), on eft en état de porter dans le verre différentes
couleurs fort éclatantes.
Par le premier des procédés qu’il indique , on
ftratifie des lames de cuivre dans un creufet, avec
du foufre en pouflière ; on lutte le creufet, on le
fait fécher, & on lui fait fubir deux heures de feu
violent dans un fourneau de réverbère ; on laiffe
refroidir le creufet, & on ÿ trouve le cuivre calciné
, en une terre féche d’un rouge noirâtre ;
il ne refte qu’à la pulvérifer, & la paffer par un
tamis fin. C ’eft cette chaux de cuivre ainfi préparée
, que notre auteur appelle ferret d'Efpagne.
On produit, dit-il, encore mieux le ferret, en
ftratifiant le cuivre avec du vitriol , au lieu de
fouffre, & l’expofant à la chaleur du four de verrerie,
le retirant enfuite, & le ftratifiant derechef
avec de nouveau vitriol, le calcinant de nouveau,
répétant ainfi, jufqu’à fix fois , les ftratifications ,
& les calcinations. Ce procédé eft un peu long,
& peut-être eft-il un peu trop minutieux ; car, fi
dans les premières calcinations, le cuivre a ab-
folument-perdu toutes fes qualités métalliques,
il fembleroit inutile de les répéter davantage :
Néry ne dit pas non plus de quel vitriol il s’eft
fervi ; il y a cependant apparence qu’il a employé
le vitriol de cuivre.
On entend par oripeau des feuilles très-minces
d’une efpèce de laiton, c’eft-à-dire de cuivre allié
avec du zinc. Si on tient des morceaux d’oripeau ,
dans un creufet bien lutté , expofés pendant quatre
jours à un feu très-fort, mais incapable de les
fondre, ils fe trouvent calcinés, & en les pulvé-
rifant, on obtient une poudre noirâtre qu’on étend
enfuite fur des plaques, & qu’on expofe à l’aftion
d’uneflamme réfléchie pendant quatre jours. Cette
efpèce de chaux de cuivre colore le verre , au rapport
de Né ry, en un bleu tenant le milieu entre
l’aigue-marine & le bleu célefte.
L’oripeau ftraùfié avec du fouffre pulvérifé ,
dans un creufet bien lutté , placé vingt-quatre
heures au milieu des charbons ardens, retiré enfuite,
& expofé dans un pot de terre couvert, pendant
dix heures, à un feu de réverbère, produit une
1 chaux, qui tamifée & mêlée au verre, peut lui
! donner un rouge trgnfparent, un jaune & une
couleur de calcédoine. Il eft évident ici, que la
chaux de cuivre ainfi préparée, entre avec fuccès
dans la compofition de ces diverfes couleurs, &
que c’eft le leul fens faifonnable que l’on puiffe
donner à cette affertion de Néry; car on ne peut
aifément concevoir qu’une même fübftance pro-
duife des effets fidifférens, fur-tout lorfqu’on n’annonce
aucune variété dans la préparation, ni dans
la conduite du feu.
Enfin on voit encore dans l’art de la verrerie,
une autre manière de calciner le cuivre ( chap.
XXIV , X X V , ). On expofe des lames de cuivre
à un feu modéré, incapable de les fondre, dans
Parcade du fourneau qui en eft féparée par un mur,
dit Néry ; c’eft à peu près l’équivalent des arches
que nous avons décrites ci-devant. On les y laiffe,
jufqu’à ce quelles y foient calcinées ; on les pile,
& on obtient une poudre rouge, qui dans cet
état doit colorer le verre en rouge , la calcination
n’ayant pas été vivement pouffée ; mais qu’on expofe
j cette poudre fur des plaques, pendant quatre ou
cinq jours , à un feu de réverbère , elle fe réduit
en grumeaux noirs ; qu’on la pulvérifé, qu’on la
tamife , & qu’on lui faffe encore éprouver l’action
d’une flamme réfléchie, elle deviendra d’un
gris cendré , & fe réduira d’elle-même en poudre ;
dans cet état, elle eft défignée, fous le nom de
cuivre des trois cuites, & Néry l’annonce propre à
produire dans le verre , laigue-marine, le vert
d’émeraude , la turquoife, le beau bleu , & d’autres
belles couleurs : il faut entendre ce paffage,
comme nous avons entendu l’ ufage de l’oripeau
car nous verrons ci-après , que , pour produire
la plupart de ces diverfes nuances, Néry em-
| ployé la combinaifon de diverfes fubftances colorantes^
Le cuivre précipité de fes diverfes diffolutions
dans les acides par rimerrrède des alkalis, ou des
terres abforbantes, eft propre à colorer le verre
en vert. Il eft à obferver , que fi l’on précipite
le cuivre par un autre métal, qui ait plus d’affinité
que lu i, avec le diffolvant, par exemple, par le
fer , le précipné paroît fous- la forme & avec le
brillant métalliques, & alors n’étant pas en état
de chaux, il ne peut fervir à teindre le verre. Lorf-
I que par la diftillation, on a féparé du vitriol de