parfaitement clair & ferein, le mercure monta
au degré cent huit de la divifion de Farhenheit ,
qui équivaut environ au quarante 8c unième degré
de la divifion de M. de Réaumur, & il y
perfifta Actionnaire. Ayant peint la boule en noir
avec de l'encre de la Chine, le mercure defeen-
dit de quelques lignes pendant l’application de la
couleur & pendant l’évaporation de l’eau ; mais
il remonta peu après à cent dix-huit degrés ; ce
qui correfpond environ au cinquante-trOiuème degré
, diviiion de M. de Réaumur.
Si on peignoit avec différentes couleurs les boules
de pluueurs thermomètres égaux , 8c qu’on
les expofât en même temps au foleil dans un
temps donné , on auroit une théorie certaine
des effets de la chaleur relative aux différentes
couleurs primitives.
11 y a quelquefois des thermomètres qui pré-
ientent un phénomène bien ftngulier ; au lieu de
defeendre dans le grand froid ils font tout le
contraire , & étant enfuite expofés au feu ou
échauffés par la main, ils defeendent au lieu de
monter.
Ces thermomètres , réfraâaires aux lois de la
phyfique, fuivent toujours une marche inverfe,
fans qu’on y obferve ni bulles d’air ni aucuns
corps étrangers qui puiffent contribuer à ce phénomène.
Pareille obfervation fe trouve confignée
dans les Mémoires de l’académie royale d’Upfal,
annoncés dans la gazette d’Hollande du io o&o-
bre 175a.
Il eft à préfumer que la principale caufe de ce
phénomène doit être la dilatation ou la condensation
du verre même de la boule du thermomètre
; en effet, en fuppofant ce verre extrêmement
fenfible, il fe dilatera fi confidérablement
par la chaleur, qu’il fe formera dans l’intérieur
de la boule un vide où la liqueur defeendra par
fon poids ; & par un effet contraire la boule fe
rétrécira tellement par le froid , que la liqueur
s’y trouvant refferrée de toutes parts fera obligée
de monter dans le tube.
Manière de rendre à la liqueur des thermomètres fa
couleur.
Le hafard a fourni une obfervation à M. l’abbé
Nollet, qui confirme la néceffité de laiffer un
peu d’air dans la partie du tube qui eft vide de liqueur;
on fait que l’efprit de vin eft naturellement
de couleur blanche , aufli a-t-on foin de le
colorer pour le rendre fenfible dans les tubes des
thermomètres.
On fe fert pour cela d’orfeille c(ui a la propriété
de teindre en rouge lorfqu’elle eft préparée
avec la chaux & l’urine. On la préféré au
bois de brèfil, dont la teinture s’attache au verre;
& à l’orcanette , qui perd fon éclat 8c fa transparence
dans l’efprit de vin mêlé d’eau.
Mais l’orfeille a ua autre défaut qui n’eft pas
moins confidérable , c’eft de fe décolorer au
bout de quelques années ; on crut d’abord que
la liqueur avoit dépofé peu-à-peu la matière dont
on s’étoit fervi pour la teindre ; mais un petit
accident , un thermomètre cafté , apprit à M.
l'abbé Nollet que cette teinture ne perd fa couleur
que lorfqu’elle n’a point de communication
avec l’air extérieur , & qu’elle la reprend parfaitement,
lorfque cette communication lui eft
rendue.
Il paroît par les expériences de M. l’abbé Nollet
, que l’eau qu’on mêle avec l ’efprit de vin
contribue beaucoup à la décoloration de la liqueur
; car l’efprit de vin reétifié & pur ne fe
décolore pas.
Cet habile phyficien indique en même-temps
le moyen de remédier à cet inconvénient ; on
le préviendra fi on a foin , comme le 'preferit M.
de Réaumur, de laiffer un peu d’air dans la
partie vide du tube ; on pourra auffi. mêler avec
la liqueur un peu d’efprit volatil urineux : ce
qu’il en faut pour cet effet n’eft pas capable d’en
changer le degré de dilatabilité.
Thermomètre royal►
M. l’abbé Seumille a conftruît dès thermomètres
connus fous le nom de thermomètre royal ,
dans lefquels les degrés font fi fenfibles qu’ils y
font divifés par minutes r le moindre changement
de chaud ou de froid devient fenfible à l’inftant.
Ce thermomètre à minutes eft compofé de quatre
tubes féparés , ifolés & rangés à .côté les uns
des autres fur un même tableau ; chacun de ces
tubes marque à fon tour fuivant le degré de
température de l’air, & ne commence à marquer
que lorfque fon voiftn ceffe.
Le premier commence à la congélation de
l’eau, 8c la liqueur peur defeendre jufqu’à vingt
degrés ou environ , fur un intervalle de vingt
pouces. Le fécond commence à cette même congélation
, & monte jufqu’au vingtième degré de
chaleur ou environ. Le fuivant commence à vingt
& finit à quarante. Enfin le quatrième dans les
pays chauds partira du quarantième degré & s’étendra
jufqu’à foixante fans qu’il y ait à craindre
qu’une pareille chaleur, ni même une plus forte
puiffe faire rompre les boules ; dans ces thermomètres
on connoît feafiblement jufqu’à la vingt-quatrième
partie du degré.
Le jeu de ces divers tubes dépend de la di-
verfe dilatabilité des liqueurs mifes dans chaque
tobff & de la proportion refpe&ive de chaque
boule à fon tube.
Thermomètres de bains. -
Les thermomè res dont on fe fert ordinairement
pour mefurer le degre de chaleur des
bains , font renfermés dans un cylindre de verre ,
& ne peuvent prendre les degres de la température
, foit de l’air auquel on les expofe, foit de
l’eau dans laquelle on les plonge , qu’après que
le cylindre de verre qui les contient a reçu cette
température & qu’il i’a communiquée au tube
qu’il renferme , ce qui demande environ une
demi-heure de temps ; & en attendant que la liqueur
foit au point où elle doit indiquer la chaleur
des bains, l’eau acquiert un degré de chaleur
trop confidérable.
M- Périca a imaginé de conftruire un nouveau
thermomètre qui eft également renfermé dans un
tube de verre ; mais la boule ou le refervoir
qui contient la liqueur fort du cylindre. Pour lui
donner encore plus de fenfibilité , au lieu de
terminer en boule la partie infé-ieure du tube ,
il la tourne en fpirale & lui donne la forme d un
pain de bougie ; cette forme , en expofant une
plus grande furface à l’aétion de l’air ou du liquide
ambiant , donne une telle fenfibilité au
thermomètre , qu’en plongeant dans l’eau chaude
deux des inftruments à l’efprit de vin qui mar-
quoient l’un & l’autre vingt degrés de la chaleur
artificielle , félon la graduation de M. de Réau-
mur; celui de la conftruâion de M. Périca a
monté de cinquante degrés en un quart de minute,
tandis que l’autre n’étoit pas encore, monté
de dix degrés, & le premier en moins d’une minute
redescendant déjà fenfiblement } parce que
l ’eau commençoit à perdre fa chaleur.
Il y a eu la même différence dans les progrès
de la marche des deux thermomètres , en les
plongeant dans l’eau de puits ; enfin ils font revenu*,
après un intervalle de demi-heure ou environ
, à vingt degrés d’où ils étoient partis l’un
& l’autre.
Thermomètre métallique
On fait, & nombre d’expériences démontrent
que les métaux font fufceptibles de dilatation
pendant les grandes chaleurs, & de condenfa-
tion pendant les grands froids. D ’après cette obfervation
, les Anglois ont imaginé des thermomètres
métalliques qui ont fur les thermomètres
ordinaires l’avantage de n’être point fragiles &
de donner les plus grandes dimenfions.
Ce thermomètre eft compofé d’une barre de
kout, du meilleur fe r , ayant quatre pieds de
long & un pouce trois lignes de large , fur laquelle
eft appliquée une barre de cuivre très-
polie , & de même dimenfion, au moyen de
quatre ris d’acier. La barre de ce dernier métal,
dont" l’extrémité fupérieure fe termine par une
petite pointe, touche près du centre du mouvement
un levier horizontal de cuivre mobile
fur un boulon d’acier qui traverfe un arrondif-
fement pratiqué dans l’un de fes bouts ; ce boulon
eft fuppofé, pour le moment, fixé fur une
grande plaque de cuivre.
Le levier horifontal dont on vient de parler
foulève, par le bout qui n’est pas traversé par le
boulon, un fécond levier coudé vers le haut de
la plaque, formant un angle de cent vingt degrés,
& mobile fur un boulon d’acier placé fur la même
plaque de cuivre, & au niveau du premier boulon
: le fécond levier, qui eft coudé, eft foulevé
par le premier levier, près de fon centre de mouvement;
à l’extrémité du levier coudé, eft une
petite chaîne de cuivre qui va envelopper un
petit cylindre ou barillet de même métal qui fe
meut fur un boulon d’acier placé au centre d’un
demircercle tracé fur la plaque de cuivre dont on
vient de parler.; ce petit cylindre eft traverfé
par un index ou aiguille : fur le même barillet o\t
tambour s’enroule , dans un sens contraire à la
chaîne attachée au bout du levier coudé, une
fécondé chaîne de cuivre au bout de laquelle
pend un contre - poids dont on expliquera l’u-
fage : un peu au deffus du premier levier eft une
vis horifontale traverfant deux écrous entre lefquels
eft une pièce de cuivre fur laquelle eft fixé
le boulon, autour duquel fe meut le premier
levier.
Cette vis de rappel fert à avancer ou à reculer
le levier félon le befoin. Les degrés de chaleur
& de froid font marqués fur le demi-cercle. Sous
les têtes des vis qui réunifient les deux longues
barres de cuivre & d’acier, oh pratique des fentes,
excepté fous la vis qui eft en bas pour laiffer à la
dernière barre la facilité de fe dilater.
La chaîne qui s’enroule autour du barillet, &
au bout de laquelle pend un contre-poids , fert
à faire revenir l’index , quand la longue barre d’a?
cier fe retire.
Manière d'agir de ce thermomètre.
La barre d’acier en fe dilatant par la chaleur
fouleve le levier horizontal ; comme elle le to«che
près de fon centre du mouvement, l’autre bout
de ce même levier parcourt un très grand arc.
Cette extrémité touchant encore près du centre
de fon mouvement un fécond levier qui eft
coudé, le bout de ce même levier auquel eft attachée
la chaîne , agit très-confidérablement. Cette
j chaîne qui eft entortillée autour du tambour qui