
emploie dans la conftruôion des tonneaux, pièces
, fûts ou futailles.
De la figure des douves dépend celle que prend
le tonneau , qui n’eft formé que par leur réunion.
Ces douves maintenues par des cercles, forment
ce qu'on nomme un tonneau monté.
Pour prendre l’idée la plus jufte que nous puifilions
donner d’un tonneau, on peut le regarder
comme formé par deux cônes tronqués, dont les
bafes feroient réunies dans la partie moyenne du
tonneau. Ces cônes font cependant encore irréguliers
; car ils font chacun formés de lignes courbes
qui forment une efpèce ce conoïde. La partie
qui, le tonneau coupé , offriroit un plus grand
diamètre , & qui fe trouveroit la plus renflée de
la pièce , fe nomme le ventre du tonneau ou le
bou^e.
Quand le tonneau eft monté & retenu par
quelques cercles, c’efl fur le bouge ou la partie
la plus renflée de la pièce , que l’on pratique une
ouverture à égale diftance de fies extrémités. On
la nomme trou du bondon. Le bondon eft le bouchon
de liège ou de bois, qui fert à tenir fermée
cette ouverture, quand on n’en fait aucun
ufage.
Le traverfin fert à former les fonds du tonneau.
Un fond eft ‘compofé de plufieurs planches', &
chaque partie du fond prend un nom différent,
fuivant fa forme & la place qu’elle occupe.
Ces pièces qui compofent le fond , entrent dans
une feuille qu’on appelle jable. Les deux extrémités
de la pièce , depuis le bord des douves
ou la circonférence de chaque bout de tonneau
jufqu’au fond, portent auffi le même nom.
Les tonneliers gardent les tonneaux garnis feulement
de leur fond 8c de quelqties cercles. Quelques
mois après que le tonneau eft rempli de
liqueur, quand il eft deiliné -à être tranfporté ,
le tonnelier vient le barrer , le fommager, & ôter
le trop-fond, ou le rentaluer.
Le terme de barrer, fignifie. ajouter, pour retenir
chaque fond du tonneau , une traverse placée
dans un fens oppofè à la direéticn des planches
du fond. On la nomme barre. Elle eft affu-
jetrie par le moyen de plufieurs chevilles.
Le mot fommager s’entend de deux cercles dou- ;
blés qu’on appelle fommiers, que le tonnelier ajoute !
au tonneau pour lui donner plus de force , &
foyffrir les chocs qu’il peut-effuyer, en le .transportant
ou le roulant. Nous entrerons dans un
plus grand détail fur ces termes , & les- autres
propres à l’art de la tonnellerie. Mais nous avons
cru devoir aider ici à l’intelligence de ces noms,
qui nous auroient arrêtés en décrivant la confi
rruâion de certaines parties, & fur lesquelles il
eft bon d’avoir des connoiffances générales, avant
que nous en donnions de plus particulières.
Le tonnelier eft obligé de fe procurer plufieurs
outils qui font néceffaires à fon art. Les outils
font le rabot, la colombe, la pleine ou plane, la [dit
à tailler ou le chevalet , la felle à rogner le char pi
Ou le tronchet, la doloire, la tire ou le tirtoir pour
les cercles, la vrille à barrer ou le barroir , la yé/e
ou le feuilleta tourner, la feie à main , Vajfeau ,
Valette, le tire-fond, le cochoir, le compas, Yuti-
net pour les tonneaux, celui pour les cuves, la
bondonràere , le fergent, Yctanchoir, le, bâùfjbir, le
jabloir pour les tonneaux , celui pour les cuves,
les maillets, les chaffoirs , le contre & fa mailloche,
le foret, le perçoir 6c la vrille.
Avant de décrire l’emploi' que fait le tonnelier
de ces outils , nous invitons aufti le leâeur à jeter
les yeux fur la defeription des figures, pour
y prendre une jufte idée de leur forme , & fe
Familiarifer avec les outils propres à ce métier.
Nous y fommes entrés dans les détails néceffaires
pour les faire connoître ,. 8c aider à fuivre
ce que nous allons rapporter fur l’art du tonne-
, lier. Nous avons cru devoir préférer cet ordre,
pour ne pas joindre à nos defçriptions des détails
d’outils, qui né feroient que faire perdre de vue
notre but principal, qui fe bornera pour lors à
expofer l’ufage que fait de ces outils l’ouvrier qui
cônftruit des tonneaux.
On trouvera pèut-être que nous npus fommes
trop étendus en décrivant les outils du tonnelier;
mais le leâeur fe rappellera que nous avons fé-
paré la defeription des outils, de leurs . ufagf s ,
pour qu’il s’épargnât l’ennui de les lire,, s’il
peut s’ en paffer, & fi la feule itifpeâion de la
figure dans les planches du tonnelier, tome IV
des gravures , lui fuffit pour deviner l’emploi^de
chaque outil. Ceux qui auront befoin d’avoir recours
à leurs explications , nous feront peut-être,
un reproche tout différent.
La plupart des outils du tonnelier, dont différentes
parties font en fe r , s’achètent chez les taillandiers.
Les tonneliers les montent enfuite, & les
emmanchent,^comme il leur convienr, en leur donnant
la forme la plus propre aux ufages auxquels
ils les deftinent.
Pour traiter l’art du tonnelier avec ordre, nous
diviferons fon travail, & nous le rendrons en plufieurs
articles féparés.
Dans le premier article, nous traiterons de l’achat
du merrain 8c du traverfin , & de leurs premières
préparations. .
Dans le fécond i de la façon de monter le merrain
& les douves qui J ont été travaillées pour
en faire des tonneaux.
Dans le troifiéme , noûs indiquerons les moyens
que le tuméfier met en ùfage pour rogner 8c ja-
bler fon tonneau.
Dans le quatrième, nous parlerons de la conf-
trü&ion des fonds d’ un tonneau., & des moyens
employés par le tonnelier pour l<fs mettre en
place. .
Dans le cinquième, nous traiterons du reliage
des tonneaux, de la façon de placer les cercles
qui fervent de liens aux douves, ou de fubfti-
tuer des cercles neufs à quelques-uns qui auroient
manqué.;
Dans le fixième, nous ferons une application
de ce que rions avons dit fur la fabrique des tonneaux,
à tout autre vaiffeau , comme cuves , cuviers
, feilles , &c. aufti tiu reffort du maître tonnelier.
Enfin , dans le feptième, nous décrirons certains
ouvrages qui font du reffort du tonnelier, comme la
clefcente des piè;e>de vin , d’eau-de-vie , d’huile,
&c. dans les caves; U façon de'tirer lés tonneaux
des bateaux qui les ont amenés, & de les mettre
fur le port où on les décharge. Enfin nous dirons
un mot de la conftru&ion des bondôns, des
fojfets, ik de la fente de l’ofier dont fe fervent
les tonneliers pour attacher leurs cercles.
Nous avons fait tout notre poftible pour nous
rendre ttè.-concis en traitant ces différens objets;
& nous prévenons qu’on ne trouvera, ici qu’une
fimple defeription méchanique de l’art de la tonnellerie.
Nous aurions defiré.le voir fufcéptible
dê quelques autres détails : le travail que nous nous
Tommes propofé, en feroit devenu moins, fec &
plus fatisfaifan:.
Quoique les ouvrages du tonnelier méritent
notre admiration pour leurs inventions , nous devons
avouer cependant que les différentes opérations
de cet art une fois connues , l’ouvrier peut
les exécuter, conduit feulement par la routine. Pour
devenir ma.tre, il n’a befoin que d’une habitude
qu’il lui feroit difficile de ne pas acquérir en peu
de ieitips.
On cônftruit ordinairement des tonneaux, pièces
ou futailles , en plus grande quantité, dans les
endroits qui font les plusabôndans en vignobles,
fi le’ bois de chêne y eft commun; ce qui arrive
quand ils font proche de quelques forêts,
ou que les bois peuvent s’y tranfporter aifément.
L’atelier du tonnelier dans les endroits où l’on
‘Cônftruit le plus de tonneaux, coofifte ordinairement
dans un hangard affez fpacreux pour placer
plufieurs ouvriers, & les outils convenables
à leur métier ; 6c dans l’intérieur des villes , comme
dans Paris , dans de grandes boutiques. Il faut
outre cela à tous les tonneliers des magafins cou*
verts , pour arranger l’ouvrage fini ; & des cours,
pour y clépofer leurs merrains, ou les douves
préparées : car plus le bois eft fec & vieux fendu,
meilleur il eft pour la conftruâion des tonneaux.
I. De l'achat du merrain, du traverfin, & de leur
première préparation.
Les tonneliers font provifion de merrain & de
traverfin , 6c l’achètent des marchands de bois
qui j dans l’ exploitation de forets de chênes, réfervent
une partie d’une vente pour cet ufage.
Nous n’efttrerOns pas dans un grand détail fur
le premier travail du merrain & du traverfin ;
ce feroit, fortir de notre objet , qui fe borne à
décrire l’art du tonnelier. Nous dirons feulement
que les marchinds de, bois deftinent à cet emploi
des parties droites de gros arbres , mais qui
ont peu de longueur & de largeur. Dans une
vente, l'intérêt & le profit du marchand confiftent
à ménager le travail de fon bois, & l’emploi qu’il
peut1 en faire. Il eft très-commun dans les forêts
de trouver des bois ,qui ne permettent pas une
parfaite divifion.Ceux-là ne peuvent pas être roulés;
c’eft-à-dire, qu’on ne peut en féparer les cercles
concentriques, ou en amincir les pièces, en forte
qu’elles puiffent fe plier aifément.
Ces bois né peuvent par confisquent fervir à faire
de la fierche ni à être roulés; on leur laifiè pour lors
plus d’épaifleur, 61 l’on en forme du merrain.
Les parties de bols qui font encore plus courtes,
font deftinées à, former du traverfin.
Pour faire du merrain, on préfère, & l’on emploie
ordinairement le bois de fente qui a été di-
vifé en planches ou lames minces.
Quelquefois cependant on fait ufage de bois
refendu , féparé avec la feie pour en conftruire des
pipes, & même des tonneaux.
Les douves , faites ainfi de bois refendu à la
feie, reftent ordinairement plus ép&lffes & plus
difficiles à travailler, parce qu’elles ne font pas
partagées fuivant les fibres du bois ; 8c dans les
endroits où l’on emploie cette efpèce de bois,
cm a le foin , en le friant, de le ceintrer, pour
avoir moins de difficulté à former, comme nous
le dirons par la fuite , ce qu’on appelle le bouge
du 'tonneau.
Le merrain 81 le traverfin doivent donc être
pris dans du bois de quartie>■ , dont on a fondrait
l'anbour ; autrement les douves qu’on en forme