
ture de communication, ou dans des fourneaux
féparés deltinés à ce feul ufage. On ne doit
recuire les creufets que lorfqu’ils font bieç fecs.
(V o y e z à cet égard l’article glaces coulées.
Mife des pots dans le four.
On introduit les creufets dans le four, ou par
des ouvertures pratiquées aux murs du fourneau ,
qu’on bouche enfuite , comme nous l’avons d it,
en décrivant le four français, ou par la chaufferie
vulgairement dite Tonelle : cette dernière pratique
eft en ufage dans tous les fourneaux à l’Allemande.
Ordinairement on attire le creufet du pavé de
l’arche ou de tout autre fourneau dans lequels il
a été recuit , fur une large pelle de fer de tôle
garnie d’un manche : un nombre fuffifant d’ouvriers
foutiennent le pot avec des barres ou des
leviers , qu’ils paffent fous la pelle & fous fon
manche; un ouvrier foulève chaque bout des leviers
, & celui qui conduit l’opération , tient
l’extrémité du manche de la pelle. On peut , au
lieu de p èle, fe fervir , pour porter le creufet,
d’une forte fourche de fer , femblable à celle que
nous avons décrite fous le nom de Moyfe, (art.
glaces coulées ) , dont on place les deux fourchons
dans l’intérieur du creufet. On dépofe le creufet
au milieu du four, au-delà de la tonelle ; on pofe
fur l’âtre ou pavé de celle-ci, un bloc de bois,
affez gros , pour ne pas être promptement con-
fumé. Ce bloc fournit un point d’appui folide à
un levier de fer qu’on paffe fous le pot, & avec
lequel on l’enlève jufqu’à la hauteur de la place
qu’il doit occuper , & avec des crochets de fer
qu’on difpofe aux ouvreaux , on faifit le bord
du creufet, tant pour les maintenir droit, & l’empêcher
de fe renverfer que pour l’attirer fur fon
liège. Lorfqu’on porte le pot fur la pelle , o’n le
pofe dans le four debout fur fon fond, & fi on
le porte avec la fourche, on l’introduit couché,
l’orifice tourné vers la tonelle ; c’eft alors avec
le levier qu’on le relève. Cette manoeuvre n’eft pas
très-compliquée , mais elle devient beaucoup plus
fimple , & l’opération eft beaucoup plus prompte,
fi on fait ufage des outils qu’on employé dans
Jks glaceries, & qui ont été avec raifon adoptés
par divers autres ateliers de verrerie. Nous ne
nous arrêterons pas ici à les décrire , nous cou-
tentant de renvoyer pour cet objet > à l’article
glaces coulées ( mife des pots ).
Tifage.
Le tifage eft l’aéfion de chauffer un four de fu-
fion. Lorfqu’on chauffe avec du bois un fourneau
à la françaife, on fe contente de jeter, dans le
tifar , des bûches de toutes groffeuts , et on a feulement
foin de ne pas attendre, pour en remettre
de nouvelles, que les précédentes foient tout-àfait
confumées. Si l’on chauffe en charbon; on
charge la grille d’ une quantité de combuftibles
que l’on renouvelle dès que l’on s’aperçoit de fa
diminution. Pour les fourneaux à l’allemande ou à
deux tifars, on coupe le bois d’une longueur tou-
jours égale, d’environ vingt-quatre ou trente pou-
ce s , et on le refend de manière que chaque brin
pu'.ffe paffer dans la main, entre le pouce et la
première phalange du doigt du milieu. Le bois en
cet état s’appelle billette, e t , comme l’on voit
toutes les billettes ont à-peu-près les mêmes di-
menfions. L’ouvrier chargé de tifer, jette une quantité
de ces billettes dans l’un des tifars, difpofé
comme il doit l ’être pour la chauffe , & va en
jeter autant par l’autre tifar; il revient enfuite du
même pas alimenter le premier tifar, ainfi de fuite
continuellement. En paffant devant les ouvreaux,
il voit dans quel état eft fon feu, & il augmente
le nombre des billettes félon le befoin. Lorfqu’on
chauffe en charbon, la manoeuvre eft la même : le
tifeur va fucceflivement d’un pas égal & foutenu,
placer dans chaque tifar,une ou pfufieurs pellées
de charbon.
Il paroît en comparant le tifage des fours à la
françaife avec celui des fours à l’allemande , que
ces derniers doivent chauffer plus fort & plus
également; car la manoeuvre qu’employent le tifeur
eft plus régulière J le bois expofé au feu en
plus petit volume brûle plus vite , au-lieu que
dans les fours à la françaife les bûches quelquefois
groffes s’enflamment plus lentement, & le
fourneau eft plus expofé à manquer d’aliment parce
que la plus légère négligence peut laiffer paffer
l’inftant de renouveler le bois, en laiffant trcp
avancer la combuftion de celui qui eft dans le
tifar.
Les torielles ou chaufferies, deftinées auffi, dans
les fours allemands, à introduire les pots , donne-
roiem trop d’acceflion à l’air extérieur, fi on lès
laiffoit ouvertes : on les bouche d’une maçonnerie,
vers le haut de laquelle on pratique une ouverture
pour jeter le combuftible, et qui, de cet ufage,
prend le nom de tifar. Au niveau du fol de l’atte-
lier, on forme deux autres ouvertures qui favo-
rifent la combuftion en donnant accès à l’air extérieur
, & par lefquelles on retire les braifes des
fours qui chauffent en bois. Ces deux foupiratix
font inutiles dans les fourneaux en charbon, i°.
parce que la combuftion eft affez animée par les
courans d’air des galeries fouterraines ; 2?. parce
que les braifes ou cendres tombant dans ces mêmes
galeries, n’ont jamais befoin d’être retirées. Les
tonelles ainfi difpofées pour la chauffe , prennent
le nom de glay es .
Les bois durs font en général les plus propres
au tifage. Le hêtre eft le plus recherché, parce
flii’il produit une flamme très-vive et fort peu de
cendres. Le chêne fournit beaucoup de cendres ,
qui font fujettes à gêner la chauffe en engorgeant
le fourneau ; d’ailleurs , cette efpèce de
bois pétille fouven:, & jette fur les pots,| des
flammèches nuifibles. Le charme, le.frêne, l’éra-
ble les arbres fruitiers fauvageons font d’affez
bonne qualité ; quant aux bois blancs, tels que le
faule, le peuplier, l’aune, le tremble, ils four-
niffent beaucoup de flamme , mais elle eft fans
activité.
On doit avoir la plus grande attention à n’employer
que du bois dont l’inflagration foit très-
prompte , & par conféquent du bois très-fec. Le
bois verd répand une fumée humide qui ne peut
échauffer vivement le four, qui occafionne plus
tôt fon refroidiffement. Il eft donc prudent de ne
brûler le bois qu’après deux ans de coupe. Si on
le gardoit beaucoup plus long-temps, il pafferoit,
c’eft-à-dire, il approcheroit de fa décompofition, j
& il ne fourniroit pas autant de chaleur.
On ne fe contente pas de brûler du bois anciennement
coupé ; on le fait encore fécher artificiellement.
Les uns, comme dans les glaceries, le
dépofent fur une charpente difpofée au-deffus du
four, & qu’on appelé la roue. D’autres le placent
dans des fourneaux , où ils le chauffent à feu doux
jufqu’à ce qu’il foit bien defféché & qu’il ne rende
plus de fumée.
Nous nous fommes très-peu étendus fur le tifage,
fur la difpofition des glayes & fur la conftruttion
de la roue ; nous n’aurions pu que répéter ce que
nous avons dit fur ces divers objets dans l’article
glaces coulées, auquel nous renvoyons le leéleur.
Outils,
Nous avons fait connoître dans ce même article
glaces, les outils nombreux, néceffaires au travail
du verre lorfqu’on le coule. La plupart des autres
ouvrages de verrerie s’exécutent par le foufflage ,
fe les fouffleurs fe fervent tous des mêmes inftru-
biens, dont les dimenfions varient feulement fui-
vant les divers genres de fabrication. Les outils
qu’exigent les autres fervices du fourneau, comme
les pelles à enfourner , les râbles > foit pour le
tifage, foit pour remuer les matières pendant,leur
calcination ; les leviers & autres outils employés
à la mife des pots, font à-peu-près les mêmes
par-tout , & on en peut prendre une idée dans
les planches encyclopédiques , pour le coulage des
glaces. Nous ne nous propofons de nous occuper
ici que de ceux qui fervent, dans les verreries
de foufflage, à donner au verre la forme qu’on
délire.
Canne, Marbre, Pincettes et autres outils.
Le plus important de tous eft la canne ( fig. B ,
pl. 5 ). Ce n’eft autre chofe qu’un tube de fer,
d’environ quatre à cinq pieds de long, dont le
diamètre intérieur, d’environ deux ou trois lignes,
eft égal dans tome l’étendue de l’inftrument. La
canne doit être affez épaiffe, pour que fon poids
& celui de la malle de verre dont on charge un
de fes bouts, aidés de l’aélion de la chaleur, ne
puiffent la faire plier , & pour qu’en fe boffuant,
le tuyau ne s’obftrue pas. L ’extrémité de la canne
deftinée à être plongée dans le verre, eft appellée
mors de la canne, & s’élargit un peu, comme on
peut le voir dans la figure, & l’extrémité par
laquelle on fouffle , & qu’on nomme embouchure
de la canne , s’amincit au contraire, pour fe mieux
adapter aux lèvres de l’ouvrier. On pofe le mors
de la canne fur la furface du verre : on l’y plonge
légèrement, enfaifant rouler la canne entre les
doigts. Le verre qui forme une pâte vifqueufe,
s’attache à la canne, & l’enveloppe ; c’eft ce qu’on
appelle cueillir le verre, prendre un coup de verre.
Le marbre eft une plaque de fonte ( fig. A , pl. 5 ) ,
que l’on difpofe à portée de l’ouvreau , horifontale-
ment ,ou , dans certains travaux, en une pofition
plus ou moins inclinée. Lorfque l’ouvrier a cueilli
le verre, il va le paffer fur le marbre , en y pofant
& retournant fa canne à plat; ce qu’on appelle
marbrer le verre. Par cette opération, le verre s’unit
& s’arrange autour de la canne. Si la quantité de
verre cueillie au premier coup n’eft pas fuffifante
pour l’ouvrage qu’on fe propofe, on cueille de nouveau
& on marbre encore.
Le fouffleur regarde attentivement fa maffe de
verre, & s’il y aperçoit quelque pierre ou autre
corps étranger, il l’arrache avec de petites pincettes
( fig; C , pl. 5 ) qu’il manie d’une feule main ,
& il unit fon verre fur le marbre. Il fouffle dans fa
canne : l’air qu’il introduit diftend la maffe du
verre, & un nouveau fouffle en augmente la capacité
en diminuant foq épaiffeur; c’eft ce qu’on
appelle faire la paraifon, c'eCx-k-dire, préparer ou
ébaucher la pièce. L’art principal dans cet inftant,
eft de bien partager le verre, c*efl-à-dire, défaire
que l’épaiffeur foit par-tout bien égale. Cette bonne
qualité dépend d’abord de la manière égale dont
on a diftribué le verre autour de la canne en le
cueillant & en le marbrant, & enfuite de l’attention
qu’on a eue de donner à la canne, en fouf-
flant, une pofition qui ne follicite pas le verre
encore mou, à fe porter, par fa pefanteur, plus
tôt d’un côté que de l’autre. S i , pendant ces opérations
, le verre fe refroidit trop pour être travaillé
aifément, on le rechauffe en le préfentant
à l’ouvreau, & ’ouvrier, pourfe foulager, repofe
la canne fur des crans faits à une plaque de fer ,
que l’on fixe à un petit mur conftruit à quelqua