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d’étoupes foufrées , • qu’on attachèrent avec de i
l’ofier au bout d’une longue perche, & qu’on introduirait
, après y avoir mis le feu, dans les trous
des blaireaux, auffi avant qu’on pourroit. iKfau-
droit avoir foin de boucher fur le champ l’ouverture
des trous. Il eft vraifemblable que cette odeur
étouffera tout animaLvivant qui fe trouvera dans
le clapier.
Des petits Ventilateurs, & leurs ufages.
Comme j’étois * -dit M. Haies, à bord du vaif-
feau nommé le Capitaine, avec le chevalier Jacob
A.kworth , contre-maître du vaiffeau, & que j’exa-
tuinois fur le franc-tillac, au-defîous de la foute
aux bifcuits, comment on pourroit renouveler l’air
de cetie foute ? je remarquai qu’il y avoit, à côté
de l’endroit où j’étois, un coffre dans lequel le
charpentier ferrait fesinftrumens.Cela me fit naître
la penfée qu’on pourroit faire ce renouvellement
de l’air parle moyen d’un petit Ventilateur portatif,
cfe la grandeur du coffre dont je viens de parler.
Conformément à cette idée, je fis chez moi un
Ventilateur, de la forme & grandeur fuivantes. Sa
longueur étoit de quatre pieds, fa largeur de feize
pouces, fon épaiffeur de treize pouces : le tout
mefuré dans oeuvre. Le diaphragme étoit placé
de la même manière que dansées grands Ventilateurs
, & étoit mu en haut & en bas, par le
moyen d’un manche de hois qui paffoit par un trou
quarré, pratiqué à l’extrémité fupérieure de la
verge de fer. Cette vergé avoit à fa partie inférieure,
une jointure auprès du diaphragme.
I l fera mieux de faire l’extrémité du Ventilateur
cambrée, en l’évidant félon le mouvement du
diaphragme même, quand il fera placé fur fes gonds,
parce qu’il décrira alors .une véritable ligne courbe,
félon la dire&ion de laquelle il fera mu. Cette cambrure
ne feroit pas auffi exaéfe en s’y prenant autrement,
ainfi que l’expérience me l’a fait voir,
parce qu’en plaçant les gonds'après, on ne fauroit
lui faire décrire une véritable courbe circulaire.
Deux ouvertures par lefquelles l’air entre, avoient
quatre pouces en quarré. Les foupapes qui les fer-
rmoient, en avoient cinq; & pour quelles ne fif-
fent pas de bruit, elles étoient doublées d’étoffe,
-comme celle des grands Ventilateurs. Le vent paffoit
par deux ouvertures femblables, & entroit
dans le muffle, d'où il fortoit enfuite par un trou
pratiqué à cet effet.
Il y avoit encore a ce muffle, qui étoit long
d’un pied, une femblable ouverture à la partie
inférieure , & une autre à la partie latérale, Chacune
de ces ouvertures étoit munie de fon volet,
au moyen de quoi on les ouvroit & fermoit, félon
le befoin.
Quoiqu’il foit facile-de hauffer &~de baiffer le
diaphragme de ce Ventilateur, il vaudra mieux
cependant que les deux hommes qui y travailleront,
changent de main; ce qui leur rendra le
travail moins pénible.
Le diaphragme ayant un pied de jeu, cbaffera
à chaque coup deux pieds cubiques dîair, en ôtant
deux tiers de pied cubique pour l’air qui s’échappe
à chaque coup , entre les bords du diaphragme &
les parois intérieures du Ventilateur. Les bords du
diaphragme étoient arrondis , pour empêcher qu’il
ne frottât en quelqu’endroit.
En fuppofant qu’on puiffe faire aller ce Ventila-
teur cent quarante fois dans une minute, ce qui
fe peut ailément, il chaffera quatre cent vingt
tonneaux d’air dans une heure : il peut donc être
fort utile pour conferver le bifcuit fec dans la
foute aux bifcuits.
C ’eft dans cette vue qu’onen fit faire deux pour
s’en fervir fur lé navire le Capitaine. On les plaça
fur le franc-tiilac, au-deffus de la partie antérieure
de la foute aux bifcuits , de manière qu’ils con-
duifoient l’air par un tuyau quarré qui paffoit dans
un trou fait au pont, & defcendoit à un pied du
plancher de la foute, d’où l’air montoit pour foriir
par l’écoutille de ladite foute ; & pour éprouver
l’efficacité de cet infiniment en préfence des maîtres
charpentiers de navires , & des autres officiers
de marine des cours de XVoolmch & de Deptford,
qui furent requis de donner leur jugement, on
remplit la foute aux bifcuits de fumée de goudron ,
qu’on y introduifit en grande quantité pendant trois
quarts d’heures, par le moyen de ces Ventilateurs\y
& par leur fecours la foute en fut entièrement délivrée
au bout d’une heure.
C’eft ainfi qu’on peut conferver parfaitement
le bifcuit, en y introduifant de temps à autre un
a^r nouveau, félon que l’expérience en fera con-
noitre le befoin. Pour cet effet, on fera jouer le
Ventilateur pendant une heure qu’on choifira au
milieu des jours fecs, & lorfqu’on pourra ouvrir
les fabords pour renouveler l’air dans les entreponts.
Il vaudroit mieux autrement tirer l’air du dehors
par un conduit, qui du muffle du foufflet
iroit paffer hors du fabord le plus proche, pour ne
J pas pouffer dans la foute aux bifcuits , un aîr
chargé de la fumée qui fe trouve dans- les entreponts
, fur-tout quand les fabords font fermés. Ces
fumées, à cè que j’ai appris, gâtent le bifcuit, qui
ne fe conferve pas auffi bien dans les vaiffeaux où
il y a beaucoup de monde, que dans ceux où il
y en a peu.
Puifque les pois & le gruau font fujets à s’échauffer
& à fe corrompre dans les tonneaux, prindh
paiement dans les pays chauds, il eft aifé de
prévenir cet accident, en les confervant dans une
grande caiffe dont le fond-fera une toile de crin
qu’on pofera fur des barreaux de bois. Au moyen
de cette précaution , on pourra faire paffer de
nouvel air au travers de la caiffe , dans des temps
convenables, avec le petit Ventilateur, de la meme
manière que nous l’avons dit pour le bifcuir.
Selon cette méthode, on peut conferver le bifcuit,
les pois & le gruau, & remédier même au
mauvais goût qu’il auroient contra&é , fuppofé
qu’ils fe fuffent échauffés. Mais on ne détruira pas
par-là les calandres, les vers & les fourmis , qui
font en grand nombre, fur-rout_ dans les'climats
chauds, & qui font beaucoup de dégât.
Le moyen qui me paroît le plus commode pour
faire périr ces infeftes, feroit de porter des vapeurs
de foufre enflammé dans la foute aux bifcuits
, & d’en faire paffer au travers des pois avec
le petit Ventilateur ; ce qui peut fe pratiquer de
la manière fuivante.
On attachera aux trous qui font au muffle du
Ventilateur-, & par lefqueis l’air eft attiré en dedans
, un tuyau quarré dont la cavité aura cinq
pouces de diamètre.
Ce tuyau fera long d’environ fix ou huit pieds,
& fortira de trois ou quatre pieds hors du
vaiffeau , par un des fabords expofés au côté d’où
vient le vent. A l’extrémité de ce tuyau , qui fera
en dehors, on attachera en deffous un entonnoir
de bois , dont l ’ouverture fera tournée en en-
bas.
Cet entonnoir aura environ deux pieds en quarré.
Il fera , de.même qu’une grande partie du tuyau,
doublé en dedans d’une feuille d’étain, pour empêcher
qu’ils ne foient l’un & l’autre brûlés par
les fumées du foufre. On fufpendra au-deffous de
l’entonnoir, & à environ un demi-pied de distance
de fa partie inférieure , un vaiffeaq de fer
ou de cuivre, au fond duquel on mettra quelque
peu de cendres , parce qu’elles ne donnent aucune
mauvaife odeur par elles-mêmes.
Il faut mettre du foufre fur les cendres, de
manière qu’on puiffe placer dans le milieu un
boulet rouge. Alors en faifant jouer le Ventilateur
, les fumées du foufre feront portées dans
la fouteaux bifcuits ou dans le coffre aux pois,
& feront mourir tous les infeâes qui s’y trouveront.
Cette opération reuffiroit mieux s’il faifoit
Mn peu de vent pour entraîner , par les fabords,
la fumée qui fé trouvera dans les entre-ponts.
Pour être fûr que cette fumée n’eft pas capable
de porter aucun dommage au vaiffeau , & afin
»e ne riçn propofer qui pût nuire à ceux pour le
fervice defquels je me fuis donné beaucoup de
peine depuis long-temps, j ’ai fait chez moi cette
expérience, en plaçant au-deffus d’ un vafe qui
contenoit du foufre enflammé , un entonnoir
quarré qui avoit,fervi dans un moulin à cidre,
tic dont le tuyau étoit long de quinze pieds ; &
j ai obiervé, par lefecours du thermomètre, que
lorfque le Ventilateur étoit en jeu , la chaleur
qu avoient les fumées à cette diftance, n’éroit
égale qu’à la moitié de la chaleur du fang ; de
forte qu’il n’étoit-pas furprenant qu’elles n’enfla-
1 maffent pas le papier, l’étoupe , la poudre à canon
ou l’eau-dé-vie double que je leur préfentai. L’on
voit par cette expérience , qu’on ne court aucun
rifque de mettre le feu. aux matières mêmes lei
plus combufiibles du vaiff.au.
Une grande caiffe, telle que celle dont j’ai
parlé , aura de plus cet avantage, qu’au lieu que
fept cent quatre-vingts boiffeaux de pois & de
gruau entier, qui eft la provifiori néceffaire pour
huit mois a un vaiffeau de foixante & dix pièces
de canon, & qui rempliffent foixante & dix-huit
banques de dix boiffeaux chacune , occupent la
place de trente-neuf tonneaux.,& demi, la même
quantité de pois mile dans une grande caiffe, occupera
neuf cent foixante & quinze pieds cubiques
ou-vingt-quatre tonneaux &' trois dixièmes ,
auxquels, fi l’o n ’ajouté deux tonneaux pour la
matière de la caiffe ,• il reftera environ treize tonneaux
de moins , qui eft ce qu’on gagnera par rapport
à l’arrimage du vaiffeau.
Ajoutez à cela qu’une .pareille caiffe coûtera
auffi beaucoup moins que foixante & dix-huit
banques de cette efpèce, qui font garnies de cerceaux
de fer. Il faudra fort peu de vent pour conferver
les grains.
Il fera fort a propos de faire des réparations dans
la caiffe, pour empêcher que le grain ne change
de place dans les mouvémens du vaiffeau ; & à
chaque féparation, il pourra y avoir une planche
de cinq à fix pouces de large, qui gliffera dans
une couliffe, afin que lorfqu’on aura vidé une des
cafés de la caiffe, on puiffe, en coulant la planche,
empêcher l’air d’y entrer en trop grande quantité.
On pourroit encore prendre également les grains,
tantôt dans une café & tantôt dans une autre, &
alors il ne faudrait ni couliffes ni planches. Le
tuyau qui conduit le vent des Ventilateurs, peut
entrer par le milieu de la caiffe foit devant,
foit derrière. On-^tn’a affuré qu’on tranfportoit
autrefois le fucre dan£ des caiffes, avant qu’on
eût reçu dans nos plantations de cannes à fucre
des pipes de la Nouvelle Angleterre.
Ces petits Ventilateurs pourront encore fervir
pour conferver les’ poudres fèches dans la foute '
aux poudres ; car l’on fait par expérience, qu’un
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