
On connoît la perfeâion & la bonté du fèr :
1. Par la vue. Du bon fer eft ordinairement j
par-tout égal & fans fente, gris, luifant & filamenteux
dans fa fra&ure, qui par conféquent eft
dure & piquante au toucher.
Le fer qui a des fentes tranfverfales , eft fulfu-
reux. S’il a des fentes dans les coins des plaques,
il eft impur. S’il a de petites écailles, il eft bon.
2. Par fa dureté.
3. Par fa duôilité.
4. Par fa ténacité.
5. Par fon élafticité.
On peut confulter fur ces différentes propriétés,
l’article Fer de ce diétionnaire.
Travaux fur les mines de mercure.
La manière de tirer le mercure de fa mine,
diffère fuivant les pay s , & elle dépend fouvént
des matières étrangères qui font alliées avec cette
fubftance métallique. Comme ces méthodes font
toutes affez fimples, nous en parlerons fucceffive^
ment, & nous commencerons par le travail qu’on
fait à Almade en Efpagne, fur l'une des plus anciennes
& des plus riches mines de mercure que
l’on connoiffe.
Le fourneau qui fert à cette opération, forme
d’abord deux efpéces de caveaux voûtés en briques,
& montés l’un fur l’autre. Le caveau fupé-
rieur, qui eft proprement le foyer , c’eft-à-dire
l’endroit où on met le bois qui doit chauffer le
minerai, a environ cinq pieds de hauteur ; il doit
en avoir 5 à 6 de diamètre.
Devant la porte de ce foyer on pratique une j
cheminée qui s’élève à quelques pieds au-deffus
du bâtiment, afin de conduire la fumée des matières
combuftibles hors de l’endroit où l’on travaille
; cette pariie du fourneau eft affez femblable
à un grand four de boulanger.
La voûte de ce four eft percée d’une infinité de
trous ou de carneaux qui doivent avoir 5 à 6
pouces en quarré , comme ceux dés fours des
faïanciers, afin que la flamme du bois puiffe fe
communiquer dans le caveau fupérieur.
Ce fécond caveau a environ 7 pieds de haut,
& il doit être de même diamètre que le foyer ;
c’eft dans ce caveau qu’on met le minerai. On y
pratique une porte pour pouvoir y entrer & y
porterie minerai : lorfque le four eft chargé , on le
ferme exactement avec des briques & de la terre
à four détrempée dans de l’eau.
A la partie fupérieure de la voûte de ce caveau,
on pratique pareillement une ouverture, par laquelle
on achève de charger le four de minéral,
lorfqu’il n’eft plus poflible d’en mettre par la porte.
On bouche de même cette ouverture lorfque le
four eft fuffifamment chargé.
On laiffe ordinairement un pied & demi d’intervalle
entre la voûte de ce caveau & le tas
de minéral, pour donner un jeu libre à la circulation
des vapeurs, lorfqu’elles fe dégagent
par l’aélion du feu.
Au derrière du fourneau oppofé à la porte
par où on le charge, on pratique dans le haut
du caveau huit ouvertures de^fept pouces de
diamètre, rangées à côté les unes des autres
fur une même ligne horizontale.
On adapte à chacun de ces trous une file
d’aludels de foixante pieds de long, qui font en
tout huit files d’aludels femblables -^placés horizontalement
à côté les uns des autres. Ces aludels
font fupportés par une terraffe qu’on a bâtie
exprès pour cet ufage.
De plain-pied à cette terraffe, ou conftruît
pareillement une chambre partagée en deux par
une cloifon de briques, dans laquelle vienent
aboutir les files ft’aludels.' On ménage une pente
douce à cette terraffe, afin que les aludels qui
partent du fourneau, fe trouvent un peu inclinés
vers la chambre qui eft à l’autre bout.
La terraffe & la chambre font pavées bien
exactement, afin que, s’il s’échappe du mercure
au travers des aludels s’ils ont été maMuttés,
il puiffe fe raffembler au moyen d’une rigole,
dans un endroit qu’on a pratiqué pour le recevoir.
Les aludels font des vaiffeaux de terré percés
par les deux bouts , & renflés par le milieu comme
une boule. Ces aludels ont un demi pied de
diamètre par le ventre, fur deux pieds de longueur.
Ils s’ajuftent bout à bout , & en cet état
ils forment des lignes femblables à de gros
chapelets.
On pratique dans la chambre où viennent
aboutir les^ aludels, deux cheminées, une de
chaque côté par où s’évapore la fumée qui a pu
enfiler les aludels. On ménage pareillement deux
portes pour entrer dans les deux côtés de cette
chambre, lorfque cela eft néceffaire; mais on a
foin de les tenir fermées exactement avec des
briques pendant l’opération.
Au moyen de la defeription que nous venons
J de donner du four , il fera facile d’en concevoir
la marche, & la manière dont le mercure fe
j fépare de fa mine.
On arrange dabord des morceaux de mine
gros comme des moellons, fur les carnaux du
fécond caveau du four dont nous venons de
parler, & on remplit à mefure les intervalles
avec des morceaux plus petits.
Lorfque le four eft chargé convenablement,
comme nous l’avons dit dans la defeription, on
fait un feu violent de bois dans le caveau inférieur
, & on le continue pendant treize à quatorze
heures.
L’aClion du feu dégage le mercure ; il fe réduit
en vapeurs, & circule pendant un certain temps
dans la partie fupérieure du caveâu, mais il eft
obligé de fortir & d’enfiler les aludels, oü il fe
condenfe.
Les vapeurs les plus fubtiles parviennent juf-
qu’aux derniers aludels, & font reçues enfin
dans la chambre que l’on a pratiquée au bout
de la terraffe. Ces mêmes vapeurs y circulent
pendant un certain temps, mais le mercure qui
a pu être emporté s’y condenfe. Il n’y a que
la fumée qui s’échappe par les deux cheminées
qui font dans cette chambre.
Lorfque l’opération eft finie , on laiffe réfroidir
le tout pendant trois jours; au bout de ce temps
on délute les aludels, on ramaffe le mercure,
& on le jette dans une chambre quarrée, pavée
bien uniment, mais difpofée en forme d’entonnoir
, & percée d’un petit trou dans le milieu ;
le mercure coule doucement , & fe .purifie par
cette opération d’une matière fuligineufe qui le
faliffoit.
On ramaffe pareillement, & on purifie de
même le mercure qui s’eft raffemblé dans la
chambre où aboutiffent les aludels. On enferme
enfuite le mercure dans des peaux de moutons,
& on en forme de gros nouets qui pèfent depuis
cent jufqu’à cent cinquante livres : on les emballe
dans de petits tonneaux avec de la paille.
On retire ordinairement de chaque fournée à
Almade, vingt-cinq quintaux de mercure, quelquefois
trente ; on l’a vu aller jufqu’à foixante,
mais cela n’a jamais excédé cette quantité.
Toutes les circonftances font heureufes dans
le genre de la mine d’Almade; le mercure y
eft minéralifé par le foufre, & par conféquent
fous la forme de cinabre.
Il faut un intermède qui puiffe dégager le mercure
& s’emparer du foufre : cet intermède fe
trouve naturellement dans lâ‘ mine ; le cinabre
eft difperfé dans une pierre calcaire qui a la
propriété dont nous parlons : elle retient le foufre
& laiffe échapper le mercure.
Dans les endroits ou la mine de mercure ne
fe trouve pas dans les mêmes circonftances, on
ajoute un intermède , comme par exemple, de
la chaux ou de la limaille de fer, & on lave la
mine auparavant.
Il s’étoit répandu que ceux qui travaillent aux
mines de mercure à Almade, ne vivent pas longtemps,
& qu’ils deviennent paralytiques.
M. Bernard de Juflieu, qui nous a donné fur
ces mines un excellent mémoire inféré dans les
volumes de l’académie pour l’année 1719, n’a
pas oublié cette partie qui étoit intéreffante à
éclaircir. Il remarque qu’il y a deux fortes d’ouvriers
qui travaillent à cette mine. Les uns font
libres, 6c les autres font des criminels que l’on
condamne à ce genre de travail, plutôt que de
lestfaire périr. Les premiers n’ont aucune efpèce
d’incomodité & vivent tout aufli long-temps que
les autres hommes, parce qu’ils ont foin de changer
tout vêtement, & de fe laver lorfqu’ils fortent
des mines pour prendre leurs repas ou pour fe
coucher. Mais ceux qui travaillent forcément à
ces mines n’ont pas Je moyen d’avoir des habits
à changer; il font expofés à des falivations con-
fidérables , & périffent au bout d’un certain
nombre d’années, des maladies que le mercure
caufe à ceux qui en prennent une trop grande
'quantité en paffant par les remèdes mercuriaux.
Le procédé ufité à Idria dans la Carniole pour
la diftillation du mercure, eft à peu près le
même que celui d’Almade. On n’y fait du feu
dans le fourneau que pendant cinq à fix heures
parce que le minerai prend feu & brûle de lui-
même pendant trois à quatre jours. La longueur
des files d’aludels eft plus grande qu’à Almade.
Elle eft de 16 toifes.
On tâche de faciliter la condenfation des vale
u r s mercurielles dans les chambres, en y
plaçant des vaiffeaux remplis d’eau. Après avoir
purgé le mercure de la fuie qui y adhère, on
l’empaquete dans des peaux de mouton tannées
avec de l’alun, par paquets de 150 livres. En
1768, on fit à Idria 22.00 lægel de 150 livres,
ou 3300 quintaux de mercure.
Dans les mines du Palatinat on diftille le
mercure dans des cornues de fer.
Les mines de mercure d’Obermofchel s’y
trouvent dans de l’argile ou dans un grès argilleux.
L’argille s’y trouve dans l’état d’argillefchyfteufe!
A Moersfeld, la pierre qui accompagne le mercure
eft une argilîe endurcie marbrée ; à Lautern
c’eft une argille fehyfteufe; à Pozberg c’eft une’ (breche argilleufe.^
On a trouvé le mercure dans une argille endurcie
& dans du grès , à Miinfter-Appel. II
eft accompagné à Kirchheim-Polanden d’une pierre