
diffance, au devant de l’ouvreau, pour garantir
en partie l’ouvrier de Texceffive chaleur. Cette
plaque àcrans ( fig. F , pl. 5 ) eft défignée, à caufe
de fa forme, fous le nom de crémaillère.
Le fouffleur doit avoir attention, lorfqu’il a fouf-
flé dans fa canne, de ne jamais infpirer; il rifque-
roit d’attirer à lui un air raréfié, brûlant, & par
conféquent très-nuifible ; mais, lorfqu’il a befcin
de reprendre haleine , il retire de fa bouche l’embouchure
de la canne, & refpire fans danger.
On fènt parfaitement que le verre chaud & flexible
, obéiffant à toutes les preflions, & cédant à
tous les mouvemens, eft fufceptible de prendre
toutes les formes. Si le fouffleur fe propofe de donner
à fon ouvrage une forme oblongue , un mouvement
de balancement ou un mouvement circulaire
qu’il imprime à fa maffe de v erre, foit en,
balançant fa canne, foit en la faifant tourner cir-
culairement autour de lui-même, allonge le verre,
& lui fait prendre la figure d’une poire. S’il veut
faire un vafe qui repofe fur une bafe, en appuyant
fa paraifon fur le marbre ou fur une autre furface
plate, il applatit le verre, & il achève d’unir le
fonds extérieurement, en l’appuyant contre une
palette de fer ( fig. D , pl. 5 ) qu’il tient de la main
droite, tandis qu’avec fa main gauche, il fait rouler
fur un point d’appui folide , fa canne & par confé-
quent le verre qui y éft attaché;
Le v a fe , quel qu’il foit, tient encore à la canne,
& il faut l’en détacher pour former l’orifice dans
la forme défirée. Alors on prend au bout d’une
baguette de fer.( fig. E , pl. 5 ) défignée fous le
nom de pontil, un petit morceau de verre chaud,
qu’on préfente au milieu de la bafe qu’on a formée
au vafe : il s’y attache ; c’eft ce qu’on appelle pon-
tiller la pièce. On détache alors là canne, foit en
affoibliuant le verre auprès de la canne', en le ferrant
avec les pincettes ou des cifeaux, foit en
le calcinant par l’attouchement de quelque corps
froid : un coup léger donné fur la canne, après
ces précautions prifes, fuffir pour cet effet.
On coupe avec de grands cifeaux (,fig. H, pl. 5) ,
propres cependant à être maniés d’une feule main ,
tout ce que l’ouvrier juge devoir retrancher de fon
vafe pour en former l’orifice , qu’on préfente à I
l’ouvreau , & on fait l’ouverture à volonté en y
introduifant les fers ( fig . G , pl. 5 ) , efpèces de
forces qui font reffort dans la partie lupérieure , &
qui fe fermenr & s’ouvrent en ferrant plu* ou moins
la main.
Nous ne nous.fommes pas attachés à décrire
exaélsment les manoeuvres d’aucune efpèce de verrerie
: nous avons cherché feulement à donner des
notions générales qui fi (font connoître les principaux'outils
& leurs ufages.- Chaque branche de
verrerie exige enfuite des procédés & fouvent des
outils particuliers , dont nous nous occuperons
dans l ’article fuivant.
Recuiffon.
Si les ouvrages de verre fe refroidiffoient à l’air
libre, ce paffage fubit du chaud au froid nuiroit
à leur confervatiôn : la diffipadon trop fubite des
parties ignées dont le verre eft imprégné dans cet
inftanti.occafioneroit l’écartement, la féparation
des parties du verre, qui ne pourroit céder avec
affez de promptitude, & la caffe feroit inévitable.
On eft donc obligé, poür éyiter ce danger, à ramener
les ouvrages de verre, par degrés irifenfi-
bles , au parfait refroidiffement ; c’eft ce refroi-
diffemerit gradué que l’on appelle recuijfon duverre.
Tous les produits de la verrerie ont donc befoin
de re'cuiffon; mais fi tous les ateliers de ce genre
s’accordent en ce point, ils varient dans les moyens,
fuivant les genres de fabrication. Nous avons vu
( article glaces coulées ) comment s’opère la recuif-
fon des glaces, & dans l’article fuivant nous démontrerons
en détail, en traitant dés diverfes branches
de la verrerie , comment chacune d’elles parvient
à recuire les ouvrages qui font le réfultat
de fes opérations. Nous nous contenterons, en terminant
cet article, d’indiquer la forme & l’ufage
du four de recuiffon Z ( pl. i ) , joint au four français
que nous avons décrit.
Ce fourneau a huit pieds de long fur fix de large
dans oeuvre; il eft compofé de deux chambres.
L’inférieure , dont on voit le plan géométral en Z
( pl. 1 ) , a un tifar X de dix-huit pouces , par
lequel on jette le combuftible fur une grille qui
occupe la longueur du fourneau. Cette chambre
eft voûtée en plein ceintre , à trois pieds de hauteur
, comme on le voit dans la coupe ( pl. 4 ) , en
abc. La maçonnerie qui fépare la chambre inférieure
de la fupérieure , a environ un pied d’épaif-
feur en b d , vers la clé de la voûte abc.
Au-deffus du tifar eft une autre chambre de huit
pieds fur fix. Voyez la pl, 3 , où eft exprimée la
coupe horifontale du fourneau Z , à la hauteur du
pavé de la.chambre fupérieure. Celle-ci eft voûtée
à environ trente pouces de hauteur, & fa voûte
éft furbaiffée, comme on peut le voir en e fg
(p h 4 ) .
Vers les deux extrémités dé la chambre fupérieure,
font deux ouvertures L L (pl. 3 ) , dont
l’une eft exprimée en élévation dans,la pl. 4, &
cette partie du fourneau de recuiffon participe au
feu du four de fufion, par la lunette de communication
, dont le plan géométral eft exprimé en ƒ
( pl. 3 ) , & la coupe en h i ( pl. 4 ).
Il faut, [pour déterminer la combuftion dan'sle
tifar,
tifar , qu’il y ait, à travers la maçonnerie, des
communications avec la chambre fupérieure, ou
faire à l’extrémité du tifar, une cheminée qui étab
l i t un courant cfair.
Au temps du travail , on fait du feu dans le
tifar, pour donner plus de chaleur à la chambre
fupérieure du fourneau de recuiffon , déjà échauffée
par la lunette. On a eu foin d’y placer, par les
ouvertures L L (p l. 3 ) , des vafes de terre cuite,
qui s’y chauffent, & dans lefquels on merles ouvrages
à mefure qu’ils fe fabriquent. Lorfqu’on a
rempli ces vafes , appelés mouffles par quelques
perfonnes, mais plus communément quilaves , on
les retire de la chambre fupérieure du fourneau,
&, pour qu’ils fe refroidiffent fans précipitation,
ainfi que leur contenu, on les place dans des niches
PP (pl. 5 , qui exprime l’élévation du four
de fufion & de celui de recuiffon ) , dont les di-
menfions font proportionnées à celles des quilaves,
& que l’on pratique à côté du tifar, dans l’épaiffeur
de la maçonnerie. On né voit dans la figure, que
l’ouvertnre de ces niches.
Attlier de verrerie. *•
On entend par cette expreffion , les lieux éef-
tînés à fabriquer les diverfes fortes de verre. C ’eft
dans ce fens, que l’on dit verrerie en verre blanc,
verrerie en verre noir , &c, On entend aufîi les
diverfes fabrications fous cette double acception,
nous diviferons cet article en autant de parties,
que là verrerie a de branches, c’eft-à-dire, qu’il
y a de principale^ fortes de verre employées à
notre utilité ; nous diftinguerons donc i a. la verrerie
en verre vert commun ou chambourin ; o.°.
la verrerie en verre noir, ou à bouteilles ; 30.
la verrerie en verre à vitres , en plateaux ronds ,
ou à boudiné , ou à la françaife ; 40. la verrerie
en verre à vitres à l’allemande , ou en canon ,
©u en manchons ; 30, la verrerie en verre à eftam-
pes ou façon de bohème ; 6°. la verrerie en gobele-
terie & affortimens, ou verrerie, en verre blanc.
7°. La glacerie ou verrerie en glaces pour miroir,
f i La criftallerie ou verrerie en crifiaux. 90. La
verrerie en verre de couleur, & imitation des
pierres précieufes. Nous avons tâché dans cette
divifron-de fuivre l’art avec méthode , c*eft-à-dire
de préfenter fuccefiivementfes diverfes branches ,
en allant de la fabrication la plus fimple , à la
fabrication la plus compliquée, & la plus délicate
dans fes procédés.
V’-rrerie en verre vert commun ou chambourin.
Le verre vert commun ou chambourin eft celui
dont la fabrication demande le moins de préparations
préliminaires & de foins' , c’eft,de cette
qualité de verre dont s’occupent les verreries de
Languedoc, dans lefquelles nous avons fur-tout
Arts & Métiers. Tome VIII.
étudié les procédés'de cette branche de l’art. Les
ouvrages qu’elle produit font deftinés aux ufages
les plus communs , & les moins recherchés. On
y fabrique des bouteilles , des fioles connues fous
le nom de taupêtes , dans lefquelles on renferme
les liqueurs, firops & parfums dont cette province
fait un commerce affez étendu , les bouteilles longues
formées à peu-près en cilindres , qui contiennent
cômmunément les vins mufeats, les mauvais
gobelets que l’on ne trouve guères répandus
que dans les villages les plus éloignés, & dans
les lieux les plus miférables. On y fait cependant
des vaiffeaux chimiques , tels que des cornues,
des matras & c , qui font fur-tout employés
dans lés diftillations en grand, foit d’eau forte ,
foit d’acide vitriolique ; mais nous ne craignons
pas d’avancer , que cette confommation éft due
principalement au voifinage, & à la facilité de fe
procurer de femblable verre ; car en. général, le
verre vert ou chambourin , quoiqu’affez doux, eft
peif folide : il eft communément , attaquable par
les acides , non feulement à raifon de fa 'compo-
fition , mais encore par le peu de foin , & la
précipitation quon apporte à cette forte de fabrication.
Je ne prétend pas faire ici un reproche à
l’intelligence des artiftes qui s’en occupent ; il eft
■ poffible que la modicité de leurs prix , & leur
débouché exigent de leur part la confiance qu’ils
mettent aux procédés utiles.
Il eft non feulement poffible, mais encore très
aifé d’adapter à toiites fortes de fabrications , les
deux formes de four de fufion que nous avons
indiquées dans l’article précédent, foit à la fran-
çaife où à un feui tifar, Toit à l’ allemande ou à
deux tifars : il n’eft pas moins praticable de chauffer
en bois, ou en charbon de terre, au choix de
l’artifte. Nous avons déjà fait connoître les modifications
que doit apporter au four la différence
du combuftible.
Les fours de verrerie en verre v e r t , tels qu’on
les employé en Languedoc,font à la françaife & fern-
blables à celui de ce genre dont nous avons préfenté
le détail dans l’article précédent, avec, néanmoins,
quelques différences que nous allons faire connoître
; & qu’il fera très-aifé de faifir.
Les fours en chambourin , que nous avons eu
occafion de v oir , chauffent en bois; ils font en
général conftruits avec moins de foin , & d’exac-
umde ,'que le four français de l’article précédent.
Le tifar , au lieu d’être établi dam une chambre
inférieure dont il occupe le milieu , oc qui par
fon étendue, donne à la flamme les moyens de fe
développer, & d’acquérir d’autant plus d’aétivité ,
le tifar , dis-je, traverfe , à la vérité, le plan du
four dans la dire&lon d’un diamètre, mais il ne
va que jufqu’au .centre, où fe trouve le treu de
communication avec la chambre fupérie ur.e qui con-
■ LU