
Par ces calcinations ou ces grillages, on dé- I
barraffe la mine d’une grande partie du foufre
qu’elle contient. Lorfqu’elle eft fuffifamment
grillée ou calcinée, on la fait fondre dans un
toumeau convenable, au travers des charbons ;
on ajoute, fuiVant la nature de la gangue, de
la mine, ou des fcories d’une ancienne fonte ,
ou des terres calcaires pour faciliter la fufion ,
auxquelles on ajoute du fpath fluor, là où on
a la facilité de s’ en procurer.
Lorfque le cuivre eft bien fondu, on le fait
couler dans un baflin garni de brafque, pratiqué
en terre à l’un des côrés du fourneau. Les V ivriers
nomment ce baflin, ou cette excavation
qu’on fait dans de la brafque ou dans un mélange
d’argile & de charbon , baffin de réception.
Le cuivre qu’on obtient de cettte première opération
fe nomme matte de cuivre : il contient
beaucoup de foufre.
On fait griller ou calciner cette matte de cuivre
à p'ufieuis reprifes, & on la fait fondre à travers
le charbon. On obtient par ce moyen ce qu’on
nomme cuivre noir.
On fait fondre ce cuivre noir dans le creufet
d’un four à réverbère, muni de bons fouffiets ,
ou dan's un creufet coupé dans le fol d’une
efpèce de forge, dont le feu eft animé par de
bons foufflets, & on le tient en fufion en les
faifant jouer jufqu’à ce que les matières étrangères
qu’il contient fe foient ou volatilifées ou
réduites en fcories, & que le cuivre foit parfaitement
pur, ce que l’on reconnoit en plongeant
une verge de fer de temps en-temps dans
le cuivre en fufion ; il s’en attache un peu au
bout de la verge, on l’examine, &. lorfqu’il eft
dans l’état convenable, l’opération eft finie. On
appelé cette opération affinage de cuivre.
Voilà à quoi fe réduit tout le travail des
mines de cuivre qui ne contiennent point de
métaux fins.
Travaux fur les mines de f r .
La mine de fer jetée dans nos fourneaux
élevés de vingt pieds & plus, & remplis de
charbons ardens, ne fe liquéfie que quand elle
eft defeendue à plus des trois? quarts de cette
hauteur ; elle tombe alors fous le vent des
fouffiets & achève de fe fondre au-deflùs du
creufet, ( c’eft ainfi qu’on appelle la partie inférieure
du fourneau ) , qui la reçoit , & dans
lequel on la tient pendant quelques heures,
tant poiïr en accumuler la quantité, que pour
la laiffer fe purger des matières hétérogènes qui
s écoulent en forme de verre impur qu’on appelle
laitier.
Cette nuttère, plus légère que la. fonte de
fer, én furmonte le bain dans le creufet; plus
on tient la fonte dans cet état en continuant le
feu, plus elle fe dépouille de fes impuretés;
mais, comme on ne peut la braffer autant
qu’il faudroit j ni même la remuer aifément dans
ce creufet, elle refte néceflairement encore mêlée
d’une grande quantité de ces matières hétérogènes,
en forte que les meilleures fontes de
1er en contiennent plus d’un quart, & les fontes
communes près d’un tiers, dont il faut les purger
pour les convertir en fer. ,
Ordinairement on fait au bout de douze heures
ouverture au creufet; la fonte coule comme un
ruiffeau de feu dans un long & large fillon, où
elle fe confolide en un lingot ou gueufe de 1500
à 2000 livres de poids.
On laiffe ce lingot fe refroidir au moule, &on
1 en retire pour le conduire fur des rouleaux ,
8c le faire entrer par l’une de fes extrémités dans
le foyer de raffinerie , où cette extrémité , chauffée
par un nouveau feu, fe ramollit & fe fépare
du refs e du lingot : ^ouvrier perce & pétrit avec
des ringards, ( ou des barreaux de fer pointus
par une de leurs extrémités ) , cette loupe à demi
liquéfiée, qui, par ce travail, s’épure & laifle
couler par le fond du foyer une partie de la
matière hétérogène que le feu du fourneau de
fufion n’avoit pu féparer; enfuite on porte cette
loupe ardente fous le marteau, où la force d e
la gereuflion fait fortir de fa maffe encore molle,
le refte des fubflances impures qu’elle contenoit;
& ces mêmes coups redoublés du marteau ,
rapprochent & réunifient en une maffe plus
lolide & plus alongée les parties de ce fer que
l’on vient d’épurer, & qui ne prennent qu’alors
la forme & la du&ilité du métal.
Ce font là les procédés ordinaires dans le travail
des forges; & quoiqu’ils paroiffent afféz
Amples, ils demandent de l’intelligence 8c fup*
pofent de l’habitude & même des attentions
fui vies.
Après avoir expofé d’une manière générale
les travaux fur les mines de fer, nous allons
nous en occuper plus en détail, en prenant pour
guide la Métallurgie de Vallerius. Cet iiluftre
Suédois s’exprime ainfi :
On divife les mines de fe r , eu égard à leur
fufibilité, en mines de fer réfraâaires, & en
mines de fer fufibles.
• Des mines de fer réfra&aires Ou fiches.
Elles portent c-î nom, fojt à caufe de leur
nature fèche, fou* parce ’.qu’elles refufent d’entrer
en belle fonte fans addition d’autres mines ou
pierre calcaire. Elles demandent beaucoup de
charbons & des foyers munis de fortes pierres.
Ces mines font de deux efpèces.
I. Mines magnétiques ou attirables à l’aimant.
Le for qui en réfulte fo nomme en Suede'
fer doux ou fer de pierre Jcche. Sa frafture eft
rude, piquante, & a des parties fiiamentrufes
luifantes. On juge dé la bonté de ce fer par ces
parties filamenteufes, fa dureté & la duéiilité
qu’il a à chaud & à froid.
II. Hématites & mines de fer terreufes ou
limonneufes.
Elles font compofées plutôt d’une ochre de fer
que de métal pur, auffi ne font-elles pas attirables
à faimant.
Elles exigent beaucoup de charbons pour leur
fonte, & fourniffent un fer qq|vji’eft pas aufli
duâüe, qui n’a pas autant dè - ténacité que le
précédent, & qui de plus, eft fouvent caffant à
froid.
Des mines de f r fufibles.
La terre métallique du fer eft unie ou à une
terre calcaire, ou à une terre argilleufe, ou à
une terre marneufe ; ou enfin à une terre fili-
ceufe. De là dépend la différent? tufibilité des
mines de fer.
Les mines de fer calcaires fe fondent plus afferment
lorfqu’elles ont été expofées long-temps a
l’air, 8c l’on corrige les argilleufes & les pyri-
teufes par la pierre calcaire.
Les mines de fer fufibles peuvent fe fondre
fans addition , & ajoutées *aux mines de fer rè-
fraéiaires, elles en accélèrent la fufion. Quand
on les fond feules , elles fortenr, à caufe de leur
fonte claire, avec inipétuofité ho$s du fourneau
dés qu’on l’ouvre.
Aucune de ces mines n’ eft attirable par l’aimant.
Ces mines fo n t, par rapport au fer qu’elles
fourniffent, de deux efpèces.
I. Les unes donnent un fer caffant à chaud,
mais qui étant froid a de la ténacité & de la
duftilité. S i, lorfqui! eft fondu on ouvre le fourneau
pour le faire couler, il jète quantité de
grandes étincelles. Il en eft de même fous le
marteau fous lequel il faute & prend des fentes
tranfverfales. Ce fer a des fâches brunes ou rougeâtres
, qui proviennent. foit du foufre qu’il
contient, foit de la facilité avec laquelle il fe
rouille.
Ce fer provient de pyrites 8c de mines de
fer mêlées ou parfemées de pyrites & de taches
pyriteufes. Il n’eft donc pas étonnant qu’un
pareil fer contienne du foufre 8c de l’acide
iulfureüx.
Un pareil fer ne fauroit par conféquent convenir
à des ouvrages deftinés à durer long-temps,
ou à être polis, quoiqu’on puiffe l’employer
pour des* ouvrages qui demandent plus de ténacité
que de du&ilité.-
II. D’autres donnent un fer caffant à froid ,
ou qui fupporte le ’ marteau étant rouge, & qui
a de la cohérence, mais qui, froid, n’eft pas
malléable & faute en pièces.
Ce fer eft bleuâtre dans fa fraâure, ou plus
blanc & luifant que le précédent. Il n’a point
de parties filamenteufes, mais fes parties font
plus groffières & reluifent prefque comme du
verre ; comme il eft dur & qu’il ne contient
point de foufre, il ne prend pas facilement la N
rouille, prend bien le p o li, & on l’employe
utilement pour en faire le fer battu qu’on
deftine à la couverture des toits.
Fondu, il eft propre à tous les vafes ou
uftenfiles decuifine, parce qu’il ne communique
aux bouillons & aux autres mets liquides, ni
couleur, ni goût ferrugineux. Son ifianque de
phlogiftique lui donne plus de dureté. On l’obtient
des mines dépourvues de principe inflammable,
telles que l’hématite, les mines de fer
limonneufes 8c d’autres.
Le foufre, fans .contredit, rend le fer caffant
à chaud, & il paroit que le fer caffant à froid,
ne doit cette qualité qu’à un défaut de phlogiftique,
comme le prouve très-bien Vallerius,
défaut auquel cependant les charbons dans la
fonte ne; peuvent remédier , vu qu’il defeend
dans le.fourneau avant que le phlogiftique des
charbons l’ait pu fuffifamment phlogiftiquer.
Les mines de fer font fufceptibles d’un autre
genre de divifi.on, par rapport à leur grillage.
Sous ce point de vue on les range en trois
claffes.
■ j En mines qu’il n’eft pas néceflaire de griller,
telles, font les mines de fer limonneufes, qui
fourniffent un fer caffant à froid, 8c pmfiéurs
autres mines qui fe trouvent dans les montagnes
& en filons, de nature analogue, qui pour la
plupart ont une couleur bleuâtre, dont cependant
il vaut toujours mieux s’affurer de la nature
par l’expérience.
II. En mines qui doivent être peu grillées,
& qui ne demandent dans leur grillage, ni un
feu violent, ni un feu continu. Le but de ce
g'iüage efi ,