
à travers d’un tuyau de cuir que j’y avois attaché,
dans un récipient de verre, renverfé & plein d’eau.
Pour connoître l’intervalle qu’il y a entre les
grains de b lé , & qui donne paffage à l’air, j’ai
pefé dans des balances un vafe de pinte; l’ayant
enfuite rempli d’eau, je l’ai pefé derechef pour
favoir ce qu’il en contenoit. Alors ayant vidé le
vafe & l’ayant bien efluyé , je l’ai rempli de
froment, en fecouant bien la mefure ; & après
m’être alluré du poids du blé, j’ai verfé de. l’eau
par-delïiis jusqu’au bord.
J’ai repefé lè v afe , pour favoir combien il étoit
entré d’eau parmi le blé ; & en ôtant du poids
total de l’eau que contenoit le vafe étant plein d’eau
feulement, la quantité qu’il pouvoit en recevoir
lorfqu’il étoit déjà plein de froment, j’ai trouvé
que cette quantité étoit égale à un feptième & trois
dixièmes de pinte : il s’enfuit de là que la Tomme
des intervalles qui doivent donner paffage à l’air
à travers le froment, eft égale' à ~ du volume
d’une quantité quelconque de blé : or, cet efpace
fuffit pour laiffer palfer l’air en grande quantité.
Le vafe dont e me fuis fervi ayant 88. 6 pouces
cubiques, & la fomme des intervalles que laiffent
entr’eux les grains de blé, étant égale à 12, 1
pouce cubique, il refie donc 76. 5 pouces cubiques
pour l’efpace occupé par le blé. En comparant
par ce moyen, les pefanteurs refpe&ives du blé
& de l’eau, j’ai trouvé que le premier étoit environ
un dixième plus pefant que l’eau.
i L’air a paffé auffi facilement à travers une quantité
d’avoine, de même hauteur que le blé: plus
aifément à travers l’orge , & beaucoup plus librement
encore à travers les pois &. les fèves. Il y
a en -effet des intervalles plus grands entre ces
derniers grains, à raifon de leur forme différente,
& le vent doit trouver à travers ces intervalles,
un paffage plus libre qu’il n’en trouve à travers
le blé ou l’ayoine,
La même chofe arrive, foit qu’il y ait an bas
des tuyaux, une plaque mihce.de métal, percée
de plufieurs trous, foit qu’il y ait une toile de
crin; de forte qu’on peut Te fervir indifféremment
de l’une ou de l’autre, dans les greniers. Mais les
plaques de tôle qui auront le plus de trous, feront
tes meilleures. La tôle, ilèft vrai, coûtera environ
12 fous le pied quarré ; au lieu que la toile de crin;
ne revenant pas à 2 fous, fera plus de fix fois à
meilleur marché. D'un autre côté auffi, la tôle
durera plus longs temps, & empêchera les rats &
les fouris d’atteindre au grain par les trous qui
pourroient fe trouver au plancher : d’où il s’enfuit
qu’elles font préférables , fur-tout pour les grands
greniers. D’ailleurs, elles feront plus en état que
les toiles de cria , -de foutenir les vapeurs du
foufre enflammé, lorfqu'il feroit nécefïaire d’en
I pou lier à travers le blé pour détruire’les calandres.
Si cependant on conduifoit les vapeurs du foufre
brûlant dans la cavité des Ventilateurs , par le
moyen d’un tuyau de bois, revêtu en partie intérieurement
d’une plaque d’étain, ces vapeurs venant
d’auffi loin, ne pourroient endommager les
toiles ds crin, fur-tout fi l’on confHère qu’il ne
faut pas répéter fi fouvent cette fumigation. L’expérience
fait voir que ces toiles peuvent foutenir
pendant plufîeurs années, la chaleur continuelle
des greniers à drêche, fans être gâtées.
Pour connoître enfuite quelle étoit la f c ce de
l’air pouffé par le foufflet ordinaire à travers le blé
contenu dans le tuyau, je p'açai un fyphon de verre
dans une fituation renverfée, à un des côtés du
tuyau quarré de bois, qui étoit rempli de b é , &
qui avoit neuf pieds et demi de hauteur. Lorfqiie
ce fyphon étoit à un demi-pied de l’extrémité inférieure
du tuyau, la preffion de l’air qui paffoit à
travers le blé , fur le mercure contenu dans le
fyphon, le fai foit defeendre un demi-pouce dans
une branche du fyphon , & le fa foit élever d’autant
dans l’autre ; de forte qu’il étoit plus haut d’un
pouce dans la branche A que dans la branche B.
Il ré fuite de cette première expérience ,-que l’air
étoit pouffé à travers cette portion de blé, avec
uae force égale au poids d’une colonne 4e mercure,
hsute d’un pouce , qui eft à peu p ès d’un
poids égal à celui d’une colonne d’eau qui auroit
quatre pouces de hauteur. Lorfqve le fouifler étoit
comprimé avec, beaucoup de force , le mercure
s’élevoit par fecouffes , jufqu’à trois pouces &
demi.
Quand je plaçois le fyphon à trois pieds du bas
du tuyau, l’eau que j’avois mife dans le fyphon
à la place du mercure , montoit à la hautei r d’environ
deux pouces, c’eft-à-dire qu’elle étoit pouffe6
avec un feptième de la précédente force. Le
fyphon étant placé à cinq piëds de diftance du bas
du.tuyau , l’eau s’èlevoit à environ un pouce ; &
a la diftance de huit pieds & demi, elle montoit
a un demi-pouce : par où l’on peut voir les divers
^e,g|^s^de force de ftair à différentes hauteurs du
O h ne doit pas en conclure de là que la viteffe
de l’air, en paffant à tralvers le blé, foit proportionnée
aux différent degrés de compreffion qu’il
exerce fur les fluides contenus dans les fyphon; ;
car là plus grande force de compreffion avec laquelle
il àgiffoit vers le bas du tuyau, dépecdoît
de la plus grande réfiftance qu’il y renconiroi?,
& cette réfiftance venoit elle-même de la grande
colonne de blé qu’il avoit à' traverfer, qui doit
confidérablement diminuer fon impétuofité à rne-
fure qu’il monte plus haut. Mais quand la colonne
de blé qu’il avoit à traverfer, avoit moins de hauteur
, plus il approchoit de l’extrémité fupérieure,
plus
plus auffi il montôit avec rapidité , quoique. fa
viteffe ne laiffât pas d’être confidérablement dimi-.
nuée en cet endroit-; car en faifant cette expérience
avec des pois,, dont je remplis le tuyau
au-lieu de b lé , l’air trouvant à travers ces pois
un paffage plus libre , montoit avec une plus
grande viteffe. Cependant la compreffion qu'il
exerçoit fur les fluides contenus dans les fyphons,
& par conféquent le degré d’impulfion qu’il com-
muniquoit à ces fluides, n’étoit en aucun endroit
auffi fort qu’il l’étoit dans le même tuyau rempli
de blé.
On pourra, fur ce qui vient d’être dit, juger
à peu près de la force avec laquelle il faudra
pouffer Pair à travers le blé dans les greniers; &
comme la force communiquée par ces Ventilateurs
à blé, eft plus grande, & qu’il ne faut pas en ce
cas, ni autant d’air, ni un air pouffé avec autant
d’impétiiofité que celui que fourniflent les grands
Ventilateurs ci-devant décrits, il s’enfuit que des
Ventilateurs beaucoup plus petits peuvent fuffire
pour l’ufage des greniers, & des vaiffeaux defti-
nés au tranfport du blé; ce qui diminuera à proportion
la peine qu’on aura à les mettre en mouvement.
Savoir.............. ...... .................
D’orge. ............................. .. ~ —
D ’avoinè. .............. ' • . •• •.* .■. ■ ■ , * ' ■ * . ■ ■ ;_ 5i_ 5_
De pois gris.......... .. ...., , , ..............
L’on voit par-là la grande différence qu’il y a
par rapport à la quantité de grains, entre un fcoif-
feau de blé entaffé, & la même mefure non en-
taffée.
Les Ventilateurs peuvent être placés contre la
muraille du grenier, foit en dedans , foit en dehors,
fuppofé qu’il n’y ait auprès du grenier aucune
chambre commode pour les y mettre, ou
bien au — deffous du plancher, ou au plafond.
Mais en quelque endroit qu’on les place , le levier
defliné à les mouvoir doit être hors du grenier,
autrement la perfonne qui les feroit aller ; courroit
rifque d’être fuffoqué'e, quand on parfumerait le
grain avec la vapeur du fouffre commun , pour
faire périr les calandres. Le-petit V en tila teu r portatif
décrit ci-deiTus, fera fort commode pour rafraîchir
les grains contenus dans de grands coffres
placés dans les greniers , parce qu’on peut les
transporter d’un coffre à l’autre, félon le befoiu.
Il faut cependant prendre garde qu’ils ne foient
pas trop petits, & qu’ils foient proportionnés à la
grandeur du grenier : fur quoi je renvoie à l’expérience.
Dans les e fiais que j’ai faits avec un foufflet
ordinaire , l’air ne. montoit que par fecouffes à
travers le blé , & feulement dans le temps de la
compreffion du foufflet.] Mais lorfqn’on fe fervira
dans les greniers , des grands Ventilateurs ci-def-
fus décrits, foit doubles ou fimples , il montera
fans discontinuer , un vent frais à travers le froment,
parce que l’air qui -eft an-deffous du blé ,
étant comprimé par le vent des Ventilateurs, paf-
fera fans interruption à travers les intervalles des
grains de blé, par l’effort continuel qu’il fera pour
fe dilater.
•unes ne grains contenus dans un tuyau long ci
neuf pieds & demi, non-feulement lorfqu’on It
y mettoit d’abord légèrement, mais encore quan
on frappoit fortement avec un maillet fur tous lt
endroits du tuyau, pour qu’ils fufient plus enta
les. Il eft vrai qu’alors l’air ne paffoit pas aùf
librement, parce que les grains étant plus preffét
les intervalles qu’ils laiffoienr entr’eux étoient pli
petits. Mais toutes les efpèces de grains doivet
neceffairement, à raifon de leur forme, laiffer dt
vides entr’eux pour laiffer paffer l’air.
Une colonne de blé, haute de neuf pieds &
demi, s’eft affaiffée de quatre pouces & demi
en lecouant le tuyau, r, : ‘ -
Arts & Métiers , Tome VIII. '
Si le grenier ou le vaiffeau chargé de-blé étoit
fort grand, on pourrait placer, au milieu du grenier
le principal tuyau deftiné à conduire l’a ir, & le
faire entrer dans le grand conduit, afin de pouffer
le Vent de part & d’autre au-deffous du blé qui,
dans les vaiffeaux , occupe un efpace de vingt
ou trentè pieds de large, fur dix ou douze de
haut. Obfervez que, dans quelque endroit que
foit placé le grand conduit de.l’air, il ne doit-pas
être applnti par fa partie fupérieure , mais il faut
qu’il foit fait^ de deux planches fituées obliquement
, & qu’il reffembie au toit d’une maifon
afin que l’air atteigne plus facilement le blé qui
eft au-deffus.
Quant aux jointures qui fe trouvent entre les
planches des ponts des vaiffeaux chargés de blé
on peut les boucher bien facilement, en y clouant
des lattes pour empêcher que l’air pouffé par les
Ventilateurs rie s’échappe--'par ces jointures, &
l’obliger de paffer en haut à travers le grain. Si le
blé avoit contraâé quelque humidité, elle fe diffi-
pera fans peine à travers les toiles de crin qui le
foutiennent.
Dans les greniers oit il y a dé grands coffres -
on peut placer les lattes ou barreaux de manière
que les ouvertures foient au bas des planches qui
forment le devant de chaque coffre ; & ft \es
planches font clouées de côté , au bas de la façade
ou des planches de devant, à la partie extérieure
des coffres, elles formeront trois grands tuyaux
principaux, qui conduiront l’air au-deffous de tous
les coffres.
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