
x. Parce que d’un côté il diffout facilement
l'argent,
2. D ’un autre, il eft plus aifé d’en féparer ce
meta].
Plus les mines font riches, plus il leur faut
ajouter de matières tenant plomb ; & l’on doit,
lorfqu’elles font fort riches, leur en joindre affez
pour que le quintal de plomb que doit donner
la fonte, ne tienne que^quelques marcs d’argent;
& lorfqu’elles ne font pas exceffivement riches,
il convient que le plomb contienne beaucoup
moins d’argent. Comme les feories de ces fontes
font riches, on les ajoute à une autre fonte.
Si les mines contiennent fuffifamment de plomb
par elles-mêmes -, on eft difpenfé d’en ajouter.
Si elles en contiennent p eu, on ajoute la quantité
néceffaire,. & on obtient par la fonte, du
plomb argentifère & de la matte : c’eft ainfi qu’on
nomme les métaux fqlfurés.
On retire l'argeqt du plomb argentifère au
moyen de la coupellation ou de l’affinage, &
on traite la matte comme celle qu’on obtient
4ÿns le travail des mines pauvres.
Si les mines d’argent font pauvres , & qu’elles
contiennent peu ou point de plomb, on leur
ajoute des pyrites & on les fond fans les griller.
Cette fonte fe nomme crue, & fournit les
fubftances métalliques de la mine unies au foufre
& à une partie du fer des pyrites , fous la forme
d’une fubftance qu’on nomme matte crue. On
grille cette matte pour la débarraffer d’une partie
de fon foufre, & oti l’unit au plomb après avoir
fait précéder *une nouvelle fonte & un nouveau
grillage, fi les mines font fort pauvres.
La matte de cette nouvelle fonte porte le nom
de matte riche, parce que cette opération fe fait
dans le but de concentrer l’argent fous un plus
petit volume.
En fondant cette matte grillée avec du plomb
ou des fubftances qui en contiennent, on obtient,
comme dans le travail des mines riches, un'plomb
argentifère & de la matte, dont le traitement
ultérieur fuivra.
Avant que d’aller plus loin , nous dirons
quelques mots de la fonte crue & de la fonte
riche.
La fonte des mines avec les pyrites fe nomme ,
comme nous l’avons di t, fonte c r u e & s’emploie
pour les mines pauvres.
On choifit des pyrites donnant beaucoup de
matte, & on ajoute ordinairement de la pierre
calcaire: dans la fonte. M. Scopoli a trouvé que
les pyrites - d'Hongrie donnoient par quintal
41 livres de matte, & qu’il en faut 60 livres
pour chaque demi-once d’argent.
Ordinairement les pyrites rendent 50 pour ioo
de matte.
Un quintal de matte fe charge, d’après l’évaluation
de M. Scopoli, de quinze gros d’argent,
& l’on doit faire le mélange des pyrites de
manière que la mattei-crue contienne cette quantité
d’argent.
Si la ma*te crue contient moins d’argent, il
faut l’enrichir en la grillant, & en la refondant
avant que de l’unir au plomb, Quelquefois on
peut fe contenter de la griller fans lui faire fubir
une nouvelle fonte.
Toute mine pauvre tenant argent, ne fût-ce
qu’un gros par quintal, doit être paffée par la
fonte crue* Si elle contient déjà elle-même beaucoup
de pyrites, on peut quelquefois fe difpen-
fer d’en ajouter, fur-tout fi elles font fufibles &
quelles tiennent du plomb.
La mine de Ramelsberg eft dans le dernier
cas, auffi la traite-t-on fans addition, en la
fondant dans le fourneau à fondre fur brafque
légère.
La fonte riche ou la fonte de la matte crue,
pour obtenir de la matte enrichie, exige des
mattes grillées, des mines riches & une addition
de pierre calcaire. On obtient par-là des
mattes tenant un à deux marcs d’argent.
Les mattes riches obtenues fe fondent avec des
fubftances tenant plomb, Ou on les fait couler
comme en Hongrie, dans un catin rempli de
plomb fondu. Par ce moyen on unit en grande
partie l’argent au plomb, dont on le fépare par
l’ affinage.
Il relie de nouveau des mattes qui, par de
nouvelles fontes, fourniffent *des cuivres noirs
dont on fépare l’argent par la liquation.
Par ce qui vient d’être dit, on voit qu’il y a une
fuite très - confidérable de travaux pour tirer
l’argent des mines pauvres. Le tableau fuivant
du procédé de fonte de Freyberg, dans les dérails
duquel j’entrerai, fera voir la liaifon des
différens travaux qu’exige la féparation de l’argent.
Voici donc ce tableau:
Les mines pauvres paffent avec des pyrites à
la fonte crue.
Les mattes grillées, mêlées de mines plus
riches, paffent à la fonte riche.
La
La matte enrichie obtenue, paffe avec des mines
riches à la fonte au plomb, pour unir l’argent, au
plomb. On obtient une partie de l’argent dans
le plomb obtenu, & l’autre refte avec la matte
de plomb.
La matte de plemb qui en réfulte grillée paffe,
jointe à de la litharge, à la fonte du B'.eyffiin.
La matte de cuivre grillée, obtenue, paffe au
travail du cuivre.
Voilà la première claffî des opérations. La
fécondé comprend les travaux qu’exigent les produits
des opérations de la première claffe.
Les plombs obtenus paffent à l'affinage.
La litharge obtenue paffe au rafraîchffiemcnt
de la litharge.
L’abftrich ou l’écume paffe au rafraichijfemént
de Tabjlrick.
On purifié le plomb obtenu par la liquation
du plomb. •
Le cuivre obtenu exige la liquation & raffinage.
Pour la fonte crue, l’on prend des mines
pauvres, ne tenant pas au-de-là de demi-once -
à deux onces & demie d’argent par quintal, qui
ne contiennent tout au plus que feize livres de,
plomb par quintal , &. qui font peu chargés de
pyrites.
Si on employoit des mines plus riches, les
feories deviendroient riches , & le fin qu’elles
pourroient contenir feroit perdu , parce qu’on
ne les emploie plus dans le cours des travaux.
Les .minerais qui tiennent au-delà de 3 onces
& demie d'argent, paffent à la fonte au plomb.
On fait le mélange des mines de manière
que la matte crue qui en réfulte tienne au plus
deux onces & demie d’argent par quintal, &
oh prend autant de feories provenues de la fonte
au plomb ou de la fonte riche, que de minerais.
Si l’on a d’un coté des mines dont la gangue
foit du fpath pefant, & d’un autre des mines
dont la gangue foit du fpath fluor, on tâche de
les mélanger, de manière qu’il y ait cinq huitièmes
des premières contre trois huitièmes des dernières.
Pour que les mélanges fe faffent d’une manière
convenable, le fous-dire&eur des fonderies eft
obligé d'indiquer tous les dimanches au directeur
de la fonderie les mélanges qu’il fe propofe de
faire, & d’en requérir l'approbation.
On fond ordinairement tous les quinze jours
fioo quintaux de minerais , compofé de 300
Arts & Métiers. Tome VIII.
quintaux de mine pauvre & de 300 quintaux
de pyrites, qu’on mêle avec 600 quintaux de
fc’ories.
On partage ces fix cents quintaux en douze
portions. On en fond chaque jour, une portion
ou 50 quintaux, & l ’on emploie pour cela trois
chars de charbon, à douze corbeilles chacun,
dans l’efpace de vingt-une heures.
La fonte crue fe fait de quinze en quinze jours. ;
On perce tous les fix heures. Les fcoiies contiennent
demi-gros d’argent par quintal ; rarement
plus.
Un fourneau à fonte crue exige les ouvriers
fuivans :
2 Fondeurs payés à raifon d’ un écu douze
gros par femaine.
2 Chargeurs.
3
2 Rouleurs.
1 Rouleur de feories pour la nuit.
Ce dernier n’a qu’un demi-écu, & les quatre
i autres ouvriers ont un écu par femaine. Dix
écus font le louis.
Pendant le jour le rouleur charrie les fcor.es.
Le char de charbon eft compofé de 12 corbeilles,
ou de 169 un tiers pieds cubes de Saxe.
La corbeille contient 14 un dixième pieds cubes
mefure de Leipfick,
La fonte crue eft fuivie par la fonte riche ou
renrichiffement de la matte. Dans quelques endroits
elle fe fait en paffant de nouveau la
matte crue par le fourneau. A Freyberg, elle fe
fait en fondant la matte crue grillée avec des
mines tenant trois à cinq onces d’argent. Ce
grillage eft non feulement néceffaire pour concentrer
la matte en chaffant une partie du foufie ,
mais auffi pour obtenir une fonte plus liquide.
Lorfqu’on a enrichi les mattes, on commence un
nouveau travail qu’on a nommé fonte au plomb.
Cette fonte eft celle, par laquelle on introduit
dans le plomb, par une addition de mine de
plomb, l’argent des mines & des mattes.
On fait entrer dans cette fonte toutes • les
mines qui contiennent cinq onces & demie &
plus d’argent, après les avoir grillées deux fois ,
les galenes grillées, les mattes de plomb , & les
mattes enrichies provenant de la fonte enrichie.
On grille, comme je l’ai déjà dit, deux fois
la galène & les mines dans des grillages ouverts
, qui ont vingt-quatre pieds, de long fur
douze de large.
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