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& de perches munies à leurs extrémités, d’une
boule ou d'un bouchon de brafque, qu’on y aftu-
jettit après avoir mouillé l’extrémité de la perche
de coulis, pour le faire adhérer.
On fait le mélange pour la fonte, ou ce que les^
ouvriers appellent fchicht on journée, en mêlant lit
par lit du minerai & des fcories.
On met fous un lit de deux pouces de fchlich ou
fari ne qu’on mouille, un lit de quatre pouces de
fcories : on continue ainfi de fuite , couche par
couche ; & pour chaque mélange du fchicht, qu’on
paffe en cinq fois dans le fourneau , on prend
deux conques de fcories provenant de l’affinage
de fer, ou quinze quintaux pour cent quintaux
de fchlich.
On remplit le fourneau de charbons , auxquels
on mer le feu ; & le fourneau étant à moitié vnide,
on fait jouer les foufflets, qui ne .doivent fe baiffer
tout au plus qu’une fois en deux fécondés. "
On charge à trois reprifes des charbons'1 & des
fcories, en tout fix conques de fcories & trois
paniers de charbons que l’ouvrier porte fur fa
tê te , & jette depuis le devant dans le fourneau ,
du côté de la thuyère. On prend la première
fois deux conques de fcories & un panier de <
charbons , la fécondé fois on prend la même
quantité , & la troifième fois auflî.
Le nez ou le prolongement de la thuyère, formé
par les fcories, fe produit, fi ce n’eft à la
première charge, du moins à la fécondé. Ordinairement
il fe forme tout de fuite.
Pendant ce temps on fèche la percée en y in-
troduifant un ringard autour duquel on a entortillé
des fcories.
On charge enfuite trois corbeilles de charbon
& fix conques de minerai préparé, ou de mélange,
en trois fois, en mettant à chaque fois deux
•conques de minerai préparé & une corbeille de
charbon.
On met vers la poitrine de petits charbons
ou' du fraifil, pour .que la flamme ne forte pas
avec trop de véhémence, & que la raye foit
chaude.
Dès que la fonte eft en train, le minerai fondu
avec les fcories qué fournit fa gangue, coule
le long de la raye, dans le creufet ou baflin de
l’avant-foyer. La fcorie qui recouvré le minerai
fondu, de liquide qu’elle *étoit, fe fige à fa fut-
face par l’aftion de l ’air extérieur. On la lève
îorfqu’elle commence à fe figer, en la prenant
avec précaution & en effleurant le deflous de
la croûte quelle forme, pour ne pas toucher
au métal fondu.
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Si elle efl nette & pure & qu’elle ne foit
pas entremêlée de marte de plomb, on la jète
à quelque éloignement du fourneau : fi* elle eft
impure, on [la met de côté, près du fourneau,
pour la faire entrer dans les mélanges à fondre
ou dans les fchicht.
On fort les charbons que Ton avoit mis dans
le fécond baflin, ou le baflin de réception, pour
le fécher.
On tient prêtes deux lingotières de fer fondu»
formées en quarré long, & qui contiennent
quatre-vingt-dix livres de plomb, mais qu’on
^n’emplit qu’à moitié, fi le plomb eft deftiné à
être coupellé, pour avoir des lingots ou faumons
qui ne pèfent épie quarante-cinq livres , & qui
n’endommagent point la coupelle par leur poids.
Les lingotières étant prêtes, & le baflin de
réception prêt à recevoir le plomb, on perce
le baflin fupérieur avec un ringard qu’on enfonce
dans la percée, & fur lequel on frappe latéralement
pouf le dégager.
On laifle couler le métal. Le plomb vient le
premier ; il eft fuivi par la matte qui fort en
étincelant.
On tient une perche munie au bout d’un
bouchon .de brafque, prête .pour fermer, dès
qu’on voit qu’il y a une in ter million qui indique
que la fcorie va v enir, & L’on bouche.
Lorfque la matte qui a coulé avec le plomb
dans le baflin de réception eft un peu réfroidie,
avec le .ringard plat ou le cifeàu,. on lève les
fcories, & l’on met les gâteaux ou plaques de
matte de côté. On ôte enfin la matte pulvérulente
qui refte fur le plomb, en la raclant avec
la cuiller.
La furface du plomb étant nette, on puife le
plomb dans les lingotières, qu’on n’emplit qu’à
moitié fi les plombs font deftinés à paffer à la
coupelle.
On nettoie, s’il eft néceffaire, le baflin fupérieur
, & on détache les fcories attachées à fes
bords. Comme ces fcories font impures, on les
met de côté pour les refondre.
Ordinairement la fcorie , avant & après 'la
percee, eft impure & fe met de côté.
On continue le travail de la fonte en chargeant
& en perçant aux temps néceflaires. On
charge d’heure en heure plutôt ou plus tard,
fuivant les circôrillances. On charge lentement
par exemple, lorfque les parois font attachées,
ôt on perce environ huit fois en vinet-quatre
heures. \
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Nous avons vu comment fe faifoient les charges
au commencement de la fonte, lorfque le
fou'rneau n’a pas encore toute la chaleur qu’il
eft fufceptible de prendre.
Quand le fourneau eft chaud par exemple, au
bout d’une journée, on charge neuf couches de
minerai préparé fur trois corbeilles de charbon
en trois fois , c’eft-à-dire , chaque fois trois
couches de minerai &r une corbeille de charbon;
& lorfque le fourneau eft bien en train & dans
le fort de la maixhe, on peut prendre cinq à
fix couches de minerai contre une corbeille de
charbon , & charger à chaque fois douze conques
de mélange, &. plus de deux corbeilles de charbon.
On a toujours‘ attention que la raie ou la fpur
ne foit point obftriïée.., & que le ne% ne fe bouche
pas, ou ne fe détruife pas.
Si la raie ou le nez fe bouchent, ou tous les
deux à la fois, la flamme qui fort par le bas de
la poitrine n’eft pas vive. Lorfqu’on s’en àpper-
çoit, on regarde, lequel des deux eft bouché. Si
c’eft le nez, on l’ouvre avec un ringard droit; :
fi c’eft la raie ou la fpur, on l’ouvre avec un
ringard courbe, &. on la nettoie; quelquefois on
remue au-deffus du fourneau les charbons avec
le ringard courbe.
Si le nez fe détruit, on charge du côté de
la thuyère, dans l’entre-deux, des charges, une'
conque de fcories.
Si la flamme fort par les jointures de la poitrine
, ôïi les bouche avec de la terre grafîe.
Comme à chaque fors qu’on enlève de la
fcorie on enlève de la brafque, & que ie foyer
s’agrandit, il faut y remédier dans le cours du
travail.
Après avoir décrit le travail.de la fonte avec
des détails qu’on chercheroic inutilement dans
les ouvrages de métallurgie, nous terminerons
cet article par quelques évaluations qui y font
relatives.
Pour remplir le fourneau, il faut fix paniers
de charbon. Le char de charbon a vingt-deux
vans ou quarante-quatre paniers ou corbeilles de
charbon. Un char de charbon eft le produit de
deux toifes de bois de fix pieds de long, fix
pifds de large, la bûche ayant trois pieds & un
quart.
On compte une toife & demie de bois pour
les trois . grillages de trente quintaux de fchlich.
Pour la fonte de ioo quintaux de fchlich neuf
chars de charbon, le rafraîchiflement & la brafque
compris. Cettft dernière exige.demi-char.
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On fond en deux fchichten ou dans les vingt-
quatre heures un grillage ou trente quintaux.
Quatre-vingt-dix quintaux de fchlich donnent
vingt-deux à vingt-trois quintaux de plomb &
quatorze à quinze quintaux de matte. Le quintal
de plomb de cent huit livres fe vend, comme
la litharge, à raifon de douze florins un qpart,,
ou vingt-fix livres dix huit fous de France.
Travaux des mines des py/ites, .
A Brofle en Piémont, on fuit pour l’extraction
du vitriol des pyrites, un procédé un peu
différent de ceux que M. Macquer décrit. La
manière dont on procède pour le grillage parcit
être plus avantageufe que i’drdifiaire.
Pour griller la pyrite, on commence à établir
fur le fol du grillage deux canaux ou ruelles
voûtées qui fe croifent, murées folidement avec
de grands fragmens de pyrites. On donne a
ces canaux un pied de large lur un pied de
haut; iis fervent de foupiraux pour conduire
& régler le feu. Ces canaux fe trouvent au fond
d’une enceinte murée; dans l’intérieur des murs
de laquelle on établit trois petites cheminées
qui corrëfpondent à trois des extrémités des canaux
dont nous avons parlé.
Avant de charger le. grillage, on remplit de
bûches de bois les vides qui fe trouvent entre
les ruelles; & lorfqa’on eft au niveau de leur
partie fupérieure, on commence à charger le
grillage de pyrites, en mettant les plus gros
morceaux" au fond & les petits au-deffus. On
couvre enfin le tout de menu de pyrites , excepté
le milieu du grillage, qu’on ne couvre
que lorfque le grillage eft en train.
Dans la conduite du grillage , on a le plus
grand- foin de maintenir le feu dans un jufte
degré; car fi on pouffe le grillage avec trop
de-précipitation , on n’obtient que très-peu de
vitriol , parce que l’acide de foufre , qui eft le
principal agent de la vitriolifation, s’évapore.
Le grillage fini, on démolit la muraille amovible
du devanr du grillage , & l’on tranfporte
la matière avec des brouettes, auflî chaude que
pofflble, dans les tines de leflivation qui font
remplies d’eau & munies d’un faux fond en liteaux
couverts de paille, & d’un robinet entre
.les deux fonds.
Au bout de vingt-quatre heures on écoule
la leflive ; <& fi elle eft allez concentrée pour être
admife aux cuites, & qu’elle foutienne un oeuf
de travers, on la cuit après l’avoir laiffé clarifier
pendant quarante- huit heures.
La cuite, fe fait dans des chaudières de plomb ,
& on fait enforte qu’il"rentre de la nouvelle