
que lorfque les rofettes ne font divifées que par
des pans droits ou arrondis en dedans ou dehors
comme les rofettes, ou bien lorfque les enfonce-
mens font affez grands & peu profonds, pour que
la roulette y puiffe entrer dedans.
Mais lorfque dans la rofette il y a des enfon-
cemens affez profonds & étroits, il eft alors né-
ceffaire de fe fervir d'une touche aiguë ou taillée
en coin, afin que les reliefs que forment ces en-
foncemens fur la pièce, deviennent mieux formés
& plus relevés.
L’un des plus ordinaires & des plus agréables
ouvrages du tour figuré, c’eft ce qu’on appelle
vulgairement le panier ou Yojîa; & c’eft proprement
quelque boîte ou vafe entaillé de manière
que les godrons d’un rang foient alternes avec les
godrons d’un autre, c’eft-à-dire que les reliefs des
godrons du rang fupérieur foient direélement op-
pofés aux creux des godrons du rang inférieur,
de même qu’on voit les ofiers d’un panier./
Il y en a qui, pour cet effet, ne fe fervent que
d’une feule rofette ; mais ils font obligés de hauffer
ou d’abaiflèr le fupport à chaque rang de godrons
qu’ils veulent faire, ou de fe fervir d’un double
bec-d’âne , c’eft-à-dire, dont le taillant de l’un
Toit beaucoup plus élevé que le taillant de l’autre.
Cette manière n’eft ni fi jufte ni fi régulière que
le demande l’ouvrage, par la néceffité qu’il y a
que le taillant de l’outil foit toujours bien horizontal
avec le centre de la pièce, fi on veut faire
des godrons bien réguliers ; car pour peu que le
taillant de l’outil foit plus bas ou plus élevé que
le centre de la pièce , on voit alors une irrégularité
manifefte , le fommet ou le point le- plus
élevé du godron étant plus proche d’une enfon-
çure que de l’autre ; & parce qu’il eft bien difficile
qu’en hauffant ou abaiffant l’outil. ou que fe
fervant même d’un double bec-d’âne, on puiffe
rencontrer au jufte l’horizon du centre de la pièce,
on peut, avec raifon, douter de ces deux manières;
mais en voici une très-fûre & très-jufte.
Il faut, pour ce fuje t, ajufter fur l’arbre deux
rofettes de même divifion & de même diamètre;
c’eft-à-dire , toutes les deux de deux pouces de
diamètre, & de dix ou douze ou à feize pans. Il
faut néçeffairement que les divifions d’une rofette
foient bien alternes avec les divifions de l’autre
rofette, de manière que chaque pointe d’une rofette
foit direélement oppofée au milieu de chaque côté
de l’autre rofette.
Les deux rofettes étant difpofées de cette manière
, on ne fera pas obligé d’élever ou d’abaiffer
le fupport, ni de fe fervir d’un double bec-d’âne ,
mais feulement d’un fimple , en changeant la rencontre
ou touche , tantôt fur une rofette & tantôt
fur-l’autre, pour faire des godrons alternes ; &
afin que les godrons foient bien horizontaux, il
eft suffi néceffaire de tenir le taillant de l’outil
bien horizontal fur le fupport ; mais fi ôn veut que
ces mêmes godrons foient biaifans , on n’aura qu’à
tenir le même outil un peu de biais, c’eft-à-dire
que l’une des pointes ou angles de l’outil foit un
peu plus élevée que l’autre, alors on fera un aftra-
gale godronné en façon d'un cordon, fur-tout fi
l’outil eft taillé en croiffant.
Quant à la divifion des rofettes, la plus commune
eft la plus commode ; c’eft de les divifer en
feize parties.
On peut auffi les divifer en fix , en huit, en
douze, enfin en autant qu’ou voudra , & tant qu’on
peut en nombre pair ; mais avant que de les divifer
, il eft néceffaire de les arrondir exactement
-fur le même arbre fur lequel elles doivent fervir
pour le travail, & que toutes celles qui doivent
ferv ir au même arbre, foient, autant qu’on pourra,
d’un même diamètre ; & qu’enfin la divifion de
chacune commence vers le même endroit , afin
que toutes les parties d’une rofette répondent exactement
aux parties des autres.
Ainfi après avoir arrondi, par exemple, quatre
rofettes d’un même diamètre fur le même arbre,
fi on veut les divifer en feize ou douze, ou en tel
nombre qu’on voudra, il faut établir le commencement
de la divifion, en tirant une ligne parallèle
à l’arbre, & qui les traverfent toutes quatre en-
femble. Cette ligne étant ainfi tracée, on divifera
enfuite chaque rofette en feize, ou douze parties.
Pour lors toutes les divifions répondront exactement
le^unes aux autres.
Cette égale divifion eft très-néceffaire, afin que
quand on voudra tailler différens ornemens fur
un même o u v ra g e tou s les angles & toutes les
faces d’un^ ornement répondent direélement aux
angles & a toutes les faces de l’autre; & parce
qu'on peut rapporter un nombre infini de rofettes
iur un même arbre, il eft néceffàire d’y marquer
un repaire, afin de cohnoître exaétement l’endroit
par où on doit commencer les divifions des rofettes.
Ce repaire n’eft autre chofe qu’un petit coup de
poinçon, qui fert à connoître l’endroit où l ’on
doit rapporter les pièces, quand on eft obligé de
les tirer & de les remettre fur le même arbre ou
fur la même machine.
Après avoir divifé exaélêment le contour de la
rofette en autant dé parties qu’on aura déterminé,
il faut l’enchâffer , & l’affurer avec du maftic dans
le creux de quelque planche, de manière que les
furfaces de l’une ou de l’autre foient en même
niveau, afin d’avoir lieu de pouvoir pofer la pointe
du compas quand il faudra tracer les divifions circulaires
enfoncées.
Pour ce fujet il eft néceffaire de fe fervir d’un
compas court, fort & garni de pointes acérées &
bien trempées, afin que les traits qu’on tracera fur
le plan des rofettes , en foient & plus juftes & plus
fenfibles.
Après toutes ces exaélitudes il eft encore néceffaire
de limer bien exaélement & bien à l’équilibre
toutes les entaillures, & de laiffer toutes les.
arêtes & bien droites & bien vives, afin que les
angles des figures qu’on travaillera par l’aide de
ces- pièces, en foient plus aigus & plus vifs.
Il fuffit que ces rofettes aient trois lignes d’épaif-
feur & deux pouces de diamètre , quoiqu’on en
puiffe faire de moindres & de plus grandes ; mais
la grandeur de deux pouces eft affez raifonnable
pour faire les divifions bien juftes.
Pour ce qui eft de la matière, on les fait ordinairement
de laiton ; mais elles font baaucoup
meilleures en fer. Elles durent davantage. & glif-
fent mieux fur la touche, étant une fois bien
fourbies.
De/ profils 6* moulures.
Les Architeéles & les "Menuifiers appellent ordinairement
profil ce qui n’eft proprement que le
contour d’une figure deffinée par un fimple trait,
félon fa hauteur & largeur. Ils appellent auffi
moulures des parties éminentes ou enfoncées ,
quarrées, rondes, droites & courbes, qui fervent
pour les ornemens des ouvrages; mais les Tourneurs
appellent profil la figure ou forme de l’ouvrage
même, compofée de divers creux & reliefs,
& difent : voilà un v a fe , un chandelier ou une
boîte d’un beau profil, lorfqu’ils font d’une com-
pofition agréable & bien façonnée. Ils forment
leurs ouvrages par leurs feules idées , dans le
temps même qu’ils les travaillent, & ils furpaf-
fent néanmoins tout ce que les règles lès mieux
entendues pourront prefcrire.
Cependant parce que l’art de tourner à beaucoup
de rapport avec l’architeélure & la menuiserie,
il eft bon que le Tourneur forme & trace
premièrement fur le papier, les deffins de fes
profils & moulures, félon les règles de celles de
1 architeélure, c’eft-à-dire avec le compas & la
règle pour une plus grande affurance & jufteffe.
-----. . . ...WH.U.UJ, .WJ U..WJ .VS..L g ld liu & j
comme les doucines, oves , gorges, talons, tores
& fcoties ; les autres font petites, comme les
filets, aftragales & congés. Ces petites moulures
fervent à couronner & à féparer les grandes , &
pour leur donner auffi plus de relief & de distinction.
O r , comme toutes ces moulures font dans l’art
de tourner, ce que les lettres font dans récriture,
c’eft-à-dire que, par la combinaifon des caraélères,
il fe fait une infinité de mots , auffi , par le mélange
des moulures, ôn peut inventer quantité de
profils diftérens, qui pourtant ne pourront recevoir
leur agrément que par des combinaifon.s bien
proportionnées, c’eft-à-dire*que les plus gros membres
n’excèdent pas trop les petits , ni.que les éminences
foient trop larges & trop avancées, & les
enfonçures trop étroites & trop profondes; & parce
qu’il y a trois efpèces de ces éminences , favoir,
des rondes, des plates & des pointues ou taillantes,
on doit donner aux rondes au moins un quart de
cercle de faillie pour un quart de rond ou o v e ,
& un demi-cercle pour un tore ou bâton , tels que
ceux de la bafe de la colonne dorique. Pourtant
afin de donner plus de grâce à l’ouvrage , on pourra
leur donner un peu plus de faillie.
C ’eft ce qu’on obfervera auffi à l’egard des creux
arrondis, comme demi-creux & fcoties, particuliérement
lorfque celles-ci font fimples , c’eft-à-
dire compofées d’un feul quart ou d’un feul demi-
cercle ; car fi quelque moulure oblige de former
ces creux de deux arcs de cercle de deux différens
diamètres, il faut que ce foient, ou deux quarts
de cercles entiers, pu un demi-cercle combiné
avec un quart de cercle, excepté pour les talus un
peu avancés, & même pour quelques talons ou
doucines , où on peut joindre , pour les premiers ,
un demi cercle avec un demi-quart d’un plus grand
diamètre , comme dans le collet d’une urne ou
vafe*
Pour les féconds , favoir, pour les talons ou
doucines, on pourra combiner quelquefois deux
arcs de cercle d’un même diamètre , mais décrits
fur le* côté d’un triangle équilatéral.
Quant aux faillies plates ou qtïarrées ; comme
bandes , liteaux ou reglets, on. peut donner à
ceux-ci autant de faillie que de largeur, excepté
s’ils font un peu trop larges, auquel cas on pourra
leur donner la moitié de leur largeur.
Pour les bandes, il eft bien difficile d’en prefcrire
la faillie : il n’y a proprement que le goût &
la diferétion de l’ouvrier qui puiffent la déterminer
de même que la faillie des moulures pointues ou
taillantes. Cependant on donne ordinairement à
celles-ci jutant de faillie que pour porter un angle
circuiligne formé par deux arcs de cercle décrits
fur les deux côtés d’un triangle équilatéral, dont
la bafe eft la largeur même de la moulure taillante
ou pointue.
Tours portatifs ou Tours d*horloger.
On appelle ainfi ces fortes de tours, qu’on peut
tranfporter facilement d’ un lieu à un autre , & les