tient les pots. Ce t/lar eft , dans toute Ton étendue,
delà même largeur & de la même hauteur , qu’à
fcn entrée; & le refte de l’efpace, qui forme le
plan fur terre 4U fourneau , eft Amplement un
niaffif, ou un terre-plein , fur lequel eft confinait
le pavé qui reçoit les pots. Le bois dent on chauffe
'ce four , né porte pas fur une grille , il
eft pofé nuement fur le fol : par conféqucnt il n*y
a point de cendrier , & la vivacité de la chauffe
doit être moindre , puifqiîe la combuftion n’eft
pas animée par le courant d’air que fournit le cendrier
| la braife promptement accumulée doit encore
diminuer fou vent l’efficacité du rifage.
La voûte de la chambre fupérieure du four eft
moins élevée que celle du four français dont nous
avons donné les plans > mais auffi les pots font-
ils plus bas de flèche que ceux que l’on pourroit
introduire dans le four rond décrit : au refte ,
ils ne font pas d’une moindre contenance, parce
que , ce qui leur manque en élévation eft conipen-
ië par leur diamètre. Ils ont environ quinze pouces
de haut, ils font exactement ronds,' d’environ vingt-
quatre à trente pouces de diamètre, & leur flèche
eü montée perpendiculairement an fond. Sous cet
afpeél ils paroîtroient d’une forme plus avant? geufe,
puifque, contenant une quantité,de verre au moins
égale, ils préfentent au feu une'plus grande fur-
face , & que la malle vitreufe eft moins épaiffe.
Le four en verre vert, dont nous nous occupons
ici contient ftx creufets, & eft percé de neuf ouvreaux
; l’un des ouvreaux eft précifément au-
deffus du tifar : il y es a un autre exactement vis-
à vis, de forte qu’une ligne tirée du milieu d’un
de ces ouvreaux au milieu de l’autre, feroit un
diamètre du four.
C ’êft par l'ouvreau vis-à-vis le tifar, que l’on
introduit les pots ou creufets : on le confinât d’une
dimenfion qui Je rend propre à cet ufage , & on
le tient bouché pendant le travail. Au moyen dé
cette pratique , c’eft le feul- ouvreau quil foit néceffaire
de faire grand.
Lorfque l’on a un pot à remplacer, à quelque
place ou à quelque ouvreau que ce foit, on repou
fle le pot cafté dans le vide 'du four, & on
fait glîfferà fa place, avec des leviers & des crochets,
le pet de l’ouvreau le plus voifin , que l’on regarnit
de même, en prenant le pot fuivant, ainfi de fuite,
jufqua ce que le grand ouvreau refte libre ; alors
on retire , par cet ouvreau , le pot cafté, & c’eft
à ce même ouvreau que l’on place le pot neuf.
Cette pratique' paroît pénible.^ elle a d’ailleurs l’inconvénient
de compromettre la confervation de
pluftenrs pots, puifqu’on eft obligé d’en remuer
pluûeurs pour en placer un feul 5 mais dès qu’on
" le détermine à ne fe fervir que d’un feul ouvreau
pour l’introduftion des pots, on ne peut fe difpenfer
de tous ces mouvemens, qui deviennent
néceffaires par le peu de reffoufrees qu’offre le procédé
ufité dans ces fortes de verreries , pour la
mife des pots. On fait recuire le creufet dans une
arche ou carquaife; lorfqu’il eft bien recuit, on
pré fente à l’entrée de l’arche, une planche large
&. épaiffe, iur laquelle on attire le pot : on paffe
fous la planche , au-deffous du pof, une barre dont
deux ouvriers foutiennent les bouts, tandis qu’un
trôiftème tient l’autre extrémité de la p’anche : le
pot ainli chargé, eft porté diligemment dans l’ouvreau
, qu’on bouche dès qu’on a pofé le creufet
en fa placer
L’arche ou carquaife. defîinée à la recuiffon des
pots , n’a pas une forme remarquable , ni qui exige
une defeription bien détaillée, C ’eft un fourneau
de briques, qu’il convient de faire rond ou ovale,
pour que la flamme y circule mieux , dont l’étendue
eft proportionnée au nombre de pots que l’on
veut y mettre , qui préfente , à environ trente
pouces au-deffus du fol de l’atelier, un pavé bien
uni, fur lequel on difpofe les pots à recuire, &
qùi‘ eft couronné d’une voûte élevée, dans fon
milieu , d’environ vingt-quatre^ à trente pouces
au-deffus du pavé. "'Cette arche eft chauffée par
un tifar placé au niveau du fol/fous le pavé du
fourneau, & communiquant fon feu par des lunettes
pratiquées au travers de la maçonnerie, ou
par un tifar difpofé à côté du fourneau , auquel il
communique par une grande ouverture.
Lès fourneaux 1 , a , 3 ,'pl. 6 ( tom. VII des
gravures , verrerie-, fupplément ) , donneront une
idée précife de. la première de ces conftruôions,
préfentant les plans & coupes d’une arche chauffeur
par-deffous ; quant à la fécondé manière de conf-
truire., la vue des plans du four à fritte (article
glaces coulées ) donnera affez de lumières fur la
difpofition du tifar, pour que nous croyons devoir
nous difpenfer de multiplier à cette occafion le
nombre des figures.
Des. ftx pots contenus dans le four , trois font
deftines à la fonte, & trois au travail, c’eft-à-
dire que c’eft feulement dans les pots de fonte
que l’on enfourne , & que s’exécute la fufion :
lorfque le verre eft fondu & en état d’être travaillé
on le tranfvafe par les ouvreaux corref-
pondans, avec des poches-ou cuillers de fer,
ou encore mieux de cuivre, dans les autres pots:
nous ne dirons rien fur la manière dont s’exécute
cette opération, qu’on appelle trejetage ; le treje-
tage de l’art des glaces fourniffant tous les détails
que l’on pourroit défirer, & qui, quoique plus
minutieux & exécutés avec, plus de fcrupule dans
les travaux plus délicats de la glacerie , font cependant
appliqua blés à tou tes les. occafions ou
\ l’on fe propofe de tranfvafer du verre d’un vafe
1 dans un autre. Il faut donc que les pots foient,
dans leur arrangement, tellement difpofés , que
chacun des pots de fonte ait à côté de lui un pot de
travail. >
L’oh place un des pots de fontè à l’ouvreau
nui eft immédiatement au-deffus de l’entrée du
tifar : on y eft naturellement déterminé par la très-
erandé incommodité que cauferôit le feu du tifar,
| l'ouvrier qui. travailler oit à cette place : un autre
pot de fonte fe trouve très-bien placé à l’ouvreau
à pots ( celui qui eft vis-à-vis le tifar ). Ces deux
pots, étant chacun à une extrémité d'un diamètre
du four, divifeat l’étendue de celui-ci en deux
portions égales. Le trôiftème pot de fonte fera
placé à l’ouvreau qui fe trouve -au milieu d’une des
demi-circonférences du four ,• ceft-a-dire , a égale
diftance de l’ouvreau du tifar & de l’ouvreau à
pots. Ces trois ouvreaux pourront, à bon droit,
être déftgnés par le nom à’ouvreaux à enfourner,
puifque c’eft par eux feuls qu’on peut introduire
la matière dans les creufets, & les ftx autres ouvreaux
feront, de leur ufage, appelés ouvreaux de
travail. Ayant déterminé les places des creufets
de fonte , il ne fera 'pas difficile d’affigner celle
des creufets de travail. J’en placerai un à côté du
pot de fonte que j’ai indiqué le trôiftème, entre
celui-ci & le pot de fonte du grand ouvreau : les
deux antres pots de travail occuperont la demi-
circonférence du four qui eft refté vide entre le
grand ouvreau & l’ouvreau au-deffus du tifar ; &
par conféquent ils feront chacun à côté d’un pot
de fonte. Il réfultera de ces difpofttions, qu’un
quart de la circonférence du four fera fans f ots
ni ouvreaux ; mais nous verrons', en expofant la
manière dont on réunit les ouvrages dans les verreries
en chambourin ou verre vert commun, que
cela ne peut être autrement.
Deux fouffleurs travaillent dans chaque pot,
mais chacun par fon ouvreau , de forte que quoique
ces fortes de four ne contiennent quetrois
pots de travail ils ont réellement, ftx placés.--Cette
v donnée indique la pofttion dès ouvreaux : pour
que Chaque ouvriar puife dans le creulet avec la
même facilité, il faut que chacun des ouvreaux de
travail, foit fitué également par rapport au pot
correfpondant à deux fouffleurs. D’autre part, pour
la,facilité du trejettage, il convient que l'un des
ouvreaux de travail donne fur le pot de fonte,
comme l’ouvreau à enfourner , ainft je placerai le
pot de fonte fttuè au milieu d’une des demi-circonférences
du four de telle forte , que la ligne
qu’on tireroit du milieu de l’ouvreau à enfourner ,
ÇorrefpondahjT au centre du four, fût tangente
qn bord fupérieur du creufet § l’ouvreau de travaille
plus voiftn donnerôit fur le pot de fonte,
er,|& lé plus voiftn des ouvreaux de travail,
ou fût contenu entre les rayons qu’on Tireroit du
milieu de ces deux ouvreaux au centre du four;
en plaçant le fécond ouvreau de travail correfpon-,
dant au même pot de fonte, de manière que le
pot de travail touchant celui de fonte, partage
également en deux, les deux ouvreaux de travail,
il s’enfuivra que le trejettage fera facile , puifque
l'un des ouvreaux de travail donnera fur le pot
de fonte, & que les deux ouvriers defiinés à vider
le même pot de travail, puiferont avec une égale
facilité dans "leur creufet puifque leurs deux ouvreaux
de la meme quantité que l’ouvreau à enfourner ;
de forte qu?il y anroit entre le milieu de ces deux
ouvreaux, une diftance telle que le pot de fonte
fût partagé également entre l’ouvreau à enfourn
lé verront également. Les trois coupes
horifomales ci-jointes, ( ftg. i , a , 3 , pl- 7 ) du four
en verre vert que nous difeutons, feront concevoir
plus aifément au lefteur tout ce que nous
avons dit de lar pofition du tifar & de celle des
pots, ce que nous avons à dire de la recuiffon des
ouvrages.
Avant de parler de la manière dont les artiftes
en verre vert travaillent le verre, & de l’ordre
qu’ils obfetvent dans leur travail, nous dirons un
mot des matières qu’ils employent & de leur
compofition.
Le falicor de Saintes ou de Narbonne, ou à
défaut, la barille d’Alicante,.les cendres de Sicile
font les fondans dont ils fe fervent ; ils fe contentent
de pulvérifer leur fondant, & de letami-
fer, & ils l’employent en nature ; ils le mêlent avec
une égale quantité de fable aufii tamifé ; il parbit
feulement qu’ils n’apportent pas un grand foin aü
lavage du fable : à ce mélange de foude & de fable
ils ajoutent ftx à fept onces de manganèfe par quintal.
Nous difeutetons plus particulièrement l’effet
de la manganèfe dans le verre, lorfque nous traiterons
de la verrerie en verre blanc ou gobelete-
rie, comme la partie de l’art ou l’emploi de cette
fubftance eft le plus néceffaire : nous nous contenterons
de dire ici que la manganefe blanchit le
verre; aiftfi l’addition que les artiftes en chambourin
font de cette matière dans leur compofition,
fert à leur faire obtenir un verre- d’un verd moins
foncé, & moins défagréable.Ils ne peuvent cependant
atteindre à une parfaiteiblancheur; la manière
trop négligée dont ils préparent leurs matières & la
foible calcination qu’il leur font éprouver , dans
l’opération de la fritte, & qui tient à leur procédé,
font desobftacles invincibles.
Après avoir mélangé dans une auge de bois ou
dans une caiffe, la-quantité de fondant & celle
de fable néceffaire, & y avoir ajouté la dbfe convenable
de manganèfe, ils verfént de l’eau pure
dans leur compofition en affez grande abondance,
pour en faire une pâte dure ; ils la petnffent en
cet état, & en font des boules, dont le diamètre
eft proportionné à celui des ouvreaux à enfourner
; & pendant que ces boules font encore molles,