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•fér.ence; L ’épreuve en grand que M. de Morvèau
a voulu en faire, ne lui a pas réuffi , mais il ne
parait pas que ce défaut de fuccès foit entièrement
décourageant. Les détails de toutes les opérations
die ce fayant chimifte fe trouvent confignés dans
l ’ouvrage qui a pour titre : Defcriptionde l3Aérofiat
de l’Académie de Dijon. Ils font très-intèrefians.
MM. Lavoifier & de Meufnier, de l’académie
royale des fciences , ont dégagé une grande quantité
d’air inflammable de l’eau par le feu , en la
faifant paffer par un appareil de fonte de fer. Le
gaz produit par cette opération eft très-léger, &
efl avec l’air commun dans le rapport de 0,100.
11 efl fâcheux feulement que les tuyaux de fer par
lefquels l’eau paife, en foient fl fort éprouvés,
que leur ufage ne peut pas être jufqu’à préfent
d’une longue durée.
Dans cet état préfent des chofes, & en attendant
des réfultats meilleurs & plus économiques,
l ’air inflammable dégagé du fer par l’acide variolique,
l’emporte fur tous les autres. Les premières
expériences pour lefquelles on l’a employé, ont
été très-difpendieufes & leur exécution très-longue
en durée. MM. Alban & V a lle t, directeurs de la
manufacture des acides de Javelle ; y ont mis la
main , & les correctifs qu’ils y ont apportés ,
ont abrégé le tems de fa compofltion à un tel
point , que ce qui exigeoit auparavant quatre
jours de travail , a été fait par M. V a lle t, en
moins de deux heures. Le prix de cet air peut
être ■ calculé à 3 fols 6 deniers le pied cube, fans
y comprendre une' diminution à faire par l’ufage
du réfidu de l’opération qui produit du vitriol de
mars.. Ce réfidu vaut environ le quart du montant
des frais. On parviendra peut-être à en tirer
un emploi meilleur & plus profitable. Tous les
détails des procédés de ces Meffleurs, font très-
bien énoncés dans le fécond volume des Defcrip-
tions aéroftatiques de M. Faujas de Saint-Fond.
Des aréojlals•
D e toutes les efpèces de matières qu’on peut
employer pour fervir à l’enveloppe des aéroftats,
le papier étoit fans contredit la plus économique ,
comme le feu efl de tous les agens celui qui occa-
fionne le moins de dépenfe. MM. de Montgol-
fier, incités par des motifs auffi puiffans , ont employé
d’abord le feu pour agent, &1e papier pour
enveloppe. Il s’agiffoit alors de rendre palpable
la découverte, par des expériences répétés & peu
difpendieufes. Le premier aéroftat fait à Annonai,
fut conflruit ainfi. On en a vu des mêmes à Lyon,
qui chargés de feux d’artifice, fe font élevés dans
les airs à de grandes hauteurs, & y ont déployé
une telle magnificence d’optique , qu’ils procu-
roient à leurs, fpedateur? le feAtimçpt de l’âdmi-
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ration. On en a conftruit d’un volume très-mê-'
; diocre, qui , raréfiés par une feule poignée de
paille , fe jouoient dans les appartemens, tou-
choient aux plafonds , defcendoient & remontoient
à volonté. 11 étoit aifé de prévoir que l’on ne
penferoit point à fe fervir d’une matière auffi altérable
pour les expériences d’une nature plus
férieufe & intéreffante. Les fécondés vues fe
fout portés fur la toile, & l’on s’y eft fixé pour
l’emploi du feu. M. le comte Andreani, célèbre
aérônaute de Milan, a fait coller fur lajcoile une
doublure de papier, qui a enfuite été paffée fous
un cylindre. Cette doublure a fait corps avec
l’étoffe, qui a confervé toute fa foupleffe , & un
plein fuccès a juftifié la bonté de ce procédé.
L’expérience a appris que la partie de l’aéroftat,
qui icuffroit le plus grand effort, étoit la calotte
fur-tout dans la defcente. L’extrême compreffion
de l’air fur lequel elle gravite , l’expofe à être
crevée & déchirée. M. Etienne de Montgolfier
a paré à ces inconvéniens, en faifant conftruire
cette calotte avec des peaux de mouton. Elle a
très-bien fou tenu dès-lors, les efforts à la defcente,
ainfi que -les effets du feu , fans aucune altération.
Les mêmes motifs d’économie qui ont fait
employer le papier pour l’ufage du feu, ont engagé
à fe fervir avec l’air inflammable des peaux
de baudruche, dont les batteurs d’or ufent pour
préparer leurs feuilles. Ces peaux font tirées d’une
membrane qui couvre les inteftins des boeufs.
Elles font très-légères & propres à être rendues
à peu près imperméables. Parmi les- artiftes qui
ont réuffi le mieux dans leur emploi, on diflingue
particulièrement M. Rchnain. Aidé des confeîls de
M. Dufourny de Villiers, amateur diftingué des
fciences, il eft parvenu à conferver l’air inflammable
plus de deux mois dans des ballons de
cette matière , recouverts d’un enduit dont ces
Meilleurs n’ont point communiqué encore la côtn-
pofition. Les plus grands ballons faits de baudruche
ont été de quarante-deux pouces. Ils font un instrument
nouveau , propre à des expériences fur
l’air & l’éleâricité. Comme on ne peut pas ap-»
pliquer. la baudruche à de grands aéroftats deflinés
à enlever des fardeaux lourds , les effais qui ont
été faits, ont indiqué que les étoffes-de foie étoient
préférables. Celles de fil ou de coton, font trop
pefantes; leur tiffu n’eft pas allez ferré, & le
vernis le plus doux , à moins qu’il ne fût très-
épais ou très-mol , ne pourrait pas fe prêter au
déplacement en tous fens que les fils de leur
trame font fufceptibles d’éprouver , ainfi que M.
de Morveau l’a très-bien remarqué. Le taffetas a
donc été mis en ùfage, â’abord par MM. Robert
frères, enfuite par M. Blanchard & par M. de
Morveau. Malheureufement leurs vernis Ont laiffé
l’étoffe trop perméable, & l’on attend avec quelque
impatience de connoître, par des expériences en
grand , le fuccès de deux autres compofitions qui
promettent beaucoup , celle de M, Dufourny de
Villiers, déjà employée dans les petits aéroftats
de M. Romain, & une nouvelle de M. Fortin ,
qu’il a préfentée à l’académie royale des fciences.
Elle a fubi les plus fortes épreuves auxquelles elle
a été foumife fur le récipient de la pompe pneumatique.
Le taffetas n’eft pas ceitainement la meilleuré
étoffe à préférer pour ces enveloppes. Celle qui
concourra'le mieux à l'imperméabilité, ferait un
fatin croifé à l’angloifé , du poids de trois onces
& demie l’aune il coûterait le double du -taffetas
, mais cette dépenfe une fois faite, on en
fera bien dédommagé par fa durée , & par la
longue conlèrvation du gaz qui pourra permettre
de répéter pendant plus d’un mois, des expériences
pour éclairer la théorie de l’air , & donner de
la certitude à bien des connoiffances fur lefquelles
on n’a encore, jufqu’à ce jour, que des hypo-
thèfes plus ou moins probables.
En attendant que les effais en grand, de l’enduit
de M. Romain , & du vernis de M. Fortin,
foient faits & appréciés, & que leurs compofitions
foient connues , nous donnerons, ici le procédé
de M. de Morveau, qui fe rapporte à peu
près à celui indiqué par M. de Faujas , à la ré-
ferve que le premier y emploie une partie de
gomme copale pour le rendre plus aifé à
fécher.
Faites bouillir dans un grand pot de terre une
livre d’huile de lin , cuite auparavant fur la li- ,
tharge : faites fondre en même-temps dans un pot
de terre féparé , une livre de réfine copale bien
pulvérifée ; quand elle eft fondue, verfez-la peu-
à-peu dans l’huile , & agitez le mélange; il faut
que l’huile foit très-chaude, car à défaut, la ré-
fine fe pelotone & ne peut plus être rediffoute.
Quand le tout eft bien mêlé , qu’il commence à refroidir
, ajoutez-y demi-livre d’huile effentielle de
térébenthine.
Faites chauffer d’autre part une livre de la même,
huile de lin , c’eft-à dire, qui ait été cuire auparavant
fur la litharge, jettez-y une demi livre de
bonne glu récente , qui eft infiniment meilleure
que celte qui a éprouvé les chaleurs de l’été, &
agitez le tout pour hâter la diflolution.
Mêlez ces deux liqueurs, & paffez - les toutes
,chaudes par un linge ferré , & 1e vernis eft préparé.
Il eft bon qu’il repofe au moins quelques
jours, avant que d’en faire ufage, parce que tes
parties tes plus groffièfes, c’eft-à-dire , celtes qui
n’ont pas été complètement diffoutes , fe précipitent
infenfiblement au fond du vaiffeau.
Lorfque vous voudrez vous en fervir , vous aurez
attention de le fairé chauffer, & de l’employer
avec un pinceau plat fur le taffetas bien tendu ,
èn donnant deux couchés , l ’une fur l’un des deux
fens du taffetas ; la fécondé, fur l’autre fens’ , &
vous je laifferez fécher, ainfi tendu en plein
air.
On trouve dans l’Encyclopédie, au mot globe ,
ainfi que dans les Inftitutions Géographiques de M.
Robert de Vaugondy , & dans plufieurs autres
ouvrages , la manière de tracer les tufeaux pour
conftruire les globes terreftres &céleftes, ce qui eft
parfaitement conforme à la conftruftion des aé-
roftïts. Nous indiquerons la méthode graphique
fuivante de couper ces fufeaux.
1°. Soit décrit le demi-cercle A B C du-diamètre
du 'ballon propofé.
2°. Elevez du centre D une perpendiculaire DE-
3°. Divifez chacun des arcs A B & B C en fix
parties égales & par ces points de divifion ,
tirez des parallèles au diamètre,
4°. Conitruifez une figure auxiliaire , dont la
longueur foit égale au développement des fix parties
comprîtes dans l’arc C B.
5°. A chacune des fix divifions de cette figure
auxiliaire , tracez des parallèles i , a , 3 , 4 > 5 >
fur lefquelles les diuienfions du fufeau feront rapportées
de la manière fuivante.
65. Partagez l’arc A I , en deux parties
égales -, & du point de partage, tirez le rayon I
D ; enfuite tous les rayons des parallèles G 5 ,
H 4 , 'I 3 , K i , L i , feront portés du point D ,
comme centre, pour décrire tous les arcs de re-
duétion 5 , 4 , 3 , a , *•
- 7°; On prendra l'a mefure de chacun de ces
arcs de réduélion que l’on apportera par ordre,,
fur la figure auxiliaire, c’eft-à-dire,- que l’arc 5
fera noué fur la parallèle 6 , pour avoir les deux
points du fufeau fur cette parallèle ;l ’arc 4 porté
fur la parallèle 4 , & ainfi de fuite ; ce qui détermine
les fix points de chaque côté de la ligne, qui
fervent à tracer le fufeau.
Voyé^, pou r l’ intellig ence de ces figures, la Pc. I
des G l o b e s , tome II des gravures.
Prenez un patron en papier ou en carton fur
cette dimenfion , & fervez-vous en de modèle,
pour couper l’ étoffe deftinée à former le globe.
Il eft évident que cette méthode qui indique
un globe à fix fufeaux , eft générale pour quelque
quantité, qu’il en faille, fuivant la grandeur du
globe, puifque les changemens à faire, fe rédui-
fent à tracer un plus grand nombre de parallèles.
Il convient fur-tout pour les- aéroftats d’une
grandeur a'u-déffus des médiocres , de les conftruire
en deux hémifphères que l’on réunit enfuite,
en renforçant l’équateur , parce que l’on auroit
une perte trop confidérable d’étoffe par les coupures
, au lien qu’en retournant le patron en fens
inverfe on évite prefqu en entier cette perte j il
faut enfin coller des runans fur toutes les coutures,
& y paffer une couché de vernis,'afin que