
charbon , à la qualité du combuflible. On peut
s’aider utilement de „ce que nous avons dit à ce
dernier égard dans la defcription du four en
charbon pour bouteilles.
Les pots peuvent être ronds ou ovales ; mais,
quelque forme qu’on adopte, leurs dimensions
doivent être telles, qu’ils ne contiennent que la
quantité de verre qui peut être épuifée chaque
enfournement par un ouvrier. On cherche avec
raifon la perfection du verre , & la célérité du
travail, d’où dépend le plus grand produit ; o r ,
fila potée de verre eft trop forte, une maffe de
verre très-confidérable eft, à feu égal, moins
promptement fondue, moins promptement affinée,
l’enfournement devient plus long , & il ré-
fulte néceffairement une perte de temps, qui
tourne à la diminution de la fabrication. D’ ailleurs
la force commune des hommes a des born
e s , qu’il' eft peu prudent de franchir: un bon
ouvrier peut, fans s’excéder, fabriquer environ,
de cent foixante à cent quatre-vingt pièces ; il faut
donc que les pots contiennent, à-peu-près, le
•verre néceflaire à un femblable produit, & comme
on peut évaluer le poids d’un manchon de me-
ftires ordinaires, à environ une livre-j,, il s’enfuit
que les pots doivent contenir environ trois
cens livres de verre, pour fuffire, non-feulement
*. la fabrication , mais encore aux déchets qu’entraîne
le travail ; on compte parmi ces déchets in-
difpenfables, les mors de cannes , c’eft-à-dire , le
verre qui demeure attaché à la.canne, les écrémages
; & enfin, les manchons qui peuvent être
manqués dans la fabrication. Les pots ovales ont"
environ vingt cinq ou vingt-fix pouces de hauteur,
vingt-cinq ou ving-fix pouces de grand
diamètre, & dix-fept ou dix-huit pouces de petit
diamètre; ces m fures font fuppofées prifes de
dehors en dehors , c’eft-à-dire , y compris les
répaiffeurs: il Lut auffi obferver que les diamètres
font mefurés à l’orifice, le fond d’un pot ayant un
pouce, ou un pouce & demi de grand & de petit
diamètre, moins que fon orifice.
Il eft aife:, d’après ces données, d’établir les
dimenfions d’un four à fi.x, huit ou dix ouvriers;
il feroit poffible de le conftruire pour un plus
.grand nombre de places; mais il feroit à craindre
que trop d’étendue ne nuisît à la chauffe, &
n’occafionnât une confommation de combuftible
auffi confidérable qu’infrudueufe. Des fxéges de
cinq pieds de long recevroient aifément trois pots,
dont le petit diamètre auroit dix-huit pouces ;
ainfi, un four allemand, de cinq pieds de long,
garni de deux fiéges, contiendroit fix pots. Quant
à la largeur du four, les fiéges ou banquettes
ayant environ vingt-cinq pouces de large, pour
foutenir les pots dans leur grand diamètre., & la
difiance, d’un fiége à l’autre, dans leur partie fu-
perieure, ne pouvant guère être réduite à moins
de vingt ou vingt-deux pouces pour que la
flamme des tifars ait un efpace favorable à fon
développement, & qu’il relie entre les fiéges
un intervalle fuffifant pour l’introdu&ion des pots •
il s’enfuit que la largeur du four fera au moins de
fix pieds.
Si l’on tife avec du bois façonné en billettes *
on pourra approcher lès pieds des fiéges , de manière
que l’âtre du four qui les fèpare, foit comme
dans le four à glaces, d’environ fix pouces de
large ; les fiéges pofant fur une plus grande bafe,
n’en feront que plus folides, & plus propres à
réfifler à la charge des creufets pleins de verre.
Il efi vrai qu’alors il peut arriver, que les fiéges
trop rapprochés , gênent le paflage des creufets
en les introduifant par la tonelle ; mais on préviendra
facilement ce danger, en évidant les fiéges
vers les tonelles , dans le plan incliné qu’ils
forment en s’élévant, 6c pratiquant ainfi une concavité
, qui favorife l’introdu&ion facile des pots;
cette précaution eft en ufage dans les glaceries,
( voyez l’art, glaces coulées ).
Dans les fours chauffant en charbon, & par-
conféquent placés fur des caves ou galeries fou-
terraines, la grille fur laquelle on jette le combuftible,
a au moins quinze pouces de large, & par-
conféquent , les pieds des fiéges doivent être dif*
tans entr’eux de quinze pouces.
Environ vingt-fix ou vingt-huit pouces d’élévation
au-deflus de i’âtre du fourneau fuffifent aux
fiéges, lorfqu’on tife en bois ; fi l’on prend le
charbon de terre pour combuftible , il faut élever
davantage les fiéges , pour mettre d’autant les pots,
à l’abri des flammèches, 8c des cendres pefantes
qui réfultent de la combuftion du charbon, mais
la hauteur des banquettes ne doit pas être excef-
fiv e , 8c. elle eft relative , comme nous l’avons
déjà dit en traitànt de la fabrication des bouteilles
noires , à la qualité du charbon : shl rend beaucoup
de flamme 8c peu de braife, ou une braife
trôp peu ardente, les fiéges doivent être plus
élevés, que lorfque la flamme étant peu confidérable
, la braife eft très-vive ; il eft intéreffant de
placer les pots plus près de la grille, puifque le
four chauffe alors principalement dans le bas.
Dans le premier cas, on peut donner aux fiéges
de trente-trois à trente-fix pouces d’élévation,
ôc dans le fécond , de trente à trente-trois.
La largeur de la tonelle eft proportionnée au
petit diamètre des pots qui doivent y paffer ;
ainfi, pour introduire des pots de dix-huit pouces
de petit diamètre , il fuffira qu’elle ait de vingt-
deux à vingt-quatre pouces de large. La tonelle
eft voûtée en plein ceintre, & fa hauteur eft réglée
par le grand diamètre des pots; fi les pots
on t, comme nous l’avons fuppofé, vingt-fix
oouces de grand diamètre , la tonelle fera cein- i
ttée à vingt-huit ou trente pouces d’élévation.
Pour le tifage en bois , la longueur de la tonelle
eft fuffifante à vingt-fept ou trente pouces ;
lorfqu’on chauffe en charbon, on pourra lut
donner au moins trente-fix pouces; cet excédent
de longueur favorife le tifage 8c l’aftivitê de la
chauffe.
Dans les fours en b o is , on ferme la tonelle
par une glaye femblable à celle du four en glaces,
f art. glaces coulées ) au haut de laquelle on forme
un trou carré qui fert de tifar ou tifonier, tandis
qu’on établit dans la partie inférieure de la glaye ,
deux foupiraux égaux, qui fourniffent deux courans
d’air, par l’adion defquels la flamme eft dirigée
vers les deux fiéges : dans cette conftrudion.
l’inflagration du bois a lieu fur l’âtre de la tonelle ,
& 1* tifeur doit avoir le plus grand foin de dé-
braifer très-fouvent fon four, pour que- les foupiraux
ne foient pas engorgés par les cendres 8c
les braifes accumulées, 8c de difpofer également
les braifes autour de ces mêmes foupiraux, de
peur que l’a&ion de ceux-ci ne foit pas égale.
Pour fe difpenfer de cette manoeuvre un peu mi-
nu tieufe , quelques artiftes prennent le parti d’e-
lever latre du four 8c celui de la tonelle, d’environ
un "pied au-deffus du fol de la halle ; ils forment
a u-dé flou s de la tonelle , une efpèce de cendrier,
un vide d’environ un pied de hauteur, &
de la même étendue, que l’âtre de la tonede. Ce
cendrier communique, vers fon milieu, par un
trou de fix à huit pouces de diamètre avec la
tonelle. Lorfque le tifeur veut fe débarraffer des
;braifes, il les fait tomber .avec le rable dans le
cendrier; il les en retire avec une pelle, & il
.n’eft plus afîùjetti à aucun foin pour leur arrangement
en dehors du four.
Dans les fours en charbon, la glaye eft formée,:
comme nous l’avons décrite dans la fabrication
des bouteilles de verre noir.
Il y a darfs le four en verre à vitres en manchons ,
un ouvreau au deflùs de chaque p ot, 8c le bas
de l’ouvreau-répond , pour la facilité du cueillage ,
très-peu au deflùs du bord fupérieur des pots.
Ces ouvreaux font ronds, 8c doivent être exactement
proportionnés au diamètre des pièces qu’on
fe propofe. d’y.fabriquer : à la vérité, comme on
fait des manchons de diverfes grandeurs , il faudrait
des ouvreaux de divers diamètres, mais on
les diminue à volonté, 8c félon le befoin, en y
appliquant une taraifon.
La maçonnerie des ouvreaux doitêtre très-mince,
& nous verrons en expofant les opérations de la
fabrication des manchons, combien cette attention
eft effentielle pour chauffer facilement les
paraifons.
Au. niveau des fiéges , on pratique comme dans
le four à bouteilles, une loge & une chambre
derrière chaque pot ; on obferve feulement de
donner à l’orifice intérieur de ces deux ouvertures
correfpondantes du, four , que prifes enfemble on
nomme le logis, plus d’évafement, qu’à leur oti-
fice extérieur, afin de voir mieux-les pots , & d’y
travailler avec plus de facilité, lorfque quelque
ciiconfiance oblige à les remuer , foit pour le»
élocher, foit pour les arranger en leur place.
L’élévation de la voûte ou couronne du four
en bois eft proportionnée à l’étendue du fourneau
; fi celui-ci conltruit pour 6 pots a 5 pieds
de long 8c 6 pieds de large , il fuffira de lui donner
environ 7 pieds de hauteur à compter de l’âtre :
un 'femblable four chauffant en charbon devra
avoir plus d’élévation, à compter de la grille,
f par ce que les fiéges étant plus élevés, pour qu’il
refte un efpace fuffifant à la circulation de la
flamme , il faudra néceflairement que la couronne
' foit plus exhauffée ; ainfi fi le charbon produit peu
de flamme , on pourra donner à la voûte environ
8 pieds, 8c fi le charbon rend une flamme abondante
8c vive , on portera cette hauteur à environ
9 pieds.
Aux quatre coins du four font quatre arche»
deftinées à la recuiffon des pots, elles participent au
.feu du four, chacune par une lunette , qui ouverte
commence à les échauffer j dans le four en bois le
degré de chaleur eft augmenté pour l’aétion d’un
bonard dans lequel on jette du combuftible, &
la recuiffon eft terminée par la combuftion du
bois , que, pendant les dernières heures , on introduit
fur le pavé de l’arche, par un trou pratiqué
à la glaye ou maçonnerie qui ferme l’orifice
de ce petit fourneau de recuiffon ; ( voyez l'art.
Glaces coulées ). Dans le, four en charbon , lorfque
la lunette a fait tout fon effet, on fait du feu
dans un tifar qu’on pratique dans chaque arche:
ce tifar n’eft autre chofe qu’une grille difpofée
dans l’intérieur de l’arche, propre à recevoir du
charbon, & préfentant extérieurement fon orifice
à côté de la gueule de l’arche. Cette grille eft
placée un peu plus bas que le pavé fur lequel
font arrangés les pots", & l’on doit avoir l’attention
d’entourer lé tifar dans l’intérieur de l’arche
d’une claire voie, pour empêcher que les creufets
n’éprouvent trop immédiatement le premier coup
de feu du tifar. Au deffous de la grille , on pratique
un cendrier, tant pour favorifer la combuftion
que pour en recevoir les refidus: la recuiffon
fe termine , en allumant du charbon fur le
devant de l’arche, ( voyez ci-dëflùs , la defcription
du four en charbon pour le verre noir).
Au deflùs des glayes font deux arches cendrières
pour la calcination des matières. Si l’cn veut
placer dans un four fur chaque fiége quatre pots