
la ficelle, fur la cannelure de la roue, & on lui
fait auffi faire un tour fur la pièce de bois , de
pierre , d’étain ou de telle autre matière que ce
îo it, qu’on veut tourner, ou bien fur le mandrin
auquel la pièce eft attachée; alors un ou deux
hommes , fuivant l’ouvrage , tournant la roue avec
les manivelles, font tourner la pièce que le Tourneur
dégroffit, & à laquelle il donne telle figure
fphérique qu’il juge à propos, avec divers outils
de fe r , qui font propres aux ouvrages de tour.
Semelles. On donne ce nom, dans la conf-
truâion du tour, à deux morceaux de bois quar-
rés, placés de champ fur le plancher , & dans
lefquels font emmortoifès les deux jambages des
jumelles.
Support ; c’eft la partie du,tour qui fert à
appuyer & foutenir les différens outils tranchans
avec lefquels l’ouvrier travaille les pièces qu’il
met fur le tour. Cette barre eft foutenue elle-
même fur deux morceaux de bois appelés les
bras.
T our; machine dont les Tourneurs fe fervenj
pour faire leur ouvrage.
L’invention du tour 9 même du tour porté à
un tiès-haut point de perfeétion , femble être
d’une grande antiquité , fi l’on s'en rapporte au
témoignage de plufieurs auteurs anciens , entre
autres à celui de Pline , qui dit que l’on tournoie
de ces vafes précieux enrichis de figures & d’or-
nemens à demi-*\offe, dont quelques-uns font
encore l’ornement des cabinets.
On peut diftinguer deux principales efpèces de
tours, fervant pour travailler des pièces dont le
contour eft régulier ; favoir , les grands tours , '
dont la matière principale eft de bois , & dont
fe fervent fur-tout les Maîtres Tourneurs & les
Tabletiers ; & les tours de fer ? qui font beaucoup
plus .petits.
Il y a de ces derniers tours qu’on place dans
un étau, & qü’on fait mouvoir aifément par le
moyen d’un archet.
A l’égard des grands tours , fur lefquels on -
travaille de gros ouvrages, tels que des baluftres
de bois ou de pierre : on leur imprime le mouvement
par le moyen d’une roue tournée par un
ou deux hommes.
Si les ouvrages font plus légers ; on fe contente
d’une marche que le pied de l’ouvrier fait
mouvoir.
T our ordinaire ; il eft compofé de deux
membrures de bois de chêne, appelées.jumelles,
qui font placées de niveau, parallèlement l’une à
l’autre, à plus ou moins de di flan c e , à proportion
de l’épaiffeur de la queue des poupées, qu’on doit
placer entre deux.
T our a lunette, autrement nommé tour en
l'air, eft compofe de même que le. précédent, d’un
fort établi à rainure , dans laquelle les poupées
font retenues par des clavettes.
T our elliptique ou à tourner des ell'pfes, eft
une machine qui s’adapte fur le tour à lunette : il
eft compofé de deux platines & d’un anneau. La
grande platine, qui eft ronde , eft percée de deux
tours qu’on appelle fenêtres ; elle a deux couliffes ,
qui font retenues fur la platine par le moyen de
quatre v is , qui ont leurs têtes godronnées afin
d’avoir plus de prife. Les trous des couliffes par
où paffent les vis , font de forme elliptique, pour
que les deux couliffes puiffent fe rapprocher l’une
de l’autre ; ce qui fe fait par le moyen des quatre
pilons & des quatre vis.
T ourner en l’a ir ; c’eft appuyer par un bout
feulement, les pièces qu’.on veut creufer en dedans.
T ourneur; on appelle ainfi l’Artifte qui travaille
fur le tour.
C ’eft le befoin de tailler & de polir le bois qui
a fait imaginer & perfeélionner l’art du Tourneur.
Les bois les plus durs , & fur leftjuels le fer &
l’acier trouvent à peine prife, comme le buis, le
gayac, l’érable, étant dans les mains du Tourneur,
fe dégroffiffent, s’arrondiffent, s’ornent de filets ,
de gorges , de cannelures, de pommes , & deviennent
, fous fon cifeau , colonne, baluftre, fup-
port, boîte , couvercle, cuvette ; en un mot,
tout ce qu’il lui plaît.
On^a vu l’agréable exercice du Tourneur, paffer
des artifans aux perfonnes les plus diftinguées ,
défennuyer les folitaires , & amufer les princes
mêmes.
T rusquin ; efpèce de compas qui fert à tracer
des lignes droites ou courbes, & toujours parallèles
au côté qui les dirige. I l y a bien des fortes
de trufquin.
Ventre a planer; efpèce de palette de bois
de chêne, d’un pied de longueur fur fix pouces de
largeur & de quatre lignes d’épaiffeur, que l’ouvrier
applique contre fon efiomac, quand il veut
planer une*'pièce de bois.
Verge, che% les Tourneurs, eft une pièce du
tour, dont on fe fert pour tourner en l’air ou en
figures irrégulières ; c’eft une pièce de fe r , longue
& quarrée , qui traverfe l’arbre tout entier , & qui
porte & joint enfemble le mandrin, les deux canons
, la pièce ovale & la boîte de cuivre. Cette
verge a des trous de diftance en aiftance, pour y
arrêter ces pièces avec des clavettes.
T R A V A U X D E S MI N E S .
( Art de diriger les )
L es Savans qui fe propofent, dans cette Ency-
clopédie méthodique , de traiter la Chimie , la
Minéralogie, la Métallurgie, l’Hiftoire naturelle,
poferont néceffairement les principes de théorie
& de pratique , relatifs à la connoiffance' & à
l’exploitation des mines ; mais il doit auffi entrer
dans le plan de notre Diéticnnaire des Arts, d’y
donner un aperçu des travaux des mines. Pour
cet effet il nous fuffira d’en expofer les procédés
principaux, & de fuivre la marche affurée que
nous "trouvons tracée dans le tome V du Dictionnaire
de Chimie , imprimé à Neufchâtel en
1789,
Les travaux des mines font principalement fondés
fur des principes chimiques.
Comme, dans les mines, le métal eft uni à des
parties pierreufes, il faut que le minerai foit fous
l’état de fluidité, afin que le métal puiffe fe feparer
en vertu de fa pefanteur.
Ainfi, pour être en état de fondre une mine,
il faut connoître fous quelles circonftances les
pierres qui l’accompagnent, font fufibles.
La. Chimie nous- enfeigne que les pierres &
'les terres, de quelque efpèce qu’elles foient, font
infufibles lorfqu’elles font pures, pendant que les
chaux métalliques , même pures , font pour le
général fufibles.
Elle nous apprend encore que le mélange de
pierres & de terres de différentes efpèces, quoi-
qu’infufihles parcelles mêmes , deviennent fufibles
par leur mélange. L’argile & la pierre calcaire ,
par exemple, entrent enfemble en très-bonne
fonte. On ajoute par cette raifon , à Brixley en
T y ro l, un fehifte argilleux aux mines de cuivre
dont la gangue eft calcaire.
Parmi les chaux métalliques, celle de fer eft
une de celles qui , par leur fufibilité favorifent
le plus celle des pierres , & c’eft fans contredit
le plus grand fondant qu’on-puiffe employer en
grand.
Lorfqu’on réunit trois ou un plus grand nombre
de pierres ou terres qui fe diffolvent mutuellement ,
le mélange eft plus fluide que celui de deux à
deux; & par une addition de chaux de fer, il
acquiert la plus grande fufibilité.
Les fehiftes cuivreux de Mansfeld peuvent fervir
d’exemple. Ils font calcaires , argilleux, & contiennent
du fer fous l’état de chaux. On leur ajoute
un peu de fpath fluor, & la fonte devient par-là
fi liquide qu’on peut les traiter avec avantage ,
quoiqu’ils ne contiennent que deux livres de cuivre
par quintal, & que le bois y foit fort cher.
Quoique le fer , fous l’état de chaux, foit un
puiifant diffolvant des terres & des pierres, le
métal, fous l’état des pyrites, ne diffout pas les
pierres, comme le prouve la fonte crue : mais
lorfqu’elles ont été grillées, elles facilitent confi-
dérablement la fonte, parce qu’en chaffant par le
grillage une partie du foufre, on met une partie de
la chaux de fer qu’elles contiennent à nu.
Lorfqu’autrefois on avoit à Freyberg beaucoup
de pyrites argentifères, ©n en grilloit la moitié,
qui fervoit de fondant à l’aurre, & on nommoit
cette fonte travail riche , parce qu’on obtenoit par-
là une matte plus riche que par la fimple fonte.
Quoique les pyrites grillées facilitent la fonte,,
elles ne procurent pas feules une feorie pure &
nette. Quoique fufibles, elles font pâteufes, & le
métal ne fe fépare pas bien ; mais dès qu’on ajoute
fuffifamment de terres ou de pierres , la feorie
devient nette, & le métal fe fépare bien.
Les feories des mattes qui contiennent du fer
fulfur.é , font dans le même cas; c’eft pourquoi
on prend dans le travail des mattes de plomb, des
feories qui contiennent auffi peu de fer que poffi-
ble, & qu’on emploie au bas Hartz des feories du
haut Hartz.
Quelqu’avantageufes que foient' les additions
dont nous avons parlé pour aidef la fûfion,-celle
des feories eft la meilleure, fur-tout fi elles font
riches.
Dans la fonte, le métal fe fépare de la feorie;
mais on doit cependant bbferver qu’il y a une
certaine affinité entre les feories & le métal, qui,