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t r è s - ja u n e5c quelquefois il ell fort blanc ; ces
différentes couleurs viennent de Tétât de divifion
où il fe trouve , 8c ne changent rien à fa nature.
Il arrive affez Couvent qu’en ouvrant une foffe,
il s’élève liir le champ une vapeur fulfureufe qui
s'enflamme aufïicôt par la lumière que tiennent les
ouvriers pour s’éclairer. Lorfque cela arrive, les
ouvriers fe retirent le plus promprement poflible;
ils feroient fuffoqués & pîriroient s'ils a voient
l’imprudence de relier, ou que par la difpofition
du lieu, ils ne puffent le faire allez promptement ;
heureufement ces accidens ne font pas bien fré-
quens. Cette inflammation fe fait quelquefois avec
tant de rapidité 'qu’elle occafionne une explofion
qui fait un bruit femblable à celui d’un violent
coup de fulil; elle renverfe quelquefois les ouvriers,
8c éteint toutes les chandelles : dans ce
cas le feu s’éteint lui-même pour l’ordinaire par
la commotion,qu’il a occafionnée dans l’air; mais
les ouvriers font en danger, parce qu’ils fe trou-
venuexpofés à cette première vapeur qui s’échappe
à l’ouverture des folles. Les ouvriers peuvent fe
mettre à l’abri de ce danger, en évitant d’apporter
trop tôt de; la lumière dans l’ouverture de la fofte.
•Cette matière inflammable eft une portion de
foulfre & de matière huileufe fort atténuée, réduite
en vapeurs très-fubtiles , 8c qui peut en
s’enflammant occaftonner des incendies, lorfqu’il
fe trouve dans fou voifinage des matières com-
buftibles.
Lorfque la folTe a relié ouverte pendant environ
vingt-quatre heures , plu fleurs ouvriers fe transportent
pour la vuider, & cette opération fe fait
toujours la nuit. Le maître vuidangeur vient dans
la journée jeter un coup-d’eeil fur la folle, pour
examiner la hauteur de la matière,. & pour en
prendre note. Sur le foir il envoie une voiture de
tonneaux fecs percés, dans un des fonds, d’un
trou quarré qui fe ferme avec une pièce de rapport
8c de la pai,le : les ouvriers arrangent c‘es
tonneaux fur une ligne devant la porte à environ
trois pieds de la muraille :; à neuf heures du foir
en hiver , & à dix heures du foir en été, ils commencent
à travailler.
Un ouvrier place une échelle dans la foffe, &
il, defcend par le moyen de cette échelle jufqu’à
la furface de la matière; un autre ouvrier defcend
un feau attaché à une corde , & celui qui tient
la corde tire le feau 8c le verfe dans une hotte
que porte un autre ouvrier qui fe place à côté ,
de lui ; lorfque la hotte eft fuffifamment pleine,
il va la vuider dans les tonneaux qui font dans
la rue. On continue ainfi de fuite à travailler
jufqu’à lis heures du matin en hiver, & jufqu’à
cinq heures en été» On bouche lès tonneaux à
mefure qu’ils font .remplis, & un charretier vient
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les enlever fur un haquet pour les aller vuider
hors de la ville» Lorfqu’il ell l’heure de quitte«
le travail, les ouvriers font obligés de balayer &
de laver les endroits par où iis ont paffés, &. )e
devant de la porte de la rue. Si la foffe n’a pu
s’être vuidée dans. une nuit , ils reviennent les
jours fuivans. Lorf -ue la folle eft entièrement vui-
dée, on defcend dans la folle & on la toife pour
connoitre la quantité de matière enlevée, & en
régler le paiement. Enfuite le maçon vient remettre
la clef 8c la fceller avec du plâtre.
Autre moyen.
Il s’eft formé à Paris,»il y a quelques années;
une compagnie pour entreprendre de vuider les
folles d’aifance de manière qu’on ne fentit point-
du tout la mauvaife odeur que ce travail occa-
lionne. L e moyen propofé par ces entrepreneurs
confifloit à placer fur l’ouverture d é jà foffe une
grande chape de tôle, fous laquede p-uvoiem travailler
deux ou trois ouvriers. La partie fupérieure
de c^tte chape fe terminoit en une ouverture fera-
blable à celle d’ un large nfya-u de poêle; on y
adaptoit des tuyaux de .tôle de pareil diamètre, juf-
qu’à quelques pieds au-delfus de la maifon. Dans
un des côtés de cette chape, on faifoit un grand
feu, mais difpofé de manière à ne point incom-
moder les ouvriers. Ce feu étoit deftiné à former
un ventilateur qui occafionnoit un courant d’air]
capable d’emporter toute la mauvaife odeur’ an-]
delTus.de la maifon. Pendant que le feu brûloir,|
les ouvriers néceffaires fe pkçoient fous la chape,]
y emplilfoient les tonneaux , les bouchoient exactement
, & on ne les emportoit de-là , que lorf|
qu’ils étoient bien fermés. Par ce moyen, on:
n’avoit d’odeur que celle qui s’exhaleit feulement
pendant le tranfport des tonneaux. Il eft certain
que cette méthode eft ingénieufe ; mais divers cir-l
confiances fe font réunies pour en empêcher i’-.xé-
cutiçn jufqu’à préfent.
Un des plus grands inconvéniens ell la difficulté
de placer la machine; l’ouverture des foffes ne fe
trouve pas, dans toutes les maifons, difpofée allez
commodément, pour qu’on y puiffe mettre une machine
d un fl grand attirail, 8c qui doit êcrealfez vafte
pour contenir un grand feu, & au moins un tonneau
avec deux ouvriers. Il paroît que fon ufage doit
être très-bon dans les endroits où l’on peut l’établir
facilement.
Nouvelle machine.
Depuis ce temps-là le fleur Dugàure a inventé
une machine plus commode, & après plufîeurs expériences
faites en préfence des commiiTaires de k
cadémie des feiénees, fon utilité a été cônftatée; &
ce n’ell que fur le rapport du lieutenant général de I
de police, du procureur du roi du châtelet, du
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prévôt des marchands & échevins, que ce particulier
obtint alors un privilège exclufif enregiftré
au parlement.
La machine dont on fe fert pour opérer, quoique
variable dans fes proportions , relativement
aux endroits où il faut l’appliquer, a ordinairement
quatre pieds en quarré fur cinq pieds de
haut : elle ell conllruite de plufîeurs pièces de
bois de chêne, qui, au moyen des vis & des
Iécrous, fe lient & fe démentent facilement lorfqu’il
eil néceffaire de la tranfporter.
L ’extérieur d’une de fes faces ell divifé en deux
parties inégales, dont l’une a fur fa droite une porte
Ide toute la hauteur de la machine , par laquelle les
ouvriers entrent & fortent au befoin, y'intro-
duifent 6c retirent les tonneaux 8c les outils ; &
[l’autre a fur fa gauche un quarré où l’on a difpofé
I deux ouvertures de quatre pouces en quarré eha*
cune; fur ces ouvertures, qui font parallèles, font
appliqués deux ventilateurs, dont le mouvement
alternatif 6c continuel des foupapeS introduit dans
l’intérieur de la machine affez d’air pur pour renouveler
celui de la foffe d’ai-fance, rabattre-la
vapeur qui s’exhale au moment de l’ouverture de
la foffe, en comprimer les parties groffières..8c
forcir par un tuyau de fer blanc de quatre ponces
de diamètre, qui ell monté aulfl haut qu’il ell néceffaire,
pour que l’intérieur de la maifon où fe
fait la vuidange n’en reffente aucune incommodité.,
6c qui eft placé 8c fceilé fur la plus haute
lunette; toutes les autres font exactement fcellées
pour qu’il ne s’en exhale aucune mauvaife odeur.
Dans l’intérieur do la machine, il y a un tambour
fermé par une fécondé porte, qui ell en Yace
de celle dont nous avons déjà parlé : cette fécondé
porte, relie ouverte pendant que les ouvriers tra-
! vaillent à remplir 8c 'à fermer les tonneaux : au
moyen d’un petit tuyau qui a fon embouchure
appliquée, à l’extérieur de ce tambour ,.les foufflets
' y introduifent un air fuffifant.
Dès que les ouvriers- ont exactement fermé un
tonneau-, la fécondé porte fe referme, on fort le
tonneau par k porte extérieure, 8c on le conduit
à fa deftination ; dans le cas où il eût répandu
quelque mauvaife odeur dans le tambour, l’air y
ell bientôt renouvelé 8c purifié par le fecours du
petit tuyau ci-deffus.
Pendant tout le temps qu’on travaille, jamais les
deux portes ne font ouvertes à la fois ; on n’ouvre
la porte extérieure qu’après avoir fermé l’intérieure.
Dès qu*on a retiré les deux- tonneaux que les ouvriers
viennent de remplir, on en remet deux
yuides; après quoi on referme cette porte exté-
rieur.e, 8c on ouvre la porte intérieure pour -remplir
les, tonneaux vuides, 8c continuer ainfi jufqu’à
la fin de l’opération.
Arts & Métiers. Tome VJIJ.
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Cette machine, qui eft feellée en plâtre par le
bas, eft immobile, 8c ne laiffe tranfpirer aucune
odeur en dehors : elle a la propriété de procurer
la falubrité de l’air, d’éviter aux ouvriers les dangers
auxquels ils étoient expofés avant fon inven^
tion, 8c d’empêcher le dépéfiffement des étoffes
8c des meubles garnis en or eu en argent. S n
ufage, qui eft admilflble en tout tenips, n’oblige
pèrfonne à fe déplacer de chez fo i, & à laiffer fes
èfiets en la poffeffion de gens inconnus.
'Moyen de faire confommcr plus promptement Us mat.
ères fécales ? de diminuer la mauvaife odeur des
pulfards ; par M. Duvancelles,
Ce n’eft point une découverte, dit M. Duvancelles,
que j’annonce ; mais le zèle du bien public
me fait défirer de fixer deux minutes les yeux
des leéleurs , fur un procédé antimêphitique, qui
n’eft point affez généralement connu, qui n’occa-
fionne aucune dépenfe, 8c qui dans fon effet remplace
dès travaux difpendieux 8c incommodes à
la fociété, fur-tout dans les villes très-peuplées.
Notre pofition aéhielle ne nous donne que trop
de moyens de l'employer; 8c il eft bien peu d’années
où l’on n’en air la facilité.
Il s’agit d’entaffer les neiges, de les preffer, &
lorfqu’elles formeront un corps à-peu-prés folide,
d’en remplir les foffes d’aifance 8c toute antre
cavifé infeéle. L e premier avantage qui'en réfül-
tera fera de débarraffer promptement les cours 9
les maifons*. 8c en partie, les ruçs ; mais le plus
effentiel, 8c l’objët de cet avis , fera la diffolution
des matières fécâlès 8c la neuKalifation du méphi-
tifme. On a l’expérience que des foffes ainfi chargées
reftent plus d’un demi flècle fans qu’on foit
ohjigé de les vuider. La phyfique confirme la bonté
de ce procédé , par la propriété qu’a le nitre mêlé
abondamment à ces matières de les entraîner à
travers les terres.
Si l’on me demande pourquoi un rèmède fl
Ample eft prelque toujours négligé : je répondrai
que fa fimplicité même a empêché de lui donner
aucune confidération : cette négligence eft affez
dans la marche de l’efprit humain. Si l’on m’ob-
jeéle que l’infiltration fur laquelle je compte'effen-
tiellement, peut corrompre les eaux ‘dès’ puits'!
j’affurerai que je n’en ai pâs'connu d’éxemplê,
8c que ceux qui m’ont dit qu’ils" avbienr eifiploÿé
8c qu’ils employoient ce procédé ne fe font point
aperçus de cet inconvénient.
S’il eft quelque autre objeâion imprévue , &
qui puifle combattre efficacement mon expérience,
je me flatte qu’on la' préfentera '.dégagée de tout
intérêt de parti j je me l.Qùmets alors; au, juge*-
ment des fa vans. Je devons comme citoyen, un
compte de mon expérience, 8c je Taî donné#;.'.