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On fe fert en Angleterre , du foujjlet centrifuge
dè M. Defaguliers, pouf renouveler l’air de la
chambre des communes ; <k ce foufflet ne ceffe
de pomper, l’air de la chambre , pendant tout le
temps que les communes relient affemblées, lorf-
que le temps elt chaud.
Non-feulement le Ventilateur eft un moyen fur
& f.cile de renouveler l'air échauffé des endroits
où il fe trouve un grand concours de monde ,
mais on peut aufïi, par fon moyen, introduire
de l’air chaud dans ceux où il feroit néceffaire.
Pour cet effet, il conviendra de le placer de manière
qu’il reçoive l’air d’une chambre échauffée
par un ou deux poêles', félon la grandeur de la
chambre, & qu’il le pouffe dans l’endroit dont
on voudra tempérer l’air froid , par le mélange
d’un air chaud. Cette méthode d’échauffer l’air ,
eft préférable à toute autre , & fur-tout aux poêles
à braife, qu’on eft obligé de mettre en certains
endroits , pour y modérer le froid , & que bien
des perfonnes ne peuvent fupporter.
Etant inftruit combien l’air renfermé dans les
vaiiïeaux eft nuifibLe „.fur-tout lorfqu'il s’y trouve
un grand nombre de perfonnes ». comme cela arrive
dans les vaiiïeaux de guerre & principalement
dans les vaiffeaux de tranfport t & dans ceux
qui fervent d’infirmerie, il m’eft venu en penfée
qu’on pouvoir beaucoup remédier à cet inconvénient
, par le moyen de grands foufHets , foit qu’ils
foient lemblables à ceux qui-font d’ufage pour
les orgues, & qui fe meuvent fur des charnières
par l’une de leurs extrémités; foit qu’ils foient
quarrés ou ronds, comme ceux qu’on appelle fouf-
flets à lanterne, qui^ fe hauffent & Ce baillent de
tous côtés, & qui font des cubes ou des cylindres
fufceptibles d’alongement’& de compreflion.
Les foufflets delà première efpèce paroiffent les
plus commodes dans le cas dont il s’agit ; mais
on peut leur donner telle forme qui paroitra la
plus convenable , pour l’endroit où l’on fe propofe
de les. placer.
Au heu que les foufflets des forgerons & des
orgu;s font fort lourds à mettre en jeu , parce
qu’il faut que l’ air y foit comprimé avec force ,
pour qu’il puiffe fortir avec impétuofité par leur
petite ouverture : on fe propofe dans ceux-ci,
de faire les foupapes & les ouvertures fort grandes
, au moyen de quoi on pourra les hauffer &
les baiffer avec la plus grande facjlité. C ’eft ce
qu’il eft aifé de voir avec un foufflet ordinaire ,
dont on peut, fans aucune peiné, hauffer & baîffer
pais lupérieur, lorfqu’on tient la foupape écartée
avec le doigt. La même chofe arriveroit fi
les foufflets étoient fort grands , pourvu que leurs
foupapes fuffent grandes à proportion, & faites
de manière à pouvoir s’ouvrir & fe fermer facilement.
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Nous n’avons befoin ici que de mettre en mouvement.
une grande quantité d’air non comprimé,
& de l’attirer du dehors dans l’endroit où nous
le croyons nécelïaire, où de le chaffer du dedans
en dehors. Un tonneau d’air ou une maffe de ce
fluide de quarante pieds cubiques, ne pèfe que
trois cents grains, qui ne font pas les trois quarts
d’une once.
Suppofons donc une paire de* foufflets qui
foient affez grands pour en. contenir un tonneau;
cette quantité d’air n’offriroir cependant qu’une
foible réfiftance à la contraélion & à la dilatation
des foufflets, fi les foupapes &. les tuyaux qui y
aboutiroient ou qui en partiroient, étoient grands
à proportion.
C’eft par une femblable raifon que nous inf-
pirons & expirons fans.peine, à travers la trachée-
artére, environ foixante tonneaux d’air dans lef-
pace de vingt-quatre heures. C ’eft en quoi con-
fifte l’excellence du moyen que je propofe : cette
méthode de conduire l’air étant la plus fimple &
la plus conforme à celle"dont fe fert la nature ,
pour introduire ce fluide dans les poumons de
1 homme & de plufieurs autres animaux , favoir,
la facilité avec laquelle le diaphragme fe hauffe &
fe baiffe.
Pour faire donc un effai de la méthode que je
propofe ici , j’ai fait faire deux foufflets de la
manière fui vante. Le gouverneur Georges P i t ,
écuyer, m’ayant fait le plaifir de me prêter dans
la maifon du Heur. Antoine Dunzombe, écuyer ,
un grenier do trertte pieds de long , qui con-
tenoit environ deux cents tonneaux d’air, j’ai fait
placer dans une petite chambre attenante deux
boîtes à côté l’une de l’autre, qui avôient intérieurement
dix pieds de long , fur cinq de large
& deux de haut.
Au milieu d’ûne de ces boîtes, fe trouve une
grande féparàtion ou un diaphragme, qui doit fe
mouvoir en haut & en bas fur des gonds par le
moyen d’une verge de fer arrêtée au diaphragme,
& qui’paffe par un pétit troif fait à i’ais fupé-
rieur de la boîte.
Il y a une femblable réparation ou diaphragme
dans l’autre boîte avec fa verge de fer.
Les deux verges font attachées à un levier ou
bras qui fe meut fur un point fix e, de manière
qu’en hauffant & en baiffant alternativement le
levier , on hauffe & on baiffe pareillement tour
à tour les deux diaphragmes ; au moyen de quoi
ces foufflets doubles reçoivent & chaffent l’air
en même temps, c’eft-à-dire, qu’une partie det
chaque foufflet attire l’air en fe dilatant, tandis
que l’autre le chaffe en fe contrariant. Et afin que
les diaphragmes fuffent plus légers, ils ont été
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faits de quatre pièces de bois, difpofées félon la
longueur de la boîte, & traverfées par un pareil
nombre d’autres, ayant chacune environ trois pouces
de large fur un pouce & quart d’épais.
Pour leur donner plus de force, on les a faites
un peu plus épaiffes vers le milieu. Les efpaces
que laiffent entr’elles ces pièces de bois, font
garnis de panneaux de fa pin très-mince.
Le diaphragme étant mu en haut & en bas , &
fes bords n’étant éloignés que d’un vingtième
de pouce des parois de la boîte, il ne peut s’échapper
qu’une fort petite quantité d’air par les
bords, en comparaifon de celle que contient la
boîte; de forte qu’il ne fera pas néceffaire d’employer
du cuir comme dans les foufflets ordinaires
,*ce qui rendroit ceux dont il s’agit, non-
feulement plus chers , mais encore plus. difficiles
à mettre enjeu. Et afin que les diaphragmes puiffe
nt fe hauffer & fe baiffer avec la plus grande
facilité, & fans toucher aux parois des boîtes ,
il y aura un conduéleur de fer , placé verticalement
au milieu de l’extrémité de la boîte.
Ce conduéleur eft épais d’un demi-pouce &
large d’un pouce, & il y a une coche ou entaille
de même grandeur, au milieu de l’extrémité du
diaphragme , de forte que celui-ci, enfe hauffant
& en fe baiffant, n’a d’autre frottement à effuyer
que celui qui fe paffe entre le conduébeur &
l’entaille.
Une partie de la boîte doit être un peu cambrée,
enforte qu’elle s’ajufte mieux au mouvement
du diaphragme. Si la planche de cette extrémité
de la boîte n’a qu’ un demi-pouce d'épais,
on peut en la clouant à celles des côtés, la forcer
de prendre cette forme, fi les extrémités de
celles-ci font un peu arrondies. Et pour que cette
planche conferve mieux cette rondeur, on y a
cloué par dehors des pièces de bois de même
forme.
A l’égard des Ventilateurs qui font deftinés à
l’ufage des vaiffeaux, pour leur conferver une plus
grande force, on donne à une forte planche de
fapin , cette forme cambrée ou circulaire , en
lui ôtant de fon épaiffeur. Vers l’autre extrémité
du diaphragme , on peut clouer fur la jointure, à
l’endroit des gonds , une bande de cuir, fi cela
farcît néceffaire.
-Les gonds font faits chacun de deux pièces
de fer , dont l’une eft arrêtée latéralement à
l’extrémité du diaphragme , & l’autre qui eft
applatie, longue de-fix pouces, large d’un pouce
& demi , & épaiffe d’un demi pouce, tient à
la planche qui forme le côté du Ventilateur. Ces
deux pièces de fer font rivées enfemble, par un
clou qui a un demi-pouce d’épais, & c’eft fur
ce clou que fe fait le mouvement.
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Il faut que .toutes les planches qui forment le
corps de chaque boite, foient exactement affem-
blées par des queues d’aronde, & on doit coller
du papier, gris fur les jointures ; mais celles qui
font aux extrémités , doivent être Amplement
arrêtées avec des vis à bois , pour qu’on puiffe
les ôter, fupppfé qu’il y fur vienne quelque chofe
qui demande du remède.
Les huit grandes foupapes deftinées à donner
paffage à l’air, font placées à celles des deux
extrémités des boîtes où fe trouvent les gonds.
Une foupape s’ouvre en dedans pour donner
entrée à l’air, lorfque le diaphragme eft baiffe à
l’extrémité oppofée , par le moyen du levier :
en même temps une autre foupape, dans la partie
inférieure du Ventilateur, fe ferme par la
compreflion de l’air , qui eft chaffé à travers uiie
troifième foupape. Mais lorfque le diaphragme vient
à être haufîé , alors une autre foupape le ferme,
& l’air fort par la foupape eorrefpondahte ; de
forte que quand, par le mouvement du le vier,
les deux diaphragmes font alternativement hauffés
& baiffés, alors deux moiriés des Ventilateurs ne
ceffent d’attirer l’a ir , pendant fjue les deux autres
le chaffent en même temps par les foupapes
qui lui donnent paffage.
A la partie antérieure de ces Ventilateurs , &
audevant des foupapes eft placée une boîte qui
fert de réfervoir commun de tout l’air qui fort
par ces foupapes. Cet air paffe par un tuyau
qui a un pied en quarré de diamètre mefuré en
dedans , & qui traverfe le mur qui fépare la
petite chambre d’avec le grenier.
Les foupapes font fufpendues par fe moyen-de
bandes de cuir clouées à leur partie fupérieure.;
ce quï eft préférable à toute autre manière de
les attacher, parce que dans cette fitaation , elles
fe ferment toujours d’elles-mêmes, & parleur
feule pefanteur. Dans les vaiffeaux , il faudra
que ces charnières foient de cuivre jaune pour
prévenir la rouille.
Je fis faire d’abord les ouvertures des foupapes
de douze pouces de long fur fix de large, ce
qui faifoit la centième partie de la grandeur de
chaque diaphragme , qui avoient cinquante pieds
en quarré ; mais dans l’épreuve-que je fis de cet:e
machine, je trouvai que ces ouvertures étoient
trop petites pour la grande quantité d’air auquel
elles dévoient donner paffage. Je les fis donc faire
dans la fuite , de deux pieds de long fur fepr pouces
de haut. Cette ouverture me parut fuffifante.
Elle étoit égale à environ une quarante-quatrième
partie delà grandeur totale de chaque diaphragme,
qui par ce moyen étoit mu en haut & en bas
avec affez de facilité, nonobftant la réfiftance que
chacun d’eux offroit au levier.