
fervoit à bien refferrer l’enfembîe d’un panneau;
alors on rabat les ailes du plomb , en les couchant
fur ,1e verre avec l’extrémité de la tringlette, de
forte qu’un ne s’élève pas plus que l’autre, & que
toutes les jonélions foient preflees fi uniment, que
la pointe de fer qui va les fonder, ne trouve rien
qui l’arrête.
Avant de fouder, on a foin de battre la réfine
fur tous les points de réunion des différentes coupes
de plomb, de l’éçrafer comme nous l’avons dit,
& de foyffler avec la bouche ^e qu’il y en auroit
de trop. Ce fuperflu, échauffé par la chaleur du
fe r , s’appliquant fur le plomb, le gâte, foit que
l’ouvrier foit affez négligent pour l’y laiffer , foit
qu’il le gratte avec le bout de la tringlette pour
l’enlever ; ce qui raye le plomb autour de la fou-
dure, & lui ôte fon poli & l’ornement d’un panneau
qui ne peut être fini trop proprement. .
L’art dte fouder proprement & folidement demande,
de la part du vitrier, beaucoup d’attention,
comme étant ce qui donne la force à l’ouvrage, &
ce qui le conduit à fa perfection. Pour bien fouder,
il ne,faut point que le plomb ait été gâté par des
mains graffes & fa!es, ni qu’il ait conti adé aucune
humidité. Ces inconvéniens empêcheroient la fou-
dure, en fe fondant, de s’infinuer avec le plomb,
dont nous avons déjà dit quelle doit lier & réunir
Je s affemblages fans les diffoüdre, en mettant le
plomb lui-même en fufion ; ce qui arriveroit encore
fi le fer étoit trop chaud ou s’il.n’étoit pas
bien étamé.
Ceux qui foudent le mieux, font ceux qui, tenant
le fer à fouder de la main ^droite, avec les
moufflettes qui embraffent le bas de fon manche,
après en avoir effuyé légèrement la' pointe avec
un chiffon, l’élèvent perpendiculairement.fur le
lieu de la foudure que cette pointe laiffe à découvert’
alors le.corps un peu incliné fur la droite,
les veux appliqués vers la pointe du fer dont le
manche doit être comme collé au coude, .ils glif-
fent adroitement fous cette pointe la branche de
foudure qu’ils tiennent de la main gauche, .n’en
laiffant fendre .que ce qu’il faut pour faire une
foudure ronde, qui, bien fondue, lie également tous
les coeurs de.plomb, en diminuant d’épaiffeur vers
l’extrémité; dós ailes, qui ne foit pas trop élevée
au-deffus du plomb, qui, comme on dit, foit rónde
& plate, un peu plus forte à l’endroit des croix , &
de la largeur d’une lentille aux autres; jonéfions;
Une des principales attentions^ qu’un bon fou-
deur apporte , .c’eft de bien çonnoitre le jufie degré
de chaleur d’un fer à fouder ; trop chaud , il ne
s’étame pas bien, & court rifque de fai^e fondre
de plomb , ce.qu’on appellq \a foulure; trop
froid y il donne une foudure ,épaiffe-.Ôç, mal foqdue
qui ne lie point les parties, quelle devoir ; réunir,
parce qu’elle ne fent point afftz de chaleur pour
s’y étendre. C’eft ce qui arrivé. ordinairement à
ceux qui font pareffeux à changer de fer lorfqu’ils
s’aperçoivent que celui dont ils fe fervent, commence
à fe refroidir. On ne doit omettre aucune
jon&lon dans le corps du panneau ou fur fes bords,
fans la fouder.
Ce côté du panneau par lequel on a commencé
& fini l’ouvrage, & que l’on appelle du fondé,
étant achevé, on le tire de l’équerre à bifeau.On
en rabat les bords avec la tringlette , on.le brofle
pour en enlever la pouflière ou la poudre de réfine
qui auroit pu y féjourn-er, & on le retourne de
l’aufre côte. On rabat les ailes du plomb avec la
tringlette , que l’on paffe auffi fur toutes les jonctions
des plombs. On bat la réfine, on l’écraf?,
on la fouffle, & on foude comme dé l’autre côté,
à la réferve- qu’on n’en foude pas les bords ( au
moins à Paris ; car il eft des villes où il eft d ’ufage,
comme à Rouen , &c. de les fouder des deux
côtés ). Quoiqu’on né le» foude pas des deux côtés
à Paris, les vitres n*en font pas moins folides
mais on obvie par-ià à un inconvénient qui ; lorsque
les bords font foudés des deux■ côtés , empêche
qu’on n’en rabatte les aiies fi facilement dans
la feuillure; ce qui occafionne la rupture des pièces
du bord._On appelle ce côté d’un panneau le conire-
fondé. C ’eft le plus ordinairement de ce côté que
fe foudent Les croix, fi la diftribution du panneau
le permet, les attaches où liens de plomb qui
doivent embraffer les verges de fer deftinées à les
retenir en place.
Les vitriers fe fervoient autrefois, pour porter
l’ouvrage en ville , d’un Jiéaué Cette machine ne
différoit des crochets dont on fe fert pour porter
des fardeaux, qu’en ce.que les montans du fléau
étoiéht traverfés par deux longues tringles de bois
applaties , qu’on nommoit les ailes du fléau. Elles
fervoient à foutenir la longueur des panneaux que
l’on tranfportoit en ville, i^a partie inférieure de
ce fléau, au-lièu de fe terminer , comme dans les
crochets ,; en deux .efpèces de V , l’étoit par deux
confoles affemblées dans chaque montant, recouvertes
d’une planche unie, retenue en rainure fur
les montans, & en mortaife fur le devant. Deux
bouts de fiingles paffés à.,la hauteur convenable,
dans une traverfe affemblée avec les deux montans,
recevoient' par une boucle formée à leur
extrémité les deux pieds, du fléau, & formoient les
braifières qui le fixoient fur le dos >du -vitrier,
après qu’il y avoit fixé l’oûvrage par des cordes
qui s’entrelaçoient dans les ailes pour le retenir.
On a fubftitué à Paris, depuis que l’ufage des
vitres en plomb y eft moins .fréquent, à ce
fléau, un chaffis d’affemblage- de menuiferie, que
le vitrier porte fur l’épaule, & auqueL la tête
fert d’appui. La . planche qui porte les vitres eft
Contenue' par de bonnes équerres de fer attachées
,vec des clous 'fur les montans des clwffis, &
oui retiennent ladite planche qu’elles traverfem
en-defîous, & qu’elles débordent fur le devant
„ar un talon. Les vitriers ont donné à ce chaffis
le noni de porte-vitres. On fe fert encore néanmoins
du fléau dans les provinces.,. lorfqii’tUaut
tranfporter l’ouvrage dans les villages & chijfganx-
voifins des villes., où rien n’eft II commun que
de voir un vitrier à cheval avec le fléau garni
de vitres fur. le dos. • ’■ '\ 'i
Les panneaux de vitres fe .placent ordinairement,
ou dans tes chaffis de bois dormans ou
ouvrans, que les menuifiers nomment croifées a
■ /, françaife ; dans les bàiimens ordinaires, ou
dans dés vitraux de fer, ou dans des formes de
I vitres divifées par des meneaux de.pierre, comme
î dans nos églifes.
Avant de placer un panneau de vitres dans un
outils du vitrier, portoit autrefois une tête à pans
coupés, fans doute pour gliffer plus légèrement
fur le plomb fans rifque de l'écorcher en cnron-
' çaut le's pointes avec une panne de 1 autre bour,
refendue en deux parties, qui fervoit à relever la
tète des pointes, avant dé les arracher du fond de
. fe feuillure avec des tenailles, lorfquil s’agifibit
de lever les panneaux hors de la.place pour les
réparer. De l’extrémité de la tête à celle de ta
panne, il pouvoit avoir quatre à cinq pouces .- fort
manche étoit de fer rivé fur la tête en goutte de
fuif ; creux en-dedans pour y recevoir une poignée
dé buis , qu’on y introduifoit, & qui étoit retenue ’
par de petits boutons de fer qui la traverloient de
-diftance en diftance, & qui y etoient rivés comme
deflùs. A préfent le marteau de vitrier a fa tête
ronde & fa panne plus ouverte, fit propre à arracher
I chaffis de bois, fi c’eft un vieux chaffis, on a
[ grand-foin de ranger du fond des feuillures toutes
[ les petites pointes rompues, qui pourvoient s’y
K loger : enfuïte l’ouvrier tenant, fon, panneau de
[ façon que le côté des attaches -cru des liens foit
[ vis-à-vis de lui, ouvre avec la tringlette lès ailes
K du plomb qui borde le panneau , pour les ra-
I battre enfuite avec le même'outil fur le-devant du
[ panneau, enforte qu’il n’y ait. que-le cosur du
[ plomb qui pofe fur le fond dé la feuillure, pen>
I danr que l’aile rabattue la borde, lùr le devant; K puis en commençant par les angles de la traverfe
I d’en bas du chaffis, on l’attache fur le fond de
I la feuillure avec les pointes de fer qui fortent de
I l’extrémité des clous dont les maréchaux fe fervent
I pour ferrer les chevaux, & qu ils rompent avec
I leur tenaille. Redreffer les pointes qui font ordi-
| nairement courbes & tortues vers le haut, eft la
I première befogne qu’on donne aux apprentis vi-
1 triers. On enfonce ces pointes avec le marteau,
vers le milieu de la face des plombs, à une certaine
diftance, pour les rabattre enfuite fur le plomb
même, afin de tenir le panneau plus ferme en
place & d’empêcher de vaciller au gré du v en t ,
ou que l’air né paffe entre la feuillure & le panneau.
On placé alors les verges de fer ou targettes
vis-à-vis des liens ou attaches qui font fou-
dés à cet effet fur le panneau. Ces verges de fer,
qui portent ordinairement deux lignes de face fur
trois à quatre lignes d’èpaifféur, font terminées
à chaque extrémité par de petites pointes arrondies
& percées, qui débordent la feuillure cl’un
pouce .ou environ, que l’on attache fur le chaffis
ou avec une pointe, en la rabattant fur ledit chaffis,
ou avec du clou, à tête ronde.
On fent par-ià que le marteau fait partie des
outils du vitrier.’ Ce marteau, tel que Felibien la
fait graver fur une de fes planches expofitives des
de plus gros clous, en pefant fur le manche.
Ce manche, tout de fer , fe termine en efpèce de
' ci l'eau qui fert de pince , pour attirer à foi les croifées
& chaffis à couliffes qui font trop ferrés dar s
les tableaux, ou à enlever les fiches à tête des croifées
à de'ux ventaux.
Quant aux tenailles, telles qu’elles fout deftinées
dans lèfdites planches deFélibien, elles paroiffent
plus convenables aux vitriers de fpn temps, qui
travailloienr plus en panneaux qu’en carreaux. Chaque
branche en étoit plate, en quarré vers le haut : •
ainfi appliquées contre la feuillure d’un chaffis, elles
paroiffoient en s’ouvrant donner plus de prife, pour
arracher la pointe qu’elles fertoient par i angle cle ce
quarré. On leur a fubftitué depuis des tenailles fem- 1
blables à celle des, menuifiers, mais de moindre grof-
feur, à ferres rondes; elles font fi connues qu’il eft
' inutile d’enelonner une defeription particulière , n’y
ayant point de ménage, pour peu qu’il foit uftesi-
ftilé, qui ne foit fourni de ces fortes de tenaillés.
La poféde vitres en plomb dans des vitraux de
fer eft, à proprement parler, la. partie de Fart, du vi-
' trier qui doit lui fuppoler un efprit de réflexion &
de jufteffe capable de combinailons & de rapports.
Jci le vitrier fert de guide au ferrurier ; c’e ft, en effet
, au premier à preferire au fécond les détails de
fon ouvrage, & à veiller-fur la conduite qu’il y
.tient, pour en former de concert un tout régulier.
Je fuppofe donc qu’un vitrier foit chargé de remplir
une grande fenêtre de panneaux de vitres en
■ plomb dans un vitrail de fer, c’eft à lui de prendre
exaûementla mefure de l’ouverture de la baye:ou
c’eft un chaffis de fer qui doit régner autour d’elle,
fur lequel lès montans & les traverfes ou les gonds
des portes ou guichets ouvrans dudit vitrail, leurs
verroux & leurs mentonnets doivent être rivés-; on
ce vitrail ne doit être cômpofé que de montans &
dé traverfes de fer fcellées à l’arrafemeritde la feuillure..
S’il s’agit d’un chaffis de-fer au pourtour du
" vitrail, le vitrier obfervera de prendre exaâement