
678 T I T V I T
une certaine quantité par proviiion, lorfque l'ouvrage,
preffant moins d’ailleurs, donne au vitrier
plus de loifir. On les garde ; ainfi que les lingots,
enfermés dans un coffre. o,ù ils ne foient point ex-
po-fés à la poufiière, pour les faire paffer dans le
befoin fous les roues & entre les couflinets propres
à finir la verge de plomb, qui s’alonge quelquefois
du triple de ce quelle portoit lorfqu’elle n’avoit
encore paffé que par l'embauche. Cette première
opération eft inféparable du tire-plomb d’A llemagne
: fans elle , le plomb feroit trop rude à
tourner , & ne venant jamais bien au degré de
perfe&ioo qu’il doit acquérir, fatigueroit en vain
les pièces du tire-plomb, & les forces de celui qui
le fait mouvoir ; au-lieu que les verges d’embauche
étant déjà préparées par la première opération,
qui a diminué le volume du lingot et? le preffant
oc l’aîongeant , fileront bien plus doux dans la
fécondé opération. Ç’eft fans doute cette double
opération qui détermina le Français qui aime .la
diligence dans l’ex-écution , à tenter les moyens
de Amplifier cette m achineen obtenant par une
feule opération , ce que le tire-plomb d’Allemagne
ne donnoit qu’en deux, comme nous allons bientôt
le développer.
Les Français qui fimplifièrent le tire-plomb , lui
donnèrent deux jumelles terminées par le bas de
chaque côté, par deux empattemens d’environ deux
pouces de faillie , pofés à plat fur le banc du tire-
plomb. Chaque jumelle eft percée à diftance égale,
de quatre trous. Celui d’en-haut & celui d’en-bas
fervent à faire paffer dans la jumelle de devant
les vis des deux entre-toifes deftinées, comme
dans le tire-plomb d’Allemagne, à affembler les
deux jumelles avec les mêmes précautions relatives
aii rafraîchi ffement des couflinets. Les deux
trous parallèles de la jumelle de derrière fervent
à introduire les talons qui doivent former fur
Cette partie , les rivures de chaque entre-toife.
Les deux trous du milieu de chaque jumelle font
ouverts en un rond calibré fur la groffeur des
arbres qui doivent y tourner. Chaque arbre porte
dans fon milieu une roue faillante, prile dans le
même morceau que l’arbre, polie & arrondie au
tour, & taillée fur fon épaiffeur, de demi-ligne
en demi-ligne, comme dans le tire-plomb d’Allemagne.
Ces arbres fe terminent enfuite de lu partie
ronde qui doit rouler dans la jumelle de derrière,
par un quarré plus petit que cette partie ronde,
faillant hors des jumelles, dans chacun defquels
paffe un des pignons calibrés dans leur ouverture
du milieu fur le même quarré ; ils y font retenus
par un écrou à vis. L’arbre d’en-haut, qui paffe
dans la jumelle de devant , n’excède point en
faillie l’arrafement de la furface de ladite jumelle.
Celui d’en-bas eft femblable au précédent fur le
derrière ; mais il eft beaucoup plus long, & fe
termine fur le devant en une tige quarrée qui
doit recevoir la manivelle , qui n’y eft point rete.
nue, comme dans le tire-plomb d’Allemagne, pajr
un écrou à vis.
Il h’eft pas néceffaire de répéter ici ce que nous
avons dit fur la fon&ion des roues de ces arbres-
elle eft la même que dans le tire-plomb d’Allemagne
, ainft que celle des couflinets-, beaucoup
plus étoffés dans les tire-plombs français ; ils font
retenus fur chacune des jumelles| oh i’s font ap.
pliqués par des tenons ou queues faillantes qui
entrent jufte dans des entailles pratiquées dans
l’épaiffeur des jumelles. On voit par ce que nous
avons dit plus haut, que les pignons , au-lieu d’être
fur la jumelle de devant, comme dans les tire-
plombs d’Allemagne , faillent fur la jumelle de
derrière. Mis en mouvement par la manivelle, ils
produifent par une feule opération , le même effet
que le tire-plomb d’Allemagne produit en deux;
enforte qu’un lingot de plomb de douze à treize
pouces, paffé une feule fois par le tire-plomb de
France , fournit une verge de p-omb finie de cinq
pieds et plus de longueur, félon que le lingot eft
plus ou moins fort, ou que la verge de plomb
aura plus ou moins de face ou de forcer
On fent aifément, par la comparaifon de ces
deux machines, que la main - d’oeuvre du tire-
plomb français doit être bien plus pénible pour
celui qui le fait mouvoir ; que par conféquent
toutes fes pièces , bien plus fujettes à s’échauffer
dans l’aâion , doivent être d’un volume plus fort,
pour, avec la dureté de la trempe qui leur eft ft
néceffaire, être plus en état de réfifter à la plrs
forte preftion qu’exige cette unique opéra tien,. &
aux froitemens qu’elle leur fait éprouver avec
plus d’in fiance. Il n’y a que les pignons & les
roues q . i , n’ayant pas plus de dimenfiôn & de
force que ceux & celles du tire - plomb d’Allemagne,
font aufli plus fujets à fe caffer & à s’égrener.
Ces aecidens à la vérité feroient plus rares,
fi l’on ne paffoit dans un tire-plomb quelconque
que des lingots moulés dans une lingotière faite
exprès pour le tire-plomb.
Les tire-plombs français s’arrêtent fur le banc
avec quatre vis en bois, qui paffent au travers
des trous percés dans chaque empattement des
deux jumelles, ou bien, ce qui eft beaucoup plus
folide, ils y font retenus par des montures qui fe
terminent en-haut par un T , & qui, ferrant de
chaque côté les deux empattemens, & paffant à
travers l’épaiffeur du banc, font arrêtés par de
forts écrous à vis contre ce banc, que l’on garnit
en-deffus d’une forte femelle de fer, contre laquelle
l’écrou ferre la vis plus étroitement qu’elle
ne feroit contre le bois nu.
On pratique en-devant du tire-plomb de France;
V I T
Ltnme du tire-plomb d’Allemagne, du côté de la
Lus grande engorgeure.des couffinets , une plaque
[ordinaire ment de cuivre eu de tôle polie, qui s’y
Lppüque, ou en couliffe fur Je bord des deux ju-
LSles, ou par une efpèce de reffort ajufté fur
lentre-toife d’en-haur. Au milieu de cette plaque
[eft percé un trou quarré , directement oppofé à la
Lfdite engorgeure. On nomme cette plaque le eon-
Muiïeur, parce que le lingot de plomb paffant au
travers de ce quarré, fe trouve dans un point de
[dire&ion qui l’empêche de vaciller à droite ou à
[gauche, lorfqu’il file dans le tire-plomb. Ce con-
[dufteur facilite auffi aux roues le moyen de preffer'
[égi'ement le coeur du lingot ou de l’embauche.
[Enfin, fur lè côté oppofé, ôc vis-à-vis la plus petite
jengorgeure des couflinets, à fa hauteur, on ajufte
[une couliffe de bois de cinq à fix pieds de longueur,
[qui reçoit 1* verge de plomb au fortir du tire-
iplcinb..
V I T 6 7 9
J tent , pour en former les ailes de la verge de
plomb tirée, 6c. que le trop d huile la retarde dan»
les tire-plombs de F rance , dont , comme nous
l’avons dit ailleurs, les roues font déjà-trop liues
au fortir de la main de l’ouvrier.
Le tire-plomb .d’Allemagne a encore cet avantage
fur le tire-plomb irançais, que la meme
carcaffe & les mêmes arbres peuvent fervir pour
y tirer des verges de plomb de toute forte de
calibres, en changeant lentement les couflinets
fuivant le beloin, 6c pour donner à la verge
de plomb telle chambrée que l’on veut, en chanfc
géant de roues plus ou moins épaifki.
Il y a des tire- plombs d’Allemagne qui peuvent
donner des verges de plomb depuis deux lignes
de face, & depuis moins qu’une ligne.jufqu’à-
deux lignes de chambrée.
On ne peut ufer de trop de propreté pour conserver,
le plomb fondu en lingot ou tiré en embauches
, avant que de le faire paffer au rouet ou j
tire-plomb ; un grain de fable qui s’y reocontrerou,
[étant capable de faire caffer une roue, d’écorcher
un eouffinet. ou de faire égrener les dents d’un
pignon. Il eft bon auili de nettoyer de temps en
[temps avec un linge doux , les pièces d’un tire-
[plomb pour en enlever une efpèce de cambouis
[qui le forme autour des pignons des arbres, &
[quelquefois même des eouffinet«. Ce cambouis eft
[occafionné par le peu d'huile que l’on introduit
[autour de ces pièces,, & dont on frotte même les
lingots de plomb avant que de les introduire, tk
[par le mélange qui fe fait de cetre huile avec les
[particules di fer qui fe détachent par les frottemens ,
j& li pouftïère qui vole fans ceffe, quelque foin
[que l’on prenne de couvrir le tire-plomb, fitôt que
l’on ceffe de s’en fervir. .Une légère gefutre d huile
[fiiflit pour oindre chacune de ces pièces j & le plus
léger frottement d’un lingot de plomb , paffé par
il’extrémité des doigts que l’huile n’a fait qu’efileu-
; rer, eft plus que fuffilant pour le faire giiffer, &
[diminuer la force des frottemens réitérés des fur-
jfaces des pièces du tire plomb, qui s'écluuffe-
roient trop tôt fi on négligeoit de mettre de l'huile.
Mais pourquoi les pièces d’un tire-plomb d’Allemagne,
bien moii s étoffées que celles d’un tire-,
plomb français, à l’exception des. pignons & des
roues qui font les mêmes, font-elles moins promptes
à s’échauffer ? Pourquoi les tire-plombs d’Allemagne
fo.uffreiît - ils plus d'huile fans rebuter le
plomb, que les tire.-plombs de France? C’eft que
les roues ou bagUes .d’un tire-plomb d’Allemagne
étant hachées fur leurs furfaces par des coups de
lime en tous fens, l’huile qui en remplit les inégalités
les plus grofiières, les rend plus litres &
plus propres à gli.ffer fur ‘ les aillerons du lingot,
pour accélérer l’adion des couflinets qui les pref-
Dans le tire-plomb français, le changement de
coulïinets y ajufiés peut bien opérer des plombs
de faces differentes; mais les roues n’étant pas
amovibles, & ne fanant qu'un avec l’arbre, torique
l’on a befoin d’une chambrée plus ou moins
large, d’un coeur plus ou moins fort, il faut fut
un tirer plomb autant de paires d’arbres qu’on en
defire de differentes chambrées, ou coeurs, qui
augmentent le prix du tire-plomb, chaque arbre
coûtant trois livres, & plus, félon leur force.
Ces avantages du tire-plomb d Allemagne fur
le tire-plomb français, & fur-tout la douceur du
premier, bien moins fat.gant que le fécond',
confirmés par l’expérience, ont actiré les regards
des vitriers les plus verfés dans l’emploi du plomb
dans les vitres, fur le fucces avec lequel le fleur
Lamovteéleve d’un des- defeendans de ce Ha-
roux de . Saint-Mihiel en Lorraine, dont nous
avons parié, fe diilmgue dans la faorique des
tire-plombs d’Allemagne, même des tire-plombs
, français, & de tons les outils qui concernent la
yitrerie. Domicilié à Paris depuis plus de quarante
ans, il en fournit des premiers plus que
jamais dans la capitale, 8c 6c meme pour les
contrées les. plus éloignées. Les vitriers ne font
pas les fèuls qui : connoiffènt ion habileté en ce
g e n r e le s favans dans la mécanique l’ont honoré
de leur.:dfiime en employant fen talent ; &
feu M. d’Ons^enS'Bray a fait placer un tire-plomb
de fa façon , entre les machines que l’académie
des fciences conferve dans fes cabinets.
Nous finirons ces deferiptions en difant que
toutes les différentes pièces dont un tire-plomb
d’Allemagne ou de France eft compofé, doivent
être exactement établies & repairées entr’elies par
des points ou des lettres alphabétiques, tant fur
les jumelles que fur Iefdites pièces refpeCHve-
menr, afin que quand on les a démontées, on