
tier à Paris, me S. Honoré, hafarda de les raf-
fembler & de les faire travailler pour fon compte.
En établiffant fa nouvelle manufa&ure , & en
adoptant la folidité du vernis dont nous avons
parlé ci-deffus, lequel n’éclate dans aucun cas,
même dans celui où il faudroit réparer une pièce extrêmement
boffuée, le fieur Framery a abandonné la
manière de traiter des Anglois, quant à ce poli
luifant dont ils recouvrent le fond d’écaille qui
fert de bafe à tous leurs ouvrages, & quant à
la beauté des peintures , à moins qu’on ne les
lui demande exprès , & que des amateurs curieux
ne veuillent y mettre le prix.
Pour fe prêter au goût du public, il ne fait exécuter
chez lui que des ouvrages qui ont une couverte
d’aventurine , de japonné, de faux laque
de la Chine, & de fauffe porcelaine, qu’on fait
avec une certaine terre modelée en relief, & qui
conferve toujours un luifant mat, malgré le vernis
tiès-limpide dont on recouvre l’or & les couleurs
qu’on y applique. Parmi les ouvrages de
cette dernière fabrique, dont quelques-uns font
dans le goût de ceux de la Chine, on en trouve
de trèi-bien peints en couleur bleue ou rouge,
& fur lefquels les deffeins-, les reliefs en or &
en argent, & les peintures , font relatifs aux facultés
de l’acquéreur.
V ernis , ou enduit de Suède. En Suède , ce pays
fi riche en mines de fer, les maifons font cou.
vertes de tôles ; ces tôles que l’on recouvroit d’une
couleur rouge étoient fouvent altérées par la rouille,
qui rongeoit la tôle & la trouoit ; mais on a
trouvé un moyen plus certain pour les garantir
de la rouille ; c’elt un enduit fait avec de la
fuie diffoute dans du goudron que l’on applique
fur ces tôles, en appuyant fortement avec des pinceaux
dont les foies font courtes fit bien ferrées',
cet enduit devient un vernis noir très-beau &
très-luifant, & qui garantit très-bien ces toits de
la rouille.
Ce que les Suédois ont imaginé d’avantageux
pour leurs toits, nous pouvons le pratiquer ici
fur les ouvrages de tôle qui font expofès à l’air ;
mais au lieu qu’ils appliquent ce vernis au printemps,
parce que chez eux la chaleur n’y croît
que par degrés , nous devons l’appliquer dans
l’automne où la chaleur décroît par degrés, tandis
qu’au printemps elle croît plus rapidement.
,T O L U .
T O L U
( Art de récoltei
L e baume de Tolu que l’on appelle encore
communément baume d’Amérique, baume de Car-
ihagène, baume fec , eft un fuc réfineux, tenace,
d’une confiilance qui tient le milieu entre le
baume liquide & le fec ; de couleur rouge brune,
tirant fur la couleur d’or , d’une odeur très-pénétrante
, qui approche de celle du benjoin ou
du citron, d’un goût doux & agréable , & qui
ne caufe point de naufées comme les autres baumes.
On apporte le baume de T o lu , dans de petites
calebaffes d'une province de l’Amérique
méridionale fttuée entre les villes de Çarthagène,
&de Nombre de Dios.
Les Indiens appellent ce pays du nom de Tolu ,
& les Efpagnols lui donnent celui de Honduras.
Ce baume fe fèche avec le temps, & fe
durcit de forte qu’il devient friable.
le baume de ).
L’ arbre qui le porte s’appelle Balfamum Tolu-
tatum, ou Balfamum de Tolu.. Cet arbre eft fem-
biable aux bas pins. Il répand de tous cotés plu-
fteurs rameaux , &. il a des feuilles femblables an
caroubier, toujours vertes.
On fait une incifion à l’écorce tendre & nouvelle
\ on reçoit la liqueur qui coule dans cuillers
faites de cire noire \ -on la verfe enfuite
dans des calebaffes, ou dans d’autres vaiffeaux
que l’on a préparés pour cela.
On attribue à ce baume les mêmes vertus
qu’au baume du Pérou. Les Anglois en font
un fréquent ufage pour la phthifte & les ulcérés
internes.
Mêlé avec un jaune d’oeuf & du fucre , il
forme un remède reftaurant & affez agréable.