
L ’ a rt d e jo in d r e p a r la fu.fi.on d e u x e fp e c e s de verre
p o u r la gravure en r e l i e f j
M. Gerhardt, Confeiller privé des Finances au
département des mines du roi de Pruffe, a publié
récemment un ouvrage intéreffânt,^intitulé : EJfai
fur l'ait des anciens, de joindre par là fufion:deux
efpeces de verre pour la gravure en relief. Les expériences
nombreufes de cet habile minéralogifte, -
méritent l’attention des favans. Voici un extrait
luccinél de fon ouvrage :
m Parmi les relies précieux de l’art des anciens,
en ouvrages de relief bien conservés, le trouve
le vafé d’onyx, qui, de la mai fon dt s princes
Barberini à Rome, a paffé au mu fée britannique.
D ’après le témoignage de tous les connoilfeurs, 8c
nommément du célèbre Winckelmann , cette pièce
admirable eft travaillée dans le ftyle qui délîgne
le beau fiècle des Phydias, & d’autres grands
artiftes, où l’ar t, en pirefque tous les genres,
■ paroiffoit avoir atteint le plus haut degré de per-
leélion. L’hilloire repréfentée fur ce vafe, prouve
d’une manière très-probable , qu’il ell l’ouvrage
d’un artiffe G re c , qui Voulut flatter l’ambition
d’Alexandre-le-grand , fur fa prétendue origine
divine. Les figures, principales repréfentent Olym-
p ie , & le Roi Philippe, fon époux, dans le moment
où ce Prince allant fe jeter dans fes bras, fut i
épouvanté par un ferpent qui fortit du fein de ,
fon époufe, au point qu’il laiffa tomber fon man- i
teau, pendant que Jupiter, caché derrière un '
arbre, fait éclater une joie maligne* Winckelmann
a cru que cé Vafe étoit un onyx ; mais le Chevalier
Haifiikôn, célèbre par fes recherchés fur les antiquités
& fur l’hilloire naturelle , a trouvé y én
l ’examinant avec la plus grande attention, qu’il
étoit de verre, que le verre noir lui fervoit de
fond, & que le verre blanc de lait, travaillé en
boffe, étoit pofé deffus. —- Lorfque le Chevalier
Hamiltôn, dit M. Gerhardt, étoit à Berlin , il y a
quelques années, j’eus le plàifir de bien examiner
ce vafe remarquable, 6c je reconnus que ce mimflre
Anglois a parfaitement indiqué la matière dont il
eft compofé ; car cette matière noire de ce vafe a plus de tranfparence que l’onyx de cette efpèce,
& on y voit ce clair vitreux, jaunâtre , propre aux
verres compofés de bafaltë & de lave. La forme ,
la conftruôion du v afe , prouvent même fuffifam-
ment qu’il n’eft point d’onyx ; il reiTemblè a une
bouteille d’eau commune, & ronde, à col plein
& uni, du diamètre de huit à dix pouces, & dont
He goulot étroit 8c cylindrique s’élargit vers l’extrémité
; les figures en bofie font prat quées tout
autour de ce vafe , 8c taillées dans une feule
couche ; or comme l’on fait que l’onyx a des couches
parallèles, il eft impôffible d’en faire un vafe de
cette forme avec des figures en relief qui l’en-'
tourent, & qui font taillées comme celles fur le
vafe en queftion. — L’art de joindre des verres
de diveifes couleurs, eft d’autant plus important
pour Panifie, que les onyx, qui pourroient fervir
à faire de grandes pièces dans ce genre, font très-
tares. Je me fuis occupé depuis quelque temps de
ce travail; j’en communique ici les réfultats, quj
font, à la vérité, imparfaits, mais qui exciteront
peut-être d’autres Savans à porter ce travail plus
loin, 8c d’y parvenir à la perfection».
» Il eft hors de doute que pour produire un
ony x artificiel,- il faut employer deux efpèces de
verre abfolument différentes l’une de l’autre ; favoir.
i’une facile à mettre en fufion, 8c l’autre qui fup.
porte.un degré beaucoup plus éminent de chaleur
avant de devenir fufible ; il faut en outre que cette
fternière efpèce dé verre ne Toit pas fujette à fe
crévaffer, 8c qu’elle puiffe, fans s’altérer, fôutenir
le degré de chaleur néceffaire à la fufion de la
première efpèce. Le verre ordinaire a trop de parties
fâlines , & ne peut pas , par conféquent, fervir
facilement à cet objet. Il eft néceffaire encore que
le verre qui doit approcher de l’onyx , ne foit qu’à
demi-tranfparent, ce que l’on pourroit obtenir,
à la yériîë, par une addition de terres métalliques;
mais alors il fe préfente un autre inconvénient,
c’eft que les couleurs changent aifément au grand
feu. Ces confidéfations me déterminèrent à me
procurer cette éfpêce de verre, au moyen d’une
pierre que l’on peut mettre en fufion fans aucun
mélange quelconque. Je choifis le bafalt , parce
qu’il produit à la fufion du verre dur, d’un noir
foncé., 8c parce que j’avois obfervé en d’autres
occafions que ce produit balfarique ne fe crévaffoit
point en paffant fubirement d’un degré de chaleur
à l’autre. Quant à l’efpèce de verre facile à mettre
en fufion, je devois prendre garde à ne pas en
choifir qui fût trop incifif, mais qui cëpendant
As’alliât folidement à une autre efpèce de verre. Je
me rappelai à cette occafion l’obfervation de Pline,
qui dit que les tailleurs de pierres aimoient de
préférence à tailler les onyx de Syrieparce
que leur couche blanche étoit prefqu'entièrement
opaque, & que le fond noir ne perçoit point;
c’eft cette qualité précifément que je cherchois
an fil. Pour cet effet, je tâchai d’obtenir cette efpèce
de verre par un mélange de terre 8c de pierres; &
comme je favois que le -fpath. fufible 8c la craie,
le fpath fufible & le gypfe, le feld- fpath ou fpath
dur 8c la craie pouvoient être fondus aifément
enfemble, j’en fis toutes fortes de compofirions, &
je trouvai enfin que le verre le plus facile à mettre
en fufion, 8c qui, en même temps, étoit prefqu’en-
tièrement opaque, pouvoit être produit par un
mélange de deux parts de fpath fufible 8c de trois
parts de gypfe fpatheux. Ce verre, d’un blanc de
lait, eft écailleux à la caffure, 8c il ne faut qu’un
quart-d’héure au plus pour le mettre en fufion. On
voit, par ce que je viens de dire, qu’avant tout
il faut fe procurer du verre pur de bafalt, que
l’on obtient par la fimple fufion du bafalt dans un
vafe bien fermé. Si le bafalt renferme beaucoup !
de parties martiales, il fe couvre à la fufion d’une
efpèce de peau brune ou jaune qu’ il faut ôter, &
remettre le verre bal fa tique à la fufion. On fait
çnfuite un mélange de deux parts de fpath fufible ,
& de trois parts de gypfe fpatheux ; on le fait |
fondre dans un creufét, & on verfe le tout dans
un mortier de fer, où l’on- réduit ce mélange à une
poudre très-fine. Lorfqu’on fë propofe de faire des 1
tablettes de verre pur bafaltique ou en fouffler des
vafes, on y applique d’abord, en manière d’émail,
la poudre de verre blanc ; on pofe enfuite la pièce
deffous le moufle pour opérer la fufion, on la
retire du fourneau lorfque le verre fondant ne fait
plus de petits oeillets, 8c on laiffe fe refroidir fuc-
ceflivement. Comme il eft effentiel que le verre
blanc foit très-pur 8c de couleur blanc de lait, il
eft néceffaire de s’affurer fi le fpath fufible 8c le
gypfe fpatheux ne renferment point de parties
martiales. Par cette même raifon il conviendroit ;
aufti de; faire l’opération du pofage, par la fufion
du verre Jftanc fur du verre noir bafaltique dans
des capfules fermées, 8c de fuivre le procédé pour
la fufion de la porcelaine, afin d’éviter, par ce
moyen, que tout le verre blanc ne foit point
expofé à , l’évaporation craffeufe du combultible.
Ces effais finis, j’étois curieux de favoir s’il n’étoit
pas poflible d’émailler avec ce verre blanc d’autres
pierres d’un fond foncé. Les efpeces pyriteufes,
quartzeufes 8c jafpeufes ne peuvent point fervir,
parce que les deux premières efpeces s’atrendriffent
au feu, que l’autrë change trop de couleur, 8c que
! toutes ces efpèces ne font pas fufceptibles d'un
[ beau poli. Je choifis donc des pierres qui durciffetït
' au feu, y confervent leur couleur ou.deviennent
blanches, 8c qui foient bonnes à polir. Ces pro-
: priétés fe rencontrent fur.-tôut dans le bafalt, la
i ftéatite rouge de Chine, 8c la ftèatite blanche de
: Bareith. Je couvris de verre d’émail dès tablettes
de bafalt taillé, 8c j’obtins par la fufion une cohéfion
[ parfaite des deux fubftances. Plus le bafalt eft dur
& campait, 8c moins il s’y trouve de grains de
fchorl, mieux il convient à cette opération. Je
\ réuffis encore mieux en faifant fondre le verre
| blanc d’émail fur-les deux fufdites efpèces de
: Aéatite que je fis durcir au feu, au point que,
frappées du briquet, il en fortit des étincelles ; la
j cohéfion des deux fubftances devint encore plus
fohder'Si ces 'deux efpèces de ftéatite ne ren-
[ ferment point de particules martiales , elles deviennent
au feu blanches comme .la porcelaine ;
l mais fi elles en font encore imprégnées , elles
[ deviennent jaunâtres : dans les deux cas cependant.
| elles prennent bien la poliffure. Ces derniers effais
F paroiffent indiquer que l’on pourroit aufti attacher
I le verre blanc fur les maffes de porcelaine ; mais
I on ferôit obligé de leur faire prendre une couleur ,
| & c’eft-:à précifément où l’on rencontreroit beau-
! coup de difficultés; car les chaux métalliques, qui
fendroient cette opération poffible, produifent avec
des verres de terre d’autres couleurs qu’avec des
verres de pierre , & elles demandent, pour la pro-
du&ion de la couleur, wn degré de feu plus confi-
dérable que ne pourroit fupporter cette opération.
L’alliage du verre blanc d’émail avec du cobalt,
la mine de fer & la manganèfe n’a point produit.,
dans mes effais, de couleur bleue, brune ou noire,
mais feulement un gris fale. Si ce verre d’émail
ne paroiffoit pas affez'dur 8c compaâ à l’artifte,
on pourroit y ajouter un peu de verre de plomb
très-fin, 8c Te faire refroidir tout doucement. Je
ne regarde mes effais que comme les premiers pas
faits pour retrouver dans toute fa perfeâion l’art
des anciens f d’attacher, par là fufion, deux diyerfes
efpèces de verre pour des ouvrages en bas-relief.
Etamage intérieur des vdijfcaux de verre.
L’amalgame que nous indiquons ici , eft tiré
de l’art des expériences de M. l’abbé Nollet. Il faut
pour cet amalgame deux parties de mercure , une
de bifmuth, une de plomb 8c une d’étain. Vous
procéderez de la manière fuivante.
Faites fondre l’étain 8c le plomb enfemble dans
un creufet; ajoutez-y le bifmuth écrafé en petits
morceaux, 8c quand celui-ci fera fondu mettez y
le mercure que vous aurez purifié auparavant :
laiffez refroidir ce mélange quand vous l’aurez
écumé , 8c vous l’emploierez en le faifant couler
fucceflivement 8c lentement fur toutes les parties
de la furface intérieure des vaiffeaux de verre qui
doit être bien nette, bien fèche, 8c un peu chauffée.
Des verres de bouteille confidérès relativement au vin.
M. Teflié Duclofau, médecin à Angers, a été
chargé , dans une conteftation élevée entre quelques
perfonnes, par le tribunal de juftice, a’analyfer
. des bouteilles à vin qui avoient été vendues par
un verrier de Souvigny en Bourbonnois, à un
habitant de cette province. Le même vin fut
mis dans des bouteilles de cette verrerie 8c dans
celles de Ne vers. Le propriétaire fut très-étonné
de trouver mauvais le vin contenu dans les bouteilles
de Souvigny, tandis qu'étant le même, il
avoit confervé fes bonnes qualités dans les autres
bouteilles.
L’analyfe a jeté un jour lumineux fur cet objet,
en prouvant que lé vin a été dénaturé par la
mauvaife compofition des bouteilles.
^ Deux caufes fur-tout les rendent vicieules.
i°. Plufieurs efpèces de verres n’ont point la
dureté néceffaire, faute de fufion fuffifante, puif ,ue
le tartrite acidulé de potaffe du vin,les décompofe.
i° . Elles contiennent fouvent un excès de fondant
terreux, impur, au lieu de fondant falin, feul
J propre à former un bon verre.
Ç c c c 2