
me. Il eft important de là conserver, fi l’on vent
parvenir à faire des moulures exa'des & bien décidées.
Un particulier témoin des opérations qu’on vient
de détailler, co.nfeilia de fe fervir des pierres à
aiguifer les outils d’acier , âu-lieu d'étain & dé
cuivre chargés d’émeril : il èft en effet tres-poffible
de tourner le verre avec ces fortes de pierres ; mais
l’opération feroit plus lente', parce qu’il- n’y a point
de corps, fi l’on excepté lé diamkrjr, qui ’morde for
le verre, comme l’émeril. Les curieux qui voudront
faire des.effais en ce genre, jugeront par l’expérience
lequel des deux Moyens doit être préféré1.
On comprend qu’il feroit également poflible de
travailler un bloc de verre, üt de le former à fa
volonté ; mais il eft plus prompt, plus commode,
& plus avantageux d’exécuter ces projets fur une
matière foufflée & tenue fort égale, ce qui eft
une préparation pour la mettre fur le tour.
Aurefte, les Romains connoiffoient toutes les
fineffes de cette pratique, comme on le voit par des
monumens de leur indufirie qui nous reftenr. Ils
avoient auffi l’ufage de la gravure fur la piaterie
de verre. Air.fi , comme Pline l’aflure, les anciens
tournoient le verre, & le grayoient comme de
l’argenr.
Cet article fourni par M. dé Xaucourt à pe.,,
cyclopédie in-folio', préfente un ufage du verre*
peu commun mais très agréable' : il. eft , f0lls ce*
point de vue, trop intéreifant pour que nous ne
nous foyons pas emprèfles à l’inférer ici.
Verrier. Ce mot peut exprimer en général tout
artifte qui s’occupe de" la fabrication du verre - j|
eft plus particulièrement employé dans les verre-
ries à déflgner les ouvriers foiiffl'eurs. Il y a au (fi
à' Paris une communauté 'dé marchands verriers
maîtres couvreurs de flacons & bouteilles enofier-
ils vendent toute èfpèce de marchandîfes de verre
en affortimens, & dé là fayance. Ce font ces marchands
qu’on appelle communément fayanciers
parce qu’ils font un grand; commerce de cette forte
de vaiflélle de terré, dont l'invention vient de
Faen^a petite ville d’Italie.
Les plus anciens ftatuts qu’on ait de cette communauté
avoient été accordés par lettres patentes
de Henry IV du 20 mars 1600', vérifiées en parlement
le 12 mai fuivantl Les nouveaux ftatuts font
de 1658. ^ La Mare , Traité de la police).
Cet article e ft,.en grande partie, de M. de
Jaucourt.
Par M. A llut.
V ERRE AU F O U RN E A U ,
d e l ’ y c o u r b e r , d e l ’ y r e f o n d r e .
( Art d’amollir le )
O n ne trouve dans l’ancienne encyclopédie
aucune trace de cet art : depuis long-temps cependant
on mettoit à profit i’a&ion du feu pour
courber le verre. C’eft à l’aide du feu qu’on a
toujours bombé les verres des montres, ceux des
pendules, etc.
Quant aux moyens employés pour opérer la
refonte de cette fubftance, fans qü’il en résulte
ni bulles ni fines ; pour convertir, par.exemple ,
en un prifmé bien tranfparènt, bien n e i, & dont
les faces porteront douze, quinze et julqu’à dix-
huit-lignés , urie bande de' glace épaifle au plus
d-’un,,demi-pouce , l’édition primitive n’en pouvoir
point parler : cette décoùverte étoit encore à
faire-, ■
Nous en rMnmss redevables aux recherches de
feu M. Paris, célèbre opticien de la capitale.
Mon plan eft d’expofer d’abord la manière-de
courber lé verre ; nous pafletons enfoite à sa refonte
: telle eft la marche de l’art même ; la première
opération a conduit à l’autre.
Du fourneau.
La grandeur du fourneau fera réglée fur le vo lume
des pièces qu’on a le deflein d’y travailler.
On adoptera donc, on développera, ou l’on ref-
treindra les dimenfionS que je vais donner.
Sous le manteau d’une cheminée, on conftruit
en maçonnerie un mafîif cubique d’environ deux
pieds. Sur cette bafe, et tout contre fes bords, on
établit quatre petits murs épais d’une demi-brique >
& que d’abord on n’éiève qu’à huit pouces. Ces
murs, à l’extérieur, paroiffent être une prolongation
du maffu ; mais l’intérieur demeure vide ,
& fert de cendrier. Il faut donc, en les édifiant,
ménager au milieu de l’un d’eux une ouverture
en forme de porte : cinq pouces de largeur & fix
pouces de hauteur fufliront. Cette ouverture prendra
naiftance fur le mafîif, & fera couronnée par
une brique.
Les huit pouces élevés de niveau tout autour,
oh place sur la dernière afiîfe une fuite de barreaux
de fer, éloignés parallèlement pntr’eux de fix à
fept lignes. Ces barreaux régnent d’une paroi à
l’autre , & compofent la grille horizontale qui plus
tard foutiéndra le charbon.
Il ne refte qu’à exhauffer de feize pouces les
petits murs ; à pratiquer, trois doigts au-deflus de
la grille, une fécondé porte femblable à la première
, et le fourneau fera fini. Deux bouchons ( 1)
appropriés à ces portes , & garnis d’une poignée,
les fermeront quand le befoin l’exigera.
On voit que le fourneau comprend trois parties
diftinâes ; la bafe, le cendrier, & le four proprement
dit. A la rigueur il feroit poflible de iup-
primer la bafe ; & le cendrier commenceroit à
fleur de terre. Cependant, pour la commodité de
l’artifte, il eft beaucoup mieux d’élever le fourneau
fur un maflif.
Le mortier propre à cette conftruâion eft un
mélange de deux tiers d’argile fur un tiers de fable
, qu’on arrofe à diverfes reprifes , & qu’on
bat foigneufement.
Si le maçon tient fes joints ferrés, qu’il ren-
duife fes murs tant au dehors qu’au dedans, &
qu’il entoure l’aflife fupèrieure d’une bande de
fer , l’ouvrage aura toute la perfection & toute la
folidité requifes.
On ne doit faire ufage du fourneau qu’après
qu’il fera totalement fec. Pour le fécher, on aura
recours au feu : l’air agiroit trop lentement. On
commencera par une chaleur modérée. On pourra
(1) Ces bouchons sont ordinairement en terre cuite.