
riers. Participant à la fois de la nature faline ,
& de celle des chaux métalliques, il devroit
agir fur les terres vitrifiables , & comme fondant
falin , & comme fondant phlogiftique ; mais il
jouit d’une propriété , fa grande volatilité qui en
reftreint beaucoup l’emploi dans la verrerie :
aufli les académiciens de Dijon, ( éléinens de chimie.
T . a , pag. 289, 290 ) , reconnoilfent-ils qu’il
n’attaque les terres vitrifiables, ni par la voie humide,
ni par la voie fèche. « Que l’on mêle ,
«* difent-ils , en telle proportion qu’on voudra
*> l’arfenic & le quartz pulvérifés, l’arfenic fera
» volatilifé en entier , avant que le fable ait
» éprouvé le degré de chaleur néceffaire à fa
» fufion. » M. Macquer, ( di&ionnaire de chimie,
art. vitrification ) , fembie au contraire recon-
noître à l’arfenic beaucoup d’aâion fur les terres
vitrifiables : il ajoute cependant peu de lignes
après, qu’à raifon de fa volatilité, on ne réufiiroit
pas même à faire du verre , fi l’on n’employoit
que l’arfenic feul pour fondant ; & à l’article
arfenic $ il l’annonce comme très volatil , mais
comme fufceptible de fe fixer en partie, par l’adhérence
qu’il çontraâe avec certaines terres, même
jufqu’au point de foutenir le feu de vitrification.
M. Bergman , dans fa differtation fur l’arfenic ,
reconnoit au régule d’arfenic, une grande volatilité;
cette qualité eft moindre dans la chaux
d’arfenic du arfenic blanc : cette dernière fubf-
tance eft un acide uni à au moins j de phîo-
giftique. L’acide pur eft fixé par lui-même , mais
expofé à l’a&ion d’un feu violent , il prend
du phlogiftique , par la décompofition de la
matière de la chaleur , redevient arfenic blanc ,
& par une nouvejle addition de phlogiftique ,
il reproduit le régule qui jouit alors de toute
fa volatilité. L’arfenic blanc projeté dans du nitre
en fufion , acquiert une certaine fixité, par une
double décompofition : l’acide nitreux s’empare
du phlogiftique abondant de l’arfenic, fe volatilifé
avec lui, & l’acide arfenical fe combine avec la
bafe du nitre. L’arfenic blanc fe comporte à peu
près de même avec l’aikali , pour former un'fel
neutre arfenical, où l’arfeniç fe trouve fixé. De
ces divers faits , il faut conclure, que les artiftes
verriers , qui employant de l arfenic , agiffent
conféquemment aux principes , en n’en faifant
pas leur unique fondant, & en fe contentant d’en
mêler une a fiez’ petite quantité dans leurs compo*
lirions.
Je ne regarde pas l’utilité de l’arfenic dans le
verre, comme parfaitement démontrée , mais les
effets qu’en attendent ordinairement les artiftes ,
font, de faciliter la fufion, d’entraîner dans fa
volatilifation le principe colorant qui affeâe quelquefois
le verre , & par l à , de faire obtenir un
verre plus net & plus blanc. Si l’arfenic remplit
véritablement ces vues importantes , il fe fait
plutôt mécaniquement , que par l’effet d’une
cembinaifon réelle avec le verre. On le place
ordinairement vers le fond du creufet : alors
cédant à fa grande volatilité, il tend à s’élever
en vapeurs, mais il ne le peut, fans foulever la
maffe de matière qui le couvre , fans exciter
une vive ébullition j & par ce mouvement indif.
penfable, il rend le contenu du creufet plus perméable
à la chaleur, plus fufceptible de fon action
, & de cette manière , il peut augmenter la
fufibilice , comme en fe diffipant il entraîne le
phlogiftique furabondanr. Il n’eft pas douteux ,
qu’il n’en refte une partie fixée dans le verre ,
mais il me paroîtroit qu’elle feroit plus nuifible
qu’utile ; car elle ne peut y exifter que par la
combinaifon de l’acide arfenical, avec les autres
fondans employés dans la compofition , & alors
i° . elle diminue la quantité des fondans , fur
l’efficacité defquels on comptoit, en s’emparant
dune portion de ces mêmes fondans; 20. l’arfe-
nic fe trouve dans le verre en état de fel neutre,
dont les parties interpofées entre celles du verre,
troublent-la tranfparence de celui-ci, & le rendent
opaque où laiteux : en effet tel eft l’état du verre
dans la compofition duquel on a fait entrer une
trop forte dote d’arfenic. Lors-même qu’une quantité
confidérable d’arfenic , n’eft cependant pas
fuffifante pour rendre le verre opaque , ce dernier
ne laiffe pas de fe ternir par la contaâ de
lair :.il eft naturel qu’il participe aux propriétés de
l’arfenic blanc , qui., dans quelques circonftances,
eft tranfparent comme du verre , mais dont la fur-
face redevient bientôt opaque à l’air ( Opufc. de
Bergman, tom. 2 , pag. 291 ) . Nous verrons, en
difeutant l’effet de la manganéfe dans la vitrification
, que l’arfenic doit verdir le verre plus ou
moins.
, Sels neutres.
Les fels neutres, j quoique fufibîes, ne peuvent
fervir à la vitrification : l’acide qui les compofé,
eft trop imimément uni à fa bafe, pour que ni l’un
ni 1 autre ait une aâion efficace fur la terre-vitri-
fiable. Il faut cependant diftinguer de cette règle
générale, ceux qui, comme le nitre, font aifé-
ment décompofés. L’acide du nitre , par fa grande
affinité avec le principe inflammable, fe combine
avec le phlogiftique qui lui eft fourni par les autres
fubftances qui font partie de la compofition $ fe
volatilifé avec lui, & abandonne l’aikali fixe qui
formoit fa bafe, & qui, devenu libre , a une vive
aélion fur les terres vitrifiables. Le nitre fert donc
de fondant. Nous avons v u , dans l’article verre
de ce di&ionnaire , que' c’étoit même .le fondant
le plus connu des anciens; & tout fel neutre à
bafe d’âlkali fixe, qui auroit ainfi la propriété de
fe décomposer facilement, pourroit être employé
au même ufage.
Le horaXf
Le borax eft un fel neutre qui, pouffé pur &
fans
fins mélangé au feu de fufion , fe fond en une
maffe vitriforme, & qui n’a pas befoin d’être dé-
compofé pour agir puiffamment fur les terres vitrifiables.
L’alkali fixe minéral lui fert de bafe ,
& fon acide eft le fel fédatif, dont nous avons
parlé ci-deffus : or , ces deux fubftances conftku-
antes, ont l’une & l’autre la propriété d’entraîner
la terre vitrifiable dans leur fufion ; le compofé ne
peut manquer de faire un effet femblable. Le haut
prix du borax l’ éloignera toujours de la plupart
des travaux en grand de la verrerie, mais il eft :
très-utile , employé en dofes médiocres , & par
conféquent peu couteufes, lorfque l’on eft obligé
par quelque circonftance , à fe fervir de fondans
de mauvaife qualité. Il m’a été très-utile en pareil
cas. ’
A l k a l ï s volatils,
Les alkalis volatils ne font pas propres à l’ufage
de la verrerie , à raifon de leur volatilité qui les
oblige à céder à l’aéfion du feu , en moins de tems
qu’il n’en faut .au fable pour entrer én fufion.
Alkalis fixes.
Les alkalis fixes font, des fubftances falines ,
celles qui diffolvènt le plus efficacement la terre du
genre des icailloux parla voie fèche : ce font auffi
les fondans les plus employés à l’ufage de la verrerie.
On en connoît de deux fortes , l’aikali fixe
végétal, & l ’alkali fixe minéral : on défigne par
la Ie. dénomination , celui qu’on obtient par voie de
lixiviation des cendres obtenues par la combuftion
des'yégétaux, & on entend par l’expreflion de
minéral , celui qui fait la bafe du tel marin. La
décompofition de cette dernière fubftance fourni-
roit fans doute l’alkali minéral le plus pur ; mais,
faute d’un procédé connu affez économique, on
extrait par lixiviation , l’alkali contenu dans les
cendres des diverfés plantes maritimes , connues
& cultivées fous le nom de kali, après avoir établi,
par l’obfervation que l’àlkali fixe de ces cendres,
eft de l’alkali fixe minérale, c’eft-à-dire, le même
que la bafe du fel marin.
L’alkali fixe végétal , & l’alkali fixe minéral
ont des propriétés affez anologues : l’un & l’autre
ont une faveur urineufe , cauftique , & brûlante ;
on les obtient aifément tous deux fous forme concrète,
ils verdiffent également les couleurs bleues
extraites des végétaux; ils rendent les huilesmif-
cibles à l’eau, en formant avec elles un compofé
connu fous le nom de favon : combinés avec les
acides , ils forment divers fels neutres ; ils attirent
puiffamment l’humidité de l’athmofphère. On ob-
ferve cependant dans leurs effets, des différences
fenfibles. L ’Alkoli fixe minéral eft le plus fufceptible
de criftallifation que l’alkali fixe végétal :
il fe criftalife, lorfqu’il eft pur , par évaporation ,
& réfroidiffement en très-beaux criftaux blancs ,
Arts & 'Métiers, Tome VIU*
& tranfpàrens , qui retiennent plus de moitié, r'e
leur poids d’eau de criftallifation : l’alkali végétal
expofé à l’humidité de l’air, tombe en détiquel-
cence , c’eft-à-dire , fe réduit en liqueur ; l’alkali
minéral, dans la même circonftance , effleurit &
tombe en pouffière. Traités l’un & l’autre avec
les mêmes acides , ils produifent des fels neutres
différens ; le favon fait avec l’alkali végétal ,
demeure mou ; celui produit par l’alkali mir éral
durcit au contraire. Le verre fabriqué avec l’alka-
li végétal eft plus dur , moins coulant, que celui
dont l’alkali minéral eft le fondant ; mais ce
dernier verre eft d’une teinte plus bleuâtre, moins
blanche que le I er.
Cendres.
Les cendres des végétaux contiennent , outre
l’alkali que l’on y trouve après la combuftion ,
une fubftance terreufe , & divers fels neutres , à
bafe d’aikali fixe végétal , fur-tout du tartre vitriolé
, & du fel de filvius. Les fels neutres ne contribuent
pas à la fufion des teires viftifiables , mais
ils viennent former au deffus du creufet un bain,
q u i, par l’aâion du feu de vitrification , fe réduit
en vapeurs avec plus ou moins de facilite. Ce
mélange de fels neutres eft connu fous le nom de
fuin, de fel ou fiel de verre. La terre des cendres
eft entraînée dans la fufion du verre, mais elle
eft peu propre à fervir de menftrue au fable. Il
s’enfuit que les cendres font de meilleure qualité ,
en raifon de la plus grande abondance de leur
alkali, & de la moindre quantité des fels neutres
qui y font combinés.
L’ on a obfervé que les cendres des plantes légu-
mineufes font celles qui contiennent le plus d’al-
kali , que les bois les plus durs , les plus denfes
fourniffent le plus de cendres, mais auffi que l’ai—
kali extrait de la cendre des bois blancs & légers,
contient moins de matière graffe , de principe
colorant ; que les cendres des arbres vieux & vè;-
moulus , contiennent plus d’alkali que celles des
arbres fains & de belle venue : la vermoulure
même fe convertit par la combuftion prefque
entièrement en alkali fixe : les cendres des racines
font plus chargées d’alkali que celles du tronc ,
celles-ci le font plus que celles des branches , &
ces dernières plus que celles des feuilles. Si les
arbres les plus vieux font les plus propres à brûler,
pour en recueillir les cendres , les plantes au contraire
doivent être incendiées avant leur parfaite
maturité , & pendant qu’elles font encore vertes :
leurs cendres contiennent alors plus d’alkali. Toutes
ces obfervations fe trouvent plus détaillées dans
un mémoire de M. Dantic, fur la potaffe ( T. 2
de fes oeuvres ). Je dois avertir ici que , felrn
des obfervations que M. Chaptal profeffeur de
chimie , des états de Languedoc , a bien voulu
me communiquer, le bois pourri & vermoulu,
Hhh