
de fi us de la maffe vitreufe, fe diffipe , par la continuité
ce la chauffe, en fumées d’abord épailTcs
& noires, enluite moins abondantes & rougeâtres,
enfin légè, es & blanches. O11 fent parla, que,
lorfque les madères en contiennent beaucoup, il
faut néceffairement perdre un temps préciqux à attendre
qu’il fe foit difiipé : on eft même obligé
quelquefois d’en enlever une partie de deffus les
pots, en le puifant avec des poches ou cueillères
de fer battu; on rempüroit le même objet avec
des cueii ères de cuivre, mais le fuin corrode le
■ cuivre plus aifément que le fe r , & l’emploi du
premier de ces métaux occafionneroit une augmentation
de dépenfe, fans aucun avantage. Une précaution
très-effentielle, lorfqu’on tire du fel de
verre, c’eft de ne le toucher qu’avec des- inftru-
mens très-fecs, & de ne le dépôfer que dans des
vafes aufli très-fecs ; on fe fert pour ce dernier ufage
de baquets de fer de tôle : la moindre humidité
fait faire au fel de verre très-chaud & fluide des
exploitons dangéreufes pour l’ouvrier, & le fait
jaillir en pluie de feu à une certaine diftance.
Le fel de verre , après fon réfroidiflèment, forme
une maffe concrète , quelquefois très-blanche,
mais fonvent plus ou moins brune & même noire.
Cette différence de couleur peut fans doute être
attribuée à la même caufe, que celle qu’on obfer-
ve aux fumées dans les divers temps de la fufion.
Au commencement, le fuin , s’élevant en vapeur,
enîraine avec lui le principe colorant groflier, avec
lequel il a beaucoup d’affinité, & attendu la grande
quantité de cette-fubftance , les fumées font
noires: le phlogiftique devenu moins abondant,
les fumées ne font plus que rougeâtres, enfin, par
la même caufe, elles deviennent blanches de
plus en plus légères. On peut donc conclure, que
le fel de verre réfroidi eft affeâé de diverfes nuances,
l'uivant l’inftant auquel on l’a pnifé fur les
pots.
La qualité corrofive du fuin n’eft nullement
équivoque ; ii eft très-aifé d’obferver fur un pot
ul’é & retiré du four,, à quelle hauteur fe font trouvés
les bains de fel de verre, à chaqtfe fois qu’on
a enfourné pour remplir le creufet, par le cordon^
qu’y a formé le fuin , en attaquant la fubftance
même du vafe. Il y a apparence que cet effet eft*
dû en grande partie, aux particules de feu qui fe
trouvent combinées avec le fel de verre dans fa
diffolution par ce menftrue,& au mouvement, dans
lequel font alors les parties de fuin , car, en fai-
fa nt diffoudre du fel de verre dans l’eau , quelque
faturèe que fût la diffolution , elle ne feroit jamais
le même effet fur un vafe d’argille dans lequel on
la tiendroit renfermée. Nous trouvons déjà deux
puiflantes raifons qui engagent le verrier, à choifir
pourfondans, autant qu’il le peut, les alkalis qui
contiennent le moins de fels neutres, l’économie
du temps, & la confervation dés creufets, mais
1 elles ne font pas les feules qui doivent l’y détep-
j miner.
Les points , bulles , ou bouillons que l’on remarque
dans le verre, font principalement dns au fuin :
la feule infptéfion fuffit, pour reconno.tre, que
ces défauts font produits par l’a&ion plus ou
moins développée de quelque matière fufceptible
d’expanfion , & on a long-temps cru , que l’air qui
fe dégageait du verre, pendant fa fufion, étoit la
vraie caufe de cet effet. Il eft poflible que l’air,
contenu, comme partie continuante, dans les matières
de la compofition , raréfié par l’aélion du
feu, forme, comme toute autre fubiUnce expanfi-
ve quelques bulles , mais M. Dantic obferve avec
raifon (r. 1 p. 8 mémoire fur la caufe des bulles
dans le verre) que l'air neft ni la feule caufe,
ni une caufe luffifante du phénomène, & qu’on
\ doit l’attribuer à une fubftance plus groffière qui
n’eft autre quelle fuin : fes expériences à cet égard
me paroilïent concluantes.
Il fit tirer du four un creufet contenant une
mufle de verre très-bouillonneufe. Il fe forma auffi-
tôt fur la furface du verre unecouëne, qui n’étoit
autre chofe que l’aflemblage d’une infinité de bulles
, rendues fenfibles àjl’obfervateur par leur multiplicité
, & par le réfroidiffement : cette couëne
fut enlevée, & il s’éleva auffi-tôt une vapeur blanche,
qu’on obferva, jufqu’à ce qu’il fe fût formé
une nouvelle couëne ; celle-ci enlevée de nouveau,
la vapeur reparut, ainfi de fuitè , jufqu’à ce qu’il
n’y eût plus de verre dans le creufer. Le verre
encore ardent avoit été jeté dans l’eau, & on avoit
difpofé au-deflias du creufet une efpèce de chapiteau
de carton hume&é, dans lequel les vapeurs
furent reçues & condenfées ; le carton fut mis en
macération dans de l’eau, & en faifant évaporer
celle-ci, on obtint du fel de verre, ainfi que par
l’évaporation de l’eau, dans laquelle le verre avoit
été éteint. Il n’eft déjà guères poffible de douter,
que le fuin réduit en vapeurs ne foit la caufe la
plus efficace des bulles ou bouillons, mais on jugera
la démonftration complette, fi l’on confidère
que du verre bien purgé de fuin; fut exempt de
bulles , & qu’on lui fit contrarier ce défaut, par
le mélange exaét d’une certaine quantité de fel de
verre à la maffe vitreufe.
Le fuin eft auffi la caufe immédiate du défaut
du verre; connu fous le nom de gmij/e. Le verre
gras ne l’eft pas toujours au même dégré ; quelquefois
il eft opaque , laiteux dans toutes les parties
, quelquefois on y apperçoit des nuages., des
efpèces de fumées ; ifouvent On y obferve des
flocons blancs , plus ou moins gros , plus ou moins
rapprochés , que l’on prend aifément pour des
pierres de compofition , c’eft à-dire , pour des
parties de compofition, qui font reftées infondues.
Lorfque l ’artifte tombe dans cette erreur de juget
;[ fe détermine communément à augmenter
la dofe du fondant, mais , à moins qu’il n emploie
un aUtali pins pur, moins charge de fel de
verre que celui qui fait la bafe delà compofition,
moyen dont 11 fe fert f au lieu de remedter au
mal, ne fait que l’aggraver : parce qu alors d ajoute
une nouvelle quantité de fel de verre a celai
que l’aaivité de fon feu n i pas été capable de
difliper. On doit attribuer les divers degrés de
»raide, aux particules de fuin, qui ont demeuré
imerpofées entre les parties du verre dont elles
troublent 1» tranfparence : cet effet a ordinairement
Heu , lorfque le feu a été trop peu a ttit,
„oiir donner à la maffe vitreufe une fluidité, qui
permette au fel de verre de s’en dégager avec
facilité, & de fe porter à la furface, ou , lorl-
qu’avec un grand feu, la compofition a ete mal
combinée dans fes dofes , ®t que le verre eft trop
vifmieux. En effet on n’obferve guere de graille
dans un verre tendre, fondu à un feu tres-vtr,
& par conféquent très fluide.
L“S expériences que M. Dantic expofe dans un
mémoire fur-la nature 8t la caufe des différentes
graiffes du verre ( T . a. pag. 416 ) , prouvent
la vérité de nos principes : de l’eau , dans laquelle
oa avoit éteint du verre très-gras , fournit du fel de
verre à l’évaporation; en effayant de ramener du
verre gras à la tranfparence par quelqu’un des
moyens dont nous parlerons , il s’en élève une vapeur
qui condenfée , ne préfente que du fel de
verre ; enfin ce même verre redevient gras , en
y mêiant du fuin.
On ne fauroit trop dire, pourquoi on a defi-
gné par le nom degraifli le défaut du verre dont
nous, venons de nous occuper , à moins qu’il n ait
mérité cette dénomination par le coup d’oeil lai-
teux , gélatineux qu’a ordinairement le verre gras ,
& par t’efpèce d’onéluofité dont il affeéle le taél,
& qu’il doit fans clo.ute à l’humidité que le fel
de verre attire à fa furface.
L’on a obfervè que le verre compofé avec de
l’alkali végétal, eft plus fujet aux défauts occafionés
par le fel de verre, que celui dont l’alkali minéral
eft le fondant, & cela doit être ,'puifque nous
avons déjà remarqué que le verre d’aikaÜ végétal
eft plus dur , moins coulant que celui d’alkali minéral
, & que d’ ailleurs l’expérience prouve que le
fuin de l’alkali végétal eft plus tenace an feu, &
1- diffipe plus'difficilement, que celui de l’alkalî
minéral.
Le fel de verre attire l’humidité de l’atmofjdière
environante ; cette raifon eft fuffifante , pour que
le verre qui en contient encore, foit pins fragile ,
moins folide que celui qui en eft bien purgé, & que
le poli s’en terniffe plus aifément.
Le fel de Verre réduit en vapeur par l’a&ion du
feu , peut dans cet état, pénétrer certains corps
durs, & voici à qu’elle oçcafion je fis cette ob-
fervation. A l’exfin&ion d’un four de glaeerie, je
trouvai dans l’arche à matières, efpèce de petit fourneau
, qui communique au four de fufion par une
ouverture qu’on appelle lunette , & dans lequel on
tient des matières prêtes à être enfournées , je
trouvai, dis-je, des morceaux d’une fubftance fa-
line , opaque, reffemblant à une forte de craye#
A leur forme , je crus les rèconnoître pour des
morceaux de glaces , qu’on eft en ufage de mêler
à la compofition neuve ; je fus confirmé dans
cette opinion, en examinant une plus grande quantité
de la même matière, ayant trouvé les divers
progrès de l’opacité : quelques morceaux confer-
voient encorequelquetranfparence, d’autres étoient
plus ou moins opaque. Je ne doutois plus alors
que ce ne fût un véritable verre rendu opaque,
par la fumée de fel de verre , qui s’étoit introduire
dans l’arche par la lunette , & qui avoit
pénétré les pores du verre. Je fournis cette idée
à l’expérience; je pulvérifai deux onces de verre
'opaque , & j’obtins par lixiviation , & évaporation
, deux gros j de tel de verre. Je mis en fufion
dans un creufet, une once cinq gros de la matière
trouvée dans l’arche, le verre recouvra fa tranfparence
, mais il. perdit environ 2 gros de fon poids.
J’expofai enfuite au feu un mélange de deux gros
de fable, & de deux onces de la matière qui fai-
foit le fujet de mes expériences ; après foixante-
heures d’une chauffe violente , le verre auparavant
opaque, avoit depuis long-temps recouvré fa tranfparence
, mais tout le fable demeura infondu.
Il eft à remarquer que dans ces épreuves par le
feu , j’avois toujours vu s’élever du creufet, pendant
la fufion, des vapeurs blanches | & que j’avois
même apperçu au délits du verre un bain
de fuin à la vérité trop peu confidérable, pour
pouvoir être long-temps obfervé. Il ne me reftair ,
pour comp'érer la démontt ration , qu’à produire ,
par le mélange du verre ordinaire & du fuin ,
une matière lemblable à celle que j’avois examinée.
J’enfournai donc enfemble quatre onces
de verre pulvérifé , &. cinq onces de fuin ; ce
mélange fut pouffé à la fufion , & retiré auffi-
tôt que la vitrification fut parfaite, de peur qu’un
plus long féjour au feu, ne déterminât l’entière
diffipation du fel de verre ; j’obtins un verre
nébuleux affez femblable à la matière trouvée dans
l’arche. Enfin j’expofai un morceau de verre à
la vapeur du fuin, ave.c l’intention de l’y laiffer
long-temps ; il fut caffé quelques jours après, mais
il étoit évident que les fumées avoient commencé
à en pénétrer les pores, car ii étoit déjà opaque
vers fes furfaces. Il demeura donc bien démontré
que le fel de verre réduit en vapeurs , pou-
voit pénétrer les pores du verre , & qu’il n’en-
traînoit point d’alkali dans fon évaporation , ou
du moins qu’il en entraînoit très-peu , puifque
je n’avois pu obtenir la fufion d’un atome , du
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