O. ,
3 2 4
T U R
Indépendamment des pieds arrachés lors du
premier travail pour éclaircir les endroits trop
épais, on remarque, dans les bonnes terres, qu’il
part un , deux & trois rejettons , fuivant la vigueur
• ‘a plante & la bonté du terrain ; ces rejettons
produiraient des épis non mûrs ou avortés, fi on
es laifloit fubfifter : il faut les enlever, ainfi que
les épis tardifs placés dans les aiflelles des feuilles,
au-deffous des épis principaux : il eft bon aufii
couPer ^a portion de t:ge à la naifî'ance de
1 ép i, quelque 'temps avant ta récolte , c’eft-à-
aire, quand les filets ou poils font fortis des étuis
de 1 epi ; en un mot, loriqu’ils commencent à fe
lécher & à fe noircir.
i T°V-S ces ^i^rens retranchémens fo¥fê utiles
lorfqu ils font pratiqués en temps convenable,
oc que les parties retranchées font données aux
animaux à mefure qu’on les coupe:loin d’affoiblir
la plante, ces retranchemens accélèrent au contraire
fa maturité , augmentent l’abondance du
grain , & procurent aufii du fourrage aux beftiaux.
Elle s’annonce par la couleur 8c l’écartement
des runiques ou enveloppes de l’épi : alors le grain
en dur , & fa furface eft lui fente ; les feuilles font
jaunâtres, & le temps de faire la-récolte eft venu.
Lorfque le moment de récolter le mais efl arrivé ?
. d règne un temps fec, on iépare l’épi de Ta
ttge, en caffant le pédicule qui l’y attache : on le
tranfporte avec fes enveloppes, dans des paniers,
f -§^ari^e ou ^ous des hangards, pour en faire
les différens triages, dont le travail peut être confié
a des femmes & à des enfans.
La tige de cette plante, dépouillée de fonépi &
de fes feuilles, étant bien broyée, fe convertit,
ainfi que les rac in e sen terreau propre à l’engrais
des terres : on peut les mettre dans les trous à
fumier. Il feroit poflible encore, dans une difetre
de foun-age, de hacher cette tige & de la faire
fervir à la nourriture des beiliaux ; elle pourrait
aufii remplacer le menu bois, & fervir à chauffer
le four; c’efl même l’emploi le plus avantageux
quon puiffe en faire.
Il confiffe a mettre a part les plus beaux épis,
ceux (font le grain efi le plus mûr & le mieux
nourri ; à ne leur laïffer , de leur envelonpe ,
que deux bandes feulement, qu’on replie du côté
du pédicule : les autres épis en font entièrement
dépouillés : .quant à ceux qui n’ont pas acquis
toute leur maturité, on doit les mettre de côté,
pour les faite fervir journellement de nourriture
au bétail.
Au moyen des deux bandes laiffées aux épis,
on en attache par un noeud double, plufieurs en-
fembîe, qu’on fufpend enfuite an plancher , à des
perches qui traverfent la longueur du grenier &
T U R
de tous les autres endroits intérieurs 8c extérieurs
du bâtiment : le maïs fe conferve ainfi pendant
plufieurs années, avec toute fa bonté & fa fécondité;
mais cette méthode peu coûteufe, pratiquée
par tous les cultivateurs de maïs, ne fauroit
s appliquer à la totalité de la provifion , à caufe
de 1’emplacement qu’elle exigerait. On ne doit
donc plus l’adopter que pour le grain deftiné aux
femailles.
Une fois les épis dépouillés de leur robe , on
les étend fur le plancher du grenier , à un pied
& demi au plus d’épaiffeur , afin qu’ils puiffent
perdre leur humidité furabondante& fe refluer :
il faut de temps en temps les remuer. Pour faciliter
ce double effet , on pourrait même , ayant de
porter les grains de maïs au grenier, profiter des
rayons du foleil, & les y expofer : cette déification
préalable rendrait l’égrenage plus facile : on
fe fert même à ce défaut, dans les provinces
feptentrionales , de la chaleur du four.
On chauffe le four comme pour la cniffon du
pain ; & après lavoir nettoyé, on y met les épis
du maïs , que l’on remué avec un fourgon de fer
recourbé : on ferme le four, 8c au bout d’une
heure on le débouche : au moyen de la pelle de
fer; on a foin de remuer le fond du four, de fou-
lever les épis & de renverfer ceux qui font pofés
fur l’âtre*
Cette opération finie, on étend avec la pelle
une ligne de braife allumée à la bouche du four »
que l’on ferme le plus exaétement poflible, dans
la crainte que la chaleur ne s’échappe : on remue
les épis une fécondé fois. Lorfqu’il s’agit de les
retirer du four, on fe fert d’un infiniment'de fer*
de l’épaiffeur de deux lignes, on met les épis dans
un panier ; on les égrène, enfuite on échauffe de
nouveau le four pour y faire féchsr d’aufres épis.
C ’eft à peu près' l’affaire de vingt-quatre heures
pour compléter la déification du maïs au four.
,Le maïs féché par ce moyen,, eft moins attaquable
par les infeétes , plus fufceptible de s’égrener
, de fe moudre 8c de fe conferver long-temps
fans altération. Mais tous ces avantages fie fau-
roient avoir lieu, fans apporter en même temps >
da-is^ la confiitution du grain , un dérangement
dont, le germe fe reffent le premier; il ne faut
donc jamais paffer au Four le maïs deftiné, foit à
la reprodu&ion , foit au pétrin ou à l’engrais des
volailles , parce qu’indépendamment de cet inconvénient
,, ce feroit employer du bois en pure
perte* & faire beaucoup d’autres, frais également
inutiles : cette déification n’eit donc réellement
utile que pour donner une qualité de plus à la
bouillie qu’on prépare avec le maïs; qualité qu’a
naturellement ce grain dans les provinces méri.-*
dionales.
T U R T U R
On peut, dans tous les pays chauds, exécuter
cette opération peu de temps après la récolte, fur-
tout en exppfant le maïs au foleil ; mais elle n’eft
point aufii facile dans les provinces, feptentrionales
: parmi les différentes manières d’égréner,
\i plus expéditive eft femblable à celle de battre
avec le fléau -, il fuffit de renfermer les épis dans
un fac, & de frapper deffus à coups redoublés avec
des bâtons , & le grain s’en détache aifément.
On l’égrène aufii très-aifément en frottant fortement
les épis entre un morceau de bois ou de
fer, fur lequel on s’affeoit, & qui eft Taillant en
avant.
Après l’égrenage, on fépare à la main le noyau
de l’épi dépouille de grain : on le porte dans un
endroit à couvert, ou il achève de fe fécher : fon
ufege principal dans les campagnes, c’eft de rendre
le bols vert plus facile à brûler, & même' de
remplacer le charbon; il prend feu aifément, &
répand une flamme claire : il peut donc fervir
encore à chauffer le four & à beaucoup d’autres
deftinations aufii utiles, f
On peut égrener le maïs fans attendre que le
befoin y contraigne, parce que d’une part c’eft
ménager l’emplacement, & que de l’autre en procure
à toutes les parties du grain, la faculté de fe
deffécher uniformément ; mais au-lieu de laiffer
le maïs abandonné dans le grenier, à l’air, à la
poufiière & aux infeétes , il faut le placer dans
des facs ifolés, 8c placer ces façs daas l’endroit du
bâtiment le. plus au nord 8c le plus fec, parce que
là où il n’y a pas de chaleur 8c d’humidité, il n’y
a point non plus d’infeéies ni de fermentation à
appréhender.
Il eft néceffaire que lé maïs foit parfaitement fec
p.our être converti en farine, parce que, porté
humide au moulin, il engrapperoit les meules &
graillerait les bluteaux : il convient de le broyer
à part , quand même on aurait intention de le
mêler enfuite avec d’autres grains; mais il feroit
à fouhaiter que, pour le moudre , on adoptât la
.pratique de la mouture économique ; que les meules
fufient rayonnées.& les bluteaux peu ouverts :
le maïs bien broyé, rend au moins lés trois quarts
de fon poids en farine 8c le relie en fon : le déchet
n’excède pas. celui des autres grains. -
La farine de maïs peut fe conferver fans altération
, même-dans la iaifon la plus chaude, pourvu
qu’on la renferme dans des facs, qu’on éloigne ces
facs des murs , qu’on les ifole de manière qu’ils
ne fe touchent par aucun point de leurs furfaces ,
8c qu’ils 1 allient affez de vide entr’èux pour permettre
à l’air de circuler librement.
Cul:ure du blé de Turquie dans V Agenois.
Préparez la terre comme pour le blé. Quand les
gelées font paffées, vers le 15 avril ou au com-r
mencement de mai au plus tard, on j'ette un premier
rang de blé de Turquie, de manière qu’il y
ait deux pieds de diftance entre chaque trou où on
a jeté deux ou trois grains de blé de Turquie. On
en plante un fecpnd à deux pieds de diftance du
premier rang, en obfervant de mettre aufii deux
ou trois grains dans chaque trou, ou pour mieux
dire , dans chaque place ; car il fuffit de mettre le
blé en terre avec la main, 8c de le recouvrir de
deux pouces de terre.
Les deux rangs une fois établis, on laiffe entre
le premier des deux autres qu’on veut planter, un
efpace affez large pour qu’une charrue attelée de
deux ch 1 vaux ou de deux boeufs y puiffe paffer
pour les façons.
Quand le blé eft devenu un peu fort, 8c qu’il a
environ un pied de haut, on coupe à la furface
de la terre, celui des trois pieds qui eft le plus
foible. On fait la même chofe pour le fécond pied,
8c on ne laiffe que le plus fort des trois. Il ne faut
pas néanmoins attendre que le blé épie pour faire
cette fécondé opération.
Il faut avoir foin que la .racine du blé ne foit
jamais découverte , 8c c’eft pour cela qu’on a laiffé
un efpace affez confidérable peur y faire paffer la
charrue 8c couvrir les racines. Cette opération fe
fait deux fois; l’une lorfqu’on laiffe le femis fur
un feul pied, 8c l’autre lorfque le grain eft paffé
de fleur.
Quand le blé eft mûr ou à peu près , on le.
dégage de fes enveloppes , quinze jours ou environ
avant de le cueillir. Quand on fait la récolte,
on caffe la tige du blé à un ou deux pouces de
l’épi : on le met dans des facs ou des corbeilles,
8c on le met en tas en plein air. On a foin de le
remuer tous les jours, autant qu’il eft poflible.
D iverfes manières de préparer le b 'é de Turquie pour
la nourriture de Vhomme. •
Alim ens.
Il y a une manière de fe fervir du maïs tendre
& en la it, en égrenant les épis ; en les grillant
dans un pot de terre ou une marmite fur le feu :
il en réfui: e une farine jaune , qui a un petit goût
de café. C ’eft ce „qu’on nomme à la Louifiane,
| farin e froide. Pour la manger,-on ne fait que la
détremper à froid avec un peu d’eau ; ce qui forme
une forte de bouillie fort agréable 8c fort faine.
’ M a ïs frit.
A mefure que le maïs fe développe, on peut
le dé- ouiller des jeunes épis , qui, placés dans
les aiflelles des feuilles & au-deffous des épis principaux
, ne viendraient jamais à maturité , quand