
parente. Alors on nettoye les mêmes chaudières
dans lefquelles on a fait U diffolution , & on les
emploie à évaporer par l’ébullition jufqii’à ficcitéla
leffive que l’on a en dépôt, ayant bien l’attention,
lorfque le Tel commence à paroître , de le
recueillir du fonds des chaudières avec des écumoires,
de le mettre à égoutter dans des vaiffeaux
percés , & de modérer le feu fur la fin de l’opération,
de peur que le fel ne s’attache au fond de
la chaudière. Notre auteur préfetit, fi l’on veut
obtenir un fel plus beau, & en plus grande quantité,
de jeter dans la chaudière , 8c d’y faire dif-
, foudre dans l’eau , dix livres de tartre rouge modérément
calciné, avant d’y mettre la poudre de
rochette.
Cette méthode doit en effet donner un alkali
affez pur, fur-tout bien dégagé de la partie ter-
reufe à laquelle il étoit joint ; mais on eft étonné
de l’incertitude que la defeription du procédé laiffe (
à fartifte : les dimenfions des chaudières n’y font
pas exprimées; les dofes de cendres à mettre en
diffoi ution à chaque opération n’y font pas déterminées
; la manière de reconnoître le point de fa-
turation de la leffive eft tout aufii incertaine. Le
temps employé à chaque extraction eft très-con-
iidérable, püifque la feule clarification de la leffive
demande comme on l’a vu , fix jours auxquels
il faut ajouter le temps occupé par la diffolutien,
& par l’évaporation : l’emploi des chaudières de
cuivre ne fauroit être approuvé, l’alkali fixe exerçant
fur ce métal une aétion très-vive : enfin l’addition
du tartre recommandée par Néry doit en
effet fournir une quantité notable d’excellent aîka-
lifix e , & elle feroit certainement utile en la pratiquant
dans l’extraétion de l’alkali des cendres des
végétaux; mais on reprocheroit, peut-être avec
fondement, à notre auteur de l’avoir adoptée, en
extrayant l’alkali contenu dans la rochette : car
cette dernière matière fournit de l’alkali minéral,
l ’alkali du tartre eft un alkali végétal, & les deux
fortes d’alkaiis ne fe comportent pas exactement
de même dans la vitrification.
Le deuxième procédé indiqué parNery fe trouve
(p. 19 , Î O & I l ) mais il fembleroit propre à faire
obtenir de très-bons alkali, plutôt pour des expériences
de laboratoire que pour un travail en grand.
On ne pourroit en faire ufage -dans un grand ate- J
lier, qu’en multipliant les moyens & par conféquent
les frais : ce ne feroit qu’à cette condition oné-
reufe, qu’on fe procureroit une quantité fuffifante |
de fondant. L efimple expofé du procédé juftifiera
cette réflexion. Nery veut qu’on mette la poudre de
rochette bien tamifée dans dés matras dont le fond
foit lutté par dehors, qu’on les rempliffe d’eau, qu’on
les place fur les cendres chaudes ou au bain de fable,
qu’on donne un feu modé* é pendant quelques heures
, jufqu’à Ce que la moitié de Fea.u foit évaporée ,
qù’après le réfroidiüement du fourneau on décante '
l’eau qui fera reftée, dans des pots de terre vermif-
fée, qu’on verfe de nouvelle eau dans les matras fur
la cendre qui y eft encore , qu’on faffe bouillir de
nouveau jufqu’à évaporation de moitié , & qu’on
réitère cetteopération, jufqu’à ce que par le goût 8c
la couleur de la leffive on foit convaincu que la partie
fa line de la rochette a été totalement diffoute:
qu’on filtre la leffive gardée en dépôt ; qu’après l’avoir
laiffé repofer cinq ou fix jours, on la filtre de
nouveau; qu’alors on la faffe évaporer à un feu
doux dans des matras de verre luttés vers le fond,
faifant attention, lorfque la matière fera réduite
jufqu’à ficcité, de ne donner qu’un feu très-doux,
de peur que le fel qui eft au fond ne fe brûle 8c
ne fe gâte. On ne fait trop , fi notre auteur craint
qu’une trop forte calcination ne diminue l’aétion dif-
fo Ivan te de l’alkali furies terres vitrifiables, ou fa
propriété vitrifiante , ou bien qu’une acceffion trop
confidérable, 8c trop immédiate de la chaleur ne
fourniffe à l'alkali une furabondance de phlogifti-
que ou principe colorant dont l’influence fe feroit
fentir dans lé verre produit : fon expreffion trop
concife n’indique pas de quelle manière l’alkali
pourroit fe détériorer. Il ajoute en achevant de
décrire fon procédé » lorfque le fel fera bien fé-
» ché, 8c qu’on l’aura retiré, il faudra regarder
” fi le fond du vafe n’eft pas endommagé ou caffé,
» ce qui arrive très-fouvent ; car, fi cela étoit,
» il faudroit remettre le fel dans d’autres matras
» de verre luttés 8c remplir d’eau, 8c recommencer
» l’opération jufqu’à ce que le fel "fût purifié de
» toute faleté. » Ce remède, finon le feul, du
moins le plus efficace que l’on puiffe oppofer à
un accident, qui doit dans la même opération fe
renouveler plus d’une fois, ajouté encore à la
dépenfe du temps, 8c aux frais attachas à ce précédé.
Le procédé de Kunckel (p. 307, & fuivan-
tes) pour obtenir un alkali fixe végétal pur 8c blanc,
eft fondé fur une obfervation théorique. L’alkali
végétal obtenu Amplement par lixiviation 8c évaporation
, fur-rout en ne répétant pas l’opération,
n’eft pas parfaitement pur : il confient un principe
colorant plus ou moins abondant, qui fe manifeite
par la couleur du falin qui en a pris le nom de
potajfe rouge. La volatilité de ce principe nous donne
la poflibilité de le diffiper par l’aâion du feu,
8c c’eft ce qu’on nomme calcination. M. Kunckel
confeille de faire la lixiviation des cendres dans
une grande cuve, au fond de laquelle on a établi
un lit de paille : on charge la cuve de cendres,
8c on la remplit d’eau , jufqu’à ce que les cendres
foient couvertes : on laiffe l’appareil ainfi difpofé
pendant une nuit ; on tire la leffive par un robinet
placé vers le fond de la cuve : fi la diffolution eft
encore trouble , ou qu’on la juge trop peu chargée
d’aikali, bn la fait repaffer fur les cendres , 8c même
s’il le faut, fur des cendres neuves, jufqu’à
ce qu’on l’obtienne claire 8c fuffifamment faturée ;
la tranfvafe alors dans une chaudière de
fer de tôle, ou encore mieux de fonte, placée for
un fourneau de maçonnerie. On a foin de ne remplir
la chaudière qu’au tiers, pour empecher que la
troo vive ébullition ne faffe paffer le fluide par
a J u s les bords du vaiffeau. On place au-deffus
de la chaudière un vafe de bois que l’on tient constamment
plein de leffive ; vers le fond de ce vafe
efl placé un robinet qui laiffe couler la leffive dans
la chaudière , mais en un filet de la groffeur d u-
ne paille : ce robinet doit être tel, qu'il remplace
feulement dans la chaudière la quantité deau <jui
lui eft enlevée par l’évaporation. Lorfque Ion jugera
que la chaudière contient affez d’alkali,, on
évaporera jufqu’à ficcité, 8c on détachera 1 alkali
du fond du vafe avec un cifeau : dans cet inftant
il eft, comme par les procédés precédens, d’un
jaune plus ou moins foncé , 8c n’eft autre choie
que du falin ordinaire ou potaffe rouge. On le
place en cet état fur le pavé d’un four rond, coni-
truit en briques, chauffant par un foyer placé au-def-
foiis, du relie affez femblable par fa forme à un four
à cuire le pain; on fait fubir au falin un feu continu
affez violent pour le rougir, même a blanc,
mais affez ménagé dans les commencemens de la
calcination, pour ne pas le fondre. L’alkali ainfi
traité deviendra d’un beau blanc, 8c on jugera fi
l’opération eft complette, en retirant du four un
des plus gros, morceaux, 8c en le caftant; s il eft
dans l’intérieur auffi blanc qu’à l’extérieur, la calcination
peut être arrêtée , 8c dans le cas contraire,
il faut là continuer : on eftiine auffi les progrès
de l’opération, par la plus ou moins grande abondance
des fumées qui s’élèvent de l’alkali. On fent
qu’une précaution néceffaire dans la calcination eft
de remuer fréquemment le falin avec un rable, pour
en expofer fucceffivement 8c le plus également
qu’il eft poffible toutes les parties àl’aôion du feu.
Nous avons donné des détails plus confidérables fur
la calcination , 8c la manière de l’opérer dans l’article
glaces coulées de ce di&ionnaire, en traitant
de la fritte. L’alkali végétal ainfi calciné eft connu
fous le nom de votafTe blanche. 8c que)r,,1,af>‘,c
La potaffe, après la calcination eft tachée d’un
vert bleuâtre, qui devient tout-à-fait bleu, lorfque
la calcination eft fuffifamment pouffée. M.
Dantic ( t. 1 p. 199 8c fuivantes) recherche la
caufe de ce phénomène : il admet dans l’alkali deux
principes colorans , l’un jaune , 8c l’autre bleu. Le
premier paroît reconnoître pour caufe la chaux
martiale contenue' dans l’alkali ; le deuxième eft
regardé par notre auteur, comine partie vraiment
conftituante de l’alkali, comme intimement uni
à fon principe vitrifiant : ce feroit donc fuivant
nos propres affertions, le phlogiftique modifié,
comme il doit l’être, pour opérer la vitrification.
La couleur bleue n’eft due, félon M. Dantic, qu’à
une décompofition de l’alkali par la voie fèche ( p.
200. t. 1 ) . L’opinion là plus générale eft que cette
couleur bleue, d’une plus ou moins grànde inten-
fité, eft due au fer précipité fous forme de bleu
de pruffe, 8c il faut convenir, que cette opinion
déjà probable par les expériences de M. Macquer,
tire de celles de M. Schèele Un nouveau degré de
certitude. Le premier de ces auteurs, dans fon
mémoire inféré dans le recueil de l’académie des
fciences, année 17 5 a , conclut » que le bleu de
» pruffe n’ eft autre chofe que du fer chargé d’une
» matière inflammable que lui fournit l’alkali phio-
» giftiqué dont on fe fert pour le précipiter. » O r ,
on ne peut nier que l’alkali végétal ne contienne
du fer, puifque l’analyfe nous préfente cette fubftan-
ce dans toutes les cendres des végétaux, 8c alors
il ne feroit pas étonnant que le principe colorant
ou phlogiftique furabondant eût fuffi pour colorer
en bleu , la bafe martiale contenue dans l’alkali. M.
Schèele ( traduélion de fes mémoires. T. 1 , p. 104.
mémoire fur la manganèfe) reconnoît Fexiftence du
fer dans le verre, 8c ( p. 103 ) il ajoute que le verre
doit au fer fa couleur jaune , 8c au phlogiftique
la couleur verte qui l’affeéte ordinairement : ilfem-
ble qu’il auroit été fondé à attribuer feulement au
phlogiftique la couleur bleue, puifque le feul mélange
de cette couleur avec le jaune fuffit pour
produire le vert. Dans fon anaiife du bleu de
pruffe, le même chimifte a obtenu pure la partie
colorante de cette fubftance , & il a trouvé qu’elle
contenoit de l’acide méphitique; du phlogiftique
( p. 177, t. 2 ) 8c de Falkalivolatil ( p. 178 ) , enfin
cette matière colorante ayant beaucoup d'affinité
avec lefer , c’eft par lui qu’elle eft fixée & quelle
prend la forme de bleu de pruffe. Or il eft évident
que les conditions néceffaires à laformation d’un bleu
de pruffe plus ou moins intenfe fe trouvent dans
la calcination de la potaffe; cet alkali contientin-
çônteftablement de l’acide méphitique, du phlogiftique,
de l’alkali volatil, & une bafe martiale.
L’aétion de la chaleur confidérée comme menf-
true, ne peut manquer de mettre en aéliviré les
j affinités de ces diverfes fubftances, 8c de produire
un vert, fi la bafe ferrugineufe eft trop abondante,
ou un bleu , fi la proportion des fubftances eft différente.
On pourroit appeler en preuve ce qui arrive
, fi l’on continue la calcination, le bleu lui-
même difparoît ; en effet l’acide méphitique le
phlogiftique, 8c l’alkali volatil, principes confti-
tuans de la couleur bleue, fuivant l’analife de M.
Schèele, fe diffipe par la continuité, ou la plus
grande a&ivité de la chauffe.
La potaffe blanche fond moins de fable que la potaffe
rouge ou falin ordinaire, 8c Fartifte peut compter
fur cet effet. On doit s’y attendre, fi Falkali a
perdu la propriété de fondre, foit que, comme M.
Dantic , on l’attribue à la diffipation de fon principe
I vitrifiant, foit qu’on l’attribue à la déperdition de
| fon phlogiftique, que nous avons regardé di-devant
1 comme le principal agent de la vitrification.