
iroit, feroient fu jettes à fe cojjiner, & cefferoient
d’ètre propres à la conftruéhon' des tonneaux.
Nous ayons dit quon choififfoit ordinairement
le bois de chêne , pour en faire du, merrain &
du traverfin, parce qu’il faut un bois ferré., &
qui ne pourriife pas aifément. Sans doute, d’autres
bois pourroient aufiiyêtre employés utilement,
en rejetant cependant les bois tendres:, que l’on
nomme bois blancs , qui fe fendroienr ,.imbiberoient
le v in , & pourriroient promptement dans des
caves humides. Il ne faut pas non- plus employer
des bois qui confejrveroient de d’odeur, qu’ils pourroient
communiquer au vin , en changer le goût,
le rendre défagréablé.
On le fert aulfi de châtaignier & de hêtre, On
prétend même que le,vin fe perfectionne 4a.n$
cette dernière efpèce de bois ; qu’il y prend .un
goût gracieux.
Dans les pays meridionnaux , ' le mûrier eft employé
par les tonneliers pour en- former des barriques
ou pièces à tranfporter le v in , & far-tout
à la conftruétion de petits barrils , fceaux, feilles,
&c. Ils fe fervent du châtaignier pour-former des
pièces ou barriques à contenir de l’huile : le mûrier
eft trop tendre, trop fporigieux-, pour pouvoir
fervir à cet ufage.
On croit que l’huile durcit le châtaignier, &
qu’ainfi humeélé, il ré lifte plus -longtemps que
tout autre à la pourriture ; mais il faut que le
châtaignier foit jeune ; le vieux châtaignier eft
perméable, -êt dépenfe. beaucoup de liqueur.
Enfin, dans d’autres contrées , on fabrique des
barrils deftiriés a tranfporter des denrées ou mar-
chandifes fèches comme lucre, clincaillerie, &c.
avec des planches de pin ou de fapin.
Les poix graffes & fèches nous arrivant aufli
dans des barrils de fapin. Il nous vient du nord,
du merrain pr.êt à être employé. Ce font les Hol-,
landois qui nous le fournirent, & nous en fai-
fons fouvent ûfage dans les ports , pour en conf-
truire les barriques pour les embafquemens.
L’ordonnance qui concerne la fabrique & la
vente des tonneaux, veut que le merrain & le
traverfin dont le tonnelier fe fert pour les co.nf-
truire, foient de bois fcc , fans aubotirnon pourri,
rongé ou vermoulu, pertuifé, vergé, ni artifoné.,
La plupart de ces termes n’exigent pas d’expli-,
cation. On fait que Vautour ou l'aubier eft la cou-,
che .du bois qui dans le chêne; fe trouve la plus
proche de l’écorce, & que l’on peut, .regarder
comme un bois imparfait ; que les fibres du bois
font moins ferrées dan* cette partie de l’arbre;
quelle imbibe les liqueurs , & par conféquent
qu’elle laifferoit échapper le vin des futailles qu'on
formeroit avec ce bois , qui d’ailleurs fe pourri-
roit promptement.
Le bois doit être fec. Si on l’employoit encore
verd, les vaifleaux de l’arbre remplis de
fève , lui donneroient de la molleffe ; & dans
cet état il imbiberoit les liqueurs : la preflion
des cercles, le refouleroit,, il fe coffineroit. D'ailleurs
, le bpis fec gonfle beaucoup à l’humidité,
le vaifteau en devient, plus érançhé..
Les tonneliers bien montés ont des bois en
réferve pour plufieurs années. Après avoir coupé
& refendu les billots,, ils entaffent le merrain
eh croifant les pièces , de façon que l’air ait un
libre cours, entre tous .ces morceaux de bois,
qui forment une efpèce de tour, dont le milieu
eft vide. ( Ils la chargent par-deffus fit cela eft
nèceflaire, d’un gros quartier, de pierre, &. ils
là lai yen J ainfi pafter au moins tout un été. Vers
l’arnère-faifon, ils tranfportent leur bois, dans un
endroit couvert.
Le bois rongé , vermoulu , ou attaqué par les
vers , doit être aufïi rejeté , ainfi que celui qui
fe trouveroit pertuifé par toute autre caufe, comme
donnant iffue au vin, & permettant à la liqueur
renfermée dans le vafe qu’on en formeroit, de
s’échapper & de fe perdre.
C’eft un défaut très-commun au chêne , que
d’être attaqué par. les vers. Les. tonneliers ont
grand foin de fermer ces trous avec des épines
de prunellier ; car ils font t efponfables du vin qui
fe perdroit par les trous de vers qu’ils auroient
laiÉés fous les cercles.
Le bois pourri , ou qui commence à pourrir,
ne doit point être employé.-On en fent afléz; les
raifons.v . . . . . .
Pour entendre les termes de vergé, vergeté ou
bois rouge, il faut favoir que- dans, certaines parties
de forêts,.les planches-de> chêne offrent fur leur
fuperficie des veines de différentes couleurs. Quand
le bois prend une couleur rouge - marbrée, c’eft
une preuve de mauvaife qualité. Ce bois employé
ne dure pas aufli long-temps qu!un autre. Il fe
charge d’humidité, & Je pourrit promptement.
On croit que ce défaut eft plus commun dans
les bois abattus en, retour ; & l’on fait que le
bois acquiert ce terme plus promptement dans
certaines forêts que dans d’autres. Mais comme
c-’eft un commencement de dépériffement ce
bois peut donner une mauvaife qualité au vin,
& l’ordonnance a très-bien fait de le proferire.
On tolère feulement la doeile du bondon.
Le bois gras eft pris fur des arbres tout-à-fait
en retour. Leur Couleurs & leurs fibres non liées
& tendres , les font reconnoître aifément , & j
doivent,engager à les-rejeter, comme n’étant point
propres à eft former dés futailles.
Les tonneliers font aujourd’hui‘fouvent obligés j
d’employer des bôts gras pour là conftrùéfion des ■
tonneaux, faute de meilleurs. Quand le bois l’eft
à Un certain point, non feulement il laiffe perdre
le vin , mais il eft encore très-fujet à fe cbffiner
& à s’èpaigner ; c’éft-à-dire , que les douves fe
ronipent dans le fable. .
On éprouve le merrain en le frappant fur le
tranchant d’une pierre : s’il rompt par éclat, il
eft bon ; s’il cafte net, on le rebute.
Un n’emploie pdint, pour faire du merrain ,
les bois roulis ou roulés. Les cercles concentriques,
qu’on regarde ordinairement dans le bois comme
indiquant l’âge des arbres , fe féparent dans ceux-
ci les uns des autres. On comprend qu’avec^
ce défaut., ils ne peuvent fervir à faire du mer-1
rain.
Il eft àifé d’apercevoir comment une partie
de bois qu’on emploie à faire dés futailles , peut
gâter le vin qu’elles contiennent. Mais il eft certain
bois, fur lequel on ne Voit aucune des marques
que nous venons de donner , comme désignant
un mauvais bois , & qui néanmoins , employé
en fut bu poinçon, gâte en très^peu de
ternes'le Vin “d'orit on lës emplit.
Ce bois communique à la liqueur un goût
qu’on eft convenu d’apptelér goût de fût 3 qui lui
ôte la venté , & la perd au point de ne pouvoir
plus fervir qu’à être brûlée 9o\i convertie en
eau-de^vie, ou en vinaigre.
On ne fait quel eft le caraâêre qui peut faire!
reconnoître cé "défaut, qui h’eft que trop cômmun
dâiis nos ’forêts. Ce fêroit rendre un Service au;
public , que de donner des moyens fûrs de les!
drîiag-uer ; car jüfqu’à cette heure ‘ils font totalement
inconnus , & le coup-d’oeil ne pfeift les;
indiquer. Il eft très-commun, entre, quantité de
pièces que conftruit le tonnelier >. d’en .voir plu-f
lieürs Oh le vin .-qu’on’ y à dépOfiê prend' un goût
de fût, & fe gâte en peu de temps , tandis qu’une
partie du même vin tiré de la'même c live, dé-1
pofé dans le même endroit, & mis d'ans d’aufreç
futailles, conferve fa qualité, ;&L ne prend àuf
cun goût. ’
L’ordonhânçë ,a cependant rentra refponfableS
les tonneliers des dommages qui arrivent aux vins
dépofés dans les pièces qu’ils ont livrées; elle
; ks oblige de reprendre toutes celles qui. ont ce
goût de fut, & de les payer, aux propriétaires qui
ont acheté d’eux les Futailles , fur le prix de la
Vente,commune du vin; & ,1e tonnelier ne peut
refûfer de fe foumettre à la lo i, quoiqu’il ait pu oc-
caflonnêr ce niai fort innocemment, en employant
un mauvais bois , faute de caraûères fûrs .pour
le diftinguer d’avec un ;bpn.
Il eft confiant que les'tonneliers qui orft l’hà-
bitucJe de manier les bois qu’ils emploient, nfe
peuvent prévoir & reconnoître ce défaut ; &
j’avoue que j’ai jufqu’ici cherché inutilement des
marques qui puiïTeht me l’indiquer.
Le fût ou la futaille qui eft reconnue pour avoir
cette mauvaife qualité, doit êfrè déchiré & brûlé.
On ne Connôît point d’expédiens propres à fai/e
perdre au bois ce goût.
Cependant Voici' qüelqués moyens' d’en affranchir
un tonneau, que l’on peut tenter de mettre
en oeuvre. ;
i°. On fait un feu de farinent dans le tonneau*,
avant de le foncer ,.enforte qu’il foit bien parfumé,
fans le brûler. Après y avoir mis les fonds , on
le làve avéc de l’eâu bouillante, dans laquelle on
a fait cuire de la graine de moutarde & de fenouil.
.
a®. On remplit le tonneau gâté, de marc de
raifins nouvellement preffurés , & on l’y laiflie
-pendant, quinze jours..
30. Pour une pièce dé quatre cents pots , on
prend un plein chapeau de châux-vive, & ainfi
à proportion. Il ne faut pas que cetté chaux îoit
fufée. On la jette dans le tonneau, on y verfe
de J-eau deffus, fuffifarriment pour la détremper;
après quoi on bouche exa&emenr le bondon. La
chaux attire toute la pourriture des douves. On
lave enfuite le tonneau avec grand foin , & toute
là mauvaife odeur s’e ïr r à 'àvëc Pêata dé chaux.
Le fût gâterait tout autre vin dont on le remplirait.
Une-feule douve de cétte pièce, employée
-dans la conftfnclion d’une autrè-ffiff ail le , là met-
;troit dans: lé r même éas, & péïdfoit de même le
vin qu’on -y dépoferoit.
Cependant M. Duhamel a fait faire des fo-
falllês àVê'c dii mêrrrâih, qüéTésfoirneliers avbient
rebuté , croÿàn'É qu’il ' gâteroit lé' vin ; H les a
emplies de Vin nouveau (juf y a bbidlli, & qui
n’ÿ a pris aucun mauvais goût.
A Orléans, les tonneliers achètent ordinaire»
ment lé merram au millièr'afforfij qui eft Com-
. îde ïJoô de -dbeikk on fong &
r7©0 de" traverfios • propres> a -furè des mdîtrtfes
pièces & des chanteaux : ce qui foit 2100 pour
l’àfiortimerit. Quand le bois eft de bonne qualfté
: il fe paye le millier afforti, 200 livres : ce prix di -