
grandes & reffemblent à celles du thé vert in-
fufées. Quelquefois on y mélange des feuilles de
fain-foin.
II. y a encore à la Chine , certaines efpèces
de thé dont les feuilles dans toute leur grandeujr,
& mêlés fans choix font vendues aux Tartares ,
qui s’en accommodent très-bien ; quoique la décoction
qu’on en tire foit âpre , elle facilite la
digeftion des viandes crues dont ces peuples fe
ftourriflent. S’ils en ceffent l’ufage , ils ont des
indigeftions continuelles.
Plufieurs marchands Chipois vendent quelquefois
pour du thè des feuilles de diverfes autres
plantes. Ils joignent alors au mot thè une
épithète prife des pays où croît cette plante.
C ’eft ainfi que nous appelions thé de Suïjfe,
un mélange d’herbes vulnéraires connues fous le
nom de faltranchs.
T H É O R I E D E S A E R O S T A T S .
( Art et )
L A découverte que MM. de Montgolfier ont
faite des moyens d’élever des corps graves dans
les airs, dont ils firent la première expérience
publique,le 5 juin 1783 , à Annonai, leur patrie, |
en préfence des états de la province du Vivarais, 1
eft une des plus merveilleufes.que ce fiecle ait produites.
La Solution de ce problème avoir éié l’objet
de l’ambition des peuples de tous les âges, & elle
avoit toujours été ignorée. Les hommes qui, fous
le polythéifme, avoient peuplé imaginairement le
ciel d’auti es hommes auxquels ils rendoient ftupi-
dement des honneurs divins, avoient, il eft v ra i,
attribué à plufieurs d’entr’eux , foit de leurs dieux ,
foit de leurs demi-dieux , la faculté de fe transporter
dans le vague des airs , par le fecours d ailes
ou d’oifeaux; mais on n’y reconnoit que le déliré
d’une imagination déréglée. ^ ,
L’antiquité ne nous offre rien de fatisfàifant à
ce fujet, à moins qu’on n’ajoute quelque creance
à ce qui eft rapporté de la colombe artificielle du
pythagoricien Archytas; mais fuivant des. conjectures'
très-apparentes, cette colombe n’étoif qu’une
efpèce de cerf ou de dragon volant, dont ce
philofophe eft réputé l’inventeur, & qui nous a été
tranfntys. Il eft'vraifemblable que fi fa colombe
avoit réellement exifté , elle nous feroit auffi parvenue.
Les fiècles poftérieurs atteftent beaucoup
d’effais qui n’ont eu aucune réuflite.
On fe procurera des idées juftes de tous les faits &
de toutes les théories qui ont eu pour but l’art de
voler , en confultant les recherches fur cet art, de
M. Bourgeois. Cet auteur eft remonte aux fources,
& il a décrit avec impartialité tout ce qu il a pu
y découvrir. M. Faùjas de Saint-Fond a recueilli
avec foin tous les faits rntéreffans. auxquels la decouverte
a donné lieu , & il les a publies fous le titre de
Description des Expériences Aéroftatiques, ouvrage
trés-intéreffant, dont on a déjà deux volumes, &
qui fera continué.
MM. de Montgolfier , dirigés par une bonne
théorie, entrevirent d’abord le moyen d obtenir,
la différence du poids du corps qui a’elève avec
celui de l’air ou du milieu que ce corps traverfe,
en faifant ufage des airs légers, dont les favans phy-
ficiens de ce fiècle ont enrichi cette fcience. Leurs
premiers effais furent heureux, mais leur durée
fut trop courte; les préparations connues pour la
compofition de l’air léger ou inflammable, étoient
trop difpendieufes pour s’occuper de l’art de perfectionner
les enveloppes & de les rendre imperméables,
ou à-peu-près telles.
Les dépenfes néceffaires pour parvenir à ce but, en
interdifoient l’accès à des particuliers engagés dans
des entreprifes & des affaires qui exigent une conduite
économique pour le foutien honorable de leur
commerce. Des motifs aufli puiffans auroient détourné
MM. de Montgolfier de continuer leurs
travaux, fi le defir de la célébrité, & les confédérations
de l’utilité infigne qu’ils efpéroient de
procurer par leur découverte , ne les avoient animés
au point d'enflammer leur génie , allez pour les
guider à trouver un autre moyen plus aifé, moins
coûteux, & qui pût être pratiqué en tous lieux. Des
réflexions favantes qu’ils firent fur la dilatation que
le feu produit fur l’air, les engagèrent à en tenter
l’ufage. Le fuccès de plufieurs expériences répétées
en fecret, les enhardirent," & ils firent l’expérience
publique dü 5 juin.
Nous avons donc deux moyens principaux de
nous élever dans les airs ; le feu & l’air inflammable
; ils doivent être traités féparément.
Du feu.
La dilatation de l’air , produite parle feu , a été
d’abord préfumée & annoncée capable de rendre
l’air raréfié d’une légèreté égale à la moitié du
poids de l’air atmosphérique. Des expériences
multipliées faites en grand, ont réduit cette diminution
du poids à un tiers , & il paroît démontré
actuellement que l’air renfermé dans un
ballon échauffé & agité par un feu propre à foute-
nir le mercure à cinquante degrés dans le thermomètre
de Réaumur , pèfera les deux tiers de
l’ air extérieur, lorfque le degré de température de
celui-ci fera à quinze degrés. On remarque par-là
qu’il y a une échelle à dreffer pour déterminer les