Pour éviter ce défaut, fermez d’avance une des
extrémités, 8c par l’autre, foufflez avec la bouche ,
à mefure que vous couderez. En réglant bien le
fouffle vous préviendrez l’affaifiement : vous le
corrigerez du moins ii vous n’avez pu l’empêcher.
III. Réunir enfle mble deux tubes.
Chauffez fucceffivement un des bouts de chaque
tube, & profitez de leur fouplefle pour les évaier
à peu-près également. ( Servez vous d’un inftru-
xnent.de fer, plutôt obtus que trop aigu. La pl.
troilième du paulmier, fig.i,en offre un bon modèle.
On y ajoutera un petit manche ). Replongez-les enfemble
dans la flamme ; appliquez-les l’ un contre
l’autre, refoulez un peu la matière : ils né tarderont
pas à fe trouver foudés, & les deux n’en
formeront plus qu’un. Mais pour rendre la fou-
dure nette & prefqu’infenfible, fcellez un des bouts
du tube ainfi ralongé; remettez le milieu au feu,
8c quand vous le jugerez amolli', foufflez par
l’autre bout demeuré ouvert. Le fouffle^ produira
un renflement: tirez alors en fens oppofés ; la part
e renflée s’alongera & prendra la figure du refie.
C-t alongement s’exécute hors de la flamme.
Après s’être exercé fur quelques tubes, on peut
entreprendre un thermomètre à cylindre. La différence
de largeur entre le réfervoir 8c le tuyau
n’apporte aucun obftacle pour la foudure. L’éva-
fement égalife les diamètres.
IV. Enfler un tube,
Cette opération n’eJt qu’indiquée dans l’article
précédent ; il eit mdifpenfable de la reprendre avec
plus de détails. La conftruClion du thermomètre à
houle les développera tous.
Scellez le tube que vous voulez enfler, & longez
à l’extenfion que le globe doit donner à la
matière. Il eft évident que plus cette extenfion
fera confidérable, & plus le globe perdra en fo-
lidité. Dans le cas préfent ce feroit un défaut,
mois auquel il eft aifé de parer. Chauffez le bout
fermé : preüez modérément contre fa pointe : tout
infirma eut convient ici. Cette prefîion , en racour-
cifiant le tube, en le refoulant fur lui-même augmentera
nécefi’airement l’épaiffeur de fes parois , &
cette addition de yerre-favorifera le développement
defiré. Gardez-vous toutefois de boucher l’intérieur.
Soufflez-y de moment en moment de manière
à confei ver un vide au milieu de la petite
mafie. Le globe alors fe formera fans peine. Il
fuffira d’en chauffer la matière jufqu’au blanc &
de porter au plus vite le tube à la bouche en le
tenant verticalement; un nouveau fouffle achèvera
l’ouvrage. Mais que l’oeil ne foit point d-ilirait,
& qu’il arrête la bouche à propos. Ls renflement
pourroit aller au delà de vos vues.
D ’après les mêmes principes vous conftruirez
dans un inflant l’éolipyie dont j’ai parlé. Choi-
fiflèz feulement un tube affez épais, 8c à caufe du
plus grand développement à donner au globe, vous
renforcerez davantage la petite mafie de verre.
Pour la formation du bec, il ne s’agit que d’amollir
le tube à un pouce du renflement, & de
l’alonger comme il a été dit n°. i . Avec l’angle
d’une linie , on retranchera la portion inutile : U
flamme & les mains imprimeront enfuite au bec
la courbure dont il a beioin. g
Pour prouver le reffort de l’air, 8c donner quel*
qu’appareil à cette expérience, on renferme fous le
récipient de la machine pneumatique une bouteille
à-peu-près fphérique & aufli frêle qu’il eft
poflible de l’obtenir. Le vide n’eft pas achevé, que
la boule éclate. Si vous en voulez de fembia-
bles , n’accumulez que peu de verre au bout du
tube, & ménagez moins le fouffle. Tout proche
de la bouche, formez un alongement capillaire ;
rompez-le en cet endroit, & quand le tout fera
réfroidi, vous préfenterez l’orifice à la flamme qui,
en le fermant, retiendra l’air prifennier.
Ces petites ampoules, dont on enfonce la queue
contre la mèche d’une bougie 8c qui l’éteignent en
crevant, fe font de la même manière. Mais comme
leur groffeur n’excède pas celle d’un noyau de
cerife, le moindre tube eft fuffifànt pour les produire.
Avant de fcéller la queue', on aura foin d'y
introduire une goutte d’eau, ce qui fera facile en
raréfiant, même au feu le plus doux, le volume
a’air qu’elles renferment.
Quiconque aura bien entendu ce qui précède,
n’éprouvera pas plus d’embarras pour un aréomètre.
Cet infiniment exige deux boules : on foufflera
d’abord celle de l’extrémité, puis chauffant 8c refoulant
le tuyau un demi-pouce plus loin , on enflera
la fécondé.
Je me permettrai quelques lignes fur ces longs
chalumeaux portant vers leur milieu une efpèce
d’o liv e, 8c fi commodes pour tranfmettre une liqueur
dans certaines capacités étroites, prolongées,
8c pleines d’une colonne d’air que le poids de la
liqueur ne déplaceroit jamais. Tel efi, par exemple,
un thermomètre qui ne fe trouveroit pas affez
rempli.
Amoliffez le tube dont vous aurez fait choix,
8c le tirez en capillaire. Laiffez de ce tube trois,
quatre, cinq eu fix lignes, fuivant l’étendue que
doit acquérir le renflement. Cette partie réfervée,
formez tout contre un fécond alongement, capillaire
comme le premier. Cette double opération
produira une pièce affe? reffemblanre à une perle
qu’une longue aiguille traverferoit ; fupprimez ce
que les queues ont de trop , 8c bouchez l’une ou
l’autre. Il reftera à chauffer le petit cylindre 8c à
le renfler. Pour qu’il prenne la figure d’une o'ive ,
on tirera durant le fouffle , les deux queues en
fens contraire.
Voulez-vous convertir un de ces chalumeaux
en entonnoir ? enlevez radicalement une des queues ;
refermez l’ouverture que cette foufiraClion o:ca-
fionnera; amolliriez l’ampoule en cet endroit, &
foufflez brufquemént par le bout oppofé : l’air fè
fraiera un pafiage de tout le diamètre de l’obve.
A la vérité les bords feront aufli frêles qu’irréguliers,
mais en les préfentantà la flamme, en les
repliant avec la pince, vous les confoliderez 8c
vous les unirez.
Je crois devoir décrire encore par quel procédé
on prépare certains petits globes légets qui fou-
tiennent dans i’eau ces figures qu'on fait monter
& descendre à volonté, 8c que les phyficiens appellent
du nom de Ludions ou diables cariéjîens.
(Voyez fur ce dernier mot le diCiionn-iire de phyfi-
qué). Ces globes, de la groffeur d’une aveline,
& de la contexture la plus mince, portent fiîr [e.
côté un bec très-capillaire, 8c par en bas une queue
repliée en anneau. Après avoir enflé la boule , on
chauffe la partie d’où le bec doit fortir. On appuie
fur cette partie la pointe d’un tube pareillement
chauffé; il s’attache au verre 8c ne s’en fépare qu’en
entraînant le point qu’il a faifi. Cet alongement
eft creux ; ii faut le rompre à la longueur de trois
ou quatre lignes. On (celle enfuite la queue, &
en lui confervant,à la lampe, le moindre degré
de fouplefle , on contourne l’anneau aufli facilement
que le chaînetur contourne fes maillons, 8c
rien n’eft plus commode que l’outil même qft’il
emploie.'(Voy. la planche I re. de cet art, fig. 12.)
Quand les pièces ont trop peu de volume pour
être maniées dans le voifinage du feu, la pince
vient au fecours des doigts.
Ces élémens fuffiront, je crois, à tout amateur
qui voudra débuter. Les heures que mille fois j’ai
confacrées à cet art charmant, m’en ont rendu la
pratique familière : je n’ai rien écrit que d’après
cette pratique. Plus d’étendue feroit inutile. Si je
m’en rapporte à ma mémoire , j’ai donné les détails
généraux qu’en commençant j’ai recherchés
pour moi-même.
(Autre article de M. de Septfontaines).
Fabrication dhm verre plus parfait que
ceux des compositions ordinaires , et
économie de combustible dans sajaçon.
M. Gerhard a fait des expériences fur une no.u-
.■ velle fabrication d’un verre parfait, transparent,
fans bulles 8c fans ondes, d’une couleur verdâtre,
dans lequel il n’a**re point de fubftances faîines, qu
cependant fe fond plus facilement, 8c exige confé-
quemment moins de bois 6c de tems pour fa fufion.
Ce verre eft beaucoup plus dur que le verre ordinaire
; il peut même fervir à tailler ce dernier :
comme il ne contient point de fubftances falines,
il eft inaltérable à l’air ; enfin un quintal de la
matière de ce verre donne beaucoup moins de
déchet.
Les fubftances qui entrent dans la compofition
de ce verre font le fable, une partie; le feld-fpath,
quatre parties, 8c deux parties de craie ou de la
pierre à chaux de BuderfdorîF. Il faut calciner ces
matières avant la fufion ; trois parties de bafalte fur
une de feld-fpath donnent le verre noir des bouteilles
à vin de Bourgogne 8c de Champagne.
Nous ne doutons pas que la publicité de ce procédé
n’engage quelques entrepreneurs de verrerie
à l’eflayer fur les matières de leur pays, comme
offrant économie de combuftibie, de tems, 8c fur-
tout la perfection du verre.
Détails de la Manufacture royale de Mont-Cenis ,
par M. Daubentoiu
J’arrive, dit M. Daubenton , de Mont-Cénis, ce
lieu devenu célèbre par la fondeiie royale établie
à peu de diftance de cet endroit, 8c par la verrerie
pour les criftaux de la Reine , qui s’y confirait fous
la direction de MM. Lambert 8c Boyer.
Cet érabliffement, Moniteur, eft l’une des merveilles
du monde, qui doit fa découverte à un
citoyen du pays, recommandable par la réunion
de toutes les qualités qui conftituent un homme
de bien.
Une compagnie fiche & puiffante , eft actuellement
à la tête des travaux ébauchés par M. de la
Chaize , pour la découverte des mines de charbon*
qui fe trouvent fur le territoire de Mont-Cénis.
Des montagnes , jadis impraticables , s’apla-
niffent journellement pour faire place à des éta-
biiiîemens aufli curieux qu’utiles ; 8c pendant qu’on
fouille dans leur fein cette mine inépuifable 8c
fupérieure en qualité, qui doit mettre en aCtivité
des machines de toutes les efpèces, on voit cette
montagne couverte de fourneaux, de pompes 8c de
machines à feu, qui s’élèvent fous la direction
de M. Ramus, avec des fuccès qui paffent les
efpérances.
Cet artifte travaille actuellement à une pompe
1 à feu, deftinée à extraire toutes les eaux fouter-
raines des mines aboutiflames à un même puits;
fuperbe opération dont on fent, fur ce feul expofé,
toute l’importance.