
tion des charbons ne le demande, le fer, par la .
grande chaleur & par la réduâion p’us complète
qui fe fait, devient plus pur & plus libre de parties
terreufes & de feories. Ce fer brut fe nomme en
Suède , fer forcé. Sa couleur eft grife, il a le moins
de l'cories, & il eit par-là même de difficile fufion:
les fontes de ce fer font rondes dans les coins &
un peu enfoncées vers le milieu.
Plus le fourneau eft grand, plus on peut le ch; r-
ger de mine, eu égard aux charbons , fans qu il
en réfulte d’inconvénient,
Dans les hauts fourneaux on emploie-15 à 24
lafts de charbons , la laft a deux tonnes , avec lel-
quelles on fond, dans l’efpace de vingt-quatre
heures, 18 à 10 milliers,, fouvent même douze
à chaque percée : ces percé.s fe font au nombre
de deux en vingt-quatre heures. -
L’on a coutume d’obferver, dans la charge du
fourneau, une proportion telle qu’il y ait quatre
corbeilles de charbons fur trente pellées de mine
dans les plus grands fourneaux; & dans les petits
fourneaux on prend trois corbeilles de charbons
fur 15 à 17 pellées de mine. La proportion de
l’addition qu’on fait à la mine pour aider fa fonte,
a déjà été indiquée.
Dans les grands fourneaux on fait dix-huit fois
la charge en vingt-quatre heures , & dans les petits
douze ; car avant que de mettre une nouvelle
charge, il faut que les charbons fe foient affiuffés
d'une aune & demie.
Les fondeurs ont leurs fignes , auxquels ils re-
connoiflent s’ils doivent charger plus de mine ou
plus de charbons.
1. Lorfque les plaques de pierre qui fe trouvent
au-deflùs du fourneau deviennent blanchâtres, ils
difent qu’on doit charger plus de mine ; ft elles
font bleuâtres , ils veulent qu’on fufpende un peu
les charges ; enfin fi elles font o b feu res, ils d.fent
que le fourneau a ce qu’il lui faur.
Ces couleurs dépendent du plus ou moins de
chaleur du bas du fourneau , & de la hauteur plus
ou moins grande de la flamme , comme on peut
le voir tous les jours dans nos fourneaux ordinaires.
2. Quand la flamme eft blanche au-deflus, elle
exige plus de minéral ; fi elle eft colorée de couleur
bleuâtre & jaunâtre, elle eft comme elle doit
être ; car la couleur blanche de la flamme indique
une forte chaleur intérieure.
3. Quand la fumée monte avec la flamme trop
haut, ce qu’on peut mieux obferver de nuit, il y
g trop peu de minéral , fur-tout lorfqu’on voit
le fer étinceler : d’où l’on conclut qu’il fe cor-
fume plus de charbons que la fonte ne l’exige, &
qu’une partie du fer te brûle. Mais quand la flamme
eft pointue, colorée, claire , & n’eft pas trop haute,
alors on croit avoir trouvé la mefure convenable
de charbon & de mine.
Cependant ces trois indices ne peuvent être remarqués
ou obfervés que par des perfonnes qui
s’y entendent, & i’s dépendent beaucoup du vent
plus ou moins violent des foùffleîs , qu'on peut
modérer par l'eau qui meut la roue des foumets.
4. Quand on regarde par la thuyère dans le
fourneau, ce qui doit fe faire avec précaution pour
ne pas fe gâter les yeux , on obferve une foule de
parties de fer & de feories qui dégouttenr.
Lorfqu'il y en a autant de claires que d’obfcu-
res,,on croit avoir faifi la véritable proportion
entre la mine & les charbons : ft le nombre de
celles qui font obfcures & noirâtres excède , ce
qui indique une fufion impure & incomplète, il
faut augmenter les charbons ; ft par contre il y en
a plus de claires, elles indiquent une forte fonte,
& l’on doit ajouter plus de mine.
3. Si les feories que l’on peut tirer & voir , foit
par la thuyère, foit par la timpe ou l'ouverture
antérieure du fourneau , font noirâtres, il faut
plus de charbons; ft elles ont un oeil blanc verdâtre
, on croit la proportion & la fonte bonnes
& parfaites ; car plus les feories font noir;s , plus
elles recèlent de fe r , & moins il y en a de réduit.
S’il fe préfente donc des feories noires , il faut
mettre plus de charbons & moins de mine.
6. Si les feories font légères , caftantes & en
fonte liquide on peut mettre plus de mine. Si
elles font compaéLs & pefantes , il faut plus de
charbons.
7. Quand le fer , aprè; avoir Coulé du foyer
par l’ouverture qu’on y a faite, & après s’êrre
refroidi, eft bien homogène & aigu dans fes extrémités
& dans fes coins , que le fer même eft
parfemé de petits points gris , on regarde ce'a
comme un figne indiquant qu’on a faifi la véritable
proportion entre la mine & les charbons ; mais s’il
eft troué & fpongieux, c’eût une marque qu’on
auroit du employer plus de mine.
8. Si ce fer fondu eft de couleur blanchâtre,
c’eft me marque qu’U y a eu tmp de mine ; &
s il e ft, dans fa caflùre, luifant comme le verre
& l’argent, c’eft un indice qu’on a trop peu mis
de mine,
9. Plus la mine eft fulfureufe ou donne du fer
rouverain, moins il faut mettre de mine; & plus le
fer que donne la mine eft caftant à froid, plus on
peut me|tre de mine par rapport anx charbons.
Ajoutons
Ajoutons encore ces caractères. Si la feorie qui
eft fur le fer , eft feuilletée par le bas , noire,
légère & un peu couleur de rouille, les chofes
vont bien. Si elle eft compacte , pefante , peu
colorée en rouille, il y a trop de minerai dans
le fourneau.
Si on voit fur la feorie de petites places claires
qui étincellent, le fourneau demande plus de mine ,
à moins que cela ne dépende du micacé que pro-
duifent certaines mines.
Quant à la fonte même , 1. on doit avoir égard
au fer que l’on défire, s’il doit être dur, tendre
ou propre à être malléé. On emploie le premier
pour des marteaux , des enclumes & des pilons
de mortiers ; le fécond , pour divers uftenfiles ;
& le troifième pour les martinets , pour être
malléés,
On doit par conféquent mettre plus de charbons
dans le premier cas , afin que le fer foit
plus pur & acquière la dureté convenable. -
Dans le fécond cas, il ne réfulte pas de grands
inconvéniens de prendre moins de minéral ; cependant
on fond d’ordinaire le fer de même bonté
& dans la proportion convenable, foit pour diffé-
rens vafes & uftenfiles, foit pour le malléer.
2. Il eft néceffaire de foutirer les feories, quand
le cas l’exige, dans une proportion convenable.
Quelques artiltes ont coutume de laiffer une ouverture
au-deffus de la dame, qu’ils ouvrent toujours
plus profondément tous les trois ou quatre
minutes , pour qu’un peu des feories puiffe couler,
& que le foyer refte rempli , non-feulement'de
métal, mais des feories qui le recouvrent.
Ces feories préfervent non-feulement le métal
de l’a&ion deftru&ive du feu , mais font en même
temps l’office de diffolvant, qui diffout toutes les
parties qui n’ont pas été diffoutes, foit qu’elles
foient pierreufes ou métalliques.
D’autres par contre donnent iflue auxicories,
trois à quatre fois entre chaque coulée de métal, & 1
font couler toutes les feories à chaque fois. Un
foutirage pareil demande, il eft v ra i, moins de
peine, & peut être utile quand les pierres font
rongées par les feories ; mais on doit auffi obferver
que de découvrir ainfi le métal de feories, procure
le défavantage que le métal n’eft pas aufli fluide,
& devient plus impur, les parties qui n’ont pas
été bien fondues, dégouttant immédiatement fur
le métal fondu, où , faute de feories, elles ne
peuvent pas être diffoutes. Ceux qui foutirent les
feories de cette manière, les biffent monter jufqu’à
la thuyère avant de percer.
3. On doit éviter avec foin que des feories ce
Arts & Métiers.. Tor$e VIII.
montent trop haut, & ne viennent à s’arrêter & à
fe refroidir dans la thuyère. Il eft vrai qu’on peut
dégager ces maffes refroidies ; mais on brûle par-là
inutilement beaucoup de charbons.
4. Du refte, le fondeur doit avoir un oeil attentif
fur la thuyère, pour qu’elle acquière & garde la
pofition, i’inclinaifon & l’ouverture convenables.
5. On doit faire attention qu’il ne refte rien dans
les coins du foyer , mais que le flux foit par-tout
égal; c’eft pourquoi l’on doit braffer fouvent la
mafle fur le foyer.
6. Les feories -doivent couler liquides , être
vitreufes, & d’une couleur blanche ou grife.
7. Il eft plus avantageux quand le fourneau
demande continuellement plus de mine, que quand
il faut continuelle meut ajouter du charbon, parce
que le métal , par ce moyen , devient toujours
plus pur.
8. On doit éviter avec foin que le fourneau ne
fe bouche & ne devienne pas impropre à la fonte ,
par la négligence du fondeur; ce qui peut arriver:
Ou par quelque dommage ou fraélure arrivée
aux foufllets, à leurs puifeaux , à la thuyère ou à
la roue.
Ou quand on charge plus de mine qu’il ne peut
s’en fondre, par où la mine fe refroidit dans le
fourneau par défaut de chaleur.
Ou quand on charge de telles mines qui ne peuvent
pas bien fe fondre fans addition.
„Ou.quand on donne plus de chaleur qu’il n’en
faut pour la fonte de la mine ; car pour lors la fonte
eft trop liquide & trop forte, endommage le foyer
& perce les parois.
Le fer étant bien fondu, on le fait couler hors
du fo y e r , en ouvrant l’oeil qui fe trouve dans le
foyer , & qui auparavant étoit fermé avec du fraifil
& du fable.
On n’ouvre que lorfque le foyer eft plein, ou
que les feories avec le métal touchent le bec de
la thuyère, & quo l’on peut voir le fer fous les
feories.
L’ouverture faite , le fer fort le premier, qui fe
nomme fer crud ou fer de fonte, ou gueufe, &
coule dans des canaux ou cavités faites dans du
fable.
Le fer eft fuivi par les feories qui, comme plus
légères , fuivènt le fer. A quelques endroits on
fait des tuiles avec ces feories, dans des moules
de fable.
p,p