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On pourra ] fi l’on v eu t, appliquer féparément
le Ventilateur portatif à chaque coffre, félon qu’il
fera néceffaire de donner de l’air au blé contenu
dans tel ou tel coffre. Mais lorfqu’il faudra détruire
les calandres par !a fumigation, alors les
Ventilateurs ou le manche par le moyen duquel on
le met en jeu , doivent être hors du grenier,
autrement l’ouvrier feroit fuffoqué par les vapeurs
du foufre enflammé, comme il a déjà été dit.
Il y a une précaution à prendre avant que de
parfumer aucune forte de grain, qui eft d’en chaf-
fer auparavant tout l’air chargé d'humidité , qui
pourroit s’y trouver', & qui affoibliroit entièrement
l'acrimonie des vapeurs du foufre. C ’eft ce
que j’ai remarqué en pouffant avec mes petits Ventilateurs,
une grande quantité de vapeurs de foufre
brûlant dans une gouttière couverte, dans le
deffein d’ÿ étouffer des rats.
Quoique les vapeurs paffaffent vifiblement fort
avant dans la gouttière, elles étoient cependant
fans a cl on , ne picottoient point le nez , & ne
purent étouffer ces animaux , qui y reftèrent longtemps
: cela dépendoit de l’humidité qui s’y trou-
v o it, qui affoiblit l’acidité de ces vapeurs.
Dans.-les greniers vaffes on pourra placer plu-
ffeurs fôupapes, qui feront fituées tranfverfale-
ment dans les principaux conduits de l’air , au
moyen de quoi on pourra renouveler feulement
celui de telle ou telle partie, en ouvrant ou fermant
telle ou telle foupape, ainfi qu’on le jugera
à propos.
Si le grenier n’eft plein qu’en p a r t i e l ’air
•s échappera fi facilement par l’endroit où il n’y a
point de grain, qu’il en paffera très-peu à travers
le blé. Pour prévenir cet inconvénient, on pourra
fermer, par le moyen d’une foupape, la portion
du conduit principal de l’air, qui n’eft~pas couverte
de grain , ou bien gliffer quelque petite
planche fur les lattes, dans des couliffes pratiquées
exprès pour cela; & fi l’on fait plufieurs
femblables paffages à travers les lattes , l’air fe
diftribuera mieux, & paffera plus librement de
tous côtés ; outre que par ce moyen il y aura
plus dévidé fous les tôles ou les toiles de crin ;
ce qui donnera plus de facilité à l’air de traverfer
le blé.
Dans les petits greniers , on peut faire trèï-
commodément & fans frais , un Ventilateur avec
la porte même du grenier , en conftruifant en
dehors un tambour , de la forme d’un quart de
cercle. Mais pour cet effet il faut que la porte du
grenier s’ouvre en dehors , de manière qu’elle
puiffe aller & venir dans le tambour, & s’ajufter
avec lui dans toute fon étendue circulaire, auffi
bien qu’en haut & en bas.
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) II doit y avoir encore un valet à la diftante
d’environ huit à dix pouces du mur, quf arrête
la porte &• l’empêche de s’ouvrir trop, afin qu’il
y ait un efpace fuffifant pour placer au tambour
une foupape qui puiffe fournir de l’air. Cet air
fera chaffé par la porte, à travers un trou fait à
la muraille auprès du plancher, dans un tuyau
qui fera le principal conduit de l’air ; & pour
empêcher qu’il ne revienne fur fes pas, on placera
une autre foupape au trou de la muraille &
dans la cavité du conduif.
La poufiière qui tombera du blé entre les lattes,
fera pouffée par le vent à l’autre extrémité, d’où
on pourra l’ôter avant que de ferrer le nouveau
grain, fi les intervalles laiffés entre les lattes fe
trouvent entièrement remplis.
Il y a tout lieu de croire que cette méthode
de confcrver le blé aura plufieurs avantages con-
fi de râbles. Non - feulement on pourra , par ce
moyen, le garder fec & fans mauvais goût, &
empêcher la drêche de fuer & de fe ramolir, ce
qui lui arrive d’ordinaire lorfqu’elle eft long temps
gardée, mais on les préfervera encore furement
l’un & l’autre des calandres & des autres infeâes;
car on a remarqué que la chaleur que contra&oit
le blé, favorifoit beaucoup la multiplication des
calandres. Il eft cependant vrai que quand on le
tient bien enfermé, comme on le fait quelquefois
à deffein dans les vaiffeaux, la grande chaleur
qu’il fait dans le fond de cale, & la fumée dé-
truifent ces infeétés.
La drêche qui a été parfumée avec les vapeurs
du foufre enflammé t ne donne aucun goût à la
bière.. Quoique j’en aie fait l’épreuve il y a plufieurs
années , je l’ai cependant répétée pour plus
grande fureté, en parfumant fortement, & - par
deux fois différentes, à un mois l’une de l’autre ;
un picottin de drêche entière. Je là fis moudre
& braffer fept jours après là fécondé fumigation,
& ja ‘bière qui en provint n’avoit pas le moindre
goût étranger. Ces vapeurs ne communiquent non
plus aucun goût aux pois fendus, lorfqu’ils font
parfumés de la même manière.
L’effet que peut produire vraifemblablement
cette fumigation ffir la drêche, eft d’empêcher la
bière qui en fera faite , de travailler trop tôt;
car c’eft là. l’effet cou nu des vapeurs du foufre
fur le vin & fur le cidre.
J’ai parfumé auffi de la même manière différentes
efpèces de grains, comme du froment , de
l’orge , de l’avoine , des fèves & des pois. J’ai
donné à un cheval , une poignée d’avoine peu
de temps après avoir été parfumée ; il a d’abord
héfité à caufe de l’odeur qu'elle avoit, mais il
l’a mangée immédiatement après. L ’odeur que
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l’avoine ou toiït autre grain aura contractée par
ces fumigations, fe diflipera bientôt en pouffant
de nouvel air à travers le graini
Il eft d’ufage, parmi les meûniers , de laver le
froment lorfqu’il eft fale, & de le faire fécher
enfuite fur des fourneaux, en le remuant pendant
douze ou qùatorze heures. Mais fouvent après'
cette préparation il ne fe moût pas comme il faut,
& ne fait pas de belle farine; au-lieu que lorfque
le bled a été ainfi lavé, & qu’il s’eft égoûté pendant
quelque temps sur des claies couvertes de toiles
de crin, fi on achevoit de lé faire fécher par le
moyen de ces Ventilateurs , il fe moudroit alors
auffi parfaitement que d’autre blé, parce que l’air
froid , en le privant de cette humidité étrangère ,
ne l’altéreroit pas comme on remarque que le fait
le feu.
Pour m’affurer pofitivement des bons effets de
cette manière de fécher le blé lavé, j’ai pris fept
livres & cinq onces de'froment qui étoit fort fale.
Le 26 mai, je le fis laver à cinq heures du matin,
dans quatre eaux différentes , ce qui fut fait en peu
de minutes ; enfuite je le mis égouter dans un
crible à avoine, jufqu’à cinq heures et~demie; je
le pefai alors, & je le trouvai augmenté de dix
onces par l’humidité qu’il avoit contractée, outre
ce qu’il en faut ajouter pour les mauvais grains
& la pouffière qu’on avoit féparés du blé en le
lavant.
Dans cet état je l’expofai au vent des Ventilateurs
, & il diminua de deux onces & demie pendant
les deux premières heures ; de deux onces
& cinq gros dans les deux heures fuivantes , c’eft-
à-dîre, depuis huit heures jufqu’à dix. Pendant
les fix heüres fuivantes, c’eft-à-dire, depuis dix
jufqu’à quatre heures après midi , il diminua de
quatre onces par chaque deux heures ; il perdit
deux onces & demie depuis quatre heures jufqu’à
fix , & une once & demie depuis iix jufqu’à
Huit, en tout environ vingt onces, compenfation
faite du blé qui s’étoit perdu à force de le manier
& d’en écrafer de temps en temps quelques grains
fous les dents.
Pendant les quatorze heures qu’il fut expofé au
vent des Vtntilateurs ,sil paffa à travers ce froment
environ quarante mille gallons d’air ou environ
cent foixante tonneaux , qui le féchèrent fuffifam- ,
ment pour pouvoir être mis fous la meule. Il avoit ,
line belle couleur, étoit beau à la main, & il perdit
cette odeur défagréable qui eft ordinaire àu blé
plein d’ordures. L’humidité fenfible fe diffipa en
trois heures ; il refta cependant humide & froid au
toucher, jufqu’à deux heures après midi, auquel
temps il commença à s’en détacher un peu de pouf*
iière.
Si ce blé a beaucoup moins perdu de fou hu-
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midité pendant les quatre premières heures qu’il
a été expofé au vent des Ventilateurs, au-lieu qu’il
auroic dû en perdre-ce femble beaucoup plus,
attendu qu’il étoit plus mouillé ; cela vient de ce'
que l’air fut chargé de brouillard pendant la matinée.
Le brouillard s’étant diffipé , le foleil fe
montra, & fut chaud fur les dix heures ; de forte
que l’air fe trouvant plus fec , fe chargea plus fortement
de l’humidité du blé.
Que ce foit là la véritable caufe de cette diffé-;
rence, c’eft ce qui eft prouvé par une fembîable
expérience que j’avois déjà faite fur un gallon de
blé, le i avril, par un vent de nord-efi fort fec.
En commençant à fouffler dans ce blé à quatre
heures après midi , il perdit en deux heures de
temps, quatre onces & demie de fon poids. Il n’en
perdit que trois onces pendant les deux heures
fuivantes, parce que la nuit approchoit; & le
lendemain à la pointe du jour, & avant que l’air
fût délivré des exhalaifons humides de la nuit, il
ne diminua que d’une once et demie.
Il eft à propos de commencer à éventèr le blé
auffi-tôt qu’on, pourra, après l’avoir lavé, afin
que l’humidité ait moins de tenips de le pénétrer ;
car moins cette humidité pénétrera dans le grain,
& plus ..tôt il fera fec. La fubftance intérieure de ce'
froment étoit fenfiblement plus molle, à raifon
de l’humidité qu’il avoit contractée.
Mais puifque le blé lavé; fèche plus lentement
par un temps humide que par un remps fe c , il
fera à propos de tirer de la cuifine par un grand
tuyau quarré de bois , l’ air qu’on y conduira,
parce que cet air a été privé de fon humidité par
l’aâion du feu. Pour cet effet, la chambre qui fera
fituée fur la cuifine, fera la plus commode pour
y étendre le blé qu’il faudra faire fécher : & au cas
que la cuifine foit éloignée de 1a chambre où on fera
fécher la grain, on pourj-a en conduire l’air dans
les Ventilateurs , par le' moyen d’un long tuyau.
Les premiers grands Ventilateurs , que j’ai conf-
truits pour fécher une grande quantité de grains,
font ceux qui fe trouvent chez Guillaume Knight,
dans le quartier de Fàringdon. Le diaphragme
étoit pofé fur fon bord inférieur , dans une rai-*
nure formée par deux morceaux de bois cloués
au fond de chaque boîte. Dans cette pofition , ce
diaphragme, qui avoit fept pieds de long fur trois
pieds quatre pouces de large, avoit un mouvement
latéral de charnière , & feize pouces de jeu.
C ’étoit Pépaiffeur des Ventilateurs qui étoient pofés
de bout & appuyés félon leur largeur , contre
un des côtés du grenier. Ce grenier avoit fix pieds
cinq pouces de long & quatre pieds quatre pouces
de large, en tout vingt-huit pieds quarrés de fur-
face. Les lattes qui avoient deux pouces de large
, étoient pofées de champ, félon la longueur